Céret de Toros est une féria qui a lieu le deuxième week-end de juillet à Céret dans les Pyrénées-Orientales, en France. L'évènement est organisé par l'association[1] taurine[2]ADAC (Association des aficionados cérétans) depuis 1988[2]. Les corridas sont orientées vers la mise en valeur des taureaux[3]. Cette politique prend la forme d'une contestation de l'uniformisation des races de taureaux présentées par la recherche de taureaux de ganaderias alternatives. C'est également un important évènement politique et catalaniste.

Les arènes de Céret.

Origines modifier

 
Taureaux de combat dans le toril des arènes de Céret.
 
Paseo lors de « Céret de toros ».

Les arènes actuelles de Céret ont été inaugurées en 1922 mais la tradition taurine est présente dans le village depuis au moins 1577 sous la forme de courses de taureaux. La première corrida avec mise à mort à Céret a lieu en 1894[4]. Chaque année, depuis 1988[5], l'ADAC, Association des aficionados cérétans, organise dans les arènes des corridas pendant la feria. Cette association est connue dans le monde taurin pour être torista, c'est-à-dire qui fait du taureau l'élément central de la corrida. La ville est membre du l'Union des villes taurines françaises. La feria a lieu le week-end le plus proche du 14 juillet.

Orientation Torista modifier

La politique torista de l'association conteste l'uniformisation des races de taureaux de combats. Les corridas de l'association se distinguent par la recherche de taureaux de ganaderias alternatives[3] et des races de taureaux de combats en voie de disparition dont elle permet la survie[3]. Au-delà de la presse spécialisée, cette politique ouvertement contestataire lui doit une renommée jusqu'au cœur de l'Espagne[6].

En , cette orientation a été saluée dans la presse française par Jacques Durand, chroniqueur taurin à Libération[7] :

« La note la plus démentielle sera donnée par l'énorme Cubatisto I, sorte d'éléphant manso, sorti en quatrième position, que le magnifique picador de Rafael Gonzalez, la frayeur du premier terrible choc passée, coursera autour de la piste pour tenter de le piquer. Cubatisto venait heurter le cheval avec une brutalité de marteau-pilon, avant de s'enfuir aussi vite à l'autre bout de la piste et de se coller aux planches. A la cinquième rencontre, à la seule force de son cou, il soulèvera à un mètre de hauteur le cheval, le picador, le Vallespir, la gare de Perpignan et le département des Pyrénées-Orientales. »

Implications politiques modifier

Catalanisme modifier

Lors des corridas, l'Adac fait jouer le chant national catalan Els segadors[8] et la sardane La Santa Espina. Ces deux chants patriotiques interdits sous le franquisme font de ces corridas un évènement politique catalaniste important[9],[note 1].

Lors de la lidia,la musique est jouée par une cobla. Le matador est accueilli avec une chirimía[10], le paso doble est interprété d'une manière très différente. On note qu'à Céret, le picador est ovationné[11].

Le préfet des Pyrénées-Orientales Hugues Bousiges assiste en 2008 à une corrida à Céret[12].

Politique taurine catalane modifier

L'ADAC représente également une opposition catalaniste à la politique taurine de la Généralité de Catalogne. C'est un positionnement important dans le débat anti-taurin en Catalogne[9] qui démontre la compatibilité fondamentale du catalanisme avec les courses taurines. Après l'interdiction en Catalogne espagnole des courses taurines, l'ADAC est une des rares associations à organiser des corridas en Catalogne[note 2]. La ville devient donc le lieu d'exils politiques symboliques[13], mais la politique de la Généralité suscite également des inquiétudes pour l'ADAC[14].

Actions anti corrida modifier

En , les corridas ont été troublées par l'action de militants anti-corrida qui sont entrés sur le ruedo[15].

Prix et distinctions modifier

Discographie modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Dans de nombreuses localités, les corridas représentent, avec le rugby, une des plus importantes manifestations de la catalanité »(La Vanguardia) « Céret, dans ses arènes déploie au plus haut le drapeau catalan » (El Pais)
  2. En effet, après l'interdiction des corridas en Catalogne et conformément à la législation française, seules les villes disposant d'arènes peuvent organiser des corridas, soit en Catalogne nord : Bourg-Madame, Céret, Millas, Saint-Cyprien Collioure. Cependant plusieurs de ces villes n'organisent plus de corridas.

Références modifier

  1. « journal officiel »
  2. a et b « Ceret de Toros »
  3. a b et c « Feria de Ceret, classe Toriste », sur libération.fr
  4. Fabricio Cardenas, Vieux papiers des Pyrénées-Orientales, Première corrida avec mise à mort à Céret en 1894, 11 juillet 2014
  5. « Association Des aficionados cérétans »
  6. (es) El Pais, Ceret de Toros, Madrid (lire en ligne)
  7. Jacques DURAND, « L'attaque des éléphants à cornes », Libération,‎
  8. « Els Segador, arènes de Ceret »
  9. a et b (es) la Vanguardia, La catalunya nord mantiene los toros como sena de identidad, Barcelone (lire en ligne)
  10. corrida de moreno de silva avec accueil du matador avec une chirimía, paseo
  11. corrida de moreno de silva avec ovation du picador ,suite de la video
  12. « Le préfet des Pyrénées-Orientales, présent à la corrida de Céret », sur La Clau
  13. (es) Juan Soto Viñolo, « Adeu, Catalunya, me exilio », sur AplausoS.es
  14. Rue89, La Catalogne interdit la corrida (lire en ligne)
  15. Citizenside, Les anti-corrida troublent la feria de Ceret (lire en ligne)
  16. « Vérité en deçà des Pyrénées : celle du toréo grande et du tauro de cinq ans »
  17. Rate Your Music

Voir aussi modifier

Lien externe modifier