Anarchisme à Montréal

Montréal est la métropole de la province de Québec au Canada. Elle abrite la grande majorité des organisations et collectifs anarchistes du Québec. Les luttes anarchistes local sont influencées par plusieurs autres luttes environnantes, comme les mouvements féministes, les mouvements antiracistes, les luttes autochtones et les mouvements écologistes. Point de convergence entre les cultures de luttes françaises et anglo-saxonnes, Montréal abrite une grande diversité de tendances et de collectifs anarchistes, libertaires et anti-autoritaires.

Anarchisme à Montréal
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Personnalités
Structures
Anarchisme par zone géographique
Manifestations étudiantes à Montréal (Québec) le 2 juin 2012.

Histoire et anecdotes modifier

Montréal connut une histoire anarchiste décousue mais soutenue au fil des décennies. les groupes et tendances de l'anarchisme à Montréal à la fin du XIXe siècle et début XXe se composent entre autres de communards, de chevaliers du travail et du mouvement anarchiste juif[1].

Une résurgence de l'anarchisme au Québec revient avec les mouvements artistiques des années 1960. Le Refus Global, un des manifestes artistiques les plus marquants du Québec, peut être considéré comme anarchiste. La grève étudiante d'octobre 1968[2] et les féministes radicales des années 1970 peuvent être considérés comme influencés par certains principes anarchistes[1].

À partir des années 1990, les anarchistes francophones délaissent de plus en plus le mouvement pour l'indépendance du Québec, se retournant vers des courants punks, écologistes et antimondialistes.

En février 1994, naît le journal Démanarchie. Idéologiquement et esthétiquement, Démanarchie est bien ancré dans la mouvance anarcho-punk, telle que représentée par les groupes britanniques Crass et Subhumans. Lorsque le dernier numéro sera publié en novembre 1997, le journal était alors tiré à 3000 exemplaires[3].

À partir de l'été 1996, le collectif de minuit se forme pour s'opposer au changement de la place Émilie-Gamelin (carré Berri) en parc du même nom. Ce changement avait pour but de déloger les itinérants et marginaux qui occupaient le parc de nuit. Plusieurs "snacks de minuit" furent servis et la répression fut dure. Un recours contre la Ville de Montréal fut intenté et finalement gagné en 2011[4].

Le 1997 marque la toute première manifestation internationale contre la brutalité policière, organisé par le collectif opposé à la brutalité policière (COBP)[5]. Ce rassemblement qui tourne souvent à l'émeute et ou les arrestations sont fréquentes fêtait sa 24e édition en mars 2020.

Au tournant de l'an 2000, la mouvance anarchiste se tourne vers l'approche infinitaire. Délaissant les groupes plus larges comme Démanarchie pour se concentrer vers des cellules plus petites, on voit naître différents groupes tels le Collectif Émile-Henry, la Main Noire, Le Mortier, le groupe libertaire Frayhayt ou Les Sorcières[6].

En 2001, a lieu la toute première édition du Salon du livre Anarchiste de Montréal dans les locaux du Comité Social Centre-Sud, situé au 1710 Beaudry.

L'histoire récente de l'anarchisme à Montréal est liée aux mobilisations contre le Sommet des Amériques de Québec, aux grève étudiante de 2005, 2012 et 2015. C'est à Montréal que se tient chaque année le plus grand salon du livre anarchiste en Amérique du Nord et le seuil francophone[7].

En des anarchiste montréalais, dont les membres des Red and Anarchist Skinheads (RASH), participent au squat Overdale, une occupation de 6 jours contre la destruction du dernier bâtiment d'un ancien quartier pauvre du centre-ville. L'occupation se déplaça ensuite au squat Préfontaine et dura de août à octobre[8],[9] avant d’être brutalement expulsée par la police anti-émeute.

La grève étudiante de 2005 fut marquante pour une partie du mouvement anarchiste montréalais. Elle entraînera l'émergence du RAME, Réseau anarchiste en milieu étudiant, qui dura quelques années[10].

La grève générale étudiante de 2012, qui dura plus de 6 mois, fut influencé par les anarchistes montréalais. Certains principes forts de la grève, tel la non dénonciation et la diversité des tactiques, permirent aux anarchistes de se tailler une place, aux travers d'actions furtives, des "manifs de nuits" et de blocages économiques. Certains arborèrent le "carré noir", en plus ou à la place du carré rouge étudiant. Plusieurs lieux comme la Déferle, La belle époque, la maison de la grève et d'autres existèrent à travers ou à la suite de cette grève.

La grève étudiante de 2015, sera influencée par les tendances anarchisantes ou anarchisante de la grève de 2012, comme par exemple le Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses (SITT-IWW) . Quoique moins populeuse, puisque débutant sur des bases autonomes et plus radicales, la grève permit des manifestations de nuits de plusieurs dizaines de milliers de personnes, ainsi que des grève partout à travers la province.

Depuis quelques années, les anarchistes cherchent à amener leur soutien aux luttes des peuples autochtones. Montréal, appelé historiquement Tio'tia:ke, est un lieu d'échanges de divers peuples autochtones, notamment les Mohawks. Le philosophe mohawk Taiaiake Alfred cherchera à faire des ponts entre les traditions autochtones et l'anarchisme[11].

Organisations et collectifs modifier

  • Black Flag Combat Club (BFCC) club de combat et de défense autogéré qui organise des séances d’entraînement de combat sur des principes libertaires.
  • Bouffe Contre le Fascisme groupe qui s’organise pour offrir des repas gratuits, des ateliers et de la musique.
  • Dure Réalité , webzine, label et promoteurs de concerts, le collectif traite de l’ensemble des milieux contre-culturels du Québec et plus particulièrement de Montréal.
  • La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) (en) groupe organise de campagnes et des manifestations, dont celle du 1er mai anticapitaliste.
  • Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) groupe autonome qui regroupe des personnes victimes, témoins et/ou concernés par la brutalité policière et tout abus perpétré par la police.
  • Liberté ouvrière un blogue et journal anarcho-syndicaliste.
  • Ni Québec, Ni Canada un collectif anticolonial, antiraciste, antipatriarcal et anticapitaliste.
  • La Pointe Libertaire un groupe d’affinité du quartier Pointe-Saint-Charles engagé notamment dans la lutte pour le Bâtiment 7.
  • Projections insurgées collectif de projections et création vidéos radicaux.
  • Red and Anarchist SkinHeads (RASH)- Montréal, un collectif de skinheads d'extrême-gauche actif dans la promotion des contre-cultures skinheads et punks et dans l'action antifasciste radicale.
  • Sabotart collectif d’édition

Organisations disparues ou inactives modifier

Espaces antiautoritaires modifier

  • Librairie L'Insoumise, librairie anarchiste située sur le boulevard Saint-Laurent. Elle a ouvert ses portes en , quelques mois après la fermeture de la librairie Alternative
  • DIRA, bibliothèque et centre de recherche sur l'anarchisme. Acronyme pour Documentations, Informations, Références et Archives, elle est située dans le même bâtiment que l'Insoumise.
  • L'espace social La Déferle (quartier Hochelaga-Maisonneuve).
  • Bâtiment 7 lieu de partage et de rassemblement communautaire gagné à la suite de l'occupation du bâtiment en 2003.
  • Coop Les Récoltes, bar coopératif sur la rue Saint-Denis (Fermé en 2019)
  • Coop Touski, café coopératif sur la rue Sainte-Catherine

Médias modifier

  • contrepoints.media : Une plateforme collaborative de groupes autonomes et anticapitalistes.
  • Résistance Montréal[13] un média autonome, un agrégateur de nouvelles et un calendrier propre à Montréal
  • Montréal Contre-info Communication autonome pour la lutte contre l’autorité une plateforme qui publie les textes, images et vidéos qui lui sont soumis, la plupart du temps anonymement.
  • Montreal Antifasciste Groupe luttant contre les discours et organisations racistes et xénophobes à Montréal.
  • Redblackflag.org (disparu)
  • Indymédia Montréal (disparu)

Journaux modifier

Personnalités modifier

Événements annuels modifier

  • Salon du livre anarchiste Événement annuel à la fin mai depuis 2000[14], tables tenus par divers groupes, ateliers, exposition d’Art[15],[16].
  • Festival International de Théâtre anarchiste de Montréal (FITAM)
  • Revolution Fest Festival de musique. (octobre)
  • Festival contre la gentrification (mois de mai) Conférences, musique et activités dans un parc du quartier Hochelaga
  • Manifestation contre la brutalité policière ()
  • Manifestation anticapitaliste du premier mai
  • Festival de films anarchistes (mois de mai)

Notes et références modifier

  1. a et b Francis Dupuis-Déri, « Pistes pour une histoire de l’anarchisme au Québec », Bulletin d'histoire politique, vol. 16, no 2,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Jean-Philippe Warren, Une douce anarchie.
  3. « DÉMANARCHIE – 1994/1997 », sur Archives Révolutionnaires, (consulté le )
  4. « Place Émilie-Gamelin: des itinérants seront compensés par la Ville », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Qui sommes-nous? | C.O.B.P. », sur www.cobp.resist.ca (consulté le ).
  6. « LA MOUVANCE ANAR QUÉBÉCOISE – Nicolas Phébus », sur Archives Révolutionnaires, (consulté le )
  7. « SALON DU LIVRE ANARCHISTE ANARCHIST BOOKFAIR MONTREAL » (consulté le ).
  8. « Squat sur Overdale et Préfontaine - 15 ans déjà ! », sur L'Itinéraire (consulté le ).
  9. « [squat!net] - Canada, The Prefontaine & Overdale Squats in Montreal--AnAnalysis », sur old.squat.net (consulté le ).
  10. a b et c « Bilan du Réseau Anarchiste en Milieu Étudiant », samedi, 22 mars 2008 (consulté le )
  11. (en) Taiaiake Alfred, Wasase: Indigenous Pathways of Action and Freedom, Peterborough, Broadview Press, .
  12. a et b Nicolas Phébus, « La mouvance anars québécoise, une présentation », Archives Révolutionnaires,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Résistance Montréal », sur www.resistancemontreal.org (consulté le )
  14. « Les anarchistes : Joyeux foutoir », sur voir.ca, (consulté le )
  15. « Incubateur d'un anarchisme pluriel », sur ledevoir, (consulté le )
  16. « En bref: Salon du livre anarchiste », sur ledevoir, (consulté le )

Sources modifier

  • Francis Dupuis-Déri, Pistes pour une histoire de l’anarchisme au Québec, Bulletin d'histoire politique, Association québécoise d'histoire politique, volume 16, no 2, texte intégral.
  • Michel Antony, Anarchisme canadien, mouvements et utopies libertaires, 1995-2014, texte intégral.
  • Marc-André Cyr, La Presse anarchiste au Québec (1976-2001), Éditions Rouge et Noir, Montréal, 220pp., texte intégral.
  • Mathieu Houle-Courcelles, Sur les traces de l’anarchisme au Québec (1860-1960), Lux, Montréal, 2008, 280pp.
  • Michel Nestor, Sur les traces de l’anarchisme au Québec : les années 1940, Ruptures, no 5, printemps 2005, texte intégral.
  • Michel Nestor, Sur les traces de l’anarchisme au Québec : les années 1950, Ruptures, no 6, printemps 2006 , texte intégral.
  • Collectif, La révolution est possible : Portrait de groupes autogérés libertaires au Québec, Possibles, no 31, 2007, lire en ligne.
  • Nicolas Phébus La mouvance anars québécoise, une présentation texte intégral.
  • Collectif, La révolution est possible : Portrait de groupes autogérés libertaires au Québec, Possibles, no 31, 2007, lire en ligne.
  • Nicolas Phébus La mouvance anars québécoise, une présentation texte intégral.
  • Collectif, À gauche de la gauche, Le Délit, 2008, lire en ligne.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier