Apeirogon (roman)

roman de Colum McCann

Apeirogon
Auteur Colum McCann
Version originale
Langue Anglais
Titre Apeirogon
Éditeur Random House
Lieu de parution New York
Date de parution 2020
Version française
Traducteur Clément Baude
Éditeur Belfond
Lieu de parution Paris
Date de parution 2020
ISBN 978-2-7144-5008-1

Apeirogon (titre original : Apeirogon) est un roman, publié en 2020, par l'écrivain irlandais Colum McCann. La même année, le roman est traduit en français par Clément Baude pour le compte des éditions Belfond.

Se basant sur histoire réelle, l'ouvrage traite du conflit israélo-palestinien et du travail de réconciliation de deux pères, un Palestinien et un Israélien, qui ont chacun perdu une fille dans le conflit. Tant le titre — dénomination d'une forme géométrique complexe — que la structure du roman divisé en 1001 fragments, appellent à voir cette confrontation avec des yeux ouverts à la complexité.

Titre et structure modifier

Le titre reprend celui d'une forme géométrique appelé apeirogone (du grec ancien : "ἄπειρος" apeiros : infini, sans bornes, et "γωνία" gonia : angle), qui désigne une figure géométrique au nombre indéfini de côtés; L'auteur s'en sert pour proposer une nouvelle façon de penser le conflit israélo-arabe, qui laisse la place à la complexité, et pas seulement aux oppositions et confrontations trop simples[1].

Le roman est divisé en 1001 « chapitres-fragments » numérotés 1 à 500, puis 1001, puis 500 à 1, qui peuvent aller d'une ligne à une dizaine de pages. Une quinzaine de ces fragments sont des photos sans légende, un peu sur le modèle pratiqué par l'écrivain allemand W. G. Sebald, et même, parfois, un simple cadre vide — ce qui reflète un des théorèmes mathématiques qui sous-tendent le roman[1]. Les deux chapitres centraux, portant chacun le numéro 500 et séparés par le numéro 1001 se fondent sur plusieurs entretiens avec les deux protagonistes. En revanche, déclare l'auteur dans une note préliminaire, « partout ailleurs, Bassam et Rami m'ont autorisé à transformer leurs mots et leurs mondes. »

Thématique modifier

Le roman est en fait le récit de l'histoire croisée de deux pères, l'un Israélien et juif, l'autre Palestinien et musulman, dont la vie a été brisée par la mort d'une de leurs enfants.

Ces deux personnages sont réels. Il s'agit de Rami Elhanan (né en 1950) un graphiste israélien, et de Bassam Aramin[2],[3], Palestinien, devenu spécialiste de la Shoah. L'un et l'autre ont perdu une fille: Smadar Elhanan, née en 1983, décédée le , victime d'un attentat palestinien, rue Ben Yehuda (Jérusalem)[4], et Abir Aramin, née en 1997 et le devant son école, victime d'un tir de militaire israélien, .

 
Colum McCann entouré par Rami Elhanan (à gauche) et Bassam Aramin (à droite). Avril 2023.

Leur histoire est réelle. Le récit est basé sur la difficulté à continuer à vivre pour ces deux hommes, individuellement, en famille et dans des associations. Ils finissent par se rencontrer, avec d'autres, au monastère salésien de Crémisan (Beit Jala). Avec le temps, une amitié se crée, et ils parcourent le monde à raconter leur vécu, à proposer, comme unique début de solution au conflit, d'écouter l'autre, en visant la paix. Le discours est bien reçu dans les pays occidentaux, beaucoup moins dans les diverses communautés en Israël.

On y croise les ombres de François Mitterrand, Benyamin Netanyahou, Mahmoud Darwich, et de beaucoup d'autres personnes moins célèbres, mais aussi les très nombreux passages d'oiseaux, puisque la région d'Israël demeure un lieu important de passage d'oiseaux en migration, alors que la circulation (en moto ou en auto) est nettement plus difficile pour les êtres humains dans les alentours de Jérusalem, même avant la construction du Mur (ou barrière de séparation israélienne).

Réception francophone modifier

La presse française a bien accueilli l'ouvrage. Pour Florence Noiville (Le Monde)[5], dans ce « livre monumental », Colum McCann « recolle les morceaux du Proche-Orient. ». Christine Ferniot (Télérama)[6] y voit un récit « bouleversant » dans lequel « [e]n deuil de leurs filles, un Israélien et un Palestinien choisissent de s’unir. La vie, la mort, même manège. » Quant à Philippe Chevilley (Les Échos)[7], il écrit : « Construit autour des figures héroïques de deux combattants de la paix, l'un juif israélien, l'autre musulman palestinien, le nouveau roman composite de l'écrivain irlandais est un prodige d'écriture et une leçon d'humanisme. Colum McCann signe son chef-d'œuvre. ».

Distinctions francophones modifier

Références modifier

  1. a et b (en) Alex Preston, « Apeirogon by Colum McCann review. A beautifully observed masterpiece », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le )
  2. https://www.theforgivenessproject.com/stories/bassam-aramin/
  3. La Paix Maintenant, « Le monologue de Bassam Aramin, père d'Abir et Combattant pour la Paix », sur La Paix Maintenant, (consulté le )
  4. Nourit Peled-Elhanan, « « Bibi, qu'as-tu fait ? » », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Florence Noiville, « Dans Apeirogon, l’écrivain Colum McCann recolle les morceaux du Proche-Orient », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  6. Christine Ferniot, « Apeirogon », sur telerama.fr, (consulté le ).
  7. Philippe Chevilley, « « Apeirogon » : le livre de paix de Colum McCann », sur lesechos.fr, (consulté le ).

Annexes modifier

Traduction modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier