André Latreille
André Latreille, né le à Lyon et mort le à Neuville-sur-Saône est un intellectuel et historien français.
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Président Association des amis des « Sources chrétiennes » (d) | |
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André Auguste Latreille |
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Archives municipales de Lyon (154II) |
Biographie
modifierJeunesse et études
modifierAndré Latreille effectue ses études au lycée Ampère. Il s'inscrit ensuite à la faculté des lettres de Lyon, deux établissements où son propre père, Camille Latreille, avait été professeur. Il passe à 22 ans l'agrégation d'histoire et géographie avec succès[1].
Après la publication de sa thèse de doctorat, il est nommé en 1937 maître de conférences en histoire contemporaine à la faculté des lettres de Poitiers.
Parcours professionnel
modifierIl enseigne d'abord au Lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, au lycée Thiers de Marseille, puis au lycée Ampère de Lyon.
Durant l'Occupation, il aide des familles juives à échapper à la déportation[2],[3],[4],[5]. Gaulliste de la première heure[6], il se déplace à Paris dès décembre 1940 afin de mettre en garde le cardinal Suhard contre les risques que représentait l'inféodation à Vichy[6],[7],[8].
En aout 1944, il devient membre du "noyau" du Comité de libération du département de la Vienne, qui quitte en [9] lorsqu'il est appelé par le Général De Gaulle comme directeur des Cultes au Ministère de l'Intérieur du gouvernement provisoire. Il y est notamment chargé de régler l'épineux problème des évêques ayant collaboré avec le régime de Vichy[7]. Il accomplira cette tâche avec doigté et modération[10] aidé par le nouveau nonce nommé à Paris, Monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII.
En , il est élu à la chaire d’histoire moderne de la faculté des lettres de l'Université de Lyon, où il enseignera jusqu’à sa retraite en 1971, refusant, à plusieurs reprises, un poste à la Sorbonne. Il est doyen de la Faculté de 1956 à 1959, puis doyen honoraire.
Pour autant son activité professionnelle ne se limite pas aux murs de sa Faculté :
- D' à , il donne une série de cours inauguraux à l'Université Laval de Québec, dont il aide à organiser l'Institut d'Histoire et de Géographie ; il y revient en mission à 3 reprises en 1950, 1957 et 1960, à la demande du Recteur Parent[11].
- Il enseigne à l'Institut d'études politiques de Lyon, puis à celui de Grenoble.
- Au début des années 1960, il crée le département d'Histoire du Centre universitaire de Saint-Étienne, embryon de la future Université Jean Monnet.
- Il est appelé à plusieurs reprises pour des cycles de conférences à Beyrouth (Liban) et à Tananarive (Madagascar).
De 1945 à 1974, il est membre du Comité consultatif des Universités, ancêtre de l'actuel Conseil national des universités.
Après la Seconde Guerre mondiale, il donne un cours sur le christianisme aux côtés d'Étienne Gilson et de Gabriel Le Bras à l'Institut d'études politiques de Paris[12].
Contemporain de l'« École des Annales », il garde comme historien une ligne très personnelle, exigeante, qui lui fait critiquer toutes les facilités que se donnent aussi bien les « essayistes en mal d'Histoire » que tel théoricien qui décrit « des modes de vie et non des vivants »[13]. De à , à la demande de son ami Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal Le Monde, il tient régulièrement dans ce journal une chronique de critique historique (plus de 230 articles publiés), aussi appréciée des amateurs d'Histoire que redoutée des auteurs d'ouvrages. En 1956, il fonde la revue Les Cahiers d’histoire, et en 1962 le Centre régional interuniversitaire d'histoire religieuse[14], qui organisa de 1953 à 1980 plusieurs colloques internationaux. En 1974, à la suite de la scission de l'Université de Lyon, le centre est rattaché à l’Université Lumière Lyon 2, associant des chercheurs de six Universités de la région Rhône-Alpes. Ce centre de recherches jouera un rôle important dans la lutte contre le négationnisme, dans les années 1978-1980, lors de la première affaire Faurisson[15]. Il porte depuis 1984 le nom de Centre André Latreille[16].
Durant toute sa carrière, il ajoute à ses activités d'enseignement et de publication une intense activité de conférencier, en France et à l'étranger. La rigueur et la clarté de ses exposés en font un orateur très demandé. Son talent d'orateur et ses qualités de pédagogue ont séduit des générations d'étudiants et d'amateurs d'Histoire[17].
Profondément catholique, membre actif dès sa jeunesse de la Chronique Sociale, et à ce titre très engagé dans la société, il fut une des figures du Centre catholique des intellectuels français (CCIF)[18], du Cercle Tocqueville[19], de la Paroisse Universitaire[8] (association des chrétiens de l'Enseignement public). Convaincu que « la laïcité de la société n'est que l'expression juridique de la liberté de l'acte de foi »[20], il défendit toute sa vie la participation des chrétiens à l'enseignement public, et ses analyses faisaient référence dans les débats relatifs à l'école libre (Loi Barangé, Loi Debré), ce qui lui valut des ennemis dans les deux camps.
Membre de l'Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées sous le nom de Auguste Plante-Vigne il ne dédaignait pas la culture de sa ville de Lyon. L'Almanach des Amis de Guignol, le Littré de la Grand'Côte et La plaisante sagesse lyonnaise lui étaient aussi familiers que les œuvres d'Alexis de Tocqueville ou de Paul Claudel. Cet amour du terroir lié à une compétence universitaire rare en a fait une figure lyonnaise particulièrement estimée[21],[22].
Il était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre des Palmes académiques, membre émérite de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon (qu'il présida en 1972[23]), membre correspondant de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques), commandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, docteur honoris causa de l'Université Laval (Québec) et membre de l'Académie de Mâcon[24].
Il a épousé le Suzanne Ruplinger[25], dont il eut dix enfants entre 1925 et 1944. Il disparut peu avant de pouvoir fêter leurs noces de diamant.
Publications
modifierOuvrages
modifier- André Latreille, Napoléon et le Saint-Siège, 1801-1808 (thèse de doctorat), Paris, Félix Alcan, , 626 p. — Prix d'Académie de l'Académie Française en 1935
- André Latreille, Le Catéchisme impérial de 1806, Paris, Les Belles Lettres, (lire en ligne).
- André Latreille, Comment l'Allemagne a déchaîné la guerre, Lyon, Chronique sociale de France, coll. « la Veilleuse », .
- André Latreille, Comment s'est formée la France, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Bibliothèque du Peuple », , 64 p..
- André Latreille, L'Explication des textes historiques : méthode d'explication et choix de textes, Paris, Hachette, , 274 p..
- André Latreille, L'Église catholique et la Révolution française, t. I : Le pontificat de Pie VI et la crise française (1775-1799), Paris, Hachette, (réimpr. 1970,2019) (ISBN 978-2-204-13581-8, SUDOC 240833325) — Grand prix Gobert d'Histoire de l'Académie Française en 1947
- André Latreille, L'Église catholique et la Révolution française, t. II : L'ère napoléonienne et la crise européenne 1800-1815, Paris, Hachette, (réimpr. 1970, 2019) (ISBN 978-2-204-13581-8, SUDOC 240833325) — Grand prix Gobert d'Histoire de l'Académie Française en 1947
- André Latreille, Le Catéchisme impérial de 1806, Paris, Les Belles Lettres, (lire en ligne).
- André Latreille, André Siegfried, Etienne Gilson, Louis Massignon et René Grousset, Les Forces religieuses et la Vie politique, Paris, Armand Colin, coll. « Cahiers de la Fondation nouvelle des Sciences politiques », .
- André Latreille, E. Delaruelle et Jean-Rémy Palanque, Histoire du catholicisme en France, vol. I : Des origines à la chrétienté médiévale, Paris, Spes, (réimpr. 1964).
- André Latreille, E. Delaruelle et Jean-Rémy Palanque, Histoire du catholicisme en France, vol. II : Sous les rois très chrétiens, Paris, Spes, (réimpr. 1964).
- André Latreille, E. Delaruelle, Jean-Rémy Palanque et René Rémond, Histoire du catholicisme en France, vol. III : La période contemporaine, Paris, Spes, (réimpr. 1964).
- André Latreille, La Seconde Guerre mondiale : 1939-1945 : essai d'analyse, Paris, hachette, , 364 p. (lire en ligne).
- André Latreille, André-Marie Ampère : l'homme, la pensée, l'influence, Poleymieux-au-Mont-d'Or, Société des amis d'André-Marie Ampère, coll. « extrait des Cahiers d'histoire », , 21 p.
- André Latreille, Le Catéchisme impérial de 1806, Paris, Les Belles Lettres, (lire en ligne).* André Latreille (préf. Hubert Beuve-Méry), De Gaulle, la Libération et l’Église catholique, Paris, éditions du Cerf, (réimpr. 2011), 146 p. (ISBN 2-204-01203-3 et 9782271072450) — Prix Véga et Lods de Wegmann de l'Académie Française en 1978
Plusieurs de ces ouvrages ont été traduits, en espagnol, en portugais ou encore en japonais.
Ouvrages collectifs
modifier- Édouard Perroy, Roger Doucet et André Latreille, Histoire de la France pour tous les Français, Hachette, .
- Arthur Kleinclausz (dir.), Déniau, Roger Doucet, Dubois, Dutacq, Camille Germain de Montauzan, Pouzet et André Latreille (3 volumes), Histoire de Lyon, Masson, 1939-1952 (réimpr. Laffitte, Marseille, 1978).
- Catholicisme et Liberté : correspondance inédite de Charles de Montalembert 1852-1870, Cerf, Paris, 1970, avec J.Gadille
- André Latreille (dir.) et Richard Gascon, Histoire de Lyon et du Lyonnais, Toulouse, Privat, coll. « Univers de la France et des pays francophones », (réimpr. 1988), 511 p. (ISBN 2-7089-4751-6).
- La Laïcité, P.U.F.
- Articles d'encyclopédies :
- L'encyclopédie française Larousse
- The New Catholic Encyclopedia, the Catholic University of America, Washington.
- Collaboration régulière à diverses revues, notamment Esprit[26], la Vie intellectuelle, Les Cahiers d'histoire
- Nombreux articles d'actualité dans Le Monde (1945-1972) et La Croix (1969-1984)[27]
- Léon Foillard (préf. André Latreille, ill. Luc Barbier), Le vin de nos vignes : Souvenirs et pages d'autrefois, Villefranche-en-Beaujolais, Éditions du Cuvier, , 131 p.
Distinctions
modifierSources
modifier- André Latreille, par J.M.Mayeur, in: Encyclopedia Universalis, Universalia.
- Jean Hamelin, Histoire de l'Université Laval : les péripéties d'une idée, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, (ISBN 2-7637-7382-6, lire en ligne).
- Cahiers d'histoire, revue du Comité historique du Centre-Est.
- « André latreille est mort », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale, vol. 1998, t. 1 (thèse de doctorat en Histoire), Presses universitaires de Reims, 2e éd. (SUDOC 086777785, lire en ligne), p. 362-382.
- Archives de la Vienne (série 112 W, "comité départemental de libération").
- Jean-Rémy Bézias, Georges Bidault et la politique étrangère de la France (États-Unis, Europe, Proche-Orient), 1944-1948, L'Harmattan, 2006.
- Gérard Chauvy, « Les lyonnais qui ont marqué le siècle : André Latreille : historien, catholique... et lyonnais », Le Progrès,
- Jacques Godechot, « Nécrologie André Latreille », Annales historiques de la Révolution française, no 259, , p. 131-134 (lire en ligne, consulté le ).
- Notice biographique et liste de publications, sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques.
- Maryannick Lavigne-Louis et Dominique Saint-Pierre (dir.), « André Latreille », dans Dictionnaire historique des Académiciens de Lyon : 1700-2016, Lyon, éd. ASBLA de Lyon, (ISBN 978-2-9559-4330-4, présentation en ligne), p. 764-766. .
- Guy Duboscq, « André Latreille 1901-1984 », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 70, no 185, , p. 273-275 (DOI 10.3406/rhef.1984.3335, lire en ligne, consulté le ).
Notes et références
modifier- « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le ).
- Isabelle SOULARD, Les FEMMES du POITOU sous L’OCCUPATION (lire en ligne), p. 106
« A vélo, elle parcourt la ville de Poitiers, aidée par le professeur Latreille. Tous deux téléphonent à tous les Juifs réfugiés un peu partout, il y en avait vers Colombiers notamment, et leur disent : "Partez sinon vous risquez votre vie". »
- Isabelle Soulard, Les femmes de l'Ouest sous l'Occupation, Geste Editions, , 283 p. (ISBN 978-2-84561-063-7), p. 185.
- Paul Lévy, Élie Bloch : Être juif sous l'Occupation, FeniXX, , 336 p. (ISBN 978-2-402-03475-3, lire en ligne)
« Habitant le même immeuble que le professeur André Latreille qui enseigne l'histoire à la faculté des lettres, elle lui confie ses préoccupations. Il décide de former un comité avec d'autres enseignants catholiques... »
- Hellen Kaufmann, Thierry Marchal et Bernard Lhoumeau, « Hélène-Durand », sur www.ajpn.org (consulté le ) : « Dès les premières mesures anti-juives et notamment le port de l'étoile, elle décide avec le professeur d'histoire, André Latreille, de former un comité composé d'enseignants catholiques. »
- J.-M. MAYEUR, « UN LIVRE D'ANDRÉ LATREILLE L'Église de France à la libération », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- À ce sujet, voir son ouvrage De Gaulle, la Libération et l’Église catholique, Paris, les Éd. du Cerf / CNRS éd., , 219 p. (ISBN 978-2-271-07245-0)
- « LATREILLE André, Auguste - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
- Archives départementales de la Vienne, Comité départemental de libération 1942-1950, , 21 p. (lire en ligne)
- Bernard Lecomte, Les Derniers Secrets du Vatican, Paris, Perrin, , 334 p. (ISBN 978-2-262-03410-8)
- v. Histoire de l'Université Laval, op. cit., p. 183 sqq.
- Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
- chronique dans Le Monde, 30 mars 1961
- Bernard Hours et Claude Prudhomme, « L’histoire religieuse à Lyon : Du Centre d’Histoire Religieuse à l’Équipe RESEA », Chrétiens et sociétés, no 11, (DOI 10.4000/chretienssocietes.2589, lire en ligne, consulté le ).
- Rapport Rousso, Septembre 2004
- cf. Étienne Fouilloux, « Avant-propos », Cahiers d'Histoire, nos 41-4, (ISSN 1777-5264, lire en ligne, consulté le )
- Sans oublier ses propres enfants, puisque cinq d'entre eux devinrent agrégés, deux normaliens, trois universitaires
- Toupin-Guyot, Claire., Les intellectuels catholiques dans la société française : le Centre catholique des intellectuels français, 1941-1976, Presses universitaires de Rennes, , 374 p. (ISBN 978-2-7535-2428-6 et 2753524289, OCLC 826631251, lire en ligne)
- « Claude Bernardin », sur Musée du Diocèse de Lyon (consulté le )
- cité par J.M.Mayeur dans sa notice pour l'Encyclopedia Universalis
- À Vaise, la salle de spectacle municipale (utilisée par le théâtre Nouvelle Génération) porte son nom.
- « Lyon 3e - Patrimoine. Maurice Stoppani, peintre lyonnais, installé en mairie dans la salle des élus », sur www.leprogres.fr (consulté le )
- Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon, C. Palud (Lyon), (lire en ligne), p. 7
- « André Latreille membre de l'Académie de Mâcon », sur academiedemacon.fr (consulté le )
- sœur d'André Ruplinger
- « Articles d'André Latreille », sur esprit.fr (consulté le )
- « Notice de André Latreille », sur Bibliothèque nationale de France
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Ressources relatives à la recherche :
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :