Bataille de La Réunion
La bataille de La Réunion se déroule le et oppose les Forces navales françaises libres aux forces du régime de Vichy. À la suite du débarquement des forces alliées effectué à partir du contre-torpilleur Léopard, celles-ci prennent le contrôle de l'île.
Date | 28 novembre 1942 |
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Lieu | Saint Denis, La Réunion. |
Issue | Libération de l'île |
France libre | État français |
Jules Évenou André Capagorry |
Pierre Émile Aubert Émile Hugot |
Une compagnie de fusiliers marins Contre-torpilleur Léopard |
260 militaires |
2 morts |
Batailles
- Action du 27 février 1941
- Action du 8 mai 1941
- Bataille entre le Sydney et le Kormoran
- Raids japonais de 1942
- Occupation japonaise des îles Andaman
- (Massacre de Homfreyganj)
- Bataille de l'île Christmas
- Raid sur Ceylan (Raid du dimanche de Pâques)
- Mutinerie des îles Cocos
- Bataille de Madagascar
- Ralliement de La Réunion
- Opération Creek
- Groupe Monsun
- Action du 13 novembre 1943
- Action du 11 janvier 1944
- Action du 14 février 1944
- Raid japonais de 1944
- Action du 17 juillet 1944
- Guerre du Désert
- Campagne d'Afrique de l'Est
- Campagne d'Afrique du Nord
- Bataille de la Méditerranée
- Bombardements italiens de la Palestine mandataire
- Bombardement du Bahreïn
- Campagne du Gabon
- Campagne des Balkans
- Guerre anglo-irakienne
- Campagne de Syrie
- Résistance en Grèce
- Opérations en Yougoslavie
- Opérations anti-partisans en Croatie
- Invasion anglo-soviétique de l'Iran
- Bataille de Madagascar
- Offensive de Belgrade
- Campagne d'Italie
- Résistance en Macédoine
Coordonnées | 20° 56′ 22″ sud, 55° 17′ 14″ est | |
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Contexte
modifierÀ l'issue de la bataille de France, l'île de La Réunion était considérée comme un enjeu stratégique mineur. Après l'armistice du 22 juin 1940, le personnel se limitait à 3 officiers, un médecin, 11 sous-officiers et environ 270 hommes dont 23 militaires professionnels. L'artillerie côtière était hors-service.
Le , le président du conseil général Raoul Nativel dénonça l'armistice à Radio Saint-Denis. Le lendemain, le consul britannique Maurice Gaud rencontra le gouverneur de l'île Pierre Émile Aubert et lui proposa de payer l'administration française à l'aide du trésor britannique à la condition que La Réunion se batte. La proposition devint publique lorsque la radio de l'île Maurice la diffusa. Aubert consulta des meneurs locaux, mais confronté au choix de remettre illégalement l'île à un gouvernement étranger, il décida de demeurer fidèle à Philippe Pétain. Le secrétaire général Angelini, le capitaine Plat et le président de la commission coloniale Adrien Lagourgue, tous fidèles à Charles de Gaulle, furent démis, tout comme Nativel.
Le gouverneur Aubert, bien que fidèle au Régime de Vichy, était peu enclin à soutenir les politiques de Pétain. Cependant, son directeur de cabinet Jean-Jacques Pillet, militant enthousiaste de la Révolution nationale, instaura une propagande, une cour criminelle spéciale et une milice pro-Vichy.
Un mouvement local de résistance émergea. Le , à l'occasion du jour du Souvenir, une vingtaine de femmes déposèrent des fleurs sur le mémorial de 1918 à Saint-Denis. Elles reçurent une amende. Des cellules communistes clandestines étaient dirigées par Léon de Lépervanche. À La Réunion, un radioamateur, le prince Duy Tân, établit des communications avec l'île Maurice, mais il fut rapidement emprisonné et son équipement confisqué.
Après la bataille de Singapour de , la Eastern Fleet britannique se réfugia à l'atoll Addu (Maldives). Par la suite, après le raid de l'océan Indien, la flotte déplaça sa base opérationnelle au port Kilindini, près de Mombasa, au Kenya, ce qui eut pour effet d'accroître la présence britannique sur les côtes d'Afrique de l'Est. Peu après, le , les Britanniques frappèrent les forces françaises à Madagascar, sous le contrôle du Régime de Vichy, lors de l'opération Ironclad. La Réunion perdit alors le contact avec le continent africain, ce qui encouragea le sentiment anti-britannique parmi les troupes loyalistes. De son côté, De Gaulle, qui n'avait pas participé à Ironclad, était pressé de prendre le contrôle de La Réunion avant que les Britanniques ou que les Américains ne le fassent.
Le , des fidèles au Régime de Vichy à Madagascar signalèrent qu'un croiseur britannique avait quitté l'Afrique du Sud avec 600 hommes à bord afin de conquérir l'île. Aubert décida d'obstruer le port de Le Port en y sabordant un bateau à son entrée. Il ordonna également l'évacuation de la capitale Saint-Denis, notamment afin d'éviter un bombardement sanglant semblable à celui de Diego Suarez. En soirée, environ 9 000 personnes se réfugièrent à La Montagne, Le Brûlé, Saint-François et Sainte Marie. Puis, en l'absence de bombardement, les gens retournèrent peu à peu chez eux.
Les événements concrétisaient le fait que l'île était sans défense contre une invasion. Le , il fut décidé que la résistance à un débarquement serait très limitée. Le , Saint-Denis fut déclarée ville ouverte alors que les autorités déménagèrent à Hell-Bourg sous les moqueries des gaullistes.
Le , l'opération Torch déclencha l'opération Anton, qui aboutit au sabordage de la flotte française à Toulon. À Alger, l'amiral François Darlan négocia avec le général Clark.
Invasion
modifierDans la nuit du 26 au , le contre-torpilleur Léopard quitta l'île Maurice avec 74 hommes. Dirigé par le commandant Jules Évenou[1], il arriva à Saint-Denis le 27 à 23 heures.
À 2 h 30, le Léopard fut repéré au moment où les troupes se préparaient à débarquer. Menés par le lieutenant Moreau, environ 60 hommes débarquèrent et s'emparèrent du palais gouvernemental. Au matin, Saint-Denis était sous le contrôle des forces libres. Barraquin, chef des forces d'invasion, prit contact avec les sympathisants locaux, dont Léon de Lépervanche et le secrétaire général Rivière, afin de préparer la prise de contrôle de l'île. Pillet prit la fuite vers Hell-Bourg pour organiser la résistance. Le nouveau gouverneur désigné par De Gaulle, André Capagorry, arriva à environ 6 heures sous l'acclamation de la population et lança un appel au calme sur les ondes de Radio Saint-Denis.
Le , les cellules communistes de Lépervanche s'emparèrent de l'hôtel de ville et tentèrent, sans succès, de défaire les défenses de Le Port, concentrée autour d'une batterie de 95 mm et dirigées par le lieutenant Émile Hugot, pétainiste acharné. Sous le feu des défenses du port, le Léopard s'éloigna en mer et riposta, tuant deux hommes. L'ingénieur Raymond Decugis tenta de faire cesser le feu de la batterie, mais il fut tué dans l'opération[2]. Craignant l'arrivée des troupes régulières, les défenseurs battirent en retraite et abandonnèrent la batterie. Le Léopard revint près des côtes.
Apprenant que les forces d'invasion étaient françaises et non britanniques, et sans nouvelles de la métropole malgré ses nombreux appels, Aubert abandonna l'idée d'une bataille, même symbolique. Après des pourparlers, notamment avec Capagorry, Aubert accepta de se rendre. La reddition fut confirmée le 30 à 8 h 45.
Suites
modifierLe , Pillet et Artignan furent discrètement embarqués à bord du Léopard afin d'éviter de possibles représailles populaires. Aubert embarqua le jour suivant avec Capagorry, Évenou et Barraquin. Le contre-torpilleur partit ultérieurement pour l'île Maurice.
Le Léopard effectua par la suite plusieurs rotations entre Maurice et La Réunion afin d'approvisionner cette dernière en riz, ce qui augmenta la popularité de Capagorry, surnommé « Papa de riz ».
À partir du , une cour spéciale annula toutes les sanctions et charges imposées sous le Régime de Vichy. Les officiers de l'ancien régime ne subirent que de légères peines, à l'exception de Jean-Jacques Pillet, qui fut démis.