Les axiomes de Senior sont un ensemble de quatre axiomes posés par l'économiste Nassau William Senior au XIXe siècle et qu'il considérait comme les vérités indémontrables qui fondent la science économique.

Contexte modifier

Senior est nommé professeur d'économie à l'université d'Oxford en 1825. Il est alors le premier professeur d'économie du monde. Il profite de la première séance de cours pour décrire sa méthode et affirmer qu'il compte baser la science en développement qu'est l'économie sur le modèle des sciences exactes[1].

Il présente alors quatre axiomes, qui soutiennent que l'analyse économique doit partir de l'homme, dont la nature profonde est d'être intéressé et d'accumuler du capital[2]. En tant qu'axiomes, ils ne font pas l'objet d'une démonstration mais ne sont issus que des observations de « l'expérience de tous les jours ». Elles s'inscrivent dans le cadre de l'École classique[3].

Axiomes modifier

Axiome premier : principe d'hédonisme modifier

« Chaque homme désire obtenir plus avec le moins de sacrifice possible »[4]. Chacun cherche à satisfaire son intérêt à moindre coût. L'individu est donc par nature calculateur[5].

Axiome deuxième : impossibilité de la surpopulation modifier

Face au pessimisme malthusien sur la probabilité d'une future surpopulation, Senior oppose l'impossibilité de la population[6]. Il soutient que « la population du monde [...] n'est limitée que par le mal moral ou physique, ou par la peur d'un manque de ces biens et richesses dont les individus ont besoin »[5].

Axiome troisième : possibilité d'accroissement de la production par l'augmentation du stock de capital modifier

Senior soutient que « le pouvoir du travail » est d'« augmenter indéfiniment par l'utilisation de son produit comme moyen de production »[7]. En d'autres termes, l'accumulation du capital permet d'augmenter la production[5].

Axiome quatrième : rendements décroissants modifier

Senior fait de la loi des rendements décroissants une des pierres angulaires de la pensée économique. Il déclare que « l'état de l'agriculture étant constant, tout travail supplémentaire sur cette terre produit en général un retour moins que proportionnel »[5].

Références modifier

  1. Alessandro Giraudo, Quand le fer coûtait plus cher que l'or : 60 histoires pour comprendre l'économie mondiale, Fayard, , 368 p. (ISBN 978-2-213-68540-3, lire en ligne)
  2. Jean-Marc Daniel, 3 controverses de la pensée économique : Travail, dette, capital, Odile Jacob, , 176 p. (ISBN 978-2-7381-6161-1, lire en ligne)
  3. (en) Czechoslovak Economic Papers, Nakl. Československé akademie věd, (lire en ligne)
  4. (en) Bernt P. Stigum, Toward a Formal Science of Economics : The Axiomatic Method in Economics and Econometrics, MIT Press, , 1033 p. (ISBN 978-0-262-19284-2, lire en ligne)
  5. a b c et d Jean-Marc Daniel, Histoire vivante de la pensée économique : Des crises et des hommes, Paris, Pearson Education France, , 424 p. (ISBN 978-2-7440-7450-9, lire en ligne)
  6. Jean-Marc DANIEL, Petite histoire iconoclaste des idées économiques, Univers Poche, , 196 p. (ISBN 978-2-8238-2377-6, lire en ligne)
  7. Jean-Marc Daniel, 8 leçons d’histoire économique : Croissance, crise financière, réforme fiscale, dépenses publiques, Odile Jacob, , 224 p. (ISBN 978-2-7381-7839-8, lire en ligne)