Mademoiselle Lange

actrice française
Mademoiselle Lange
Thérèse Vincent de Montpetit, Mademoiselle Lange, de la Comédie-Française, 1794
Fonction
Sociétaire de la Comédie-Française
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Anne-Françoise-Élisabeth LangeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Activités
Conjoint
Michel-Jean Simons (en) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Anne-Élisabeth Palmyre (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Théâtre Feydeau (à partir de )
Salle Richelieu ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement

Mademoiselle Lange, nom de scène d’Anne-Françoise-Élisabeth Lange, est une actrice française et une « Merveilleuse » du Directoire, née le à Gênes et morte le à Florence[1],[2].

Biographie modifier

Fille de Charles-Antoine Lange (ou L'Ange) et de Marie-Rose Pitrot, musiciens et comédiens ambulants qui se produisaient à travers l'Europe, Mademoiselle Lange joue très jeune des rôles d'ingénues dans les troupes où ses parents se produisaient. En 1776, la famille est engagée au théâtre de Liège et, en 1784, on la retrouve au théâtre de Gand. En 1787, elle est engagée au théâtre de Tours dans la troupe de Marguerite Brunet dite « la Montansier ».

Le , elle fait ses débuts à la Comédie-Française dans le rôle de Lindane de L'Écossaise de Voltaire et est ensuite Lucinde dans L'Oracle de Saint-Foix.

En 1791, lorsque les représentations de Charles IX de Marie-Joseph Chénier, pièce anti-religieuse et anti-monarchique, divisent la troupe du Théâtre-Français, elle suit d'abord le groupe dit « des patriotes », emmené par Talma, qui s'installe rue de Richelieu (actuelle salle de la Comédie-Française).

Mais, estimant ne pas être reconnue à sa juste valeur, elle ne tarde pas à rejoindre la faction dite « des aristocrates » qui s'est installée au théâtre du faubourg Saint-Germain, rebaptisé théâtre de la Nation (actuel théâtre de l'Odéon). Le , elle y crée le rôle de Laure dans Le Vieux Célibataire de Jean-François Collin d'Harleville. Elle y est reçue sociétaire en 1793. Elle triomphe dans le rôle de Paméla dans Paméla ou la Vertu récompensée de Nicolas-Louis François de Neufchâteau (d'après le roman de Samuel Richardson) et met à la mode le chapeau de paille dit « à la Paméla ». Mais on trouve à la pièce des accents royalistes : le théâtre est fermé par le Comité de salut public, l'auteur et les comédiens arrêtés[3].

Mademoiselle Lange est d'abord internée à la prison de Sainte-Pélagie, puis, après quelques mois de captivité, elle parvient à se faire transférer dans la pension Belhomme, avec son cuisinier, son valet et sa femme de chambre, où elle mène grand train grâce aux fonds du banquier Montz, si bien que la rue est pleine des voitures de ses visiteurs. Elle achète un hôtel particulier rue Saint-Georges.

À la suite d'une dénonciation, Fouquier-Tinville ouvre une enquête qui débouche sur l'arrestation de Jacques Belhomme et la fermeture de l'établissement. Elle retourne en prison, mais de hautes protections lui permettent d'éviter la guillotine.

Libérée après Thermidor, elle entre au théâtre Feydeau et mène grande vie sous le Directoire. Elle a une liaison avec le sieur Lieuthraud, fournisseur aux armées qui a acquis, entre autres, l'hôtel de Salm et l'entretient, dit-on, sur un pied de 10 000 livres par jour. Elle donne également ses faveurs à un riche banquier de Hambourg, Hoppé, avec qui elle a une fille, Anne-Élisabeth Palmyre, reconnue par son père en 1795. Elle a enfin une liaison avec un autre fournisseur aux armées, Michel-Jean Simons, dont elle a un fils en 1797. Le père reconnaît l'enfant et épouse l'actrice, qui, devenue Mme Simons, met un terme à sa carrière théâtrale.

Il est en revanche peu probable qu'elle ait eu une liaison avec Barras comme l'affirme le livret de la célèbre opérette de Charles Lecocq, La Fille de madame Angot, où son personnage est un des rôles principaux.

Ruiné, Simons meurt en 1810 dans son château de Bossey en Suisse. Veuve, menant une vie solitaire dans l'oubli et loin de ses admirateurs, elle meurt à Florence en 1825 — ou en 1816 selon certains biographes[Lesquels ?].

Le scandale du portrait de Mademoiselle Lange en Danaé modifier

 
Anne-Louis Girodet, Mademoiselle Lange en Danaé (1799), Minneapolis Institute of Art.

Mademoiselle Lange fut la cause du célèbre scandale que provoqua le peintre Anne-Louis Girodet en la peignant sous les traits de Danaé. En effet, l'actrice n'ayant pas aimé un premier portrait qu'elle lui avait demandé de retirer du Salon de 1799, Girodet se vengea en le lui renvoyant lacéré et en exposant au Salon Mademoiselle Lange en Danaé, une toile réalisée en quelques jours, où elle est ouvertement dépeinte en prostituée : nue, elle recueille des pièces d'or dans une étoffe, tandis qu'un dindon paré de plumes de paon figure son mari Simons et qu'un de ses amants (Lieuthraud) est portraituré en masque grotesque, une pièce d'or enfoncée dans l'œil.

Carrière à la Comédie-Française modifier

 
Anne-Louis Girodet, Mademoiselle Lange en Vénus (1798), musée des Beaux-Arts de Leipzig.

Entrée en 1788, elle est nommée 201e sociétaire en 1793.

Iconographie modifier

 
Jean-François Colson, Mademoiselle Lange en Sylvie dans la pièce de Collet L'Île déserte (1793), Paris, Comédie-Française.

Notes et références modifier

  1. (it) « Décès no 3173 (Immagine 122) du registre des décès de l'année 1825 de la commune de Florence », sur antenati.san.beniculturali.it (consulté le ) - Note. On mentionne qu'elle est décédée le 2 décembre 1825 à 9 heures et demie et qu'elle est âgée de 51 ans.
  2. Plusieurs biographies indiquent la date du ).
  3. Nicolas François de Neufchâteau fit jouer, sur la scène du théâtre de la Nation, le , une comédie en vers : Paméla ou la Vertu récompensée, tirée du roman de Samuel Richardson, imitée de Goldoni. Le jour de la neuvième représentation, comme le rideau allait se lever, un officier de police vint au nom du Comité de salut public interdire la pièce à cause de ces deux vers jugés subversifs :

    Ah ! les persécuteurs sont les seuls condamnables.
    Et les plus tolérants sont les seuls raisonnables.

    François de Neufchâteau fit alors les corrections qu'exigeait le Comité, mais celui-ci signa un arrêté fermant le théâtre et décrétant d'accusation François de Neufchateau. Il fut incarcéré, lui et ses comédiens. Parmi les 13 acteurs — les actrices furent enfermées à Sainte Pélagie — du Théâtre Français incarcérés au couvent des Madelonnettes, se trouvent l’acteur Fleury, l’acteur Dazincourt, François Molé, Charlotte Vanhove, l’acteur Saint-Prix et l’acteur Saint-Fal.

  4. Distribution sur Les Archives du spectacle.net
  5. L'Avare sur le site de la Comédie-Française

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