Armée du Rhin (1870)

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Armée du Rhin
Image illustrative de l’article Armée du Rhin (1870)
Commandant de l'armée, le maréchal Bazaine

Création 1870
Pays Drapeau de la France France
Allégeance Second Empire
Branche Armée de terre
Guerres Guerre franco-allemande de 1870
Commandant historique Maréchal Bazaine

L'Armée du Rhin, mise sur pied à la mobilisation de juillet 1870, est une unité militaire française qui combat durant la guerre franco-prussienne.

Commandée initialement par l'Empereur Napoléon III lui-même, elle comporte sept corps d'armée ainsi que la Garde impériale. A la suite des premières batailles perdues, Wissembourg le 4 août 1870 puis Frœschwiller-Wœrth et Forbach le 6 août 1870, l'Armée du Rhin se scinde en deux et donne naissance à une seconde armée, l'armée de Châlons.

L'Armée du Rhin « réduite », formée de 170 000 hommes, commandée désormais par le maréchal Bazaine, comprend la Garde impériale et les 2e, 3e, 4e et 6e corps d'armés. Cette armée livre les grandes batailles de Rezonville, le 16 août, Gravelotte, le 18 août, avant d'être enfermée dans Metz où elle capitule le 27 octobre 1870 et est faite prisonnière de guerre.

L'Armée de Châlons, créé le 17 août 1870, formée de 140 000 hommes, commandée par le maréchal de Mac Mahon, et composée des ler, 5e et 7e corps d'armée, ainsi que du 12e, nouvellement créé, disparait le 2 septembre 1870 après la défaite de Sedan.

Création de l'unité modifier

L'armée du Rhin est la première armée française constituée à la déclaration de guerre à partir des troupes disponibles du temps de paix. Commandée initialement par l'empereur lui-même, elle comprend la Garde impériale, 7 corps d'armée et une réserve générale. Chaque corps d'armée est constitué de 3 ou 4 divisions d'infanterie et 1 division de cavalerie à 2 ou 3 brigades chacune, une réserve d'artillerie et une réserve du génie. Chaque brigade compte 2 ou 3 régiments d'infanterie de ligne ou de cavalerie.

Les divisions d'infanterie sont dotées d'une artillerie à 2 batteries de canons de 4 et 1 de mitrailleuses, tandis que les divisions de cavalerie comprenaient 2 batteries à cheval.

La provenance des troupes et la constitution de ces grandes unités se déroula de la manière suivantes[1] :

  • la Garde impériale, dont le commandant est le général Bourbaki, est cantonnée à Paris en temps de paix. Elle rejoint Metz le 28 juillet et ses réserves le 30 ;
  • le 1er corps d'armée, commandé par le maréchal Mac Mahon, duc de Magenta, est principalement formé des troupes d'Algérie et des régiments de l'est de la France. Il n'est complet que le 1er aout 1870. Son rôle initial est de couvrir l'Alsace ;
  • le 2e corps d'armée est constitué des troupes du camp de Châlons, son commandant est le général Frossard, aide de camp de l'empereur. Ses unités sont dirigées sur Saint-Avold et Forbach ;
  • le 3e corps d'armée est formé des troupes de Paris, Metz et Nancy. Son chef est le maréchal Bazaine jusqu'au 12 août, puis le général Decaen tué à Borny (12 au 14 août) et enfin le maréchal Le Bœuf ;
  • le 4e corps d'armée est formé à Thionville à partir du 23 juillet avec les garnisons du nord et du nord-est, son chef est le général de Ladmirault ;
  • le 5e corps d'armée est formé avec l'armée de Lyon, son chef est le général de Failly. Il doit se rassembler dans les régions de Bitche et Haguenau ;
  • le 6e corps d'armée du maréchal Canrobert se constitue de troupes provenant de Paris, Châlons et Soissons se rassemblent au camp de Châlons ;
  • le 7e corps d'armée est celui dont la constitution est la plus ardue du fait de la dispersion de ses composantes. Les troupes proviennent en effet du sud-est, de Clermont-Ferrand, de Perpignan et de Civitavecchia et doivent se rendre à Colmar et Belfort. Son chef est le général Douay ;
  • la réserve générale de cavalerie devait initialement comporter 3 divisions à 2 brigades. Elle n'en conserva que 2 car la 1re division fut employée pour renforcer l'armée de Chalons et constituer la cavalerie du 6e corps ;
  • la réserve générale d'artillerie, commandée par le général Canu, se forme à Nancy et est dirigée sur Metz ;
  • la réserve générale de Génie est commandée par le colonel Rémond.
Effectifs de l'armée du Rhin
Date[2] Officiers Hommes Chevaux Bataillons Escadrons Batteries Cie Génie
Garde impériale 30 juillet 1 047 21 028 7 304 24 30 12 3
1er corps d'armée 1er août 1 651 40 165 8 143 52 26 20 5,5
2e corps d'armée 1er août 1 172 27 956 5 016 39 18 13 4
3e corps d'armée 6 août 1 704 41 574 9 810 52 31 20 5,5
4e corps d'armée 13 août 1 208 27 702 5 536 39 18 15 4
5e corps d'armée 1er août 1 174 20 243 5 527 52 31 20 5,5
6e corps d'armée 1er août 1 474 33 946 5 534 - - - -
7e corps d'armée 1er août 1 043 23 142 5 396 - - - -
Réserve de cavalerie 1er août 464 6 360 6 321 - - - -
Réserve d'artillerie 9 août 87 2 675 2 725 - - - -
Réserve de génie - 13 459 196 - - - 4

Composition et ordre de bataille modifier

 
Organigramme en anglais de l’Armée du Rhin.

Le 1er août 1870, l'armée du Rhin est constitué de sept corps d'armée et de réserves d'artillerie et de cavalerie. Le lieutenant-colonel Rousset en donne une décomposition estimative par grande unité[3]:

État-major modifier

 
Napoléon III, premier chef de l'armée du Rhin

Garde impériale modifier

 
Général Bourbaki, commandant de la garde impériale.

La garde impériale est commandée par le général Bourbaki. Le chef d'état-major est le général d'Auvergne. Après le départ de Metz du Général Bourbaki, parti intercéder auprès de l'Impératrice, c'est le Général Desvaux qui prend le commandement de la Garde.

1re division d'infanterie (voltigeurs) modifier

La 1re division d'infanterie de la garde est commandée par le général Deligny

 
Détachement de grenadiers de la garde impériale à Rezonville (peinture d'Édouard Detaille - 1870).

2e division d'infanterie (grenadiers) modifier

La 2e division d'infanterie de la garde est commandée par le général Picard

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie de la garde est commandée par le général Desvaux

Réserve d'artillerie (colonel Clappier) modifier

Parc d'artillerie (colonel de Vassoigne) modifier

Total artillerie modifier

  • 24 bataillons, 24 escadrons, 72 pièces dont 12 mitrailleuses, 2 compagnies de génie, 1 escadron du train

1er corps d'armée modifier

 
Maréchal de Mac Mahon, commandant du 1er corps d'armée.

Le 1er corps d'armée est commandé par le maréchal de Mac Mahon, son chef d'état-major est le général Colson. Le général Ducrot, ancien chef de corps de la 1re division, succède au maréchal de Mac Mahon qui vient de prendre le commandement de l'armée de Châlons. Le général Joly Frigola commande l'artillerie.

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 1er corps d'armée est sous les ordres du général Ducrot

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 1er corps d'armée est sous les ordres du général Douay

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 1er corps d'armée est sous les ordres du général Raoult

4e division d'infanterie modifier

La 4e division du 1er corps d'armée est sous les ordres du général de Lartigue

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie du 1er corps d'armée est commandée par le général Duhesme

Réserves modifier

  • Réserve d'artillerie sous les ordres du colonel Vassart d'Andernay
    • 2 batteries de 12
    • 2 batteries de 4 montées
    • 4 batteries de 4 à cheval
  • Parc d'artillerie et de génie et réserve du génie

2e corps d'armée modifier

 
Général Frossard, commandant du 2e corps d'armée.

Le 2e corps d'armée est commandé par le général Frossard, son chef d'état-major est le général Saget.

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 2e corps d'armée est sous les ordres du général Vergé

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 2e corps d'armée est sous les ordres du général Bataille

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 2e corps d'armée est sous les ordres du général Merle de La Brugière de Laveaucoupet

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie du 2e corps d'armée est commandée par le général Marmier

Réserves modifier

  • Réserve d'artillerie sous les ordres du colonel Beaudoin
    • 2 batteries de 12
    • 2 batteries de 4 montées
    • 2 batteries de 4 à cheval
  • Parc d'artillerie, réserve et parc du génie

3e corps d'armée modifier

 
Maréchal Bazaine, commandant du 3e corps d'armée.

Le 3e corps d'armée est commandé par le maréchal Bazaine, son chef d'état-major est le général Manèque[7].

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 3e corps d'armée est sous les ordres du général Montaudon

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 3e corps d'armée est sous les ordres du général de Castagny

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 3e corps d'armée est sous les ordres du général Metman

4e division d'infanterie modifier

La 4e division du 3e corps d'armée est sous les ordres du général Decaen puis Aymard

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie du 3e corps d'armée est commandée par le général comte de Clérembault

Réserves modifier

  • Réserve d'artillerie sous les ordres du colonel de Lajaille
    • 2 batteries de 12
    • 2 batteries de 4 montées
    • 4 batteries de 4 à cheval
  • Parc d'artillerie, réserve et parc du génie

4e corps d'armée modifier

 
Général Ladmirault, commandant du 4e corps d'armée.

Le 4e corps d'armée est commandé par le général de Ladmirault, son chef d'état-major est le général Osmont.

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 4e corps d'armée est sous les ordres du général Courtot de Cissey

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 4e corps d'armée est sous les ordres du général Rose[9] puis Grenier

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 4e corps d'armée est sous les ordres du général Latrille comte de Lorencez

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie du 4e corps d'armée est commandée par le général Legrand

Réserves modifier

  • Réserve d'artillerie sous les ordres du colonel Soleille
    • 2 batteries de 12
    • 2 batteries de 4 montées
    • 4 batteries de 4 à cheval
  • Parc d'artillerie, réserve et parc du génie

5e corps d'armée modifier

 
Général de Failly, commandant du 5e corps d'armée.

Le 5e corps d'armée est commandé par le général de Failly, son chef d'état-major est le général Besson.

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 5e corps d'armée est sous les ordres du général Goze.

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 5e corps d'armée est sous les ordres du général de l'Abadie d'Aydren.

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 5e corps d'armée est sous les ordres du général Guyot de Lespart

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie du 5e corps d'armée est commandée par le général Brahaut

Réserves modifier

Colonel de Salignac-Fénelon

  • 2 batteries de 12,
  • 2 batteries de 4 montées,
  • 2 batteries de 4 à cheval.
  • Parc d'artillerie, réserve et parc du génie

6e corps d'armée modifier

 
Maréchal Canrobert, commandant du 6e corps d'armée.

Le 6e corps d'armée est commandé par le maréchal Canrobert, son chef d'état-major est le général Henry.

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 6e corps d'armée est sous les ordres du général Tixier

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 6e corps d'armée est sous les ordres du général Bisson[11]

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 6e corps d'armée est sous les ordres du général Lafond de Villiers

4e division d'infanterie modifier

La 4e division du 6e corps d'armée est sous les ordres du général Levassor-Sorval

Division de cavalerie modifier

Cette division ne rejoint pas le corps d'armée et est remplacée, le 18 août, par la division du général du Barail. La division de cavalerie du 6e corps d'armée est commandé par le général de Salignac-Fénelon.

Division de cavalerie modifier

La division de cavalerie rattachée au 6e corps d'armée à partir du 18 août en remplacement de la division de Salignac-Fénelon est commandée par le général du Barail

Réserves modifier

  • Réserve d'artillerie sous les ordres du général Bertrand[13]
    • 2 batteries de 12
    • 4 batteries de 4 montées
    • 2 batteries de 4 à cheval
  • Parc d'artillerie, réserve et parc du génie

7e corps d'armée modifier

 
Général Douay, commandant du 7e corps d'armée.

Le 7e corps d'armée est commandé par le général Douay[14], son chef d'état-major est le général Renson.

1re division d'infanterie modifier

La 1re division du 7e corps d'armée est sous les ordres du général Conseil-Dumesnil.

2e division d'infanterie modifier

La 2e division du 7e corps d'armée est sous les ordres du général Liébert.

3e division d'infanterie modifier

La 3e division du 7e corps d'armée est sous les ordres du général Dumont.

Division de cavalerie modifier

 
Général Ameil, commandant la division de cavalerie du 7e corps d'armée.

La division de cavalerie du 7e corps d'armée est commandée par le général baron Ameil

Réserves modifier

Colonel Aubac

  • 2 batteries de 12,
  • 2 batteries de 4 montées,
  • 2 batteries de 4 à cheval.
  • Parc d'artillerie, réserves et parc du génie.

Réserve de cavalerie modifier

1re division de cavalerie modifier

La 1re division de cavalerie (réserve) fut disloquée avant le blocus de Metz. La brigade Margueritte fut rattachée à l'armée de Châlons. La brigade Lajaille fut rattachée au 6e corps pour constituer sa division de cavalerie. La 1re division de cavalerie de réserve est commandée par le général du Barail

2e division de cavalerie modifier

La 2e division de cavalerie de réserve est commandée par le général de Bonnemain

3e division de cavalerie modifier

La 3e division de cavalerie de réserve est commandée par le général de Forton

Réserve d'artillerie et de génie modifier

Réserve générale d'artillerie modifier

Commandée par le général Canu

  • 1re division du colonel Salvador (8 batteries de 12)
  • 1re division du colonel Toussaint (8 batteries à cheval)

Grand parc de campagne modifier

Commandé par le général de Mitrecé (non formé)

Réserve générale du génie modifier

Commandé par le colonel Rémond

  • 2 compagnies de sapeurs
  • 1 compagnie de mineurs
  • 1 détachement de sapeurs-conducteurs

Grand parc du génie modifier

Chronologie des opérations modifier

Notes et références modifier

  1. In Histoire générale de la guerre franco allemande - 1870-1871, Tome 1 pages 116 à 124.
  2. Les dates communiquées dans cette colonne sont les dates correspondant au relevés théoriques d'effectifs. Ces valeurs sont en effet théoriques car l'ensemble des unités n'étaient, à ces dates, pas toutes réunies autour de leur corps d'affectation.
  3. In Histoire générale de la guerre franco allemande - 1870-1871, Tome 1, pages 395 à 405.
  4. Marie Justin Lin Soleille ou plus simplement Justin Soleille
  5. « L’HÉRILLER (Edmond-Aimable) »
  6. Le 87e régiment d'infanterie forme la garnison de Strasbourg
  7. Le général de brigade Manèque (1812-1870) est mort pour la France le à Metz
  8. L'ouvrage indique Harmand Lucien Duez
  9. Le général Étienne Hugues Rose n'a pas rejoint pour cause de maladie
  10. Colonel Fraboulet de Kerléadec, blessé et décédé le à la bataille de Saint-Privat
  11. Les 14e, 20e et 31e régiments d'infanterie de ligne ne rejoignirent pas et furent intégrés au 12e corps d'armée. La division fut donc réduite au 9e régiment d'infanterie de ligne.
  12. Nommé général le 26 septembre, le colonel Gibon remplace le général de Marguenat et est tué à Ladonchamps le 7 octobre.
  13. Les réserves d'artillerie et du génie du 6e corps ne purent rejoindre. La réserve d'artillerie fut reconstituée à partir de la réserve générale de l'armée.
  14. Le général Félix Douay est le frère du général de la 2e division du 1er corps d'armée, Abel Douay, tué à Wissenbourg.
  15. Le colonel Morand est nommé général le 25 août et remplace le général Nicolaï, prisonnier. Il est tué à Beaumont le 30 août.
  16. Le colonel de Gramont est nommé général en remplacement du général Maire, tué à la bataille de Frœschwiller.
  17. 79e régiment d'infanterie ne rejoint pas et cède sa place au 72e régiment d'infanterie. Il est finalement affecté au 12e corps d'armée.
  18. La2e brigade de la division de cavalerie du 7e corps d'armée ne rejoignit pas.
  19. Jolif-Ducoulombier par Claude Merle
  20. Léopold Stanislas Maximilien Girard 1870-1871

Sources et bibliographie modifier

  • Lieutenant-colonel Rousset, Histoire générale de la guerre franco allemande - 1870-1871, éditions Montgredien et Cie, 1900.
  • Paul et Victor Margueritte, Histoire de la guerre de 1870-71, Éditions G. Chamerot, 1903.
  • Général Niox, La guerre de 1870 - Simple récit, Librairie Ch. Delagrave, 1898.
  • Annuaire militaire de l'empire français 1870
  • Ferdinand Lecomte : Relation historique et critique de la guerre franco-allemande en 1870-1871
  • Annuaire militaire de 1870 (pour les prénoms)

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier