Pied de chat dioïque

espèce de plantes
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Antennaria dioica

Le Pied de chat dioïque (Antennaria dioica), également appelé Antennaire dioïque, est une espèce de plante à fleurs du genre Antennaria et de la famille des Asteraceae.

Étymologie modifier

Son nom, issu du latin « antenna », signifie « antenne », ce qui rappelle la forme des soies épaissie des capitules mâles ; le nom spécifique « dioica » désigne, quant à lui, le mode de sexualité dioïque de cette plante[1].

Description modifier

 
Antennaria dioica, involucre d'un pied femelle.
 
Antennaria dioica, involucres de pieds mâles.

C'est une plante herbacée vivace de 5 à 40 cm. le Pied de chat dioïque fleurit de mai à juillet (jusqu'en août en altitude). Cette plante est dioïque[1].

Antennaria dioica est constituée d'une souche rameuse émettant des rejets couchés et grêles portant des rosettes de feuilles d'un vert blanc dessus et d'un blanc cotonneux dessous, à une seule nervure, les feuilles basales étant en forme de spatule élargie à son sommet. L'ensemble des souches stolonifères forme régulièrement un gazon.

Les feuilles supérieures sont fines et appliquées le long de la hampe florale. Les capitules sont regroupées par 3 à 8 en corymbe serré, involucre laineux à la base, à bractées membraneuses et luisantes, leur base étant très laineuse. Les pieds mâles se distinguent par une involucre à bractée blanches (ou rosées), larges et obtuses au sommet, plus courtes que les fleurs alors que les pieds femelles sont composés par un involucre à bractées roses, ovales, allongées, terminées en pointes, plus longues que les fleurs. Il est également possible de rencontrer des fleurs hermaphrodites stériles. Les fruits sont glabres, lisses et surmontés d'une aigrette.

Une espèce voisine, le pied de chat des Carpates, Antennaria carpatica, peut se rencontrer dans les forêts et landes subalpines. Elle se distingue par ses capitules bruns ou noirâtres non dioïques et son absence de stolons.

Pollinisation modifier

Le Pied de chat dioïque est pollinisé par les lépidoptères (comme Coleophora pappiferella, de la famille des Coleophoridae et Scrobipalpa murinella de la famille des Gelechiidae dont les larves se nourrissent exclusivement d'Antennaria dioica)[2] et dispersé par le vent à l'instar de la majorité des Asteraceae.

Écologie modifier

 
Rosettes d'Antennaria dioica.
 
Biotope d'Antennaria dioica.
 
Antennaria carpatica, le pied de chat des Carpates.

Cette plante est distribuée dans les zones tempérées-froides de l'Europe, de l'Asie et de l'Alaska. En France, le Pied de chat dioïque est commun au-dessus de 500 m, très rare en dessous (il a disparu de Normandie, de Picardie, du Bassin parisien et de Champagne-Ardenne) Il est présent jusqu'à 2 800 m, autrement dit de l'étage collinéen à l'étage alpin[1].

Préférentiellement héliophile, Antennaria dioica peut également être de demi-ombre. Il se développe essentiellement sur des sols pauvres en bases et en éléments nutritifs, dont le pH est plus ou moins acide. Il accepte des sols moyennement gorgés en eau à assez secs[1].

Antennaria dioica pousse dans les pelouses, les landes ainsi que les forêts acidiphiles. Plus précisément, il affectionne les formations végétales suivantes : les pelouses à violettes des chiens (Viola canina), celles à Nard raide (Nardus stricta), d'autres à Laîche courbée (Carex curvula). Il apprécie également les Landes à myrtille et genêt ailé, les landes à Rhododendron et les landes à bruyère et à callune, les pineraies (Pin sylvestre), les pessières (Epicéa), les Cembraies (Pin cembro) et enfin les Mélezins (Mélèze)[1].

Statuts de protection, menaces modifier

L'espèce n'est pas encore évaluée à l'échelle mondiale par l'UICN. En Europe elle est classée comme non préoccupante [3].

En France, elle est considérée quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourraient être menacées si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises. Elle a disparu (RE) en Bourgogne, Nord-Pas-de-Calais, Haute et Basse Normandie, Île de France, la région Centre et les Pays de la Loire ; elle est en Danger-critique (CR) en Picardie, Limousin et Champagne-Ardennes ; en Danger (EN) en Lorraine ; elle est considérée Quasi menacée (NT) en Alsace, Auvergne et Franche-Comté.

Ce taxon est soumis à réglementation préfectorale et à réglementation de portée régionale (Région Basse-Normandie[4], Bourgogne[5] et Limousin[6], en article 1). Sa cueillette est réglementée dans les Alpes[7].

Cette espèce est véritablement en voie de disparition à basse altitude, où les populations sont à protéger[1].

Victime des aménagements en plaine, un paturâge agricile très extensif (avec la conservation des rochers) et la protection de l'arrachage par des amateurs lui sont bénéfiques[8].

Usages et propriétés modifier

Cultivée comme plante ornementale[1], il existe plusieurs cultivars tels que Antennaria dioica 'Borealis' (plante de 15 cm de hauteur à fleurs blanches apparaissant de mai à juillet et au feuillage gris dense) ou Antennaria dioica 'Rubra' (plante de 15 cm de hauteur, à fleurs carmin apparaissant de mai à juillet et au feuillage gris dense. Très florifère, elle pousse rapidement.)

Propriétés médicinales modifier

Toute la plante est béchique, adoucissante, astringente, fortifiante, cholagogue et vulnéraire[10]. Cette espèce fait partie des 5 plantes pectorales avec la grande mauve, la molène, le coquelicot et le tussilage.

Synonymie modifier

Synonymes taxonomiques modifier

  • Margaritaria simplex Opiz
  • Gnaphalium platyphyllum Gand.
  • Gnaphalium leucocephalum Gand.
  • Antennaria villifera Boriss.
  • Antennaria parvifolia Nutt.
  • Antennaria hyperborea D. Don
  • Antennaria hibernica Braun-Blanq.
  • Antennaria dioica var. gallica E. G. Camus
  • Antennaria dioica var. discolor Rouy
  • Antennaria dioica var. borealis E. G. Camus

Synonymes nomenclaturaux modifier

  • Gnaphalium dioicum L. (« Gnaphalium », du grec « gnaphalon », « laine » fait allusion à la pilosité qui recouvre certaines plantes cousines de cette espèce)
  • Cyttarium dioicum (L.) Peterm.
  • Chamaezelum dioicum (L.) Link
  • Antennaria montana Gray

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g Flore forestière française Montagne ; JC Rameau, D.Mansion G.Dumé, IDF, 1989
  2. A. Maitland Emmet (Ed), 1996.; The Moths and Butterflies of Great Britain and Ireland; Vol 3;Yponomeutidae - Elachistidae
  3. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 4 janvier 2022.
  4. Arrêté du 27 avril 1995 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Basse-Normandie complétant la liste nationale
  5. Arrêté du 27 mars 1992relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Bourgogne complétant la liste nationale
  6. Arrêté du 1er septembre 1989 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Limousin complétant la liste nationale
  7. Liste des plantes des Hautes Alpes à cueillette réglementée
  8. A. LOMBARD, R. BAJON, « Antennaria dioica (L.) Gaertn., 1791 », (consulté le )
  9. a et b Guide ethnobotanique de Phytothérapie, Gérard Ducerf, Éditions Promonature, 2006
  10. Lire le Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France de Paul-Victor Fournier p. 89 ou voir Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en + cs) Kaplan et al., « Distribution of Antennaria dioica in the Czech Republic », Preslia, no 88,‎ , p. 229-322 (lire en ligne [PDF])

Liens externes modifier

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