Anıtkabir
Anıtkabir (turc: anıt : « monument »[1] et kabir : « tombe »[2]) est le nom du mausolée érigé en l'honneur de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la république de Turquie, mort le . Il se trouve à Ankara, capitale de la Turquie, sur la colline d’Anıt (en turc Anıttepe). L'ensemble monumental abrite également la tombe d’İsmet İnönü, successeur d’Atatürk et deuxième président de la République, construite en 1973.
Histoire
modifierAtatürk n’ayant pas mentionné de lieu d’ensevelissement, sa dépouille embaumée est d’abord déposée le dans une salle spéciale du musée ethnographique d’Ankara.
Par la suite, un concours international d'architecture est lancé par le gouvernement turc pour l'érection d’un mausolée en l’honneur du fondateur de la Turquie moderne. Le projet retenu est dû aux architectes Emin Onat (en) et Orhan Arda, qui remportent un concours réunissant quarante-cinq projets. La construction ne débute qu’en 1944 en raison des difficultés économiques liées à la Seconde Guerre mondiale. Le bâtiment est finalement achevé en [3] et la dépouille d’Atatürk y est transférée le 10 novembre de la même année — jour de la mort d'Atatürk — au cours de funérailles nationales.
Le projet initial prévoyait que le monument accueille les tombes de tous les présidents de la République, mais l'idée est abandonnée, dans le but de renforcer le lien entre le monument et le culte de la mémoire d’Atatürk. Seuls les restes d’İsmet İnönü, successeur d’Atatürk et deuxième président de la République, y seront déposés en 1973.
Un monument national
modifierAnıtkabir n’est pas seulement un monument national mais aussi un important lieu protocolaire. Tout visiteur officiel étranger doit s’y rendre à l'occasion de sa visite, déposer une gerbe devant le mausolée et signer le livre d’honneur. De même, le président de la République s’y rend à l’occasion des fêtes nationales en Turquie, pour donner le coup d’envoi des festivités.
Le jour de la commémoration de la mort d’Atatürk, le , des dizaines de milliers de gens affluent pour y observer les deux minutes de silence à l’heure exacte de sa mort, 9 h 5. Au même moment, les sirènes retentissent à travers tout le pays pour appeler la nation à rendre hommage à Atatürk, et les drapeaux sont mis en berne pour la journée. La diffusion audiovisuelle est aussi interrompue pendant ces deux minutes.
Le mausolée abrite également un musée consacré à Atatürk et la Guerre d’indépendance turque (1919-1922). Le nombre de visiteurs dépasse les trois millions par an.
Le mausolée
modifierLe mausolée présente les traits simples et minimalistes de l'architecture moderne de la première moitié du XXe siècle. Les décors sculptés (statues et bas-reliefs). Les murs qui mènent au bâtiment présentent des bas-reliefs figuratifs mêlant des éléments de style socialiste et de l'art hittite (en), les premiers renvoyant à la culture visuelle européenne, les seconds au passé turc pré-islamique[4].
Le mausolée lui-même rappelle par ses lignes un temple, et présente des citations célèbres d'Atatürk, célébrant le progrès et le patriotisme, comme par exemple « Comme il est heureux, celui qui dit: Je suis Turc (Ne mutlu Türküm diyene) ». Le cénotaphe se trouve dans le « Hall d'honneur ». Cependant, au lieu d'être au centre de la salle, comme on pourrait s'y attendre, il se trouve tout au fond. Il s'agit là, selon la chercheuse Kishwar Rizvi, d'une rupture voulue avec le rituel funéraire musulman — les tombeaux de personnalités étant en général placés au centre de l'édifice qui les abrite. Et les rituels habituels de visite, comme les prières ou la déambulation autour de la tombe, ne sont d'ailleurs pas autorisés à l'intérieur[5].
Galerie
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Vue aérienne de la colline et du mausolée.
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Vue générale : l'allée des lions, perpendiculaire à la place de cérémonies encadrée de portiques qui mène au mausolée (surélevé).
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Allée des lions.
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Vue panoramique de la cour des cérémonies et du mausolée.
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Vue générale de la cour, avec le mausolée au fond.
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Le mausolée et le pavement de la cour.
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La tombe d'İsmet İnönü.
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Sculptures dans l'enceinte du Mausolée. De gauche à droite: un étudiant (intellectuel), un paysan et un soldat[6].
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La garde défile le long d'un mur orné de bas-reliefs.
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Billet de cinq millions de LT (1990-2005).
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Billet de 20 LT (années 1970).
Notes et références
modifier- (tr) « Dictionnaire français turc, entrée anıt » (consulté le )
- (tr) « Dictionnaire français turc, entrée kabir » (consulté le )
- Rizvi 2015, Kindle 1000.
- Rizvi 2015, Kindle 1005.
- Rizvi 2015, Kindle 1014.
- (en) « Ankara - Anıtkabir (Atatürk's Mausoleum) » (Voir 4. Men Statues Group), sur ktb.gov.tr (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Emel Akcali, « The ambivalent role of national monuments in the age of globalisation: The case of Atatürk's mausoleum in Turkey », Borderlands, vol. 9, no 2, , p. 1-23 (lire en ligne)
- (en) Leda Glyptis, « Living up to the father: The national identity prescriptions of remembering Atatürk. His homes, his grave, his temple », National Identities, vol. 10, no 4, , p. 353-372 (lire en ligne)
- Jean-François Pérouse, « La construction du mausolée de Mustapha Kemal Atatürk à travers la revue Arkitekt », CEMOTI, no 18 « Le Tadjikistan existe-t-il? Destins politiques d'une nation imparfaite, sous la direction de Stéphane A. Dudoignon et Guissow Jahangiri », , p. 325-337 (lire en ligne)
- (en) Kishwar Rizvi, The Transnational Mosque: Architecture and Historical Memory in the Contemporary Middle East, Chapel Hill, University of North Carolina Press, , 296 p. (ISBN 978-1-469-62116-6, présentation en ligne), Voir "Competing Discourses of Nation" dans le chap. I.
- (en) Zehra Tonbul, « A Study of the Architecture of Anitkabir within the Framework of Turkish Identity Building », Oriental - Occidental. Geography, Identity, Space, , p. 398-402 (lire en ligne)
- (en) Christopher S. Wilson, Beyond Anıtkabir: The Funerary Architecture of Atatürk. The Construction and Maintenance of National Memory, Londres, Routledge, , 162 p. (ISBN 978-1-315-56916-1)
- (en) Christopher S. Wilson, « Representing National Identity and Memory in the Mausoleum of Mustafa Kemal Atatürk », Journal of the Society of Architectural Historians, vol. 68, no 2, , p. 224-253 (lire en ligne)
Article connexe
modifierLiens externes
modifier- (tr + en) Site officiel