Amélie de Leuchtenberg

impératrice du Brésil
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Amélie de Leuchtenberg, née le à Milan, dans le royaume d'Italie et morte le à Lisbonne, dans le royaume de Portugal, est une princesse de Leuchtenberg, devenue impératrice du Brésil et duchesse de Bragance par son mariage avec l'empereur Pierre Ier du Brésil.

Amélie de Leuchtenberg
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L’impératrice Amélie, par Friedrich Dürck (v. 1830).

Titres

Impératrice du Brésil


(1 an, 5 mois et 21 jours)

Prédécesseur Marie-Léopoldine d'Autriche
Successeur Thérèse-Christine de Bourbon-Siciles

Duchesse consort de Bragance


(42 ans et 19 jours)

Prédécesseur Charlotte-Joachime d'Espagne
Successeur Adélaïde de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg
Biographie
Titulature Princesse française
Dynastie Maison de Beauharnais
Distinctions Ordre de la Rose
Ordre de la Reine Marie-Louise
Nom de naissance Amélie Auguste Eugénie Napoléone de Beauharnais
Naissance
Milan (Royaume d'Italie)
Décès (à 60 ans)
Lisbonne (Portugal)
Sépulture Monument de l'Ipiranga (São Paulo)
Père Eugène de Beauharnais
Mère Augusta-Amélie de Bavière
Conjoint Pierre Ier du Brésil
Enfants Marie-Amélie du Brésil
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Amélie de Leuchtenberg

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Biographie modifier

Famille et enfance modifier

Amélie Auguste Eugénie Napoléone de Leuchtenberg[1],[2] est la quatrième fille du général Eugène de Beauharnais (1781-1824) et de la princesse Augusta-Amélie de Bavière (1788-1851).

Son père est le fils d'Alexandre de Beauharnais (1760-1794), vicomte de Beauharnais, et de Joséphine Tascher de la Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais (1763-1814). Lorsque Joséphine se remarie avec Napoléon Bonaparte, en 1796, Eugène de Beauharnais est adopté par ce dernier et devient vice-roi d'Italie de 1805 à 1814.

Sa mère est la fille de Maximilien Joseph de Bavière (1756-1825), Électeur (1799) puis Roi de Bavière (1806), et de sa première épouse, la princesse Augusta Wilhelmine de Hesse-Darmstadt (1765-1796).

Elle est la sœur de Joséphine de Leuchtenberg (1807-1876), épouse du roi Oscar Ier de Suède et de Norvège, et d'Auguste de Beauharnais (1810-1835), époux de la reine Marie II de Portugal. Elle est la cousine germaine de Napoléon III (1808-1873), empereur des Français.

La chute de Napoléon Ier en 1814 conduit Eugène De Beauharnais à s'installer à Munich, après avoir pris le titre de duc de Leuchtenberg. À sa mort, la famille se trouve dans une situation incertaine. Bien qu’ils soient nobles, leur parenté avec Napoléon Ier ne facilite pas leur accès aux cours européennes et la reconnaissance de leur noblesse. La possibilité de marier Amélie avec l'empereur du Brésil semble à sa mère, Augusta, la meilleure alternative pour garantir les prétentions de la Maison de Leuchtenberg à un statut royal.

Mariage modifier

En 1826, l'impératrice du Brésil, Marie-Léopoldine de Habsbourg-Lorraine, née archiduchesse d'Autriche, meurt des suites d'une fausse couche. Bien que déjà père de nombreux enfants, légitimes et illégitimes, l'empereur Pierre Ier confie au marquis de Barbacena le soin de lui trouver une nouvelle épouse en Europe répondant à quatre critères précis : que la promise soit bien née, belle, cultivée et vertueuse.

Mais à l'exigence des critères de sélection s'ajoute la mauvaise réputation de l'empereur brésilien, notamment due à sa maîtresse, la marquise de Santos, qu'il couvre de largesses et dont il prend en charge l'éducation des enfants qu'elle lui a donnés. Son ancien beau-père, François Ier, empereur d'Autriche, souhaiterait que l'un de ses petits-enfants légitimes le remplace sur le trône du Brésil.

Les princesses consultées par le marquis de Barbacena opposent un refus, au point que celui-ci est mal reçu par les cours européennes. En accord avec Pierre Ier, il abaisse les critères de sélection pour ne plus rechercher qu'une épouse belle et vertueuse.

Amélie apparaît alors comme une candidate potentielle. Elle n'est pas découverte par Barbacena, mais par le vicomte de Pedra Branca, ministre à Paris. Elle présente le défaut de la relation que sa famille entretenait avec Napoléon Ier, dont les souverains européens gardent un mauvais souvenir. Le marquis de Resende, dépêché sur place pour confirmer ses traits physiques, écrit à l'empereur du Brésil que celle-ci a «un air de corps semblable à celui que le peintre Le Corrège donna à la reine de Saba dans ses peintures». Elle est, de plus, cultivée et un reportage du London Times de l'époque affirme qu'elle est l'une des princesses les plus éduquées et les mieux préparées d'Allemagne.

La convention de mariage est signée en Angleterre le et ratifiée le à Munich par la mère et tutrice de la mariée, la duchesse de Leuchtenberg. Le , le traité de mariage est confirmé au Brésil. Aussitôt, Pierre Ier rompt définitivement avec la marquise de Santos et fonde l'Ordre de la Rose comme preuve de ses bonnes intentions, sous la devise «Amour et Fidélité».

La cérémonie de mariage, organisée par procuration à Munich dans la chapelle du palais Leuchtenberg le de cette année-là, est simple, car Amélie tient à faire don à un orphelinat de Munich de l'importante dotation envoyée par Pierre à l'occasion d'une grande fête organisée caritative. Le marié est représenté par le marquis de Barbacena. Amélie a dix-sept ans, son mari, trente.

Enfin, sa mère l'informe des devoirs qui lui incombent désormais: encourager et soutenir son époux, aimer ses beaux-enfants, rester fidèle aux intérêts brésiliens. En outre, le scientifique Carl Friedrich von Martius est chargé de l'informer sur la nation brésilienne et la comtesse d'Itapagipe de gérer la personnalité de son mari, la langue portugaise et les coutumes de la Cour brésilienne.

Arrivée au Brésil et vie d'impératrice modifier

Amélie de Leuchtenberg arrive à Rio de Janeiro le , bien avant la date prévue, à bord de la frégate Imperatriz, en provenance d'Ostende (Belgique). Selon la tradition, après avoir appris que le navire approchait, Pierre monte à bord d'un remorqueur pour la rencontrer hors du bar. Il est immédiatement séduit par sa femme. Le marquis de Barbacena et Marie II de Portugal, dix ans (en faveur de laquelle Pierre Ier a renoncé à ses droits sur le trône portugais trois ans auparavant), l'accompagnent à bord.

Barbacena a été chargé de reprendre la jeune reine aux soins de son grand-père, François Ier d'Autriche, et de la conduire au Portugal. Mais, au cours du voyage, il apprend que l'oncle de la souveraine, Michel Ier, avait usurpé le trône du Portugal, et décida de la conduire en Angleterre pour assurer sa sécurité. Alors qu'ils y étaient, le contrat du nouveau mariage de Pierre Ier était signé, et c'est pourquoi ils arrivent ensemble au Brésil, également accompagnés d'Auguste de Beauharnais, second duc de Leuchtenberg, frère de la mariée. Peu de temps après, les enfants du premier mariage impérial rencontrent leur future belle-mère sur le bateau pour le déjeuner.

Le lendemain, à midi, Amélie est reçue par une procession solennelle sur le sol brésilien. Le couple impérial se rend ensuite à la chapelle pour y recevoir les bénédictions nuptiales. Portant une longue robe blanche et un manteau brodé d'argent, à la mode française, l'impératrice fait bonne impression. La cérémonie est suivie d'une fête publique avec feux d'artifice et d'un grand banquet officiel servi à la Cour.

En janvier 1830, a lieu la présentation officielle de la nouvelle impératrice à la Cour. Pendant le bal donné pour l'occasion, les femmes sont vêtues de la couleur rose, en hommage à Amélie. Le lendemain, le couple impérial entame sa lune de miel et passe six semaines à la ferme du père Correa, dans la Serra da Estrela, futur emplacement de la ville de Petrópolis.

À leur retour, ils font face à des problèmes causés par Chalaça, un ami intime de l'empereur. Barbacena en profite pour recommander son départ pour l'Europe, soutenu par l'impératrice qui est soucieuse d'effacer tout ce qui pouvait rappeler le passé tumultueux. Par ailleurs, elle refuse même de recevoir la duchesse de Goias, fille illégitime de son époux, et exige qu'elle soit envoyée dans une université en Suisse.

Lors de son installation au palais de Saint-Christophe, reconnaissant l’absence de protocole qui règne, Amélie impose à la cour le français et le cérémonial d’une cour européenne. Elle cherche à rafraîchir la mode et la cuisine, redécore le palais et renouvèle la vaisselle et les couverts, en essayant d'affiner les coutumes. Elle y réussit en partie et son élégance devient célèbre à l'étranger.

L'impératrice, qui a su séduire son époux et se faire apprécier à la Cour, sait aussi se faire aimer de ses beaux-enfants. Elle est déterminée à assurer qu'ils soient bien éduqués et grandissent dans un bon environnement familial. Un voyageur français déclare peu après le mariage: «Il semblerait que l’impératrice exerce encore son influence sur les enfants de Pierre. Les résultats heureux sont déjà visibles, elle a déjà procédé à des réformes considérables du palais et l’ordre commence à régner, l’éducation des princesses est supervisée et dirigée par l’impératrice en personne», l’héritier du trône recevant le même soin en vient bientôt à l'appeler «Mama». Amélie lui montrera toujours de l'affection: environ six cents cartes échangées survivent. Pierre II, devenu empereur, lui rendra sa bonté en demandant son aide pour marier ses propres filles et la visitera à Lisbonne en 1871.

Malgré cela, et bien que la popularité de Pierre Ier sorte améliorée de ce mariage, la situation de précarité économique et les troubles politiques conduisent à une crise inévitable. L'enthousiasme retombe. José Bonifacio conseille à l'impératrice de réconcilier son époux et son peuple, sans succès. Le 7 avril 1831, l'empereur abdique en faveur de son fils, Pierre II.

Retour en Europe modifier

Amélie suit Pierre, qui porte désormais le titre de duc de Bragance, en Europe. Elle est alors enceinte de trois mois et a beaucoup de nausées. Le premier port à atteindre est celui de Faial, dans l'archipel des Açores. Après avoir fait le plein, le navire met le cap pour Cherbourg, en France, où il arrive le . Ils sont reçus avec les honneurs dus aux monarques régnants, avec une salve de 21 coups de canon et un détachement de 5 000 soldats de la Garde nationale. La mairie leur propose de s'installer dans un palais, mais le , Pierre se rend à Londres, laissant derrière lui Amélie, que Marie II de Portugal retrouve le 23.

Amélie s'installe alors à Paris avec Marie et Isabelle-Marie, duchesse de Goiás, qui adopteront sa fille. Le , la duchesse donne naissance à Marie-Amélie du Brésil (1831-1853), sa seule descendante. Le père exprime son bonheur dans une lettre à Pierre II: «La Divine Providence voulait réduire la tristesse ressentie par mon cœur paternel par la séparation de [Votre Majesté impériale], ce qui me donna une autre fille et, pour [Votre Majesté impériale], davantage une sœur et un sujet».

Pierre s'engage dans une lutte acharnée contre son frère, Michel Ier, pour le trône du Portugal, au nom de sa fille, Marie II. À l'annonce de la victoire du duc de Bragance à Lisbonne, Amélie se rend au Portugal avec sa fille et sa belle-fille, et arrivent ensemble dans la capitale le . Avec Michel défait et exilé, Pierre et sa famille sont initialement établis au palais de Ramalhão, plus tard, au palais royal de Queluz.

Veuvage et dernières années modifier

La vie agitée de Pierre a fragilisé sa santé. Il contracte la tuberculose et décède le . Amélie respecte les dispositions testamentaires du défunt, qui souhaitait avoir sa fille illégitime Marie-Isabelle, bien éduquée en ⁣⁣Europe⁣⁣, tout comme son autre fille, Isabelle-Marie, duchesse de Goias. Mais, malgré l'invitation qui lui a été faite de lui envoyer la fille, la marquise de Santos refuse. Pierre stipule également des cadeaux pour les autres enfants adultérins, récompensés aux dépens de l'héritage d’Amélie et de sa propre fille, exprimant leur respect pour l'amour que Pierre avait consacré à tous ses enfants, qu'ils soient légitimes ou non.

Amélie ne se remarie pas ; elle s'installe au palais des Fenêtres vertes et se consacre aux œuvres de charité et à l'éducation de sa fille, qui fait preuve d'intelligence et d'un penchant pour la musique et se rendant de temps en temps en Bavière avec sa fille. Bien qu’établies sur le territoire portugais, elles ne sont pas considérées comme faisant partie de la famille royale portugaise.

Amélie demande au gouvernement brésilien de les reconnaître, elle et sa fille, comme membres de la famille impériale brésilienne, et ayant droit à une pension. Or, Pierre II est toujours mineur et la régence, craignant l'implication de l'ancienne impératrice dans la vie politique du pays, n'y donne pas suite et interdit même leur présence sur le sol brésilien. Il faut attendre la majorité de l'empereur pour qu'enfin, le 5 juillet 1841, mère et fille soient reconnues comme membres de la famille impériale.

En 1852, sa fille est promise à Maximilien de Habsbourg-Lorraine, archiduc d'Autriche. Mais, la princesse impériale brésilienne commence à montrer des symptômes de la tuberculose. Arrivée avec sa mère le 31 août à Funchal, sur l’île de Madère, à la recherche d’un air plus sain, sa santé ne se rétablit pas et la princesse meurt le 4 février 1853. Amélie lui rend hommage tous les ans, à cette date, et ce, jusqu'à sa propre mort. Elle finance la construction d'un hôpital à Funchal appelé «Princesa Dona Maria Amélia» et laisse ses domaines en Bavière à Maximilien «[qu'elle] serait heureuse d'avoir comme beau-fils si Dieu avait gardé sa fille bien-aimée Marie-Amélie».

Après le décès de sa fille, Amélie retourne vivre à Lisbonne, où elle meurt le 26 janvier 1873, à l'âge de soixante ans. Son testament fait de sa sœur Joséphine, devenue reine-mère de Suède et de Norvège, son héritière principale. Mais, elle lègue au Brésil de nombreux documents ayant appartenu à Pierre, et conservés depuis aux archives historiques du musée impérial de Petropolis.

Ses restes ont reposé au Panthéon des Bragance à Lisbonne, aux côtés de son beau-frère, Michel, jusqu'en 1982, date à laquelle ils sont rapatriés au Brésil et reposent aujourd'hui dans la crypte du Monument à l'indépendance du Brésil, à São Paulo.

Exhumation modifier

En 2012, les restes de Pierre Ier et de ses deux épouses, Marie-Léopoldine de Habsbourg-Lorraine et Amélie de Leuchtenberg, sont exhumés de la crypte impériale pour la première fois par une équipe de scientifiques dirigée par l'historien et archéologue Valdirene do Carmo Ambiel, ainsi que par des spécialistes de la faculté de Médecine de l'USP.

Le processus n'est rendu public qu'en 2013.

Ils découvrent alors que le corps d’Amélie a été momifié et que plusieurs organes sont préservés[3]. Les tests ont révélé qu'elle souffrait d'une scoliose sévère, d'une déformation de la colonne vertébrale et d'ostéoporose. Elle mesurait entre 1,60 et 1,66 m de hauteur et avait perdu plusieurs dents. Elle portait une robe noire, étant en deuil de son mari.

Ils découvrent également que son corps a subi un processus de conservation après la mort avec l'inoculation de substances aromatiques telles que le camphre et la myrrhe. Il doit également avoir contribué au scellement hermétique du cercueil, empêchant ainsi l’invasion de micro-organismes qui décomposent la matière organique. Après les études, le corps reçut un nouveau traitement pour sa conservation, semblable à celui utilisé lors de son décès.

Titulature modifier

  • 1812-1814 : Son Altesse Impériale Amélie, princesse française et Italienne,
  • 1817-1829 : Son Altesse Sérénissime la princesse Amélie de Leuchtenberg,
  • 1829-1831 : Sa Majesté Impériale l'impératrice du Brésil,
  • 1831-1873 : Sa Majesté Impériale la duchesse de Bragance.

Notes et références modifier

  1. (en) Susan, « Amélie of Leuchtenberg, Empress of Brazil », sur unofficial royalty, (consulté le ).
  2. Christophe PINCEMAILLE, Auguste Amélie De Leuchtenberg, Lettres Baron Darn: Lettres au baron DARNAY, Des Falaises, , 272 p. (ISBN 2848114452, lire en ligne), L'œuvre dans son intégralité est une référence et raconte l'histoire de Amélie de Leuchtenberg.
  3. (pt-BR) Alana Sousa, « Restos da imperatriz consorte: O impressionante corpo mumificado de Dona Amélia », sur Aventuras na História, (consulté le )

Bibliographie modifier

Autobiographie fictive modifier

  • (pt) Ivanir Calado, Imperatriz no Fim do Mundo : Memórias Dúbias de Amélia de Leuchtenberg, Ediouro, .

Biographies modifier

  • (fr) Hébé C. Boa Viagem (dir.), «Amélie de Leuchtenberg» dans Elles sont venues de loin : Ces Femmes sources d'inspiration pour le Brésil, Yvelinédition, 2012 (ISBN 2846683417)
  • (pt) Lígia Lemos Torres, Imperatriz Dona Amélia, Elvino Pocai, São Paulo, 1947.

Articles connexes modifier

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