Aratea de Leyde
Les planètes (folio 93v du manuscrit)
Dimensions (H × L)
22,5 × 20 cmVoir et modifier les données sur Wikidata

Le manuscrit des Aratea de Leyde (dénomination scientifique : Voss. lat. Q 79) est un codex enluminé carolingien contenant les chapitres d’astronomie des « Phénomènes » (Phainomena) d’Aratos de Soles (310–245 av. J. Chr.) consacrés aux Constellations, dans la traduction latine de Germanicus. Le manuscrit a été composé vers 825 en Lotharingie[1] (probablement à Aix-la-Chapelle ou Metz). Le commanditaire était sans doute Louis le Pieux qui a été sacré empereur le à Reims par Etienne IV, lui-même pape depuis le , le pape Léon III étant mort le .

Les 35 enluminures en pleine page qui composent ce manuscrit sont d'une importance cruciale pour la compréhension des connaissances astronomiques du haut Moyen Âge. Les planches encadrées en couleur de couverture, de toute beauté, reflètent une copie très stylisée du modèle antique qui a servi de modèle. Il manque au manuscrit quatre constellations du cycle des constellations des Phénomènes. Le codex comporte 99 folios de parchemin, au format 225 × 200 mm.

Ce manuscrit devait être conservé dans le Nord de la France aux alentours de l'an mil, sans doute dans la bibliothèque de l’abbaye Saint-Bertin[2], où deux copies ont survécu. C'est en 1573 que Jacob Susius obtient le manuscrit auprès d'un peintre de Gand ; l'ouvrage passera ensuite aux mains d’Hugo Grotius, puis à Christine de Suède et Isaac Vossius. Ce dernier le légua en 1690 à la bibliothèque de l’Université de Leyde, où il est aujourd'hui enregistré sous la référence Voss. lat. Q 79.

Un deuxième exemplaire de ce codex est conservé à la Bibliothèque municipale des Annonciades de Boulogne-sur-Mer. La notice indique qu'il provient de l'abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer. Cet exemplaire a été numérisé et il est consultable en ligne[3].

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Notes et références modifier

  1. Richard Mostert et Marco Mostert avancent la date précise (!) du 18 mars 816 ("... probably the manuscript can be dates 816, around 18 March") pour le diagramme montrant les positions des planètes (telles qu'on a pu les recalculer) sur le folio 93v du manuscrit : cf. Richard Mostert et Marco Mostert, « Using astronomy as an aid to dating manuscripts, The example of the Leiden Aratea planetarium », Quaerendo, no 20,‎ , p. 248-261. Pourtant, on doit tenir compte de quelques données astronomiques pour l'année 816 : l'équinoxe de printemps a eu lieu le dimanche 16 mars à 09 h 07 UTC et la pleine lune le lundi 17 mars à 11 h 23 UTC. La Pâque juive a eu lieu le mardi 18 mars et la Pâque chrétienne le dimanche 20 avril, suivant la première pleine lune ecclésiastique du printemps (c'est-à-dire la première pleine lune ayant lieu après le 21 mars, date non pas astronomique mais historique de l'équinoxe depuis le Concile de Nicée), tombant au 14e jour de l'âge de la Lune, soit le jeudi 17 avril (la pleine lune astronomique était le mardi 15 avril à 20 h 06 UTC). L'alignement exact sur le planétarium à 180° l'un de l'autre de la Lune (au centre du signe de la Balance, Libra) et du Soleil (au centre du signe du Bélier, Aries) semble montrer que son auteur a voulu représenter cet instant de la pleine Lune, près de 26 heures et 16 minutes après le moment de l'équinoxe astronomique. Le Soleil serait donc positionné à 1,0764° de longitude écliptique (soit un jour et deux heures et seize minutes après l'équinoxe) et, par conséquent, la Lune à 181,0764°, cela si le point vernal (0°) est positionné presque au centre du signe du Bélier (à 15° du début du signe qui fait 30° de largeur), soit à gauche de la vignette précédente qui est erronément dessinée avec la figurine du mois de novembre au lieu de celle du mois de mars. On sait en effet (cf. G. Thiele : « Antike Himmelsbilder », Berlin, 1898, p. 144 et suiv.) que le dessinateur a inversé le cycle des mois, seuls janvier et juillet étant à leur vraie place, alors que le cycle des signes du zodiaque est correct (rappelons que le sens de rotation de tous les astres a lieu dans le sens direct, c'est-à-dire dans le sens inverse des aiguilles d'une montre). Il faut aussi noter que, du fait de la précession des équinoxes, de 1° en 72 ans environ, le signe du zodiaque du Bélier ne correspond plus à la constellation du même nom, ce qui était le cas quelque 950 ans auparavant, vers 130 av. J.C. ; chaque signe du zodiaque ayant, par définition, 30° de longueur en longitude écliptique, le point vernal correspondait alors à l'entrée du Soleil dans la constellation du Bélier. En 816, il y a donc déjà un décalage, un recul, de 13° dû à la précession et le Soleil, le jour de l'équinoxe, se trouve décalé en plein dans la constellation des Poissons. Le dessinateur a donc erronément situé le Soleil à 15°, soit au milieu du signe du Bélier. Un autre fait tout à fait remarquable de ce planétarium (ou planisphère céleste) est que les planètes Mercure et Vénus sont (déjà !) en orbite autour du Soleil alors que le système de Ptolémée donne tous les astres en révolution autour de la Terre, figurée au centre du Monde. Les longitudes écliptiques des planètes sont alors les suivantes en ce 17 mars 816 vers midi : Mercure : 333,404°, Vénus : 38,607°, Mars : 216,373°, Jupiter : 86,548°, Saturne : 323,069°.
  2. ministère de l'Éducation nationale, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements : Arras. Avranches. Boulogne. 1872, Imprimerie nationale (lire en ligne), N 188 In folio carré ou grand in-quarto sur vélin : Kalendarius per nonas idus et kalendas dispositus Tabulae astronomicae ad inveniendam epactam cum argumentis Incipit Argumentum de regularibus cycli decennovenalis. Si vis invenire unde principalitatis originem sumant : Desinit remanet unus una est epacta anno presenti Germanici Caesaris Aratea phaenoniena. Incipiunt Ab Jove principium magno deduxit Aratus Carminis at nobis genitor tu maximus auctor. Desinunt Pluribus indiciis sollers fulcire mémento. Vale fidens in Domino Christi vestitus amore. XIXe siècle
  3. Manuscrit ms 188, Bibliothèque municipale des Annonciades, Boulogne-sur-Mer, consulter en ligne.

Bibliographie modifier

  • Ingo F. Walther et Wolfgang Norbert, Codices Illustres : The world's most famous illuminated manuscripts 400 to 1600, Cologne, Taschen, , 504 p. (ISBN 978-3-8228-5852-3)
  • Florentine Mütherich et Joachim E. Gaehde, Karolingische Buchmalerei, Munich, Prestel, (ISBN 978-3-7913-0395-6), p. 68–71.
  • Richard Mostert and Marco Mostert, "Using astronomy as an aid to dating manuscripts, The example of the Leiden Aratea planetarium", Quaerendo, 20 (1999): 248–261.

Sources modifier