Ari Boulogne

photographe français
Ari Boulogne
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Jouy-en-Josas (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Christian BoulogneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Christian Aaron BoulogneVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Ari BoulogneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Mère

Ari Boulogne est un photographe et acteur de cinéma français né le à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et mort le à Paris 15e[1], qui s'appelait Christian Aaron Päffgen avant d'avoir été adopté à l'âge de 15 ans par Édith et Paul Boulogne qui l'avaient recueilli une dizaine d'années plus tôt.

Élevé successivement par ses deux grands-mères, changeant de pays puis de nom et de nationalité avant sa majorité, il a interprété très jeune des rôles au cinéma, dans huit films français et américains sortis entre 1966 et 1991. Il est également connu pour être le fils de la chanteuse, mannequin et actrice allemande Christa Päffgen dite « Nico », qui a effectué pour lui avant sa majorité mais sans succès une demande de reconnaissance en paternité auprès de l'acteur de cinéma français Alain Delon, fils d'Édith Boulogne.

Biographie modifier

Origines, famille et enfance modifier

Ari Boulogne est le fils de la chanteuse, mannequin et actrice allemande Christa Päffgen dite « Nico »[2], qui l'a appelé Christian Aaron Päffgen, en référence au personnage de Paul Newman dans Exodus, avec « le pouvoir d'effacer le péché de l'Allemagne » pendant la Seconde guerre mondiale[3]. Mais les initiales C et A répliquent aussi les prénoms de sa mère et d'Alain Delon[4]. Son grand-père maternel, allemand, « opiomane sur un house-boat à Srinagar au début des années 1930 et ami de Gandhi »[5], est mort à la guerre quatre ans après la naissance de Nico.

Installée à Paris au milieu des années 1950, égérie de Chanel et s'imposant comme un des mannequins les plus sollicités de l'époque dès la fin des années 1950[6], puis remarquée en 1959 dans La dolce vita de Federico Fellini [7], tourné entre le printemps et l'été 1959[8], sa mère a rencontré juste après l'acteur français Alain Delon[2] sur l'île italienne d'Ischia, au cours du tournage de Plein Soleil[9], qui a eu lieu du 3 août au 22 octobre 1959. Tous deux se sont revus à New-York deux ans après[4], où ils sont trois fois arrêtés par la police pour excès de vitesse[4], puis à Las Vegas[10], entretenant une liaison, obsessionnelle et amoureuse pour Nico[4], selon ses propos à ses amis quatre mois après à Paris[4] et à sa mère, qui lui demande d'épouser Alain Delon ou d'avorter[4]. La relation avec Delon fut au contraire de très courte durée selon ce dernier, 24 ans et fiancé avec Romy Schneider[11], qui a toujours démenti l'affirmation de Nico puis de sa propre mère Édith Delon, voulant qu'Ari Päffgen soit son fils. Sa liaison avec Romy Schneider se poursuit pendant encore deux ans, ne s'achevant qu'au tout début d'une autre, avec l'actrice Nathalie Delon[12], qui lui donne le 30 septembre 1964 son premier fils, Anthony Delon, six semaines après leur mariage.

Ari est lui né en août 1962 à clinique du Belvédère de Neuilly-sur-Seine, Nico vivant alors dans l'appartement prêté à Paris par son compagnon Nikos Papatakis, à qui elle se confie. Il lui déconseille tout chantage à Delon et rompt avec elle, qui est attendue peu après, dans le premier rôle, sur le tournage de Strip-tease, de Jacques Poitrenaud[4]. Peu informée, elle omet de déclarer la naissance au consulat d'Allemagne à Paris, qu'elle quitte six semaines après pour s'installer avec la grand-mère d'Ari à Ibiza[4]. Elle écrit à Alain Delon pour l'en informer mais il ne répond pas, puis lui présente le nouveau-né sur un tournage, devant les autres acteurs, ce dont s'est souvenu Nathalie Delon, présente[12].

À l'âge de 25 ans, elle décroche en 1966 un contrat avec l'agence Ford de New York[13], souhaitant devenir durablement chanteuse ou actrice, afin de pourvoir aux besoins de sa mère malade[réf. nécessaire], « Grete » Schulz (1910-1970), qui garde le nouveau-né à Ibiza. Serge Gainsbourg écrit pour elle la chanson-titre de Strip-tease dont le tournage a démarré à l'automne 1962, mais préfère finalement la voix de Juliette Greco pour l'interpréter[14]. Puis elle travaille à partir de 1964 avec ses deux amants successifs, Bob Dylan[7], à qui elle inspire I'll Keep It With Mine[15], et Brian Jones, star naissante des Rolling Stones, avec qui elle enregistre en 1965 la chanson I'm not sayin[7], en plein « boom du pop-art » à Londres, avec Gordon Lightfoot et Jimmy Page, futur leader de Led Zeppelin[16],[17].

Andy Warhol la repère avec l'idée d'en faire l'égérie de sa Factory, qu'il lance au même moment[18], et la met en concurrence avec Edie Sedgwick, qu'il rencontre en janvier 1965. Ce sont finalement les images de Nico qui sont retenues pour le film Chelsea Girls, signé Andy Warhol et Paul Morrissey[5], Warhol s'étant brouillé avec Edie Sedgwick au sujet de sa rémunération[4], ce qui accélère la spirale de toxicomanie de cette dernière, puis son décès en 1971 sur fond d'émotion suscitée par le film musical More, esthétisant la prise d'héroïne.

Ari Päffgen joue lui son propre rôle, en compagnie de sa mère, dans les films Chelsea Girls et Ari and Mario, tous deux produits en 1966 par Andy Warhol, qui enrôle aussi Nico pour I, a Man et Imitation of Christ et utilise en avril de la même année sa notoriété[4] pour enregistrer à New-York[4] le premier album du groupe rock The Velvet Underground, avec des musiciens inconnus[4], qui désirent rapidement s'émanciper de ce soutien[4]. L'album ne sort qu'en 1967, quelques semaines avant un deuxième album[4], où Nico est déjà absente[4], contrainte de se lancer dans une carrière solo qui va durer vingt ans et produire six albums[7], avec en particulier 1 200 concerts au cours des huit premières années de la vie de son fils (1962-1970), principalement sur la période 1966-1970.

Dès 1967 aussi, la grand-mère maternelle d'Ari, dont la maladie de Parkinson s'aggrave[11], écrit à Édith Boulogne (née Arnold), la mère d'Alain Delon, pour lui rappeler sa propre incapacité à continuer de s'occuper d'Ari ainsi que la difficulté de sa fille Nico à élever seule un enfant, du fait de cette carrière internationale[9].

Édith Boulogne va alors chercher l'enfant, âgé de cinq ans, aux Baléares et le ramène à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) pour l'élever sans sa mère, et sans prévenir cette dernière. En 1968, l'année suivante, au prétexte de l'affaire Marković, afin de le « protéger des photographes »[9], l'enfant de six ans est mis en pension à Saint-Louis du Bel-air, une institution catholique de Montfort-l'Amaury (Yvelines) où se pratiquent des châtiments corporels sévères. Il y demeure pendant neuf ans, ne revoyant sa mère qu'une seule fois[9],[19] ou deux selon les sources, notamment lors du tournage d'un film en 1972.

Alain Delon s'irrite de la situation et demande expressément à Édith Boulogne de choisir entre l'enfant et lui, puis se brouille durablement avec sa propre mère, qui lui a dit : « personne ne pourra jamais m'enlever la certitude qu'Ari est le fils de mon fils »[11],[9]. L'existence de l'enfant est alors dissimulée à plusieurs personnes, notamment Anthony Delon, de deux ans plus jeune. Gardé par sa grand-mère, il joue chez elle avec les jouets d'Ari, qui est à l'école[5]. Ce dernier devient une sorte « d'enfant du placard », sans savoir que sa mère le recherche.

Tournages avec Garrel modifier

En 1969 puis 1971 décèdent Brian Jones et Jim Morrison, deux concubins successifs de sa mère qui inspireront en janvier 1978 la plus célèbre chanson de Jane Birkin. Nico revient alors vivre en France. Ainsi, dès l'âge de 10 ans, Ari se prend d'affection pour le cinéaste français Philippe Garrel, nouveau compagnon de sa mère, qui l'a rencontré en 1969, et « parrain idéal », faute de pouvoir l'adopter. Ce dernier a consacré pas moins de sept films à sa mère et le fera jouer dans la plupart[20]. Dès 1972, Garrel lui a ainsi donné un rôle important, celui du petit frère, dans La Cicatrice intérieure, tourné au Nouveau-Mexique (États-Unis), en Islande et en Égypte[21], où Nico joue aussi, tout en assurant la bande-son, avec les chansons Abschied, Janitor of Lunacy, My Only Child, All That Is My Own et König, issues de l'album Desertshore. Lors du tournage, Ari se fait des souvenirs enchanteurs[10] et adore sa réplique « Tu ne me fais pas peur », qu'il regrettera plus tard de ne pas avoir dite en vrai à Alain Delon[5],[10].

Trois autres films de Philippe Garrel en hommage à leur histoire[22] seront primés, notamment L'Enfant secret en 1979, qui obtient le prix Jean-Vigo lors de sa sortie sur la France entière en 1982. Il met en scène plusieurs relations extra-conjugales d'une artiste, dont l'un des amoureux, brisé par la rupture, se réfugie dans la mescaline puis doit être interné en psychiatrie pour un traitement par électrochocs. La relation reprend quand il en sort, mais son ex-amante, dévastée par le décès de sa mère et la perte de la garde de son enfant, se réfugie dans l'héroïne.

J'entends plus la guitare, film français très largement auto-biographique lui aussi, sorti en 1991 et Ours d'argent à Berlin, est dédié à Nico, morte peu de temps auparavant[5]. Le héros y est amoureux d'une femme mais préfère la quitter car il a rencontré une autre femme qui l'aide à décrocher de la drogue. À l'issue de l'une des scènes très réaliste, inspirée d'une visite de Garrel et Nico à Ari Boulogne dans sa famille d'adoption, le héros demande à Nico : « Pourquoi ne vivrions-nous pas ensemble tous les trois ? » et elle bredouille : « Sa grand-mère ne voudra pas me le rendre ». Selon Ari, sa grand-mère Édith Boulogne « diabolisait » Nico à cause de l’héroïne et voyait dans Philippe Garrel, malgré son apparence de « doux mari »[5], un pur « marginal », un « hippie »[5], à qui elle devait, pour lui parler, relever la mèche qui cachait ses yeux[5].

Adolescence modifier

Édith Boulogne lui fait miroiter le jour où Delon le convoquera pour finalement reconnaître sa paternité, tout en lui demandant de ne pas prononcer son nom. En 1977, à 15 ans, il est adopté par Paul Boulogne et doit changer de nom de famille et de nationalité[9], peu après avoir vu sa mère.

À 16 ans, Ari entre dans une double révolte contre la diabolisation de sa mère pratiquée par Édith Boulogne et le changement de nom qui lui a été imposé l'année précédente. Il arrête sa scolarité et devient apprenti cuisinier[10],[23]. L'expérience est brève : pendant ses vacances scolaires[9], il rejoint Nico à Ibiza, puis la suit lors de ses concerts et tournées en Europe. Souhaitant se rapprocher de cette mère perdue de vue depuis dix ans et rester près d'elle, il est alors exposé à la consommation d'héroïne[10]. Sa mère considère désormais Édith Boulogne comme une « voleuse d'enfants »[24].

Rencontre avec les Delon et combat contre la drogue modifier

À l'automne 1981[5], à l'âge de 19 ans, Ari croise dans une discothèque Serge Gainsbourg[10],[25], qui avait joué avec sa mère dans Strip-tease peu après sa naissance, écrivant même la chanson-titre du film pour elle[26], avant de la remplacer par Juliette Greco, puis de le regretter au vu du succès international de Nico[14] .

Gainsbourg décide de présenter le fils de Nico à Anthony Delon[10],[3] à l'Élysée-Matignon[5]. Tous deux discutent longuement[5], sortent à nouveau en discothèque et il est invité à dormir quelques jours chez Anthony Delon, 17 ans, et sa compagne. Mais Ari mentionnera plus tard ne s'être pas senti plus d'affinités avec lui[9], en raison d'une « complicité impossible ». Par ailleurs, Ari s'intéresse à des choses différentes : les écrits d'Edgar Poe, les films de Fritz Lang, la musique du groupe Joy Division... et forge « un culte » pour sa mère[20].

Il ne rencontre Alain Delon qu'en de très rares occasions. Ce dernier le raccompagne notamment en voiture à Paris après l'avoir croisé par hasard chez Édith Boulogne, qu'Ari, âgé de 23 ans, est venu voir juste avant de rejoindre sa mère à Hanovre pour l'accompagner dans sa tournée de 1986[5]. Arrivé au métro, Delon le dépose et lui tape brièvement sur l'épaule en lui disant : « Toi tu es mon pote »[19],[3], ajoutant : « Tu n’as ni mes yeux, ni mes cheveux » et « Tu ne seras jamais mon fils »[27],[19]. Les deux ne se reverront qu'en 1995, lors de l'enterrement d'Édith Boulogne, où Ari attend en vain que le fils d’Édith lui adresse à nouveau la parole[28]. Plus tard, Delon dira prudemment : « sa ressemblance avec moi doit être une coïncidence »[9].

Après la rencontre inopinée avec Delon de 1986, ponctuée d'une blague énigmatique de ce dernier sur son vrai père[3],[5], Ari part à New York où il dort sur les trottoirs, tente de se suicider et tombe dans le coma[10] pendant trois semaines[25]. Sa mère vient à son secours, puis c'est le fils qui sauve sa mère en exigeant, pour continuer à la revoir, qu'elle cesse de prendre toute drogue[10]. Elle était alors établie a Manchester depuis le début des années 1980, y enregistrant sur des labels de plus en plus marginaux[29] après s'être "installée durablement" à Paris[16], non loin de son fils, dès les années 1970[29], y chantant avec Jacques Higelin, les groupes Gong, Magma[29] ou encore Tangerine Dream, notamment pour un concert marquant à la cathédrale de Reims en 1974[30], et produisant la même année chez Island records ses deux albums les plus remarqués, The end, sur lequel elle reprend la chanson éponyme de son ex-concubin Jim Morrison[29], et June 1st 1974, enregistrée live au Rainbow de Londres avec John Cale, Kevin Ayers et Brian Eno[29].

Nico décède d'une chute de vélo à Ibiza en 1988, alors qu'elle avait retrouvé un certain équilibre, "arrêté la drogue" et qu'elle "menait une vie saine ", selon son manager Alan Wilde[31]. Ce décès entraîne chez Ari, 26 ans, des crises d'angoisse et une seconde hospitalisation à New York[10]. Philippe Garrel continue alors de l'aider[20] et le jeune homme poursuit des cures de désintoxication[28]. En 1993, il se réjouit d'être parvenu à se libérer de l'emprise de l'héroïne, à l'issue de sa dernière cure de désintoxication[3], et six ans après, avec sa compagne Véronique, il a un fils, Charles, né en 1999[3], puis une fille, Blanche, née en 2006[23]. Entre-temps, le documentaire de Susanne Ofteringer, Nico Icon, sort en 1995, et "permet au public de découvrir la Nico des derniers jours", ses images d'archives mettant fin au "mythe de la Chelsea girl"[32].

Autobiographie et recueil de poèmes de sa mère en 2001 modifier

En 2001 sort un nouveau film de Philippe Garrel consacré à Nico, aux allures de journal intime, où "fiction et réalité s'entremêlent"[33]: Sauvage innocence, raconte l'histoire d'un jeune cinéaste dont la femme, mannequin, est décédée de prise d'héroïne et qui veut faire un film pour dénoncer ce poison mais se heurte à un producteur véreux[33]. Le film décroche le prix de la critique internationale à la Mostra de Venise[33]. Au cours de cette même année 2001, Ari Boulogne apprend l'échec de sa première procédure de demande de reconnaissance en paternité envers Alain Delon[34], comme sa mère avait échoué dans une première démarche similaire alors qu'il était encore enfant, selon son avocat[22] et qu'Ari « aurait pu la reprendre dans les deux ans qui ont suivi sa majorité, ce qu'il n'a pas fait »[22]. Il entreprend alors des démarches pour reprendre le nom de sa mère et le transmettre à son propre fils[3], puis publie une autobiographie avec l'aide de sa compagne[3],[35],[20],[9], qui lui donnera en 2006 un second enfant, et de Daniel Mallerin, ami proche de sa famille d'adoption[36] qu'il connait depuis l'enfance et qui avait accepté de l'aider à retrouver l'adresse de sa mère à l'adolescence[36].

Ce dernier négocie à cette occasion avec la maison d'édition Pauvert la publication simultanée d’un recueil de poèmes de Nico, intitulé Cible mouvante. Selon son éditrice Maren Sell, l'autobiographie d'Ari est elle aussi un « hymne à la mère défunte », jusque-là vampirisée par des biographes qui l'avaient vendue « à la sauce aigrelette »[22]. En mode poésie, Ari y raconte ses souvenirs d'enfance et de jeune homme, monté sur les épaules de Bob Dylan, en pérégrinations nocturnes avec Serge Gainsbourg, chevalier servant d'Anne-Marie Rassam ou encore déchargeant des camions aux halles de Rungis pour gagner sa vie[22]. Déclarant aux micros de Mireille Dumas et Thierry Ardisson ne rien demander à Alain Delon, il mentionne l'avoir écrit « afin de ne pas rester sur la haine, mais lancer un appel à tous d'ouvrir les coeurs, afin de faire sauter les obstacles des non-dits »[22]. La parution a été retardée, l'éditeur s'assurant que tout risque de contestation du livre en justice soit impossible[25].

Biopic sur sa mère en 2018 et démarche de 2019 modifier

Au printemps 2018, alors qu'« à 55 ans, il se repose dans une clinique à une heure de Paris », Ari est choqué par la sortie au cinéma d'un biopic consacré à sa mère, Nico, 1988[37], qui insiste sur la « relation complexe et fusionnelle » de la chanteuse avec son fils[38], selon la critique dans Le Journal du dimanche. Selon lui, le film n'est qu'une « vision loufoque, sortie de l'imaginaire de gens qui n'ont pas côtoyé » Nico, qui « n'était pas malsaine », avait « un humour fou, sec et acide, avec un grand sens de la dérision » et « s'emparait de la scène comme une lionne » lors des concerts[39]. Il tient aussi à rappeler qu'elle « était une très bonne mère. Elle m'a tout donné. Même la drogue, je l'ai vécue à fond avec elle sans que ce soit un problème. De mes 16 ans jusqu'à la fin, nous avons partagé la drogue, la même seringue. C'était une manière d'être ensemble »[40]. Un an après, le , sur le plateau de l'émission Touche pas à mon poste sur la chaîne C8, Marie Soubrier Boulogne, nièce d'Alain Delon, révèle, sans le consulter, qu'Ari a lancé une seconde action de reconnaissance en paternité visant Alain Delon, 18 ans après celle de 2001, et le lui reproche en l'accusant d'être « sous influence » d'une femme qui l'aurait obligé à changer de numéro de téléphone portable[41],[42]. Son avocat Michel-Guillaume Fleury réagit immédiatement contre ces « propos complètement inventés », « à caractère diffamatoire » et souligne qu'Ari Boulogne, toujours bien joignable, n'a pas changé de téléphone portable[43],[42], en précisant que son client avait « un sincère respect pour son père » Alain Delon et que son action de reconnaissance en paternité, qui date de plusieurs semaines, n'a été effectuée que pour ses deux enfants ne soient pas « privés de leur lien de filiation »[42]. Un an après, la justice déclare la juridiction française territorialement incompétente[44],[45]. Puis la cour d'appel d'Orléans se déclare elle aussi « territorialement incompétente » car Alain Delon est officiellement devenu résident suisse[46], tandis qu'Ari Boulogne, victime d'un AVC, est sous curatelle.

Le cinéaste Gérard Courant a entre-temps consacré à Ari Boulogne un portrait muet en gros plan dans le cadre de son Cinématon (no 2735) dans lequel il apparaît avec une cigarette et dans le dénuement, sans avoir pu pallier la perte de ses incisives[47],[48].

Décès à 60 ans modifier

Les conditions tragiques de sa mort, comme leur traitement médiatique, ont choqué Daniel Mallerin, l'auteur de son autobiographie de 2001, qui révèle juste après en avoir été la plume[36]. Plusieurs jours après sa mort, Ari Boulogne est retrouvé dans la nuit du 19 au 20 mai 2023, seul dans le petit appartement de deux pièces qu'il louait dans le 15e arrondissement de Paris, âgé de 60 ans[49] et dont il ne sortait plus selon ses voisins. À l'annonce de sa mort, son demi-frère putatif Anthony Delon lui rend hommage sur Instagram, faisant part de sa « grande tristesse »[50].

Selon le parquet de Paris, il était hémiplégique et se déplaçait en fauteuil roulant, à la suite de deux AVC. Son corps est découvert par sa compagne Yasmina, revenue avec son fils Fadhil, âgé de 21 ans, d'un séjour en province. Tous deux sont placés en garde à vue car soupçonnés de « non-assistance à personne en danger »[51],[28],[52]. Le Figaro écrit au conditionnel qu'elle aurait dit aux policiers qu'Ari Boulogne aurait succombé à une overdose et qu'elle n'a pas prévenu immédiatement les secours pour éviter des poursuites[53]. Le surlendemain sur la chaine CNews, la nièce d'Alain Delon porte de graves accusations envers cette compagne, affirmant, comme en 2019, qu'elle « lui interdisait de le voir depuis quatre ans » et le droguait après l'avoir mis sous emprise[54]. Selon cette nièce, avant 2019, « depuis dix ans, [Ari Boulogne] ne prenait plus de méthadone » et « ne prenait plus rien » de toxique, mais sa nouvelle compagne lui a ensuite « apporté des choses » relevant de la drogue et de l'accoutumance car « elle était persuadée qu'elle arriverait à avoir l'héritage d'Alain Delon, une part du moins »[55] ,[56].

Ces déclarations télévisées valent à la veuve d'Ari Boulogne une mise en examen, pour « non-assistance à personne en danger, homicide involontaire, acquisition, détention, transport et cession de stupéfiants »[53],[57].

Ari Boulogne n'est enterré que le 18 juillet 2023, en raison des expertises menées pour tenter de trouver la cause de sa mort[58]. Entre-temps, Alain Delon est lui-même au centre d'une affaire de soupçon d'abus de faiblesse : le 5 juillet 2023, ses trois enfants ont porté plainte contre Hiromi Rollin, présentée comme la dame de compagnie de l'acteur.

Ari Boulogne, né Ari Päffgen, repose au cimetière de Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, emplacement G 93.

Filmographie modifier

Publication modifier

Notes et références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a et b Olivier Seguret, « Du micro au vélo, autopsie de l'icône Nico : Un film-docu lève un coin du voile sur l'égérie de l'underground 70's », Libération, .
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  10. a b c d e f g h i et j Bernard Violet, Les Mystères Delon, biographie non autorisée d'Alain Delon, citée par Sabine Bernede, dans « Ari : tout le portrait d'Alain Delon », La Dépêche du Midi, 22 avril 2001.
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  28. a b et c « Ari Boulogne, celui qui jurait être le fils de Nico et d'Alain Delon, a été retrouvé mort à Paris », Madame Figaro, (consulté le ).
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  30. Le Monde du 23 juillet 1988
  31. "La mort de Nico", dans Le Monde du 24 juillet 1988 [7]
  32. Article par Jade Lindgaard dans Les Inrocks le 1 janvier 1995 [8]
  33. a b et c "La Mostra de Venise entre robots de Spielberg et fantômes de Philippe Garrel", par Marie-Thérèse DELBOULBES, pour l'AFP le 6 septembre 2001
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  37. Ludovic Perrin, « Ari Boulogne, fils de la chanteuse Nico : "Nous avons partagé la même seringue" », JDD, (consulté le ).
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  45. Dans une ordonnance du 27 août 2020
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  50. « « Repose en paix » : Anthony Delon rend hommage à Ari Boulogne, retrouvé mort à Paris », BFM TV (consulté le ).
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  52. Matthieu Terrats, « Mort d'Ari Boulogne, fils illégitime d'Alain Delon : sa compagne mise en examen pour homicide involontaire et non assistance à personne en danger », sur lindependant.fr, (consulté le )
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  54. « Mort d'Ari Boulogne : la nièce d'Alain Delon porte de graves accusations à l'encontre de la compagne mise en examen pour homicide involontaire », CNews, .
  55. Actualité People le 23/05/2023 [13]
  56. Article le 23 mai 2023 dans La Charente libre [14]
  57. Guillaume Dosda, « Mort d'Ari Boulogne : sa compagne mise en examen pour homicide involontaire », RTL, (consulté le ).
  58. Léo Soesanto, « Ari Boulogne, au non du père », Libération, (consulté le ).

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