Atef Bseiso

officiel palestinien
Atef Bseiso
Atef Bseiso au début des années 1990.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 43 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom officiel
عاطف فايق عاطف بسيسوVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Fratrie
Ahed Bseiso (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Organisation

Atef Bseiso (عاطف بسيسو), né le en Palestine et mort le à Paris en France, est un officiel palestinien. Soupçonné d'être impliqué dans le massacre de Munich de 1972, il est assassiné par le Mossad, les services secrets israéliens, dans le cadre de l'opération Colère de Dieu.

Biographie modifier

Né en Palestine le , en pleine période de conflit et d'exode à la suite de la création de l'état d'Israël le , Atef Bseiso est issu d'une grande famille palestinienne de Gaza.

Après des études à Beyrouth, au Liban, il rejoint à dix-sept ans l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Devenu membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, la principale composante de l’OLP, il travaille avec des responsables de la sécurité tels qu'Ali Hassan Salameh (tué en 1979 à Beyrouth) et Abou Iyad (tué en 1991 à Carthage). Bseiso est par ailleurs soupçonné d'avoir été impliqué dans la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich de 1972 (cette participation n'a toujours pas été formellement prouvée aujourd'hui[1]). Il est inscrit sur la « liste Golda » énumérant les personnalités palestiniennes à éliminer en représailles dans le cadre de l'opération Colère de Dieu (aussi appelée Baïonnette).

Au début des années 1990, Atef Bseiso vit le plus souvent à Tunis, alors siège de l'OLP, avec sa femme et ses trois enfants, mais aussi quelquefois en Allemagne, dans le cadre de ses activités.

L'assassinat du 8 juin 1992 modifier

Début juin 1992, notamment sous l'influence de son représentant local Ibrahim Souss, l'OLP a construit de bonnes relations avec la France du président Mitterrand. L'organisation est également mieux perçue dans les pays européens. C'est à cette date, vingt ans après le massacre de Munich, qu'est décidée l'élimination d'Atef Bseiso, alors « responsable de l’OLP pour les opérations extérieures sur la scène européenne ». Bien que cette explication ne soit pas assurée, il s'agirait, par cette opération, de ternir l'image de Palestiniens toujours liés aux activités terroristes. Par ailleurs, des élections israéliennes devant prochainement avoir lieu[2], il s'agit peut-être aussi de montrer à ses concitoyens la détermination du gouvernement du Likoud de Yitzhak Shamir face à la montée du parti travailliste de Rabin[3].

Atef Bseiso, ancien adjoint du chef des services de sécurité de l’OLP Salah Khalaf (dit Abou Iyad) à qui il succède de facto après son élimination par le Mossad l’année précédente, est chargé des contacts avec les services de renseignements étrangers, notamment au sujet de la sécurité des personnalités palestiniennes en visite en Europe. À ce titre, il vient en France le dimanche 7 juin 1992 pour rencontrer des responsables de la Direction de la Surveillance du territoire (DST), le service de contre-espionnage français. Arrivant de Berlin au volant de son véhicule, une Jeep Renegade blanche[4], il est alors probablement « repéré » par les services israéliens qui ont eu vent de certains de ses propos tenus chez des garagistes allemands[5]. Dans la nuit du dimanche 7 juin au lundi 8 juin 1992, Atef Bseiso est assassiné devant l’hôtel Le Méridien à Montparnasse, où il venait de dîner avec des amis, alors qu'il entre dans une voiture qui le raccompagne. Par un travail de professionnel, deux jeunes tueurs en jogging et baskets tirent sur lui à plusieurs reprises avec un 9 mm muni d'un silencieux et équipé d'un sac recevant les douilles afin de ne laisser aucune trace. Ils achèvent leur victime d'une balle dans la tête.

Voir aussi modifier

Liens internes modifier

Sources modifier

  • Françoise Germain-Robin, « Un crime de professionnels », article de L'Humanité du 9 juin 1992. Lien
  • Françoise Germain-Robin, « Pistes parallèles », article de L'Humanité du 10 juin 1992. Lien
  • Jean-Marie Pontaut, « Quand le Mossad tuait à Paris… », article de L'Express du 19 février 2010. Lien
  • (en) Youssef M. Ibrahim, « June 7-13: Intriguing Theories ; A Murder in Paris Thins P.L.O. Leadership », article du journal The New York Times du 14 juin 1992. Lien
  • (en) Aaron J. Klein, Striking back : the 1972 Munich Olympics Massacre and Israel's deadly response, 2005, 256 p.
  • (en) Simon Reeve, One day in September : the full story of the 1972 Munich Olympics massacre, 2000, 304 p. (pages 215-217)

Notes et références modifier

  1. Le chef des services de renseignement militaire d’Israël, Ury Saguy, affirmera au lendemain de son exécution en juin 1992 qu’Atef Bseiso avait été mêlé à l’attentat commis en septembre 1972 contre les athlètes israéliens lors des jeux Olympiques de Munich.
  2. Le 23 juin 1992, le parti travailliste de Yitzhak Rabin remporte les élections législatives face au Likoud de Yitzhak Shamir. Il forme un nouveau gouvernement le 13 juillet 1992.
  3. Yasser Arafat, qui se trouve à Amman (Jordanie) où il a présidé une réunion conjointe du Conseil exécutif de l’OLP et du Conseil central palestinien, a confié à un groupe de journalistes avoir « conseillé à Atef Bseiso avant qu’il ne se rende en Europe d’être sur ses gardes car il était visé par le Mossad ». « J’ai mis en garde mes frères de la direction palestinienne et leur ai dit d’être aux aguets car le Mossad nous poursuivra un à un, surtout avant les élections israéliennes », a-t-il ajouté.
  4. Atef Bseiso aurait déjà été remarqué une première fois en transférant par ferry sa Jeep Renegade (qu'il avait auparavant importée des États-Unis), de Tunis, siège de l'OLP, à Marseille avant de poursuivre son trajet vers l'Allemagne.
  5. D'après le journaliste Youssef M. Ibrahim (cf. bibliographie), cette hypothèse est celle avancée par la police française.