America (chanson de Simon et Garfunkel)

chanson de Simon et Garfunkel

America

Single de Simon and Garfunkel
extrait de l'album Bookends
Face B For Emily, Whenever I May Find Her (Live)
Sortie 3 avril 1968 (album)
novembre 1972 (single)
Enregistré 1 février 1968
Columbia Studio B, CBS Studio Building (en) (New York)
Durée 3:34
Genre folk rock
Auteur Paul Simon
Producteur Paul Simon
Art Garfunkel
Roy Halee (en)
Label Columbia
Classement 97e (États-Unis)

Singles de Simon and Garfunkel

Pistes de Bookends

America est une chanson écrite et composée par Paul Simon. Elle paraît en 1968 sur Bookends, le quatrième album du duo Simon and Garfunkel. Elle est considérée comme l'une de leurs meilleures chansons.

Les paroles s'inspirent d'une virée routière effectuée par Simon avec sa petite amie Kathy Chitty. Elles décrivent un jeune couple qui parcourt les routes des États-Unis en auto-stop et en autocar à la recherche de « l'Amérique », au sens propre comme au sens figuré.

Histoire modifier

Écriture et enregistrement modifier

Pour écrire America, Paul Simon s'inspire d'une virée routière effectuée au mois de avec sa petite amie Kathy Chitty. Simon, qui vit alors à Londres, est rappelé aux États-Unis par le producteur Tom Wilson pour finaliser le mixage et la pochette du premier album de Simon & Garfunkel, Wednesday Morning, 3 A.M.. Le chanteur, qui n'a pas envie de se séparer de Chitty, l'invite à l'accompagner et ils passent cinq jours ensemble sur les routes américaines[1].

D'après le disc-jockey Bob Dyer, Simon aurait écrit America en 1966, après que Simon & Garfunkel ont été invités à se produire à Saginaw, dans le Michigan, pour la branche locale de la YMCA. C'est de là que viendrait la référence à Saginaw dans les paroles de la chanson[2].

America fait partie des dernières chansons enregistrées pour Bookends. À la suite du départ du producteur John Simon (en), son enregistrement, qui prend place le au studio Columbia B, situé dans le CBS Studio Building (en) à Manhattan, est supervisé par Simon et Garfunkel eux-mêmes avec l'aide de l'ingénieur du son Roy Halee (en)[3].

Parution et accueil modifier

Bookends est publié le par Columbia Records. America occupe la troisième piste de la première face du 33 tours, entre Save the Life of My Child (en) et Overs (en). La critique mitigée de l'album parue dans le magazine Rolling Stone, due à Arthur Schmidt, salue les arrangements de cuivres et les paroles de la chanson[4].

En 1972, America est reprise sur Simon & Garfunkel's Greatest Hits (en), la première compilation officielle du duo. Elle figure également en face B du single édité pour la promouvoir, une version en concert inédite de For Emily, Whenever I May Find Her. Ce single se classe no 53 des ventes aux États-Unis. Columbia inverse ensuite les deux faces du single et America atteint la 97e place du hit-parade au mois de novembre. Dans sa critique de Simon & Garfunkel's Greatest Hits pour Rolling Stone, Stephen Holden ne tarit pas d'éloges pour America, qu'il décrit comme un grand pas en avant pour Simon en tant que parolier avec son alternance de détails spécifiques et d'observations générales. « Je ne pense pas qu'une chanson puisse être à la fois plus compacte et plus fluide que ça », conclut-il[5].

Avec le recul, America est souvent considérée par les critiques et le public comme l'une des meilleures chansons de la discographie de Simon & Garfunkel : « pièce maîtresse de Bookends » d'après American Songwriter[6], « splendide vignette » pour David Nichols dans Les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie. Le disc-jockey Pete Fornatale la considère comme le meilleur morceau écrit par Paul Simon à ce stade de sa carrière[7]. En 2014, Rolling Stone invite son lectorat à élire les 10 meilleures chansons de Simon & Garfunkel. America arrive en quatrième position de ce sondage, derrière The Sound of Silence, The Boxer et Bridge over Troubled Water. Le journaliste Andy Greene explique qu'elle « capture l'agitation et la confusion qui régnaient aux États-Unis l'année qui vit les assassinats de Martin Luther King et Robert F. Kennedy, ainsi que l'escalade de la guerre du Viêt Nam[8] ».

Postérité modifier

Réutilisations modifier

America connaît un regain de popularité en 2000, à la suite de son utilisation dans le film de Cameron Crowe Presque célèbre. Dans une scène se déroulant en 1968, le personnage interprété par Zooey Deschanel fait écouter cette chanson à sa mère pour lui faire comprendre pourquoi elle veut quitter le domicile familial pour devenir hôtesse de l'air.[réf. nécessaire]

En 2016, la chanson sert de bande-son à une publicité en faveur de Bernie Sanders dans le cadre des primaires présidentielles du Parti démocrate. Son utilisation est approuvée aussi bien par Simon que par Garfunkel[9].

La chanson est également utilisée dans des publicités commerciales pour American Express à la fin des années 2010 et pour le Volkswagen Atlas en 2017.[réf. nécessaire]

En 2010, les paroles de la chanson sont peintes à la bombe sur des bâtiments vides et des usines abandonnées à Saginaw. C'est l'œuvre du collectif d'artistes Paint Saginaw, qui souhaite attirer l'attention sur le déclin économique et démographique de la ville[2].

Reprises modifier

Yes modifier
America

Single de Yes
extrait de l'album The New Age of Atlantic (en)
Face B Total Mass Retain
Sortie 17 juillet 1972
Durée 10:30 (album)
4:12 (single)
Genre rock progressif
Auteur Paul Simon
Producteur Yes
Eddy Offord
Label Atlantic
Classement 46e (États-Unis)

Singles de Yes

America est réarrangée par le groupe de rock progressif Yes en 1970. Ils l'interprètent en concert lors de la première tournée après le remplacement du guitariste Peter Banks par Steve Howe. Yes intègre à la chanson des éléments caractéristiques du rock progressif (changements de signature rythmique, longs segments instrumentaux) tout en supprimant la coda originale. Le bassiste Chris Squire cite America de la comédie musicale West Side Story dans l'introduction. Leur reprise dure dix minutes et demi dans sa version studio, mais il arrive qu'elle s'étende sur plus de quinze minutes pendant la tournée 1970-1971.

Les musiciens ayant participé à l'enregistrement de la version studio sont :

Cette version studio voit le jour en 1972 sur The New Age of Atlantic (en), une compilation d'artistes du label Atlantic Records. Elle est incluse pat la suite sur la compilation de Yes Yesterdays en 1975, le coffret In a Word: Yes (1969–) (en) en 2002 et en bonus sur la réédition de 2003 de l'album Fragile.

Une version raccourcie à 4 minutes est publiée en single en 1972 et atteint la 46e place du Billboard Hot 100. Cette version courte est incluse dans le coffret Yesyears (en) et sa version condensée Yesstory (en), ainsi que dans la compilation The Ultimate Yes: 35th Anniversary Collection (en) et en bonus de la réédition de 2003 de Close to the Edge, tandis que la version studio non éditée apparaît sur l'édition remixée par Steven Wilson du même album en 2013. Une version live de la chanson apparaît sur Keys to Ascension en 1996, tandis qu'une version tirée du dernier concert de la tournée 1970-1971 voit le jour dans le coffret The Word Is Live (en) en 2005.

Dans son autobiographie, Steve Howe décrit America comme « une sorte d'enregistrement perdu », qui figure rarement sur les best-of de Yes et le plus souvent sois sa forme tronquée. Il rapporte avoir croisé Paul Simon à l'occasion d'un concert caritatif en 1992 et que celui-ci a répondu par l'affirmative quand Howe lui a demandé s'il aimait la reprise de Yes[10].

Autres reprises modifier

Avant même la sortie de l'album Bookends, America est interprétée sur scène par le groupe de rock psychédélique écossais 1-2-3, rebaptisé Clouds en 1968. Leur version comprend des changements de signature rythmique et des passages supplémentaires, dont des intermèdes classiques, anticipant de quelques années le traitement que Yes apporte à cette chanson. Les membres du groupe ont découvert les chansons de Paul Simon à travers des démos enregistrées par ce dernier aux studios Levy de Londres en 1965. Une copie de ces démos leur a été fournie par l'ingénieur du son Stu Francis de Radio Luxembourg.

Le , le chanteur folk Bert Sommer interprète America dans le cadre de son passage au festival de Woodstock. Elle figure également sur son deuxième album studio, Inside Bert Sommer, sorti l'année suivante.

Le , David Bowie ouvre le Concert for New York City par une interprétation minimaliste de la chanson, simplement accompagné par un omnichord.

America a également été reprise par :

Caractéristiques artistiques modifier

America est composée dans la clé de ré majeur avec une mesure en 6/8. Elle a un tempo modérément rapide de 172 battements par minute. L'amplitude des voix de Simon et Garfunkel s'étend de la2 dans les graves jusqu'à mi4 dans les aigus.[réf. nécessaire] Outre la guitare acoustique de Simon, l'instrumentation est assurée par des musiciens de studio réputés : le batteur Hal Blaine, le claviériste Larry Knechtel et le bassiste Joe Osborn[6]. Sur Bookends, la chanson commence avec un fondu enchaîné avec le morceau précédent, Save the Life of My Child (en). Cet effet n'est pas présent sur les versions parues en single, qui commencent par une ouverture nette.

Les paroles, écrites à la première personne, suivent un jeune couple qui effectue un voyage sur les routes « à la recherche de l'Amérique ». La compagne du narrateur s'appelle Kathy, comme la véritable petite amie de Simon. Ce dernier l'a déjà mentionnée dans Homeward Bound, le précédent tube du duo, ainsi que dans Kathy's Song, une chanson d'amour parue sur l'album Sounds of Silence. Le narrateur passe quatre jours à faire de l'auto-stop depuis Saginaw pour rejoindre Kathy à Pittsburgh, où ils empruntent un autocar Greyhound pour continuer leur voyage. Pour passer le temps, ils fument des cigarettes et s'amusent à essayer de deviner les origines de leurs compagnons de voyage. Kathy lit un magazine avant de s'endormir, laissant le narrateur réfléchir seul au sens du voyage[6]. Dans le dernier couplet, le narrateur exprime ses sentiments les plus profonds à une Kathy incapable de l'entendre ou de lui répondre : « Je suis vide et j'ai mal et je ne sais pas pourquoi.  » En regardant par la fenêtre, il compte les voitures sur l'autoroute du New Jersey Turnpike, dont tous les occupants sont comme lui « à la recherche de l'Amérique ». Les harmonies ascendantes et les cymbales contribuent à donner une puissance dramatique à la fin de la chanson.

Marc Eliot décrit America comme « un tableau cinématique dans lequel le chanteur recherche une Amérique littérale et concrète qui semble avoir disparu avec sa beauté et ses idéaux[11] ». Pour Pete Fornatale, ses paroles sont « une métaphore qui nous rappelle les âmes perdues qui erraient sur les autoroutes et les chemins de traverse de l'Amérique du milieu des années soixante en luttant dans les remous du désespoir et de l'espoir, de l'optimisme et de la désillusion[12] ». Thom Jurek y voit « une ellipse, un message codé, une question à laquelle aucune réponse ne peut être apportée[13] ».

Fiche technique modifier

Chansons modifier

Toutes les chansons sont écrites et composées par Paul Simon.

45 tours CBS S 8336 (États-Unis)
No Titre Durée
1. America 3:23
2. For Emily, Whenever I May Find Her 2:25

Musiciens modifier

Simon & Garfunkel modifier

Musiciens supplémentaires modifier

Équipe de production modifier

Classements et certifications modifier

Classements hebdomadaires
Classement Meilleure
position
  États-Unis (Hot 100)[14] 97
  Royaume-Uni (UK Singles Chart)[15] 25

Références modifier

  1. Eliot 2010, p. 52.
  2. a et b (en) Gus Burns, « Anonymous artist explains motive for Simon and Garfunkel lyrics appearing on abandoned buildings and elsewhere in Saginaw », The Saginaw News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Fornatale 2007, p. 80.
  4. (en) Arthur Schmidt, « Bookends », Rolling Stone,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Stephen Holden, « Greatest Hits », Rolling Stone,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a b et c (en) Jim Beviglia, « Lyric of the Week: Simon & Garfunkel, 'America' », sur American Songwriter, (consulté le )
  7. Fornatale 2007, p. 88.
  8. (en) Andy Greene, « Readers’ Poll: The 10 Greatest Simon and Garfunkel Songs », sur Rolling Stone, (consulté le ).
  9. (en) Nick Corasaniti, « No Split Between Simon and Garfunkel Over Bernie Sanders's Use of Their Song », sur The New York Times, (consulté le ).
  10. (en) Steve Howe, All My Yesterdays, Omnibus Press, (ISBN 9781785581793), p. 94.
  11. Eliot 2010, p. 95.
  12. Fornatale 2007, p. 59.
  13. (en) Thom Jurek, « Simon & Garfunkel - Bookends Album Reviews, Songs & More », sur AllMusic (consulté le ).
  14. (en) Simon & Garfunkel - Chart history – Billboard. Billboard Hot 100. Prometheus Global Media. Consulté le 17 décembre 2022.
  15. (en) Archive Chart. UK Singles Chart. The Official Charts Company. Consulté le 17 décembre 2022.

Bibliographie modifier

Liens externes modifier