Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus de l'Algérie française

Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus de l'Algérie française
Histoire
Fondation
2003
Cadre
Sigle
ADIMADVoir et modifier les données sur Wikidata
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Pays
Organisation
Président
Jean-François Collin
Site web
Identifiants
RNA
SIREN

L'Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus de l'Algérie française (Adimad) est une association française visant à défendre selon ses statuts « la mémoire de tous les martyrs et de toutes les victimes des ennemis de l’Algérie française »[1]. Elle fait partie du « lobby mémoriel » demandant une « rectification de l’histoire de la colonisation » et des « réparations matérielles des torts faits » aux rapatriés pieds noirs et harkis[2].

Historique modifier

L'idée d'une association pour la défense des anciens membres de l'OAS naît en 1967 à la prison de la santé, avec la bénédiction du général Salan.

Une première association « Adimad de la Région Parisienne » est créée le 14 novembre 1967 avec à sa tête successivement Bertrand de Sèze, le colonel Jean Gardes, le capitaine Jean Assémat, Guy Lamarque et Jean Favarel.

Une deuxième association « Adimad des Bouches du Rhône » est créée le 16 avril 1968 avec à sa tête Jean-Paul Piclet, puis Jean-François Collin. Cette association change de nom pour « Adimad Sud ».

Le 22 novembre 2003, les deux associations fusionnent pour former l'Adimad, avec à sa tête Jean-François Collin[réf. nécessaire].

Pour les historiens (Valérie Esclangon-Morin, François Nadiras, Sylvie Thénault, Marianne Ellingsen Kvig...), cette association fait partie du « lobby pied-noir » qui rassemble quelques associations extrémistes de rapatriés d'Algérie qui font du lobbying auprès des responsables politiques pour obtenir des avantages en échange de leur soutien. Les membres de l'ADIMAD ne sont pas tous rapatriés ou descendants de rapatriés. Elle milite surtout pour « l'indemnisation des "exilés politiques" de l'OAS et des hommages aux fusillés de cette organisation »[3],[4].

Présentation modifier

 
Médaille de l'Adimad portant la mention « Organisation armée secrète: les combattants de l'Algérie française »

L'Adimad a été fondée le 14 novembre 1967[5]. Son siège social est à Hyères dans le Var[6]. L'association revendique 750 membres. Elle est présidée par Jean-François Collin, ancien conseiller municipal Front national de Hyères[5]. Il a auparavant été sous-lieutenant des commandos parachutistes pendant la guerre d'Algérie. Il a participé au putsch d'Alger d'avril 1961 et il a été à l'origine de l'attentat contre le gaulliste et résistant Yves Le Tac[3], sur lequel s'est acharné l'OAS en tant que président de l'association de soutien au général de Gaulle[7].

L'Adimad dénonce la « forfaiture du 16 septembre 1959 », faisant référence au discours de Charles de Gaulle[8] proposant l'autodétermination sur l'avenir de l'Algérie par voie de référendum.

L'organisation célèbre des messes à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, bastion de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X à Paris.

Controverses modifier

Stèle de Marignane (2005) modifier

L'organisation s'est fait connaître par sa volonté d'ériger dans le cimetière de Marignane une stèle à la mémoire des « Fusillés et combattants morts pour que vive l'Algérie française »[9], soit les membres de l'Organisation armée secrète (OAS)[10], l'organisation française politico-militaire clandestine partisane, qui s'est opposée à l'indépendance de l'Algérie avec comme mode d'action le terrorisme à grande échelle. La municipalité de Marignane, dont le maire est Daniel Simonpieri, élu sous l'étiquette Mouvement national républicain (MNR), donne dans un premier temps son accord pour l'érection de cette stèle dont l'inauguration doit avoir lieu le 6 juillet 2005[11].

Devant les critiques, de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen[5], du président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur Michel Vauzelle[12], de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA) qui juge cette érection « scandaleuse », d'Hamlaoui Mekachera, ou du préfet Christian Frémont ainsi que de partis politiques algériens[12], le préfet de police interdit la cérémonie pour trouble à l'ordre public. Le 6 juillet, le cimetière est bloqué par la police alors que 600 sympathisants de l'association s'y rendent[13].

La stèle a cependant été érigée en 2005, puis retirée sur décision du tribunal administratif en 2008[14]. L'association a retiré trois dates et a redressé la stèle en 2011, à la suite de l'accord du conseil municipal en 2010[14]. Le référé du préfet visant à annuler cette autorisation est rejeté en avril 2011[15].

Flamme du Soldat inconnu (2006) modifier

 
Tombe du Soldat inconnu sous l'arc de Triomphe de l'Étoile.

En 2006, l'Adimad obtient l'autorisation d'allumer la flamme du soldat inconnu sous l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris[16] avant que la préfecture de police ne l'interdise.

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Journal officiel.
  2. Pascal Héroux, « La loi mémorielle de 2005 et la réaction des historiens. Perspective sur la pédagogie de la mémoire dans les cours d’histoire », Mémoire de maîtrise en histoire, Université de Montréal,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Valérie Esclangon-Morin, François Nadiras, Sylvie Thénault. « Les origines et la genèse d'une loi scélérate » dans: Claude Liauzu, Gilles Manceron, La colonisation, la loi et l'histoire (Préface de Henri Leclerc), Syllepse, 2006, 23-24
  4. Marianne Ellingsen Kvig, Thèse, Faculté des sciences humaines, Université d'Oslo, 2007, 19.
  5. a b et c L’ADIMAD, site de la section toulonaise de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen
  6. Il existait deux branches de l'organisation : le siège social de la branche parisienne a été déplacé dans le Var en août 2004 et la branche Bouches-du-Rhône a été dissoute en août 2005.
  7. Jean Monneret, La Phase finale de la guerre d'Algérie, Harmattan, 2010 , p. 19.
  8. Le 16 septembre de Gaulle annonce que les résidents en Algérie auront à déterminer leur statut, soit la francisation, soit l'autonomie, soit la sécession.
  9. Jacques Leclercq (2008).
  10. « après le démantèlement de la stèle OAS de Marignane », 23 novembre 2008.
  11. Derrière les lignes du Front. Immersions et reportages en terre d'extrême droite, Jean-Baptiste Malet, Golias, 2012 (ISBN 978-2354721374)
  12. a et b Le maire de Marignane reporte son inauguration, reprise d'El Watan, 25 juin 2005.
  13. (en) Algeria memorial ceremony blocked, BBC News, 6 juillet 2005.
  14. a et b E.EB., « La stèle de l'Adimad va retourner devant le tribunal », La Provence,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. E.EB., « Stèle de l'Adimad : le référé du préfet a été rejeté », La Provence,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Rosa Moussaoui, « Des nostalgiques de l'OAS sur la tombe du Soldat inconnu ? », L'Humanité, 3 juillet 2006.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier