Attentat de 2013 à La Défense

attaque au couteau contre un militaire français
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Attentat contre des militaires à la Défense de 2013
Localisation La Défense, Hauts-de-Seine, Drapeau de la France France
Cible Militaires
Coordonnées 48° 53′ 36″ nord, 2° 14′ 18″ est
Date
17 h 54 (UTC+2)
Type Attaque au couteau
Armes Couteau de type laguiole
Morts 0
Blessés 1
Auteurs Alexandre Dhaussy
Mouvance Terrorisme islamiste

Carte

L'attentat de 2013 à La Défense est une attaque au couteau perpétré contre le soldat français Cédric Cordiez à La Défense, près de Paris, le .

L'attaque qui blesse le soldat a lieu trois jours après le meurtre d'un soldat britannique à Woolwich (Grande-Bretagne), dans des circonstances proches.

Contexte modifier

En , le terroriste islamiste franco-algérien Mohammed Merah lance une série de fusillades visant des militaires et des Juifs à Toulouse et Montauban, dans le sud de la France.

Le , le chef du conseil des notables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abou Obeida Youssef Al-Annabi, enregistre un message vocal dans lequel il appelle les musulmans du « monde entier » à « attaquer les intérêts français partout » en réponse à l'intervention militaire française pour stopper l'attaque djihadiste au Mali. Le , l'enregistrement est rendu public[1].

Le , le soldat britannique Lee Rigby est assassiné en pleine rue par deux islamistes radicaux, qui le percutent avec une voiture avant de le massacrer à coups de couteau et de hachoir. Aux passants qui regardent la scène horrifiés, les deux hommes expliquent avoir agi en réponse aux « massacres de musulmans » par « les forces armées occidentales », invoquant la loi du talion[2].

Déroulement modifier

En fin d'après-midi, le samedi , le soldat de première classe Cédric Cordiez, 23 ou 25 ans, originaire de Moreuil (Somme), patrouille en uniforme dans un hall souterrain menant à la gare de la Défense avec deux autres militaires[3]. Il fait partie des 450 militaires déployés en région parisienne dans le cadre du plan Vigipirate et appartient au 4e régiment de chasseurs de Gap et participait à une patrouille mixte avec des policiers[4]. À 17 h 54, un homme s'approche de lui par derrière et le poignarde dans le cou à deux reprises (dont la première manque de peu la veine jugulaire et l'artère carotide[3]) avant de disparaître dans la foule, laissant derrière lui ses affaires (un sac jaune, avec dedans une bouteille de jus d'orange, un couteau de table Laguiole au manche noir dans son emballage et un étui de couteau vide)[5].

Profil du terroriste modifier

L'assaillant est Alexandre Dhaussy, né le à Versailles[5] et converti à l'islam en [6]. Depuis, il se faisait appeler Abdelhak[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11] ou Abdelilah[12],[13] (parfois orthographié Abdelillah[7],[11],[14]).

Déscolarisé depuis la 3ème et versé dans la délinquance, il avait été condamné pour un vol avec violence à Rambouillet en 2008, entraînant ainsi son inscription au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG)[5],[11]. C'est avec ce dernier que les enquêteurs (disposant d'ADN laissé sur ses affaires abandonnées à La Défense) remontent jusqu'à lui dès le au soir. S'engage alors une chasse à l'homme qui prend fin le à h lorsqu'il est arrêté par les policiers de la BRI à La Verrière. Immédiatement placé en garde à vue, il est transféré au 36, quai des Orfèvres où il reconnaît « sans remords » les faits. « Il voulait s’en prendre depuis longtemps à un symbole de l’Etat, à un uniforme, et il était prêt à recommencer » déclare Christian Flaesch, directeur de la police judiciaire parisienne[5]. « Le caractère des faits, leur commission trois jours après Londres et la prière faite juste avant le passage à l'acte, nous laissent supposer qu'il a agi au nom de son idéologie religieuse » affirme François Molins, procureur de la république de Paris[15].

Ayant abandonné la délinquance après sa conversion à l'islam, Alexandre Dhaussy avait disparu des radars policiers jusqu'à ce jour de où il a été contrôlé en djellaba après une prière de rue à Maurepas[5],[16]. Il a alors été fiché par la sous-direction de l'information générale (SDIG) des Yvelines, qui a fait remonter son cas à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) le après qu'il eut refusé de travailler avec des femmes en 2011, refusé de patienter à un arrêt de bus avec des femmes en (entraînant l'intervention de la police municipale de Guyancourt) et effectué un voyage au Maroc à l'été 2012[17].

Le , Alexandre Dhaussy est mis en examen pour « tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et placé en détention provisoire[18]. Dès ses premiers mois d'incarcération, il exprime des regrets quant à son geste et attire l'attention des psychiatres et des psychologues[19]. La première expertise psychologique diligentée à son sujet révèle une « attitude paranoïaque », un « état dépressif grave », une « distanciation avec le réel » et une « personnalité de structure psychotique »[20]. En prison, il est examiné en tout et pour tout par deux psychologues et cinq psychiatres, qui rendent des conclusions divergentes à son égard. Le , lors d'une audience devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, deux experts psychiatres entendus sur trois concluent à l'abolition du discernement d'Alexandre Dhaussy au moment des faits, ce qui conduit l'avocate générale à demander à ce qu'il soit déclaré irresponsable pénalement et interné d'office[21]. Le , la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris rend son verdict en ce sens, une première dans une affaire de terrorisme en France[20].

Notes et références modifier

  1. « Hollande prend "au sérieux" les menaces d'Aqmi contre la France », Les Échos, (consulté le )
  2. Alexandre Rodde (préf. Richard Lizurey, Frédéric Péchenard et Éric Delbecque), Le jihad en France : 2012-2022, Paris, Éditions du Cerf, , 384 p. (ISBN 978-2-204-15034-7, OCLC 1353609078), chap. 2 (« Été 2012 - Décembre 2014 »), p. 71
  3. a et b « Un militaire poignardé à La Défense, son agresseur en fuite », lefigaro.fr,
  4. « VIDEO. Militaire agressé à La Défense : le parquet antiterroriste saisi », leparisien.fr, (consulté le )
  5. a b c d e et f Emilie Blachère et Grégory Peytavin, « Alexandre, 22 ans, français, djihadiste », Paris Match, (consulté le )
  6. a et b « Je voulais toucher les nationaux, les militaires, tout ce qui touche l'Etat », Le Parisien, (consulté le )
  7. a et b Stéphane Joahny, « La Défense : le "zonard du djihad" n’a aucun regret », Le Journal du dimanche, (consulté le )
  8. « Le "zonard du djihad" poignardait un soldat "à la demande de Dieu" », Le Journal du dimanche, (consulté le )
  9. Laura Thouny, « Terrorisme : fous de Dieu ou fous tout court ? », L'Obs, (consulté le )
  10. Myriam Benraad, Jihad : des origines religieuses à l'idéologie, Paris, Le Cavalier Bleu Éditions, coll. « Idées reçues », , 216 p. (ISBN 979-10-318-0252-7, OCLC 1104280924)
  11. a b et c Farhad Khosrokhavar, Le nouveau jihad en Occident, Paris, Robert Laffont, coll. « Le Monde comme il va », , 577 p. (ISBN 978-2-221-21574-6, OCLC 1158986905, lire en ligne)
  12. Walid Mebarek, « un Français converti à l'islam écroué », El Watan,‎ (lire en ligne)
  13. Laurent Borredon et Shahzad Abdul, « Le djihad s'apprend tout seul sur Internet », Le Monde, (consulté le )
  14. Marie Boëton, « Le nouveau visage des djihadistes », La Croix, (consulté le )
  15. Laurent Borredon et Shahzad Abdul, « D'Alexandre à Abdelillah, naissance d'un djihadiste », Le Monde, (consulté le )
  16. Patricia Tourancheau, « Les terroristes isolés mettent les autorités à l’épreuve », Libération, (consulté le )
  17. Sara Taleb, « Qui est Alexandre D., l'agresseur du militaire à la Défense? », sur Le Huffington Post, (consulté le )
  18. « Militaire agressé à La Défense : le suspect mis en examen », Le Monde, (consulté le )
  19. Nicolas Manificat, « Les “regrets” de celui qui a voulu tuer un soldat gapençais », Le Dauphiné libéré, (consulté le )
  20. a et b Alexandra Gonzalez, « Militaire poignardé à la Défense: son agresseur déclaré irresponsable », BFM TV, (consulté le )
  21. « Militaire victime d'un coup de couteau à La Défense : l'agresseur ne sera peut-être jamais jugé », France 3 Paris Île-de-France, (consulté le )

Voir aussi modifier