Assemblée de Sermorens

assemblée entre 850 et 858

L'assemblée de Sermorens est une réunion des principales personnalités placées sous l'autorité de Girard de Roussillon, qui s'est tenue au château de Salmorenc, aujourd'hui Sermorens, près de Voiron, au cours de la décennie 850.

Contexte modifier

Girard, comte de Vienne, organise une assemblée générale à Sermorens[1], réunissant les principaux personnages du territoire sous sa garde, le duché de Lyon, qui comprend les comtés carolingiens de Lyon, celui de Vienne, de Sermorens et le Valentinois[2]. L'organisation à Sermorens marque la nouvelle importance du bourg, Girard « semble montrer qu'il y disposait d’un centre administratif important »[1]. La date du déroulement de l'assemblée de Sermorens n'est pas précisément connue. Toutefois, les différents auteurs s'accordent pour la placer aux cours des années 850.

Ainsi, Jean-Joseph-Antoine Pilot de Thorey (1805-1883), archiviste paléographe du département de l'Isère et auteurs d'une Histoire de grenoble et de ses environs (1829), ou encore Louis Duchesne (1843-1922), abbé et historien de l'Antiquité chrétienne et auteur de Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule (1894)[3], donnent vers 853.

L'historien René Poupardin (1901), auteur de l'ouvrage Le Royaume de Provence sous les Carolingiens, 855-933 (1901), donne « vers les années 858 et 860 »[4]. L'historien René Poupardin, remarque en effet que parmi les prélats présents, Rémi l'archevêque de Lyon est nommé en 858 et qu'Ebbon, l'évêque de Grenoble est décédé en 860.

L'archéologue René Louis (1906-1991), dans son ouvrage Girart, comte de Vienne (819-877) et ses fondations monastiques (1946), indique « Vers la même époque , entre 855 et 858 »[5]

L'historien Ulysse Chevalier, dans le Regeste dauphinois (1912)[6], ou encore Louis Boisset, prêtre et enseignant en sciences religieuses et auteur de Un concile provincial au treizième siècle (1973)[7], donnent l'année 858. Il s'agit de la même année retenue par le médiéviste Laurent Ripart (2008)[1].

Selon ces années, l'assemblée générale se place soit sous le règne de Lothaire Ier[8], soit sous celui de son fils Charles de Provence en fonction de la date retenue.

Description modifier

L'assemblée générale rassemble six évêques et onze comtes, Ripart citant[1] notamment Sacrorum conciliorum, nova et amplissima collectio de Philippe Labbe (1902)[9].

Girard, comte de Vienne, figure au premier rang des comtes, suivi de Fulcrad/Fourrat d'Arles[5],[4]. Pour certains des comtes, Poupardin précise qu'il est souvent « impossible […] de déterminer le siège comtal »[10]. Une foule d'autres seigneurs est présente.

Les prélats sont Rémi de Lyon, archevêque de Lyon, qui « tient le premier rang parmi les prélats »[5] ; Rotland, archevêque d'Arles ; Aribert Ier/Arbertus, archevêque d'Embrun[11] ; Trudbertus, évêque d'Apt[12] ; Ebbon (ou Hébon), évêque de Grenoble[13] ; l'évêque de Valence et l'évêque de Maurienne.

L'assemblée se réunit « Pour y traiter de l'intérêt commun et rendre la justice pour toute la Provence »[5]. Ces réunions, appelées placita, ressemblent aux parlements ambulants des anciens rois de France lorsqu'ils rendaient la justice par eux-mêmes.

Elle est également l'occasion de régler certains différends qui s'étaient élevés, notamment celui opposant Agilmar, archevêque de Vienne, « assister de son avocat Witgier »/Witgerius, et Vigeric/Wigeric/Wigiricus, comte de Salmorenc/Sermorens[5],[6]. Le comte est condamné à céder à l'évêque tout ce que celui-ci réclamait[5],[6].

Notes et références modifier

  1. a b c et d Ripart, 2008, p. 257
  2. Marcel David, Le patrimoine foncier de l'église de Lyon de 984 à 1267 (contribution à l'étude la féodalité dans le Lyonnais), les impressions E. Vinay, , 399 p., p. 9.
  3. Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), p. 227, 274, 282, (présentation en ligne : note n°1 ; note n°2 ; note n°3).
  4. a et b Poupardin, 1901, p. 27 (présentation en ligne).
    « … mais il faut ajouter que le rang élevé du comte Fulcrad, et sa situation exceptionnelle, sont également attestés par d'autres faits. C'est ainsi qu'il figure en deuxième ligne, immédiatement après le régent de Provence, Girard, dans la liste des comtes assemblés à Sermorens vers les années 858-860. »
  5. a b c d e et f René Louis, Girart, comte de Vienne (819-877) et ses fondations monastiques, Imprimerie Moderne, coll. « De l'histoire à la légende », , 244 p., p. 55.
  6. a b et c Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome 1, Fascicules 1-3), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 119, Acte no 709.
  7. Louis Boisset, Un concile provincial au treizième siècle : Vienne 1289 : église locale et sociéte, vol. 21 de Théologie historique, Éditions Beauchesne, , 359 p. (ISBN 978-2-7010-0055-8, lire en ligne), p. 71, note n°10.
  8. Pilot, 1829, p. 24-25, (présentation en ligne) :
    « À Charlemagne succéda Louis-le-Débonnaire. Ses fils s'étant partagé ses états, en 840 la province viennoise, jusqu'aux Alpes, échut à l'empereur Lothaire. Sous son règne (853), on tint une assemblée générale au château de Salmorenc, aujourd'hui Sermorens, près de Voiron. »
  9. Philippe Labbe, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, vol. 18 février, Paris, 1902, appendix, n° 80, col. 1467-1468.
  10. Poupardin, 1901, p. 34 présentation en ligne).
  11. Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), p. 282.
  12. Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), p. 274.
  13. Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), p. 227.

Annexes modifier

Sources modifier

  • Jean-Joseph-Antoine Pilot de Thorey, Histoire de Grenoble et de ses environs, depuis sa fondation sous le nom de cularo, jusqu'à nos jours, Grenoble, Baratier Frères, (ASIN B0000DPKM9).
  • René Poupardin, Le Royaume de Provence sous les Carolingiens, 855-933, Paris, Librairie Émile Bouillon (réimpr. 1974) (1re éd. 1901), 468 p. (lire en ligne).
  • Laurent Ripart, « Du comitatus à l’episcopatus : le partage du pagus de Sermorens entre les diocèses de Vienne et de Grenoble (1107) », dans Florian Mazel (sous la dir.), L'espace du diocèse. Genèse d'un territoire dans l'Occident médiéval (Ve – XIIIe siècle), Presses universitaires de Rennes, , 434 p. (ISBN 978-2-75350-625-1, lire en ligne).

Articles connexes modifier