Arina Rodionovna

nourrice de la famille du poète russe Alexandre Pouchkine au XIXe siècle
Arina Rodionovna Iakovleva
Portrait d'Arina Rodionovna
Portrait d'Arina Rodionovna ( auteur inconnu )
Biographie
Naissance
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Décès
Sépulture
Nom de naissance
Ирина РодионоваVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Statut

Arina Rodionovna (en russe : Ари́на Родио́новна), née et décédée à Saint-Pétersbourg (10 avril 1758 ( dans le calendrier grégorien) — 31 juillet 1828 ( dans le calendrier grégorien)) est une serve, appartenant à la famille d'Abraham Hanibal, bonne d'enfant d'Alexandre Pouchkine et nourrice de sa sœur ainée Olga Pouchkina. Toute sa vie, Pouchkine a gardé une attitude de tendresse, d'amour à son égard qu'il a traduit dans ses vers et dans ses lettres, en y faisant de fréquentes allusions.

Biographie modifier

 
Tableau de Nikolaï Gay, А. S. Pouchkine dans le village de Mikhaïlovskoïe.

Elle naît le 10 avril 1758 ( dans le calendrier grégorien) dans le district de Koporski (gouvernement de Saint-Pétersbourg)[1]. Sa mère, Loukeria Kirillova, et son père Rodion Iakovlev (1728-1768), sont serfs paysans et ont sept enfants. Arina était son prénom familier tandis que son nom officiel était Irina ou Irinia.

Certains auteurs ont émis l'hypothèse suivant laquelle Arina Rodionovna était d'origine ingrienne ou, « tchoukhna »[2]. Selon d'autres, elle aurait des origines biélorusses[3]. Enfant, elle est inscrite comme serve d'un lieutenant du Régiment Semionovsky, le comte Fiodor Apraskine (1733-1789).

En 1759, Abraham Hanibal, arrière-grand-père maternel de Pouchkine, achète au comte Fiodor Apraksine un domaine avec les serfs qui y sont attachés. En 1781, Arina épouse un paysan du nom de Fiodor Matveev (1756-1801), et est autorisée à s'installer avec son mari à Orbino, à proximité de Gatchina. Après son mariage, elle devient serve du grand-père du poète Ossip Abramovitch Hanibal. Elle est ensuite nourrice de Nadejda Ossipovna Pouchkina, puis des enfants de cette dernière Olga, Alexandre, et Lev.

En 1792, la grand-mère de Pouchkine, Maria Alekseevna Hanibal, la prend comme nounou pour garder les enfants de son neveu Alekseï, le fils de son frère Mikhaïl. En 1795, Maria Alekseevna lui offre une isba privative à Kobrino pour la remercier de ses services. Après la naissance en 1797 de la sœur ainée de Pouchkine, Olga, elle entre dans la famille Pouchkine comme bonne, en même temps qu'Ouliana Iakovlevna.

En 1807, la famille Hanibal revend la propriété et les serfs près de Gatchina dans le Gouvernement de Saint-Pétersbourg et va s'installer dans le gouvernement de Pskov, dans le district d'Opotchetski à Mikhaïlovskoïe. Arina est attachée au propriétaire, mais pas à la propriété, et elle est donc exclue de la vente, ce qui lui vaut de suivre ses maîtres dans le Gouvernement de Pskov. En 1824—1826, au cours de la fin de l'exil du poète, elle vit à Mikhaïlovskoïe. C'est à cette serve, devenue vieille que Pouchkine, mais aussi d'autres poètes tels Nikolaï Iazykov, ont consacré des vers. Dans leurs lettres à Pouchkine, les amis du poète lui adressaient leurs salutations.

En 1818, après la mort de la grand-mère Maria Alekseevna Hanibal, la famille Pouchkine vit à Saint-Pétersbourg, mais l'été elle s'installe au domaine de Mikhaïlovskoïe. Arina Rodionovna a partagé entre 1824 et 1826 un lien privilégié avec le poète dans le domaine familial où il vit en exil. Pouchkine écoute ses récits, écrit les paroles des chansons populaires dont elle connaît les textes. Par reconnaissance le poète s'inspire d'elle comme modèle pour le rôle de la bonne de Tatiana dans Eugène Onéguine. Elle lui sert aussi de modèle pour la bonne de Ksénia dans Boris Godounov, pour la bonne de la princesse dans La Roussalka.

Pouchkine rencontre pour la dernière fois Arina le . Dix mois plus tard, le , Arina, « la bonne amie de ma pauvre jeunesse » décède à 70 ans après une courte maladie à Saint-Pétersbourg dans la maison d'Olga, la sœur ainée du poète. Elle est enterrée au cimetière de Smolensk, dans la ville de Saint-Pétersbourg. Sa tombe a aujourd'hui disparu, mais une plaque commémorative a été apposée.

Hommages modifier

Poème modifier

 
Dessin d'Alexandre Pouchkine de sa nourrice jeune et âgée (1828)

À ma nourrice[7]

Perdue au fond des bois de pins,
Ma vieille amie, ô ma colombe,
Tu veilles, lorsque le soir tombe
Tristement et m'attends sans fin
À ta croisée en tricotant ;
Et tes aiguilles attardées
Ralentissent à tout instant
Entre tes vieilles mains ridées.
Ce vieux portail, il te fascine
D'où part un long et noir chemin...
Sans cesse oppriment ta poitrine
Soucis, pressentiments, chagrins.
Il t'apparaît...

— Alexandre Pouchkine, 1826

Rodionovna Arina Matveeva modifier

Après la publication, en 1940, d'archives sur Arina Rodionovna certains auteurs lui ont attribué le nom de Rodionovna Arina Matveeva ou encore Iakovleva, lui ajoutant ainsi un patronyme. Avant la Révolution d'Octobre les suffixes -ovitch, -evitch, -ovna, -evna, n'étaient pas attribués pour les serfs dans les documents officiels. La polémique qui continue toutefois à être alimentée dénote l'importance donnée en Russie à la personnalité du poète Pouchkine et à tout ce qui de près ou de loin a un lien avec lui.

Références modifier

  1. actuellement Oblast de Léningrad Ныне — МестоРождения|Гатчинский район|в Гатчинском районе, Russie
  2. Tsoffka V. V. Цоффка В. В. А. С. Пушкин и Финляндия Pouchkine et la Finlande // Санкт-Петербург и страны Северной Европы : Матер. науч. конф. — СПб., 2003
  3. « La nounou de Pouchkine biélorusse ? /Няня Пушкина — белоруска? », Аргументы и факты,‎ (consulté le )
  4. (ru) Надежда Фаткуллина, « Михаил Задорнов установил памятник Арине Родионовне в Ленобласти и навещал его, даже несмотря на болезнь », sur kp.ru,‎ (consulté le )
  5. (ru) « Задорнов на свои деньги установил памятник Пушкину и его няне под Петербургом », sur ren.tv,‎ (consulté le )
  6. (ru) Евгения Цинклер, « В селе Воскресенское Гатчинского района установлен памятник Арине Родионовне », sur rg.ru,‎ (consulté le )
  7. Anthologie de la poésie russe, Édition de Katia Granoff, NRF, Poésie Gallimard, 1993 (ISBN 978 2 07 032814 7), p. 69.

Liens externes modifier