Aline Sitoé Diatta

héroïne de la résistance sénégalaise (1920-1944)
Aline Sitoé Diatta
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Biographie
Naissance
Décès
Surnom
Dame de KabrousseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité

Aline Sitoé Diatta, aussi appelée la « La Dame de Kabrousse », née en à Kabrousse, dans le sud du Sénégal, et morte en à Tombouctou, au Mali, est une héroïne de la résistance sénégalaise et particulièrement de la Casamance contre la colonisation française.

Biographie modifier

Aline Sitoé Diatta naît en 1920 à Kabrousse, en Casamance, une région du sud du Sénégal, à l'époque colonie française au sein de l'Afrique-Occidentale française. Ses parents sont Silisia Diatta et Assonelo Diatta, mais elle est élevée par son oncle paternel Elaballin Diatta à la mort de son père.

 
Musée des traditions diolas à Mlomp (Casamance) : fétiches.

Pour gagner sa vie, elle se rend à Ziguinchor pour travailler comme docker. Durant la saison sèche, elle revient à Dakar et y trouve un emploi de bonne à tout faire. C’est à Dakar qu’elle entend des voix lui enjoignant de libérer son peuple de l’administration coloniale. Elle s'y refuse dans un premier temps, puis décide de revenir en Casamance. Elle y entraîne la population dans un mouvement de désobéissance civile[1],[2],.

Le chercheur Paul Diedhiou donne en 2011 une version différente de ce parcours singulier. Aline Sitoé Diatta serait une féticheuse qui aurait reçu, lorsqu'elle vivait à Dakar, la révélation d'un culte de la pluie appelé Kasarah. De retour à Kabrousse, « elle reçut l’ordre d’assumer les responsabilités de prêtresse du culte Kassarah, le nom du fétiche. Elle commence alors à lancer des appels à travers les villages proches », appels qui ameutent la population et font craindre, aux représentants locaux de l'administration coloniale, un mouvement de rébellion[3],[4],[5].

En 1943, le pouvoir français était fragilisé par son effondrement militaire du début de la Seconde Guerre mondiale et cette région diola était réputée réfractaire à toute forme d'autorité autre que la tradition clanique. Considérée comme dangereuse, Aline est arrêtée et jugée par l'administration coloniale française, puis déportée à Tombouctou, au Mali[5], où elle meurt de mauvais traitements en 1944 à l'âge de 24 ans, devenant une figure emblématique de la résistance casamançaise à la colonisation[6],[2],[7].

Hommages modifier

 
Le CEM Aline-Sitoé-Diatta à Oussouye.
 
Le ferry Aline-Sitoé-Diatta.

Son nom a été donné au campus social de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (la cité Aline-Sitoé-Diatta) réservé aux étudiantes, à un stade de Ziguinchor (le stade Aline-Sitoé-Diatta), ainsi qu'à diverses écoles et organisations.

Une exposition itinérante lui a été consacrée au Sénégal en 2007[8]. Elle est le sujet d'une œuvre du photographe portraitiste sénégalais Omar Victor DIOP, intitulée « Aline Sitoé Diatta, 1944 » (série « Liberty », 2017).

Le Aline Sitoé Diatta est le bateau qui assure depuis 2008 la liaison Dakar-Ziguinchor, en remplacement du Wilis, lui-même successeur du Joola, dont le naufrage a marqué les mémoires au Sénégal.

Le court-métrage À la recherche d'Aline réalisé par Rokhaya Marieme Baldé en 2020 est centré autour du personnage d'Aline Sitoé Diatta. Le court-métrage reçoit le prix du court-métrage documentaire à IndieLisboa (de) en 2021[9].

Sorti en 2020, le roman biographique Aline et les hommes de guerre de l'écrivaine Karina Silla raconte la vie d'Aline Sitoé Diatta.

Notes et références modifier

  1. Jean Girard, Genèse du pouvoir charismatique en Basse Casamance (Sénégal), Institut fondamental d'Afrique noire, , p. 236-248.
  2. a et b Sylvia Serbin et Ravaomalala Rasoanaivo-Randriamamonjy, Femmes africaines, panafricanisme et renaissance africaine, Éditions de l'Unesco, (lire en ligne), p. 49.
  3. « Aline Sitoé Diatta n’est pas une héroïne mais une simple fétichiste », Leral.net,‎ (lire en ligne).
  4. « La figure emblématique d’Aline Sitoë Diatta est une invention intellectuelle », Seneweb,‎ (lire en ligne).
  5. a et b GEO avec AFP, « Sur les traces d'Aline Sitoé Diatta, mystérieuse héroïne anticoloniale sénégalaise », sur Geo.fr, (consulté le )
  6. Mohamed Lamine Manga, La Casamance dans l'histoire contemporaine du Sénégal, Editions L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-99307-5, lire en ligne), p. 40
  7. « Aline Sitoé Diatta, reine africaine contre les colons, une réhabilitation signée Karine Silla | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
  8. « Expo Aline Sitoé DIATTA… : La dame de Cabrousse, symbole de refus et de paix », sur Seneweb.com, (consulté le )
  9. (en-US) « Here are the awarded films of IndieLisboa 2021 », sur IndieLisboa, (consulté le )

Annexes modifier

Bibliographie et sources modifier

  • Brassart Laurent, Fredj Claire, Ramondy Karine, L'empire colonial français en Afrique. Métropole et colonies, sociétés coloniales de la conférence de Berlin (1884-1885) aux accords d'Evian de 1962, Bréal, coll. "Amphi Capes Agrégation", 2023, 318 p., chapitre "Contester l'ordre colonial (1885-1962)", pp.244-263
  • (en) Wilmetta Jesvalynn Toliver, Aline Sitoe Diatta: addressing historical silences through Senegalese culture, Ann Arbor, UMI Dissertation Services, 2002, 318 p. (thèse université Stanford, 1999)
  • (en) W. J. Toliver-Diallo, « The Woman Who Was More Than a Man: Making Aline Sitoe Diatta into a National Heroine in Senegal », Canadian Journal of African Studies, 2005, vol. 39, no 2, p. 338-360

Dans la littérature modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier