André Dhôtel

écrivain français

André Dhôtel, né le à Attigny (Ardennes) et mort le à Paris 15e, est un écrivain français, à la fois romancier, conteur et poète.

André Dhôtel
Nom de naissance Émile André Dhôtel
Naissance
Attigny (France)
Décès (à 90 ans)
Paris 15e
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Œuvres principales

Connu du grand public par le roman Le Pays où l'on n'arrive jamais, prix Femina 1955, parfois étudié au collège, il est l'auteur d'une œuvre abondante et singulière, où s'exprime un merveilleux proche du quotidien, dans lequel le rapport à la nature joue un grand rôle.

Biographie

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La vallée de l'Aisne depuis la maison d'André Dhôtel au Mont-de-Jeux.

André Dhôtel naît le à Attigny[1], et c'est dans ce village qu'il passe ses six premières années. Il évoque les souvenirs de cette époque au voisinage du gué de l'Aisne dans Terres de mémoire, en 1979. Le père d'André Dhôtel est nommé en 1907 commissaire-priseur à Autun, et la famille le suit. Mais André reviendra pour les vacances dans ses Ardennes natales, à Saint-Lambert où vivaient ses grands-parents. A Autun il pratique volontiers l'école buissonnière et parcourt la région découvrant la nature, même s'il préfèrera plus tard les premiers paysages ardennais. D'Autun, après la guerre, il poursuit ses études à Paris, à la Sorbonne.

Nommé surveillant dès novembre 1918 à Sainte-Barbe, en compagnie du futur chansonnier Raymond Souplex, il prépare en même temps une licence de philosophie. André Dhôtel effectue son service militaire de 1920 à 1923, avec les écrivains Georges Limbour, Roger Vitrac et Marcel Arland. Il fonde avec ce dernier les revues Aventure en 1921, et Dès, qui n'aura qu'un unique numéro.

Brièvement répétiteur à Saint-Omer, il est ensuite nommé professeur à l'Institut supérieur d’études françaises d’Athènes en 1924. Il découvre ainsi la Grèce et ses îles pendant ses quatre années à l'Institut français d'Athènes. Il n'est pas rare de trouver des références ou des personnages grecs dans ses romans, dont quatre se déroulent essentiellement en Grèce : Ce lieu déshérité, Gallimard 1949, Ma chère âme, Gallimard 1961, L'Île de la Croix d'Or, Gallimard 1979, Lorsque tu reviendras, Phébus, 1986.

Rentré en France, il est nommé au collège de Béthune en 1928 et publie ses premiers textes poétiques (Le Petit livre clair). Nommé ensuite à Provins, il publie en 1930 Campements, son premier roman, chez Gallimard. Il se marie en 1932 avec la fille d'un négociant en vins, Suzanne Laurent. Leur fils François naît en 1933.

Toutefois, en marge d'une vie de famille sereine et heureuse, sa carrière littéraire stagne. De 1930 à 1940, l'écrivain est refusé par les principaux éditeurs.

De 1935 à 1938, il est en poste à Charolles. Déçu, puisqu'il souhaite ardemment être nommé à Paris ou à proximité, il traverse des périodes de dépression. Il est ensuite, malgré ses demandes, nommé à Valognes en Normandie en 1938, où il connaît encore des moments difficiles. Il est mobilisé quelque temps en 1940.

C'est finalement grâce à son ami Jean Paulhan qu'il retrouve le chemin de la publication. Paulhan fait accepter son roman Le Village pathétique à la NRF et use de ses relations avec les services académiques pour le faire nommer professeur à Coulommiers en 1943, là où il finira sa carrière professionnelle en 1961. Son roman David, longtemps refusé et enfin publié aux Éditions de Minuit, reçoit le prix Sainte-Beuve en 1947 .

En -, Jean Dubuffet peint son portrait, qu'il intitule Dhôtel nuancé d'abricot. Il fait la connaissance en 1949 de Jean Follain, avec qui il restera ami jusqu'à la mort de ce dernier en 1971.Dans ces mêmes années il participe à la revue 84, en compagnie de Marcel Bisiaux, Jacques Brenner, Alfred Kern, Armen Lubin et Henri Thomas.

Il reçoit la consécration avec le prix Femina attribué en 1955 au Pays où l'on n'arrive jamais. Il publie presque chaque année un roman et reçoit le Grand prix de littérature pour les Jeunes en 1960, le Grand prix de littérature de l'Académie française en 1974 et le Grand prix national des Lettres en 1975.

Après sa retraite de l'enseignement, il va habiter à Paris et achète une petite maison de vacances où il passe tous ses étés, à Saint-Lambert-et-Mont-de-Jeux, à quelques kilomètres de sa ville natale Attigny. Cette dernière l'honore en 1984 du titre de citoyen d'honneur. Après sa mort, Saint-Lambert-et-Mont-de-Jeux baptise sa rue principale « rue André-Dhôtel ».

André Dhôtel meurt le dans le 15e arrondissement de Paris[1], un an jour pour jour après son épouse, et il est inhumé à ses côtés dans le cimetière de la Ville basse de Provins[2].

L'écrivain

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André Dhôtel est un écrivain du merveilleux quotidien, comme le montre, parmi bien d'autres, son roman Bonne nuit, Barbara (1979) où un jeune citadin on ne peut plus rationnel découvre peu à peu tous les mystères de la campagne. Tous ses romans révèlent, au-delà des fantaisies propres à chaque personnage, un goût pour la vie des modestes et des marginaux, mais aussi pour la terre et sa végétation, notamment les milieux ouverts comme la prairie, les champs, les clairières forestières, les vallées observées d'un promontoire ou bien les fleurs, les graminées, les espèces prairiales et leurs hôtes. Le romancier n’hésite pas non plus à recourir aux schémas éprouvés de l'aventure, jusqu'à y mêler parfois la plus grande fantaisie, comme c'est le cas dans Le Pays où l'on n'arrive jamais, mais aussi Les Voyages fantastiques de Julien Grainebis (1958), Le Neveu de Parencloud (1960).

Attaché à sa région natale, André Dhôtel a évoqué personnellement ses Ardennes dans Terres de mémoire et dans Lointaines Ardennes, 1979. Toutefois cette région est loin d'être le cadre unique de ses romans qui s'attardent volontiers dans les lieux divers que l'écrivain a pu connaitre.

André Dhôtel a étudié la philosophie dans sa jeunesse et l'a enseignée durant toute sa carrière. S'il a toujours pris soin de ne pas la mêler à ses romans, il avoue une prédilection pour la philosophie antique, notamment celle des présocratiques, ou encore pour la pensée primitive ou pour certaines philosophies orientales, dont la résonance se fait particulièrement sentir dans ses tout derniers textes.

Citation d'André Dhôtel

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  • « La seule voie d'espoir et de salut, celle de la curiosité et de l'étonnement. Comment serait-on étonné sans trouble et sans mystère ? Et comment vivre si on ne s'étonne jamais ? » Les mots espoir et salut prennent une nette connotation politique et religieuse, si la recherche personnelle ou individuelle s'agrège à un monde collectif ou à une société.

Décorations

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Archives

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Les papiers personnels, les manuscrits des œuvres littéraires et critiques et la correspondance d'André Dhôtel sont conservés aux Archives départementales des Ardennes sous la cote 144J[4]. Après le décès de son père, son fils François Dhôtel avait déposé ses manuscrits à la Bibliothèque universitaire d’Angers où des recherches universitaires ont été réalisées autour de l'écrivain. En 2019 et 2021 François Dhôtel a souhaité faire don au Département des Ardennes[5] de tous les documents relatifs à André Dhôtel, auxquels sont venus s'ajouter les manuscrits précédemment conservés à Angers. Tous ces documents sont librement communicables pendant les horaires d'ouverture de la salle de lecture des Archives départementales.

Publications

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  • Campements, Paris, Gallimard, 1930 ; rééd. 1987.
  • Le Village pathétique, Paris, Gallimard, 1943 ; rééd. coll. « Folio », 1975.
  • Nulle part, Paris, Gallimard, 1943 ; rééd. Paris, Pierre Horay, 1956, 1977 ; Rombaldi, 1979.
  • Les Rues dans l’aurore, Paris, Gallimard, 1945.
  • Le Plateau de Mazagran, Paris, Éditions de Minuit, 1947 ; rééd. Paris, Guilde du livre, 1960 ; Paris, Marabout, 1977.
  • David, Paris, Éditions de Minuit, 1948 ; rééd. Paris, Marabout, 1979 [roman écrit dans las années 1930].
  • Ce lieu déshérité, Paris, Gallimard, 1949 ; rééd. 1997.
  • Les Chemins du long voyage, Paris, Gallimard, 1949 ; rééd. coll. « Folio », 1984.
  • L’Homme de la scierie, Paris, Gallimard, 1950.
  • Bernard le paresseux, Paris, Gallimard, 1952 ; rééd. coll. « L'Imaginaire », 1984.
  • Les Premiers Temps, Paris, Gallimard 1953 ; rééd. 1987.
  • Le Maître de pension, Paris, Grasset, 1954.
  • Mémoires de Sébastien, Paris, Grasset, coll. « Les Cahiers verts », 1955.
  • Le Pays où l’on n’arrive jamais, Paris, P. Horay, 1955 ; rééd. Paris, J’ai lu , 1960 ; Paris, Gallimard, 1975.
  • Le Ciel du Faubourg, Paris, Grasset 1956 ; rééd. Paris, Grasset, coll. Les Cahiers rouges, 1984.
  • Dans la vallée du chemin de fer, Paris, P. Horay, 1957.
  • Le Neveu de Parencloud, Paris, Grasset, 1960.
  • Ma chère âme, Paris, Gallimard, 1961 ; rééd. Paris, Phébus, coll. « Libretto », 2003.
  • Les Mystères de Charlieu-sur-Bar, Paris, Gallimard, 1962 ; rééd. Rombaldi, 1979.
  • La Tribu Bécaille, Paris, Gallimard, 1963 ; rééd. 1977.
  • Le Mont Damion, Paris, Gallimard, 1964.
  • Pays natal, Paris, Gallimard, 1966 ; rééd. Paris, Phébus, coll. « Libretto », 2003.
  • Lumineux rentre chez lui, Paris, Gallimard, 1967 ; rééd. Phébus, coll. « Libretto », 2003.
  • L'Azur, Paris, Gallimard, 1968 ; rééd. coll. « Folio », 2003.
  • L'Enfant qui disait n'importe quoi, Paris, Gallimard, 1968 ; rééd. coll. « Folio Junior », 1978.
  • Un jour viendra, Paris, Gallimard, 1970 ; rééd. Paris, Phébus, Libretto, 2003.
  • La Maison du bout du monde, Paris, P. Horay, 1970.
  • L’Honorable Monsieur Jacques, Paris, Gallimard, 1972.
  • Le Soleil du désert, Paris, Gallimard, 1973 ; rééd. 1997.
  • Le Couvent des pinsons, Paris, Gallimard, 1974
  • Le Train du matin, Paris, Gallimard, 1975.
  • Les Disparus, Paris, Gallimard, 1976.
  • Bonne nuit Barbara, Gallimard, 1978.
  • L’Île de la croix d’or, Paris, Gallimard, 1000 soleils, 1978.
  • La Route inconnue, Paris, Phébus, 1980.
  • Des trottoirs et des fleurs, Paris, Gallimard, 1981.
  • Je ne suis pas d’ici, Paris, Gallimard, 1982.
  • Histoire d’un fonctionnaire, Paris, Gallimard, 1984.
  • Vaux étranges, Paris, Gallimard, 1986.
  • Lorsque tu reviendras, Paris, Phébus, 1986.

Nouvelles, récits et contes

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  • Du Pirée à Rhodes, Le Rouge et le noir, 1928 ; rééd. Rezé, Séquences, 1996 (suivi de Printemps grec, préface de Jean Grosjean).
  • Ce jour-là, Paris, Gallimard, 1947.
  • La Chronique fabuleuse, Paris, Éditions de Minuit, 1955 ; rééd. Paris, Mercure de France (éd. augmentée), 1960 ; rééd. 2000.
  • L'Île aux oiseaux de fer, Paris, Fasquelle, coll. « Libelles », 1956 ; rééd. Paris, Grasset, coll. « Cahiers rouges », 2002.
  • Nulle part, Paris, P. Horay, 1957.
  • Les Voyages fantastiques de Julien Grainebis, Paris, P. Horay, 1957 ; 2003
  • Idylles, Paris, Gallimard, 1961 ; coll. « Folio », 2003.
  • La Plus Belle Main du monde, Paris, Casterman, coll. « Plaisir des contes », 1962.
  • Le Robinson de la rivière, Paris, Casterman, coll. « Plaisir des contes », 1962.
  • Les Lumières de la forêt, Paris, Fernand Nathan, 1964.
  • Un soir, Paris, Gallimard, 1977.
  • La Merveilleuse Bille de verre, Paris, Robert Laffont, 1980.
  • Comment Fabien regarda l’aurore, Paris, Clancier-Guénaud, Les Premiers temps, 1982.
  • La Princesse et la lune rouge, Paris, Casterman, 1982.
  • Le Bois enchanté et autres contes, Paris, Hachette, 1983.
  • Rhétorique fabuleuse, Paris, Garnier, 1983 ; rééd. Cognac, Le Temps qu'il fait, 1990.
  • La Nouvelle Chronique fabuleuse, Paris, P. Horay, 1984.
  • Pierre Marceau (Mesures, no 2, ), Paris, Mont Analogue, 1993.
  • Un adieu, mille adieux, Paris, La bibliothèque Gallimard , 2003.
  • Beauté, Paris, Phébus, coll. « Libretto », 2004.
  • Le Club des cancres, (récit paru primitivement dans le no 1029 du du Mercure de France) ill. et postface de Jean-Claude Pirotte, Paris, La Table Ronde, 2007.
  • D’un monde inconnu, ill. de Daniel Nadaud, Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 2012.
  • Histoire sentimentale, Paris, Lettres vives, 2022.

Poèmes

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  • Le Petit Livre clair, Arras, Le Rouge et le noir, 1928 ; Montolieu, Deyrolle & Théodore Balmoral, 1997, (préface de Thierry Bouchard).
  • La Vie passagère, Paris, Phébus, 1978.
  • Poèmes comme ça, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2000 (préface de Jean-Claude Pirotte).
  • L'œuvre logique de Rimbaud, Mézières, Éditions de la Société des écrivains ardennais, 1933.
  • Rimbaud et la révolte moderne, Paris, nrf Gallimard, 1951.
  • Saint Benoit-Joseph Labre, Paris, Éditions Plon, 1957.
  • Le Roman de Jean-Jacques, Paris, Éditions du Sud, 1962.
  • La vie de Rimbaud, Paris, Éditions du Sud, 1965.
  • Nord-Flandre Artois-Picardie, texte par André Dhôtel, photographies par Jacques Fronval, Christian de Rudder, Alain Perceval, Jacques Verroust, série Tourisme en France nr 17, Paris, Éditions SUN, 1971.
  • Jean Follain, série Poètes d'aujourd'hui nr 49, Paris, Éditions Pierre Seghers, 1972.
  • Jean Paulhan, série Qui suis-je ?, Paris, Éditions La Manufacture, 1986.
  • La littérature et le hasard, recueil de textes établi et présenté par Philippe Blondeau, Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 2015.

Entretiens

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  • L'École buissonnière, entretiens avec Jérôme Garcin, Paris, Pierre Horay, 1984

Bibliophilie

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  • Le Chemin du rêve, linogravures de Gilles Sacksick, L'amateur d'estampes, 1985
  • Prix Sainte-Beuve (1947)
  • Prix Femina (1955)[6]
  • Grand prix de littérature pour les jeunes (1960)
  • Grand prix de l'Académie française (1974)
  • Grand prix national des lettres (1975)[7]
  • Grand prix de littérature de la Société des gens de lettres (1988)

Notes et références

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  1. a et b Mairie d'Attigny, Acte de naissance no 54 avec mention marginale du décès, sur Archives départementales des Ardennes, (consulté le ), vues 449-450.
  2. Philippe Landru, « Provins (77) : cimetière de la ville basse », sur Cimetières de France et d'ailleurs, (consulté le ).
  3. « Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses n°30 du 24 décembre 1957 - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  4. « Présentation du fonds André Dhôtel »
  5. « Don du fonds André Dhôtel »
  6. « Liste des lauréats du prix Femina depuis 1904 », sur Tumblr (consulté le ).
  7. « André Dhôtel - Site Gallimard », sur gallimard.fr (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Cahiers André Dhôtel, 22 numéros publiés par "La Route inconnue", association des amis d'André Dhôtel (http://www.andredhotel.org/)
  • André Dhôtel, Europe n°1152, avril 2025
  • Du côté de chez Dhôtel, Terres noires, 2020
  • André Dhôtel entre archaïsme et modernité, études réunies par Christine Dupoyuy, Rodopi, 2012
  • Christine Dupouy, André Dhôtel. Histoire d'un fonctionnaire, éditions Aden, coll. Le cercle des poètes disparus, 2008
  • Lire Dhôtel, Sous la direction de Christine Dupouy, Presses universitaires de Lyon, 2003
  • Philippe Blondeau, André Dhôtel ou les merveilles du romanesque, L'Harmattan, 2003.
  • Colloque André Dhôtel, Textes réunis par Georges Cesbron, Presses universitaires d'Angers, 1998
  • Patrick Reumaux, L'Honorable Monsieur Dhôtel, 26150 Die, La Manufacture, 1984

Articles connexes

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Liens externes

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