Auguste Buisseret

politicien belge

Auguste Buisseret, né à Beauraing le et mort à Liège le (à 76 ans)[1], est un homme politique belge libéral. Avocat, militant wallon et francophile, Auguste Buisseret est ministre à plusieurs reprises dans les gouvernements après la Seconde Guerre mondiale, sénateur et bourgmestre de Liège.

Biographie modifier

Auguste Dieudonné Eugène Buisseret, né à Beauraing le , est le fils de Clément Buisseret, professeur, et de Rosa Nicaise. Il était marié avec Yvonne Thomas.

Il fait ses études secondaires à l'Athénée de Dinant puis fait deux ans de philosophie aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur. Ayant obtenu le diplôme de docteur en droit à l'Université de Liège en 1911, il devient avocat auprès du tribunal de commerce de Liège puis de la Cour d'appel de Liège.

Pendant la Première Guerre mondiale, il assure comme avocat la défense de patriotes belges devant les tribunaux allemands. Il est arrêté à trois reprises par les Allemands. Condamné à mort par les Allemands, l'Armistice en lui permet d'échapper à son exécution[2].

Sur le plan communal, il est conseiller communal à Liège (1930-1965), échevin des Finances et des Secteurs industriels (1934-1937) puis échevin de l’Instruction publique et des Beaux-Arts (1937-1939). Il enrichit les collections de la ville en achetant à Lucerne le 30 juin 1939 des tableaux d'art dit «  dégénérés » vendus aux enchères par les dirigeants du IIIe Reich allemand[3].

Dans la période de l'entre-deux-guerres, il assume comme avocat la défense de victimes du totalitarisme en Allemagne, en Roumanie et en Grèce sous les auspices d'organismes de défense des Droits de l'homme[2].

Il est élu sénateur en 1939 mais la Seconde Guerre mondiale éclate. Son passé antifasciste et anti-rexiste, son action patriote (il défend les patriotes devant les tribunaux durant l'Occupation) le font arrêter par les Allemands le 25 octobre 1942. Relâché, mais menacé de mort par les collaborateurs belges, il entre dans la clandestinité en août 1943 et atteint Londres via l'Espagne en janvier 1944 où il devient conseiller juridique de plusieurs départements ministériels.

À la Libération, il occupe plusieurs postes ministériels consécutifs :

  • ministre de l'Instruction publique (1945, 1945-1946), il participe à la constitution de l'UNESCO (novembre 1945) et fonde le Théâtre National de Belgique.
  • ministre de l’Intérieur (1946-1947), il contribue à la fondation du Conseil d’État (23 novembre 1946).
  • ministre des Travaux publics (1949-1950), il crée le Fonds des routes et agrandit les ports d'Anvers, Ostende et Liège[4].
  • ministre des Colonies (1954-1958), ses réformes se heurteront au conservatisme de l'administration, des colons, et à l'hostilité des missions religieuses[5]. Il crée, dès son entrée en fonction, un réseau d'écoles publiques, primaires et secondaires, ouvertes à tous. En 1956, il fonde l'Université d'Elisabethville/Lubumbashi[6]. Le 8 décembre 1957 il organise les premières élections communales auxquelles participent Africains et Belges[7]. En prenant des mesures sociales (salaire, pension, sécurité sociale) en faveur des autochtones et en élaborant une réforme de la justice, il lutte contre la discrimination raciale[8].

Sénateur de Liège (1939-1946), sénateur provincial (1946-1949 ; 1949-1961), vice-président du Sénat (1947-1949), il devient bourgmestre de Liège le 1er janvier 1959, poste dont il démissionne en août 1963 pour raisons de santé. Homme de progrès, il prend, avec l'échevin des Travaux Publics Jean Lejeune, des décisions pour moderniser la ville qui se solderont par des destructions massives au centre-ville fort critiquées avec le recul. Il lance à l'occasion des Fêtes de Wallonie des harangues qui font date. Il prononce un discours vibrant lors de la visite du prince Albert et de sa fiancée la princesse Paola Ruffo di Calabria le 11 juin 1959[9].

Une de ses premières décisions en tant que ministre de l'Instruction publique est de licencier l'Inspecteur général, Léon Jeunehomme, pédagogue de réputation internationale et auteur du Plan d'Études qui, en 1936, avait modernisé l'enseignement primaire. Léon Jeunehomme répondra par une lettre publique acerbe, comparant son licenciement à celui qu'il avait vécu en 1940 sous l'occupation nazie[10].

À la suite de son décès à Liège le (à 76 ans), des funérailles officielles sont célébrées et il est inhumé au cimetière de Robermont à Liège.

Hommages et distinctions modifier

La rue Auguste Buisseret à Liège commémore son nom.

Il a été fait docteur honoris causa de l'Université d'Élisabethville.

Il a reçu les distinctions suivantes :

Notes et références modifier

  1. « Institut Destrée : Auguste Buisseret », sur wallonie-en-ligne.net (consulté le ).
  2. a et b « M. Auguste Buisseret est mort », Le Soir,‎ , p. 2 (lire en ligne  )
  3. Jean-Patrick Duchesne (dir.), L'art dégénéré selon Hitler : la vente de Lucerne, 1939, Liège, Galerie Wittert, , 226 p. (ISBN 978-2-9600912-3-6 et 296009123X, OCLC 897806596)
  4. Biographie nationale, Bruylant, Bruxelles, 1979
  5. Henri Grimal, La Décolonisation de 1919 à nos jours, Editions complexes, Bruxelles, 1985, p. 261-263.
  6. Jean-Marie Mutamba Makombo, Du Congo belge au Congo indépendant 1940-1960, publications de l'Institut de Formation et d'Études politiques, Kinshasa,s.d., p. 160-173
  7. Fernand Pierrot, Lumières sur l'Afrique belge, Le Congo depuis 1954, Bruxelles, 1958, p. 123-128
  8. Hervé Hasquin (sous la direction de), Les Libéraux belges, Editions Labor et Centre Jean Gol, Loverval, 2006, p. 300-302
  9. May Servais Declaye, Auguste Buisseret, mon grand-père, Wallon, Libéral, Ministre, Bourgmestre de Liège, Centre Jean Gol, Bruxelles, 2018, p. 85-92
  10. Lettre de Léon Jeunhomme à Auguste Buisseret, 10 septembre 1945.
  11. « Auguste Buisseret, officier (historique) », sur Connaître la Wallonie, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier