Arthur Fontaine

ingénieur et mécène français
Arthur Fontaine
Fonction
Conseiller d'État
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Conjoint
Marie Escudier (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 4122-4185,11548-11556, 54 pièces, , -)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Victor Arthur Léon Fontaine (né le à Paris où il est mort le [2],[3],[4]) est un ingénieur et mécène français.

Il joue un rôle important sur la scène industrielle du début du XXe siècle en occupant différents postes : Inspecteur général des Mines, conseiller d'État, directeur honoraire du travail, président des conseils d'administration du Réseau de l'État et des mines de la Sarre, président du conseil d'administration du Bureau international du travail.

Biographie modifier

Issu d'une famille d'agriculteurs axonais, Arthur Fontaine est le deuxième fils de Louis Joseph Fontaine, quincailler à Paris, et de Lucile Émilie Ferté[5]. Ses deux frères, l'aîné Henri et le cadet Lucien, sont négociants en quincaillerie et industriels ( Maison Fontaine ou Fontaine frères et Vaillant )[6]. En épousant Marie, la plus jeune des trois sœurs Escudier (Madeleine épouse de Henry Lerolle et Jeanne épouse d'Ernest Chausson), il entre dans une famille de peintres et de musiciens influents qui lui ouvrent les portes de l'Art. Le jeune couple Fontaine aura six enfants[7].

L'ingénieur des Mines modifier

Arthur Fontaine entre à l'École polytechnique en 1880 d'où il sort second de sa promotion[8]. Il intègre alors l'École des mines de Paris en 1882[9] et visite ainsi une grande partie de l'Europe[10]. Diplômé en 1885[11], il est nommé ingénieur des mines le 1er janvier 1886[8], il est affecté à Arras, résidence du sous-arrondissement minéralogique de Béthune le [12],[13] où son travail lui vaut les félicitations du Conseil général des Mines[14].

L'Office du Travail modifier

Fontaine entre alors à l'Office du Travail le par arrêté du 26 août 1891[15] après avoir été recommandé [16]. On l'y charge de mettre en place un tableau statistique du travail en France [17] en particulier en matière de salaire, de temps de travail ou encore de sécurité [18].

En 1894, Fontaine passe sous-directeur de l'Office du travail. Le , il en est nommé directeur sur proposition d’Alexandre Millerand, ministre du gouvernement Waldeck-Rousseau[17] ; il conserve cette fonction jusqu'en 1919.

L'organisation internationale du Travail modifier

En 1900, il est l'un des cofondateurs de l'Association internationale pour la protection légale des travailleurs [19]. Peu à peu, il pose les bases d'une législation internationale du travail. En 1919, c'est à lui que l'on doit la partie XIII du traité de Versailles portant sur la création de l'Organisation internationale du travail (OIT)[20].
La même année, il est nommé délégué gouvernemental au Conseil d'administration de l'OIT dont il sera le premier président jusqu'à sa mort.

Le mécène modifier

 
Portrait de Mme Arthur Fontaine par Eugène Carrière, musée Toulouse-Lautrec.

Ayant un goût prononcé pour la littérature[21] Arthur Fontaine tisse des relations avec de nombreux auteurs, en particulier André Gide, Albert Samain, Alexis Léger et surtout Francis Jammes avec qui il a une riche correspondance. Les réunions artistiques organisées par Fontaine sont très appréciées, ce dernier accueillant chaleureusement les écrivains et les artistes[22]. Paul Valéry prononcera l'éloge funèbre de Fontaine en 1931.
Arthur Fontaine publie par ailleurs en 1917 un roman policier, Les crimes de l'étrangleur.
Jammes écrit de lui : « Je fus, durant des années, enveloppé, grâce à Fontaine, des fleurs, des météores, des cimetières de corail d'Odilon Redon, des figures embrumées de larmes d'Eugène Carrière, des paysages bien-heureux de Charles Lacoste, des images de communiantes flottant dans le séraphique azur de Maurice Denis. Claude Debussy, pauvre encore et méconnu, tissait au piano, autour de mes jeunes poésies, la soie pure et discrète des mélodies de Raymond Bonheur[23]. Déodat de Séverac nous grisait de ses bleus vins du sud que transportaient, à travers les monts orageux, ses mules aux cloches grondantes. Albert Samain chantait son chant de cygne et il neigeait sur nous. Puis, en réaction, le génie impérieux et éruptif de Claudel, venu en pèlerin, de Chine, nous rendait la rumeur de l'Océan Indien et le long murmure de Dieu. Parfois l'esprit d'un Tannery, d'un Pierre Termier ajoutait à ces fêtes de l'art la noblesse du nombre et la gloire de la Terre »[24].

Bibliographie modifier

  • Michel Cointepas, Arthur Fontaine, 1860-1931 : un réformateur, pacifiste et mécène au sommet de la Troisième République, Presses Universitaires de Rennes, 2008.
  • Jean Luciani/R. Salais, Matériaux pour la naissance d'une institution : l'Office du travail (1890-1900), in Genèses, 2, .
  • Oriane Poret, L'Œil d'un collectionneur : la constitution de la collection d'Arthur Fontaine (1860-1931), Mémoire d'étude, sous la direction d'Isabelle Morin-Loutrel, Ecole du Louvre, 2019.
  • Josephine Hein, La Dispersion de la collection d'Arthur Fontaine, Mémoire d'étude, sous la direction d'Isabelle Morin-Loutrel, Ecole du Louvre, 2019.

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom FONTAINE M. et Mme Arthur (consulté le )
  2. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 7e, n° 1398, vue 2/31.
  3. Bulletin officiel du Bureau International du Travail Janvier-Décembre 1932, Vol. XVII - Cinquante-cinquième session du Conseil d'administration, page 18
  4. Obsèques le 5 septembre 1931 à Paris, d'après Discours prononcés à sa mort
  5. Isabelle Lespinet-Moret, L'Office du travail (1891-1914) : la République et la réforme sociale, Presses universitaires de Rennes, 2007, p.64.
  6. Cf. leur dossier de la Légion d'honneur dans la base Léonore.
  7. Michel Cointepas, Arthur Fontaine, 1860-1931 : un réformateur, pacifiste et mécène au sommet de la Troisième République, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.17.
  8. a et b Michel Guillaume, « Arthur Fontaine, premier directeur du travail », dans : Les Directeurs de Ministère en France - XIXe-XXe siècles, Genève, 1976, p.81.
  9. « Eleves de l'Ecole des mines de Paris corps des mines », sur annales.org (consulté le )
  10. Michel Cointepas, op. cit., p.24.
  11. Ecole des mines de Paris, « Relevé de notes », sur Annales.org (consulté le )
  12. Michel Cointepas, op. cit., p.25.
  13. « Annales des Mines (1886, série 8, volume 5, partie administrative) », sur patrimoine.mines-paristech.fr (consulté le )
  14. Annales des mines : ou recueil de mémoires sur l'exploitation des mines et sur les sciences et les arts qui s'y rattachent, Dunod, 1932, p.237.
  15. « Annales des Mines (1891, série 8, volume 10, partie administrative), arrêté du 26 août 1891 "M Fontaine, ingénieur ordinaire des mines de 2e classe, à Arras, chargé du sous-arrondissement minéralogique de Béthune et du 3e arrondissement bis du service du contrôle de l'exploitation technique du chemin de fer du nord est mis à la disposition de M le ministre du commerce, de l'industrie et des colonies, pour être attaché à l'Office du travail, en qualité de chef de section" », sur patrimoine.mines-paristech.fr (consulté le )
  16. Jean André Tournerie, Le Ministère du travail: origines et premiers développements, Éditions Cujas, 1971, p.209.
  17. a et b Michel Guillaume, op. cit., p.82.
  18. Biographie sur le site de l'ILO
  19. Michel Cointepas, op. cit., p.143.
  20. Michel Cointepas, op. cit., p.255.
  21. Michel Guillaume, op. cit., p.84.
  22. Michel Guillaume, op. cit., pp. 81-84.
  23. Neveu de la peintre Rosa Bonheur.
  24. Correspondance de Francis Jammes avec Arthur Fontaine (1898-1930), Jean Labbé (éd.), Paris, Gallimard, 1959, p.194.

Œuvre littéraire modifier

  • Correspondance de Francis Jammes avec Arthur Fontaine (1898-1930), Jean Labbé (éd.), Paris, Gallimard, 1959.
  • Les Crimes de l'étrangleur, Le roman policier no 9, J. Ferenczi, 1917.