Anita Bryant

chanteuse américaine
Anita Bryant
Anita Bryant en 1971.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (84 ans)
BarnsdallVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Anita Jane BryantVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Formation
Will Rogers High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
Autres informations
Labels
Carlton (en), Columbia RecordsVoir et modifier les données sur Wikidata
Genres artistiques
Site web
Distinction
Ellis Island Medal of Honor (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Discographie
Discographie d'Anita Bryant (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Anita Jane Bryant, née le à Barnsdall (Oklahoma), est une chanteuse américaine de musique folk et gospel, qui a aussi tourné dans une série de spots publicitaires. Elle est surtout connue pour avoir mené une campagne à Miami de 1977 à 1980 pour abroger une ordonnance locale interdisant toute discrimination basée sur des critères de préférences sexuelles.

Biographie modifier

 
Anita Bryant dans une publicité pour Coca-Cola (années 1960).

Elle a commencé à chanter à l’âge de 2 ans à la Première église baptiste de Barnsdall[1]. À l'âge de six ans, elle chantait à des fêtes locales en Oklahoma. Elle chante ensuite occasionnellement pour la radio et la télévision et est invitée à passer une audition lors d'un radio-crochet d'Arthur Godfrey.

À 12 ans, elle avait son émission de télévision « The Anita Bryant Show », diffusée sur WKY[2].

Parallèlement, elle est élue Miss Oklahoma (en) en 1958 et deuxième dauphine de Miss America en 1960. Cette même année, elle se marie avec un disc jockey de Miami, avec qui elle aura quatre enfants.

Carrière modifier

Son premier succès est la chanson Paper Roses en 1959, suivi de In My Little Corner of the World en 1960 (US n°10), et Wonderland by Night en 1961[3]. Les albums Paper Roses, In My Little Corner of the World et Till There Was You ont été vendus chacun à plus d'un million d'exemplaires.

En 1965, avec I Believe, elle s’oriente vers le gospel, qui caractérisera également la musique de ses autres albums[4].

Save Our Children modifier

 
Pin's anti-Anita Bryant.

En 1977, le comté de Dade en Floride promulgue une ordonnance interdisant toute discrimination sur des critères d'orientation sexuelle. La chanteuse s'inquiète d'ailleurs surtout du fait que l'ordonnance risque d'autoriser les personnes homosexuelles à travailler dans des écoles chrétiennes et à devenir des modèles, car ses propres enfants y sont inscrits[5]. C'est la visite d'un sergent de police dans son église qui lui fait durablement associer homosexualité et pédophilie[6]. Ce policier lui montre en effet des photographies pornographiques gays et infantiles qui l'horrifient et la poussent à se mobiliser activement contre l'ordonnance. En février 1977, elle lance alors la campagne très médiatisée Save Our Children (Sauvons Nos Enfants) avec des dirigeants évangéliques fondamentalistes, dont le pasteur Jerry Falwell, pour tenter de faire abroger cette ordonnance[7]. À la suite de ce lancement, la Singer Corporation annule une offre de parrainage d'une nouvelle émission hebdomadaire de Bryant en raison des activités politiques controversées[8].

Elle a souvent recours à des propos homophobes[9]. Elle déclare publiquement : « Si l'homosexualité était la voie normale, Dieu aurait créé Adam et Bruce »[10]. Des images d'archive la montrent aussi affirmant : « Si on donne des droits aux gays, il faudra ensuite donner des droits aux prostituées, à ceux qui couchent avec des saint-bernards et à ceux qui se rongent les ongles »[11].

Le , l'ordonnance anti-discrimination est abrogée.

Elle poursuit alors sa croisade d'abord en Floride, où elle obtient l'interdiction de l'adoption par des parents homosexuels, puis dans tout le pays contre d'autres ordonnances locales[12],[13].

David Allan Coe écrivit une chanson, Fuck Anita Bryant, sortie en 1978, qui dénonçait les préjugés homophobes d'Anita Bryant[14].

En octobre 1977, lors d’une apparition télévisée à Des Moines (Iowa), elle a affirmé à plusieurs reprises « aimer les personnes homosexuelles, mais détester leur péché »[15]. Quelques minutes plus tard, elle est entartée par un activiste gay.

Des activistes gay organisent un boycott du jus d'orange de Floride, qu'Anita Bryant promeut dans des spots publicitaires. Ces militants sont soutenus notamment par Barbra Streisand, Bette Midler, Paul Williams, et Jane Fonda. À l'époque, Rod McKuen sort une chanson pamphlétaire, Don't Drink the Orange Juice (face B d'un 45 tours qui a pour face A la chanson Amor Amor Amor), qui raconte la croisade anti-gay de Anita Bryant, et exhorte les auditeurs à ne pas boire le jus d'orange de Floride.

En 1978, alors membre d’une église baptiste, elle a été candidate au poste de vice-président de la Convention baptiste du Sud, mais a perdu. Plusieurs dirigeants étaient en désaccord avec la façon dont elle rejetait les droits civiques des personnes homosexuelles[16].

Le déclin modifier

En 1980, elle divorce de son premier mari. Rendue impopulaire par ses déclarations homophobes, elle se montre plus tolérante : « En ce qui concerne les gays, l'Église doit être plus aimante, sans condition, et prête à voir ces personnes comme des êtres humains, à les secourir et à essayer de les comprendre… Je suis plus encline à conseiller d'être tolérant, mais simplement ne l'affichez pas et ne cherchez pas à la légaliser. Je suis convaincue qu'à long terme Dieu me défendra. J'ai abandonné les fondamentalistes, qui sont devenus si légalistes et ont une lecture si littérale de la Bible. »[17].

Son mouvement s'essouffle dès les années 1980, son image devenant gênante pour sa carrière artistique. La Florida Citrus Commission a laissé son contrat expirer après le divorce, considérant que Bryant s'était « épuisée »[18]. Elle a alors mis en vente son manoir de 34 pièces à Miami Beach et est retournée chez sa mère en Oklahoma. Elle a par la suite été engagée comme chanteuse dans des parcs de mobile homes.

Avec l'aide de son second mari, elle tente de se relancer sur la scène, mais ses tours de chant sont boudés et elle est inscrite aux fichiers des banqueroutes dans l'Arkansas (1997) et le Tennessee (2001)[19].

Anita Bryant Ministries International modifier

En 2006, elle a fondé Anita Bryant Ministries International à Oklahoma City[2].

Vie personnelle modifier

Elle est membre de Victory Church à Warr Acres (Oklahoma), une église évangélique non confessionnelle[1].

Albums modifier

Année Album Billboard 200 Label
1959 Anita Bryant Carlton Records
1960 Hear Anita Bryant in Your Home Tonight!
1961 In My Little Corner of the World 99
Kisses Sweeter Than Wine Columbia Records
1962 Abiding Love
In a Velvet Mood 145
The ABC Stories of Jesus
1963 The Country's Best
Anita Bryant's Greatest Hits
1964 The World of Lonely People
The Best of Johnny Desmond & Anita Bryant at Jubilee 1964
1965 I Believe
1966 Mine Eyes Have Seen the Glory 146
1967 Do You Hear What I Hear?: Christmas with Anita Bryant 25
1968 Anita Bryant Harmony Records
How Great Thou Art Columbia Records
In Remembrance of You
1969 Little Things Mean a Lot Harmony Records
1970 World Without Love
Abide with Me Word Records
1972 Naturally Myrrh Records
The Miracle of Christmas Word Records
1973 Sweet Hour of Prayer Harmony Records
Battle Hymn of the Republic Word Records
1975 Old Fashioned Prayin'
Anita Bryant's All-Time Favorite Hymns
1985 Anita with Love BL Records

Notes et références modifier

  1. a et b Robert Medley, “Stories of the Ages: Anita Bryant – Sunny Side of Life”, oklahoman.com, USA, 20 mars 2011
  2. a et b Mallery Nagle, Anita Bryant - One of state's most famous citizens calls Edmond home, edmondlifeandleisure.com, USA, 01 mai 2008
  3. Joseph Murrells, The Book of Golden Discs, London, Barrie and Jenkins Ltd, , 2nd éd. (ISBN 978-0-214-20512-5, lire en ligne), 122
  4. George Vecsey, Secular Bookings Off, Anita Bryant Sings at Revivals, nytimes.com, USA, 21 février 1978
  5. Bryant 1977, p. 65–66
  6. Ken Kelley, « Playboy Interview: Anita Bryant », Playboy,‎ (lire en ligne)
  7. Frances FitzGerald, A Disciplined, Charging Army, newyorker.com, 18 mai 1981
  8. « Gay Rights Dispute Stops Bryant's Show », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « La croisade de miss Bryant contre l'homosexualité », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Nikolai Endres, « Anita Bryant », sur glbtq.com, (version du sur Internet Archive)
  11. Nikolai Endres, « Anita Bryant », sur glbtq.com, (version du sur Internet Archive). Ce passage a été repris dans le film Harvey Milk (2009).
  12. (en-US) « 41 Years Ago Today, A Gay Activist Threw A Pie In Anita Bryant's Face », sur The Gaily Grind, (consulté le )
  13. « Manifestation d'homosexuels contre la chanteuse homophobe Anita Bryant » [vidéo], sur Ina.fr,
  14. David Allan Coe, « Fuck Anita Bryant », sur youtube.com, (consulté le )
  15. William Simbro, Pie shoved in Anita Bryant's face by homosexual here, The Des Moines Register via newspapers.com, USA, 15 octobre 1977
  16. Marjorie Hyer, Baptist Convention Rejects Bryant as Vice President, washingtonpost.com, USA, 14 juin 1978
  17. Cliff Jahr, « Anita Bryant's Startling Reversal », Ladies' Home Journal n° 97, décembre 1980, p. 60-68, cité dans Nikolai Endres, « Anita Bryant », sur glbtq.com, (consulté le ).
  18. OS, Being born again Anita Bryant resurrected, orlandosentinel.com, USA, 21 février 1988
  19. Thomas C. Tobin, « Bankruptcy, ill will plague Bryant », St. Petersburg Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )

Liens externes modifier