Amand-Joseph Fava

prélat catholique

Amand-Joseph Fava
Image illustrative de l’article Amand-Joseph Fava
Photographie d'Amand Fava par Pierre Petit.
Biographie
Naissance
Evin-Malmaison
Ordination sacerdotale par le cardinal Florian-Jules-Félix Desprez
Décès (à 73 ans)
Grenoble
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par le cardinal Florian-Jules-Félix Desprez
Dernier titre ou fonction Évêque
Évêque de Grenoble
Évêque de Fort-de-France et Saint-Pierre

Blason
« Accepit Puerum et Matrem ejus »
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Amand-Joseph Fava[1] né le à Évin-Malmaison (Pas-de-Calais) et mort le , est un évêque français.

Biographie modifier

Amand Joseph Fava est le fils de Jean-François Fava, cultivateur, et Ernestine Leconte[2].

Évêque de Fort de France et de Saint-Pierre (1871-1875) modifier

Il est nommé évêque de Fort-de-France et de Saint-Pierre le et consacré par Florian Desprez, archevêque de Toulouse le . En , il lance un chantier de rénovation de la cathédrale Notre-Dame-du-Bon-Port[3].

Son épiscopat est marqué par la volonté de réaffirmer l'autorité de l'Église et de l'ordre colonial en Martinique. Fidèle à ses convictions ultra-conservatrices, il rappelle sans cesse la nécessaire obéissance aux autorités, particulièrement à celle des clercs[4] et développe aussi le culte du Sacré-Cœur[5]. Il affirme aussi son refus d'un clergé indigène, d'origine mulâtre, en fermant le grand séminaire de Saint-Pierre, il s'agit pour lui d'éliminer les jeunes gens de couleur qui ne seraient pas assez motivés en les obligeant à se former à Paris[6]. Enfin, il s'oppose fermement à la création par le conseil général de la Martinique d'un lycée laïque qui ferait concurrence au séminaire-collège des Spiritains[7].

Évêque de Grenoble (1875-1899) modifier

Son épiscopat à Grenoble est émaillé par de nombreuses luttes avec la franc-maçonnerie qui lui valent entre autres l'inimitié de la municipalité de sa ville épiscopale.

À la suite d’une lettre qu’il adresse à son clergé le , le Conseil d’État prononce l’abus contre lui, le motif étant d'« exciter son clergé au mépris du gouvernement de la République ».

Il fonde le journal La Croix de l’Isère et fait promulguer de nouveaux statuts pour son chapitre cathédral.

En , venu à Rome pour demander le titre de basilique pour le sanctuaire construit à La Salette après l'apparition de , il s'oppose aux demandes de Mélanie Calvat de fonder un ordre religieux dont elle a rédigé la règle : « J’accepterai la règle de Mélanie seulement lorsque l’Église m’aura prouvé qu’elle vient réellement de la Sainte Vierge. »

En -, une façade en ciment moulé est appliquée sur la cathédrale Notre-Dame par l'architecte Alfred Berruyer (cet ajout sera supprimé en ).

Le congrès national de l’ACJF (Association catholique de la jeunesse française) se tient à Grenoble en .

En , Amand-Joseph Fava fête son jubilé épiscopal et reçoit à cette occasion du pape Léon XIII le pallium.

Opposant aux lois Ferry modifier

En , il s'oppose avec vigueur aux lois Jules Ferry en préparation, et plus particulièrement à la loi du 18 mars 1880 relative à la liberté de l'enseignement supérieur et à la loi du relative au Conseil supérieur de l’instruction publique et aux conseils académiques. Un de ses mandements ayant explicitement condamné la nouvelle législation, il déclenche la colère du ministre des Cultes Charles Lepère, qui lui envoie le une lettre d'avertissement — parue également au Journal Officiel — pour le rappeler à l'ordre. Les journaux de gauche réclament également des poursuites judiciaires à son encontre[8].

L'action du ministre est relativement inefficace : si le prélat cesse jusqu'au de mentionner la question dans ses lettres pastorales, il n'en continue pas moins à faire parvenir des pétitions et lettres de protestations aux parlementaires, documents que la presse de droite s'empresse de publier. Les autorités sont toutefois moins conciliantes avec l'archevêque d'Aix, lui aussi opposant déclaré de Ferry, qu'avec Amand-Joseph Fava : c'est le début de l'affaire Forcade qui est portée devant le Conseil d'État[8].

Militant antimaçonnique modifier

Connu pour ses livres et pamphlets antimaçonniques, il est le fondateur en , la même année que l’exhortation de Léon XIII, de la revue La Franc-maçonnerie démasquée, revue mensuelle des doctrines et des faits maçonniques. En , l'évêque cède sa revue à l'abbé Gabriel de Bessonies[9].

Amand-Joseph Fava voit en la franc-maçonnerie, « la mère de toutes les révolutions »[10]. Il fait remonter l'origine de la maçonnerie au socinianisme[11], reprenant la thèse de Jacques-François Lefranc.

Œuvres modifier

Pamphlets modifier

  • Lettre pastorale de Monseigneur l'évêque de Grenoble : à son clergé et aux fidèles de son diocèse ... sur l'apostasie maçonnique, Grenoble : Baratier et Dardelet, 1885. 23 p.

Ouvrages modifier

  • La Franc-Maçonnerie, Paris, 1880.
  • Croisade réparatrice des francs-catholiques, 1881.
  • Discours sur le secret de la Franc-Maçonnerie, 1882.
  • Le Secret de la Franc-Maçonnerie, Lille, 1883.
  • Appel aux catholiques français et aux catholiques des diverses nations, 1896.
  • Y a-t-il des femmes dans la franc-maçonnerie ?, avec Léo Taxil, H. Noirot, (1891).

Distinction modifier

Notes et références modifier

  1. Et non Armand-Joseph, comme on le voit parfois écrit : absolument toutes les sources d'époque (livres dont Fava était l'auteur, annuaires diocésains, etc) consultables dans les archives indiquent bien le prénom Amand et non Armand.
  2. Selon l'acte no 4, dans l'état-civil de la ville d'Evin-Malmaison, naissance de .
  3. ibidem p. 161
  4. Philippe Delisle, Histoire religieuse des Antilles et de la Guyane françaises : Des chrétientés sous les tropiques ? 1815-1911, Paris, Éditions Karthala, coll. « Mémoire d'Églises », , 347 p. (ISBN 2-84586-085-4, OCLC 44971779, BNF 37119805, lire en ligne), p. 183
  5. ibidem p. 191
  6. ibidem p. 245
  7. ibidem p. 275
  8. a et b Vincent Wright, « L'affaire de l'archevêque d'Aix devant le Conseil d'État en 1879 », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 58, no 161,‎ , p. 259–289 (DOI 10.3406/rhef.1972.1777, lire en ligne, consulté le ).
  9. revue Politica Hermetica n°4, 1990, Maçonnerie et antimaçonnisme: de l'énigme à la dénonciation, p.39 Livre en ligne
  10. Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le Livre de poche, article « Révolution française », p.725
  11. Amand-Joseph Fava, Discours sur le secret de la Franc-Maçonnerie, 1882, p.9
  12. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Adolphe Ricoux (Léo Taxil sous pseudonyme), L'existence des loges de femmes affirmée par Mgr Fava évêque de Grenoble et par Léo Taxil; recherches à ce sujet et réponse à M. Aug. Vacquerie, rédacteur du Rappel, par , Paris : Téqui, [1891?].
  • Philippe Delisle, Histoire religieuse des Antilles et de la Guyane françaises : Des chrétiens sous les tropiques ? 1815-1911, Paris, Karthala, , 343 p. (ISBN 2-84586-085-4, lire en ligne).
  • L’église martiniquaise et la piété populaire XVIIe – XXe siècles : catalogue de l’exposition, février-mai 2001, Fort-de-France, Archives départementales de la Martinique, , 123 p. (ISBN 2-86149-021-7), p. 18-19.
  • Bernard Bligny (dir.), Le diocèse de Grenoble, Beauchesne, Paris, 1979.
  • Alfred Rastoul, Souvenirs d'un jubilé épiscopal, Grenoble, 1896.

Liens externes modifier

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