Ali Haddad

homme d'affaires algérien
Ali Haddad
Ali Haddad en 2018
Fonctions
Président
Confédération algérienne du patronat citoyen
-
Président
USM Alger
-
Président
ETRHB Haddad
depuis
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Ali Haddad
Nationalité
Formation
Activité

Ali Haddad, né le à Azzefoun (wilaya de Tizi Ouzou) en Algérie, est un dirigeant d'entreprise algérien, fondateur et PDG du Groupe ETRHB Haddad, et président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) du au .

Ali Haddad est classé par Forbes dans le top 5 des personnalités les plus riches d’Algérie (2018)[1].

Il est arrêté en et condamné à des peines de prison pour diverses affaires de corruption[2].

Historique modifier

En 1983, Ali Haddad suit une formation de TS (technicien supérieur) en génie civil à Oued Aissi (Tizi Ouzou). Parallèlement à ses études, il se lance dans les affaires en achetant avec ses frères un petit hôtel dans sa ville natale d’Azeffoun, dénommé Le Marin. À la sortie de ses études en , il lance la société de BTP ETRHB avec un capital social d'un million de dinars, soit environ 6900 euros[3],[4].

Développement du groupe ETRHB modifier

Le premier contrat d'envergure pour Ali Haddad tombe en 1993, lorsqu'il décroche la réalisation d'un tronçon de route nationale dans la région de Tizi Ouzou pour 93 millions de dinars, soit 930 000 euros[3]. En 1998, il s'associe à la Sonatram pour lancer les travaux de rénovation du port d’Azeffoun, et l'entreprise devient alors un groupe réunissant plusieurs métiers de la construction[5].

En 2002, ETRHB est devenue la plus grande entreprise privée de travaux publics en Algérie[6]. ETRHB intervient sur le projet d’assainissement de la ville d'Azazga, investit dans la construction de 2 usines de tuyaux en béton précontraint, assure la construction d'un tronçon de 73 km de l'autoroute Est-Ouest, et 65km de la rocade sud d'Alger. Le groupe participe aux grands projets de développement de l'AEP en Algérie et à plusieurs travaux ferroviaires[5]. La construction d'une cimenterie d'une capacité d'un million de tonnes par an est lancée, ainsi qu'une raffinerie de bitume[7].

En 2010 et 2011, associé à l'Espagnol FCC, ETRHB remporte les contrats de la nouvelle ligne ferroviaire entre Tlemcen et Akid Abbes en Algérie (66 km, 34 viaducs, 9 tunnels) et de la ligne à sens unique Relizane-Tiaret-Tissemsilt (185 km)[8].

Diversification et internationalisation modifier

La filiale BPH du groupe (Bitumes et Pétroles Haddad) est lancée en 2003. La branche automobile, Savem Spa, est lancée en [9]. En Algérie, Savem Spa assure la distribution de Toyota, et l'assemblage des camions Astra depuis 2018[10].

En , le groupe d'Ali Haddad lance le groupe Média Temps Nouveaux, sa filiale média qui édite Le Temps d'Algérie (quotidien francophone lancé le ) et Waqt El Djazaïr (quotidien arabophone lancé le )[11]. La web-TV Dzaïr est lancée en [12]. Dzaïr TV, chaîne généraliste diffusée 24/24 par satellite, est lancée en (ses journaux d’information sont en arabe, kabyle et français)[13], et sa petite sœur Dzaïr News est lancée le .

En 2010, Ali Haddad rachète le club de football USM Alger et en prend la présidence. Le club se modernise et s’adapte à la professionnalisation du monde du football en Algérie à partir de 2011[14].

En 2011, Ali Haddad rachète l'hôtel El Palace à Barcelone pour 80 millions d'euros. En , il fait l'acquisition, toujours à Barcelone, du Gran Hotel La Florida et de l'Hôtel Miramar Barcelona[15]. Ces propriétés viennent bâtir l’empire hôtelier d'Ali Haddad, déjà composé de l'hôtel Le Marin dans la ville d'Azeffoun, devenu un grand complexe hôtelier depuis son ouverture à la fin des années 1980[3].

En , il propose un projet de reprise d’Air Méditerranée, alors en faillite[16]. En , Ali Haddad annonce que son groupe se lance dans la production de ciment[17].

Présidence du FCE modifier

Le , Ali Haddad est nommé à la tête du Forum des chefs d'entreprises (FCE)[18]. Le FCE fédère le principal réseau national de dirigeants d'entreprise et assure leur représentation dans le processus démocratique algérien. Le FCE représente 4.000 membres, 7.000 entreprises et 300.000 employés (2018)[19].

Sous la présidence d'Ali Haddad, le FCE s'impose comme un partenaire des pouvoirs publics et une force de proposition animant les débats nationaux autour de l'économie. Ali Haddad plaide pour l'accélération des réformes structurelles dans le cadre d'un processus global de la transition économique[20]. En , une délégation du FCE conduite par Ali Haddad est reçue par le Premier ministre de l'époque Abdelmalek Sellal pour lui remettre un rapport portant sur l'émergence de l'économie nationale[21]. En , Ali Haddad participe au Transatlantic Economic Forum à Washington et y évoque les opportunités industrielles sur la nouvelle autoroute Est-Ouest[22]. En , le FCE signe un mémorandum d'entente avec le Medef pour accroître les axes de coopération économique entre l'Algérie et la France[23].

En 2018, Ali Haddad lance le processus de transformation du statut du Forum des chefs d'entreprises d'association à celui de syndicat, un changement qui permet au FCE de siéger au conseil d'administration de structures publiques importantes (CNAS, CACOBATPH) ainsi qu'au Bureau international du travail de l'ONU[24],[25]. Il crée la Jil'FCE qui réunit les membres de moins de 40 ans[26], et la Fondation FCE destinée aux actions de solidarité[27]. Il annonce la construction prochaine du nouveau siège du FCE, ainsi que d'une école de formation[28].

En , dans le cadre des manifestations de 2019 en Algérie, il est interdit de sortie du territoire algérien[29]. Il démissionne de la présidence du FCE le [30],[31].

Condamnations modifier

Le , Ali Haddad a été arrêté aux environs de 3h du matin, au niveau du poste-frontière d'Oum Teboul, alors qu'il semblait tenter de fuir vers la Tunisie[31]. Il est remis au Centre territorial de Recherche et d'investigation (CTRI) de la wilaya d'El Tarf[32].

Il possédait sur lui notamment un passeport britannique, des coupures en dollars et en euros[33].

Pour Le Monde, sa situation est « en passe de symboliser la chute brutale de la « maison des Bouteflika » », avec laquelle il entretient des liens, notamment Saïd Bouteflika, le frère de l'ancien président[31].

Le , au lendemain de la démission de Bouteflika, Ali Haddad est placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Bir Mourad Raïs et est détenu à la prison d'El-Harrach jusqu'à son procès[34],[35].

Le , 18 mois de prison ferme sont requis à son encontre pour « faux »[36]. Le , il est condamné à six mois de prison ferme[37].

Le , il est condamné à sept ans de prison pour l'affaire du financement de la campagne présidentielle de Bouteflika[38], peine ramenée à quatre ans en appel[39].

Le , Ali Haddad est condamné à 18 ans de prison ferme et d’une amende de 8 millions de dinars algériens pour corruption. Le tribunal de Sidi M'Hamed a ordonné la confiscation de tous ses biens en Algérie et à l'étranger dont sa société ETRHB Haddad, ses comptes en banques et ses immeubles[40].

Le , il est condamné à 18 mois de prison pour « faux et usage de faux » dans une affaire de surfacturation et de perception d’indus avantages au port d’Oran[41]. En 2022, ses biens sont confisqués[42].

Dans le cadre du financement de la campagne électorale en vue d'un cinquième mandat pour d'Abdelaziz Bouteflika, il est poursuivi pour « blanchiment d'argent, dissipation de produits de crime » et est à nouveau condamné le 6 juin 2022 à une peine de quatre ans de prison[43].

Polémiques modifier

Dans le cadre des Panama Papers, il est cité comme bénéficiaire économique d’une compagnie enregistrée par Mossack Fonseca en aux îles Vierges britanniques, Kingston Overseas Group Corporation (KOGC)[44].

Vie privée modifier

Ali Haddad est père de trois enfants[3]. Il est proche de Saïd Bouteflika, frère du président de la République, et d'Abdelmalek Sellal, ex-Premier ministre algérien[45].

Distinctions modifier

  • 2018 : Top 100 des personnalités les plus influentes en Afrique par le magazine New African[46]
  • 2007 : Médaille du Mérite industriel décernée par la Fondation de l’industrie nationale algérienne[18]

Notes et références modifier

  1. Top 5 des multi-millionaires algériens selon Forbes, www.huffpostmaghreb.com, 7 juin 2018 (consulté le 9 août 2018)
  2. « Algérie: l’ancien patron des patrons, Ali Haddad, condamné à douze ans de prison en appel », sur RFI, (consulté le ).
  3. a b c et d Farid Alilat, Ali Haddad, www.jeuneafrique.com, 11 février 2008 (consulté le 9 août 2018).
  4. Farid Alilat, Algérie : le mystérieux Ali Haddad, magnat du BTP proche du cercle présidentiel, www.jeuneafrique.com, 18 mai 2018 (consulté le 9 août 2018)
  5. a et b Nordine Grim, Ali Haddad, président-directeur général du groupe ETRHB, www.vitaminedz.com, 4 juin 2007 (consulté le 9 août 2018)
  6. Ceux qui font bouger le pays, www.lepoint.fr, 11 octobre 2002 (consulté le 9 août 2018)
  7. Faiçal Medjahed, Les projets de l'Etrhb, www.djazairess.com, 15 décembre 2004 (consulté le 10 août 2018)
  8. Frédéric Dubessy, Le groupe espagnol FCC décroche la ligne ferrovaire Tlemcen/Akid Abbas, www.econostrum.info, 7 mars 2011 (consulté le 10 août 2018)
  9. Filiales du groupe, www.etrhb.com (consulté le 9 août 2018)
  10. Hamid Abbasen, Groupe ETRHB: Les camions ASTRA bientôt assemblés en Algérie, www.auto-utilitaires.com, 4 décembre 2017 (consulté le 9 août 2018)
  11. «Le Temps d’Algérie : Un an déjà ! », www.centerblog.com, 12 janvier 2010 (consulté le 9 août 2018)
  12. Ouverture de l’audiovisuel en Algérie : Qui sont les patrons des futures TV privées ?, www.algerie-focus.com, 27 septembre 2011 (consulté le 10 août 2018)
  13. Sihem Bounabi, Dzaïr TV mise sur la jeunesse pour un ancrage identitaire Lancement d'une nouvelle chaîne de télévision satellitaire algérienne, www.vitaminedz.com, 17 mai 2013 (consulté le 10 août 2018)
  14. Farid Alilat, Algérie : les cartes maîtresses d’Ali Haddad, www.jeuneafrique.com, 18 mai 2018 (consulté le 9 août 2018)
  15. Abdou Semmar, Ali Haddad possède depuis 2011 une importante entreprise de gestion immobilière à Barcelone, www.algeriepart.com, 28 juin 2017 (consulté le 9 août 2018)
  16. Algérie : Ali Haddad s’intéresse à Air Méditerranée, www.jeuneafrique.com, 28 juillet 2015 (consulté le 9 août 2018)
  17. Le groupe ETRHB se lance dans la production de ciment, www.huffpostmaghreb.com, 2 novembre 2016 (consulté le 10 août 2018)
  18. a et b Idir Tazerout, Hadda triomphe, www.lexpressiondz.com, 29 novembre 2014 (consulté le 9 août 2018)
  19. Ali Haddad : «Le FCE représente 4 000 hommes d’affaires, 7 000 entreprises, 300 000 employés ainsi que 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires», www.algeriemondeinfos.com, 29 mars 2018 (consulté le 9 août 2018)
  20. Riyad Hamadi, Ali Haddad appelle à accélérer le rythme des réformes, www.tas-algerie.com, 23 décembre 2017 (consulté le 9 août 2018)
  21. Yanis Belmadi, Les mesures d’urgence du FCE, www.lestrepublicain.com, 28 juillet 2015 (consulté le 10 août 2018)
  22. (en) Public-private partnerships to establish a win-win situation for the economy, www.Oslobodjenje.ba, 7 novembre 2017 (consulté le 9 août 2018)
  23. Franck Koffi, Algérie, France : rencontre FCE et MEDEF, ce qu’il faut retenir, www.afrik.com, 8 février 2018 (consulté le 9 août 2018)
  24. Le FCE d’Ali Haddad se transforme en Syndicat, www.algerie-focus.com, 20 janvier 2018 (consulté le 9 août 2018)
  25. Ali Haddad et les véritables raisons de la restructuration du FCE, www.dmalgerie.com, 4 février 2018 (consulté le 9 août 2018)
  26. Malick Diawara, Ali Haddad : « L'Algérie est prête à mobiliser toutes ses forces vives », www.lepoint.fr, 28 mars 2018 (consulté le 10 août 2018)
  27. Ali Haddad annonce la création d’une Fondation du FCE, destinée aux actions de solidarité, www.algerie-eco.com, 2 janvier 2018 (consulté le 9 août 2018)
  28. Arezki Benali, Ali Haddad : «Je veux que le FCE soit géré d’une manière hyper transparente», www.algerie-eco.com, 21 janvier 2018 (consulté le 10 août 2018)
  29. « Ali Haddad interdit de sortie du territoire », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le ).
  30. « Ali Haddad quitte officiellement le FCE », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le ).
  31. a b et c « En Algérie, le général Gaïd Salah ouvre la chasse aux oligarques », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Ali haddad Il a tenté de fuir vers la Tunisie / Ali Haddad arrêté - Algerie Focus », sur Algerie Focus (consulté le ).
  33. Adlène Meddi, « Algérie : rumeurs et coups de force pour la fin du régime Bouteflika », sur Le Point (consulté le ).
  34. « Ali Haddad placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison de El Harrach »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
  35. « Le président Bouteflika démissionne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
  36. « Algérie: 18 mois requis pour "faux" contre l'ex-patron des patrons Ali Haddad », sur TV5MONDE (consulté le ).
  37. Le Point Afrique, « Algérie : Ali Haddad, ex-patron des patrons, condamné à 6 mois ferme », sur Le Point (consulté le ).
  38. « Procès d’Alger : 15 ans de prison pour Ahmed Ouyahia, 12 ans pour Sellal, acquittement pour Zâalane - Radio M », sur Radio M, (consulté le ).
  39. Cour d’Alger : peines confirmées pour Ouyahia et Sellal, site tsa-algerie.com, 25 mars 2020.
  40. liberte-algerie.com, « 18 ans de prison pour Haddad, 12 ans pour Ouyahia et Sellal : Toute l'actualité sur liberte-algerie.com »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur liberte-algerie.com (consulté le ).
  41. Jugé à Oran pour faux et usage de faux: Ali Haddad condamné à 18 mois de prison ferme, site algerie-watch.org, 2 janvier 2022.
  42. « L’opération concerne notamment leurs propriétés immobilières : La justice saisit les biens de la «îssaba» – Algeria-Watch », sur algeria-watch.org (consulté le ).
  43. Affaire de la chaîne de télévision "Istimraria" : 8 ans de prison pour Said Bouteflika, site elwatan-dz.com, 6 juin 2022.
  44. Lyas Hallas, « Panama papers » : le business offshore de l’Algérien Ali Haddad et de ses partenaires turcs, www.lemonde.fr, 16 mai 2017 (consulté le 9 août 2018)
  45. Ali Haddad : « Oui, je suis proche des responsables militaires et civils », www.algerie-focus.com, 14 novembre 2014 (consulté le 9 août 2018)
  46. Jugurta Nam, Classement : quatre algériens parmi les personnalités les plus influentes en Afrique, www.observalgerie.com, 2 février 2018 (consulté le 10 août 2018)

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier