Alpha-mannosidose

maladie lysosomale

L'alpha-mannosidose est une maladie héréditaire de surcharge lysosomale rare causant progressivement des anomalies faciales et squelettiques, un déficit intellectuel, une déficience auditive et une immunodéficience, plus ou moins sévères. Elle est due à un déficit en alpha-mannosidase, causé par des mutations du gène MAN2B1, localisé sur le chromosome 19[3].

Alpha-mannosidose
Référence MIM 248500
Transmission Récessive
Chromosome 19cen-q12
Gène MAN2B1
Empreinte parentale Non
Mutation Ponctuelle
Nombre d'allèles pathologiques 70 mutations pathologiques
Porteur sain Sans objet
Prévalence 1 sur 150 000 à 500 000[1],[2]
Maladie génétiquement liée Aucune
Diagnostic prénatal Possible
Liste des maladies génétiques à gène identifié

Pathogénèse modifier

L’alpha-mannosidose est une maladie lysosomale à transmission autosomique récessive. Elle est causée par un déficit en alpha-mannosidase à la suite d'une mutation du gène MAN2B1 du chromosome 19, sur le locus p 13.2-q12. Ce déficit entraîne une accumulation d'oligosaccharides riches en mannose responsable d'un dysfonctionnement cellulaire et d'une altération du système immunitaire[3],[4].

Histoire modifier

Le médecin Per-Arne Öckerman de l‘Université de Lund en Suède a été le premier à décrire en 1967 un cas d'alpha-mannosidose chez un garçon âgé de 4 ans, présentant ce qui s'apparentait pour l'époque à une forme atypique de syndrome de Hurler. Après son décès à 4 ans d'une pneumonie, il observa dans ses tissus une surcharge d'oligosaccharides avec une prédominance de mannose, ce qui l'amènera à suggérer pour la première fois le terme de mannosidose[5].

Symptômes modifier

Les symptômes apparaissent généralement après la naissance, bien que certains enfants puissent naître avec un pied équin ou développer une hydrocéphalie précocement. Leur sévérité est sévérité variable d'un individu à l'autre, puis progressent dans le temps. L'état de santé se dégrade progressivement[3].

Les principales manifestations sont : une immunodéficience responsable d'infections récurrentes, des anomalies squelettiques (telles qu'une dysostose multiple, une scoliose, une déformation sternale), des anomalies faciales (tête large, front proéminent, prognathisme, macroglossie, sourcils arrondis, nez plat, dents écartés, parfois un strabisme), une déficience intellectuelle avec des périodes de psychose et une surdité neuro-sensorielle. Il existe également des troubles moteurs associés incluant des anomalies articulaires, une faiblesse musculaire et une ataxie[3].

Diagnostic modifier

L’activité de l’alpha-mannosidose peut être diagnostiquée grâce à sa présence dans les leucocytes ou autres cellules nucléés. Une analyse ADN permet de confirmer cette présence. L’évacuation d’une quantité élevée d’oligosaccharide riche en mannose dans l’urine est un indice pour cette maladie mais n’en est pas une preuve spécifique. Un diagnostic prénatal est possible tant par le biais d’une analyse biochimique que par celui d’une analyse de molécule génétique.

Thérapie modifier

Jusqu’à présent, il n’existe aucun traitement curatif. Cependant, un traitement de substitution d’enzymes, jusqu’ici en cours d‘études cliniques, semble très prometteur. Les résultats de tests effectués sur des cobayes ont démontré une réduction d’oligosaccharide dans les tissus. Seule exception, au niveau du cerveau car l’enzyme utilisé ne peut atteindre le cerveau en raison de la barrière hémato-encéphalique.[réf. nécessaire] Des tests similaires effectués sur des souris knock-out – dans ce cas–là le gène Man2b1 des souris a été désactivé - ont mené à une étonnante diminution de l’oligosaccharide au niveau du cerveau de ces cobayes.[réf. nécessaire] Le projet européen Hue-Man prévoit un traitement de substitution pour les patients touchés par l’alpha-mannosidose.[réf. nécessaire] Entre-temps, le traitement qui a fait l'objet de cette étude a été reconnu par les autorités européennes de la santé et obtenu une autorisation de mise sur le marché en . Ce traitement est donc commercialisé en Allemagne et pris en charge par l'assurance maladie.

Une greffe allogène de cellules souches a été effectuées sur certains patients.[réf. nécessaire] Les résultats en étaient partiellement très prometteurs. Malgré les bénéfices thérapeutiques que présentent un tel procédé, il faut cependant tenir compte des risques qu’entraînent une telle greffe. Une greffe allogène de cellules de souche est une option thérapeutique pour les patients jeunes âgés d’un à dix ans pour lesquels la maladie est encore moins développée.[réf. nécessaire]

La prescription de sulfate de zinc (substitution de zinc) a montré in vitro une augmentation importante des activités de l’alpha-mannosidose. De ce fait, ce traitement représentait au départ un traitement thérapeutique courant. Cependant, des études à long terme ont démontré que l’impact de cette thérapie était moindre.[réf. nécessaire]

Les autres traitements thérapeutiques se font de manière plutôt symbolique. Il s’agit dans l’idéal d’une thérapie proactive telle que la kinésithérapie qui enraye des complications éventuelles. Les infections dues à une immunodéficience doivent souvent faire l’objet d’un traitement.

Pronostic modifier

L’état des patients se dégrade avec l’âge. Le fonctionnement des muscles maintenant le squelette et les capacités motrices diminuent et les patients concernés se retrouvent dans la majorité des cas dans un fauteuil roulant. Aucun patient n’est complètement indépendant du point de vue social. Un grand nombre des patients atteint la cinquantaine. La progression de la maladie entraine une malentendance et les patients doivent être appareillés.[réf. nécessaire]

Médecine vétérinaire modifier

Chez les bovins, c’est en particulier le cas pour la race Aberdeen Angus l‘alpha-mannosidose est une maladie répandue[6].

Traduction des informations plus complètes trouvées sur le site allemand de Wikipedia

Sources modifier

Références modifier

  1. Meikle PJ, Hopwood JJ, Clague AE, Carey WF (1999) Prevalence of lysosomal storage disorders. JAMA 281:249-54
  2. Malm D, Tollersrud OK, Tranebjaerg L, Mansson JE (1995) [Alpha-mannosidosis]. Tidsskr Nor Laegeforen 115:594-7
  3. a b c et d INSERM US14-- TOUS DROITS RESERVES, « Orphanet: Alpha mannosidose », sur www.orpha.net (consulté le )
  4. « Maladies rares - Alpha-mannosidose | Recommandations | VIDAL Campus », sur campus.vidal.fr (consulté le )
  5. Dag Malm et Øivind Nilssen, « Alpha-mannosidosis », Orphanet Journal of Rare Diseases, vol. 3, no 1,‎ , p. 21 (ISSN 1750-1172, PMID 18651971, PMCID PMC2515294, DOI 10.1186/1750-1172-3-21, lire en ligne, consulté le )
  6. K. W. Moremen: Golgi alpha-mannosidase II deficiency in vertebrate systems: implications for asparagine-linked oligosaccharide processing in mammals. Dans: Biochimica et Biophysica Acta. Tome 1573, numéro 3, Décembre 2002, p. 225–235, PMID 12417404. T. Beccari et al.: Lysosomal alpha-D-mannosidase. In: Bioscience reports. Tome 19, numéro 3, juin 1999, p. 157–162, PMID 10513892. J. P. Kistler et al.: Mannosidosis. New clinical presentation, enzyme studied, and carbohydrate analysis. Dans: Archives of Neurology. Tome 34, numéro 1, janvier 1977, p. 45–51, PMID 12732. Y. Gotoda et al.: Missense and nonsense mutations in the lysosomal alpha-mannosidase gene (MANB) in severe and mild forms of alpha-mannosidosis. Dans: American journal of human genetics. Tome 63, numéro 4, octobre 1998, p. 1015–1024, doi:10.1086/302048. PMID 9758606. PMC 1377481 (texte libre). A. Gutschalk et al.: Adult alpha-mannosidosis: clinical progression in the absence of demyelination. Dans: Neurology. Tome 63, numéro 9, novembre 2004, p. 1744–1746, PMID 15534274. (en) Dag Malm, Øivind Nilssen, Alpha-Mannosidosis Dans: GeneReviews at GeneTests: Medical Genetics Information Resource (database online). Copyright, University of Washington, Seattle. 1997-2005. genetests.org [archive] (fr) Fiche médicale Alpha mannosidose [archive] D. Malm und O. Nilsson: Alpha-mannosidosis. dans Orphanet Journal of Rare Diseases 3, 2008, 21. (Review, Open Access, CC-by-2.0) A. C. Crawley et al.: Enzyme replacement therapy in alpha-mannosidosis guinea-pigs. dans: Molecular genetics and metabolism. Tome 89, numéero 1–2, 2006 sept-Oct, p. 48–57, doi:10.1016/j.ymgme.2006.05.005. PMID 16807033. D. P. Roces, et al.: Efficacy of enzyme replacement therapy in alpha-mannosidosis mice: a preclinical animal study. dans: Human molecular genetics. tome 13, numéro 18, septembre 2004, p. 1979–1988, doi:10.1093/hmg/ddh220. PMID 15269179. Towards The Development Of An Effective Enzyme Replacement Therapy For Human Alpha-Mannosidosis. Informations consultées le 7 novembre 2009 S. S. Grewal et al.: Effective treatment of alpha-mannosidosis by allogeneic hematopoietic stem cell transplantation. dans: The Journal of Pediatrics. Tome 144, numéro 5, mai 2004, p. 569–573, doi:10.1016/j.jpeds.2004.01.025. PMID 15126988. D. A. Wall, D. K. Grange, P. Goulding, M. Daines, A. Luisiri, S. Kotagal: Bone marrow transplantation for the treatment of alpha-mannosidosis. Dans: The Journal of pediatrics. Tome 133, numéro 2, août 1998, p. 282–285, PMID 9709723. A. Will et al.: Bone marrow transplantation in the treatment of alpha-mannosidosis. dans: Archives of Disease in Childhood. Tome 62, numéro 10, octobre 1987, p. 1044–1049, PMID 3314721. PMC 1778651 (texte libre). S. U. Walkley et al.: Bone marrow transplantation corrects the enzyme defect in neurons of the central nervous system in a lysosomal storage disease. dans: Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. Tome 91, numéro 8, avril 1994, p. 2970–2974, PMID 8159689. PMC 43496 (texte libre). L. T. Wong et al.: Oral zinc therapy in the treatment of alpha-mannosidosis. dans: American journal of medical genetics. Tome 46, numéro 4, juin 1993, p. 410–414, doi:10.1002/ajmg.1320460413. PMID 8357013. P. A. Öckerman: A generalised storage disorder resembling Hurler’s syndrome. dans: The Lancet 2, 1967, doi:10.1016/S0140-6736(67)92303-3. p. 239. J. D. Hocking et al.: Deficiency of alpha-mannosidase in Angus cattle. An inherited lysosomal storage disease. dans: The Biochemical journal. Tome 128, numéro 1, juin 1972, p. 69–78, PMID 4673577. PMC 1173571 (texte libre). H. W. Leipold et al.: Mannosidosis of Angus calves. dans: Journal of the American Veterinary Medical Association. Tome 175, numéro 5, septembre 1979, p. 457–459, PMID 500478. Meikle PJ, Hopwood JJ, Clague AE, Carey WF (1999) Prevalence of lysosomal storage disorders. JAMA 281:249-54 Malm D, Tollersrud OK, Tranebjaerg L, Mansson JE (1995) [Alpha-mannosidosis]. Tidsskr Nor Laegeforen 115:594-7 Liens site internet Α-Mannosidose. In: Online Mendelian Inheritance in Man. (anglais) Α-Mannosidose. In: Orphanet (Banque de données sur les maladies rares).

Associations modifier