Expédition d'Alger (1830)

Date | - |
---|---|
Lieu |
Sidi-Ferruch Staoueli Alger |
Issue |
Victoire française décisive |
Changements territoriaux | Prise d'Alger par la France. |
![]() | ![]() Soutien : Tribus Kabyles |
Louis de Bourmont Guy-Victor Duperré | Hussein Dey Ahmed Bey Hassan Agha Ibrahim agha Ben-Zamoun |
64 612 hommes
103 navires de guerre | 25 000 à 30 000 hommes[1]
|
415 morts[2] 2 160 blessés | Inconnues (estimée entre 600 à 1 500 morts) |
Batailles
L’expédition d'Alger[3],[4] est une campagne militaire livrée de à par la France contre la régence d'Alger. Alger était, au XIXe siècle, un état autonome de l'Empire ottoman, capturé par Barberousse en 1516.
Le roi de France, Charles X, et le président du Conseil, le prince de Polignac, prennent la décision d'entreprendre une expédition militaire dans le Nord de l'Afrique au printemps 1830, au plus tard le , date de l'ordonnance nommant le comte de Bourmont commandant en chef du corps expéditionnaire[5]. Cette décision relève de raisons tenant autant à la politique intérieure du royaume de France qu'à la dégradation de ses relations avec la régence d'Alger.
Elle débute le [6], date à laquelle le corps expéditionnaire français débarque sur la presqu'île de Sidi-Ferruch.
Elle prend fin 21 jours plus tard, le [6], date à laquelle, après plusieurs batailles, le dey d'Alger, Hussein, signe à El Biar un acte de reddition, la capitulation d'Alger. Puis les troupes françaises entrent dans la ville le : Alger est prise[7],[3].
Elle constitue le premier épisode de la conquête de l'Algérie par la France.
L'armée ottomane s'est particulièrement mal préparée à l'expédition française, le dey surestimant sa propre puissance, ne fit appel qu'à la moitié des troupes dont il disposait.
Sommaire
- 1 Raisons de l'expédition
- 2 Déroulement
- 2.1 Résumé chronologique (1830)
- 2.2 Débarquement de Sidi-Ferruch (14 juin 1830)
- 2.3 Bataille de Staoueli (19 juin 1830)
- 2.4 Bataille de Sidi Khalef (24 juin 1830)
- 2.5 Bombardements d'Alger (1er et 3 juillet 1830)
- 2.6 Siège du Fort de l'Empereur (3 juillet 1830)
- 2.7 Capitulation et prise d'Alger (5 juillet 1830)
- 3 Notes et références
- 4 Voir aussi
Raisons de l'expéditionModifier
En 1801, Napoléon Ier fait la paix avec le Dey Mustapha[8].
Durant la Révolution française, deux négociants juifs, Bacri et Busnach[9] arrivent à nouer une relation privilégiée avec le Dey d’Alger, devenant son conseil financier et bénéficient de privilèges et monopoles commerciaux qui font leur fortune. Ils fournissent en blé les armées du Directoire vers 1795-1796, sans parvenir à s’en faire régler le prix, sauf de façon partielle sous la Restauration. Ce conflit commercial connaît de multiples rebondissements plus ou moins dramatiques et empoisonne les relations entre la France et la Régence pendant une trentaine d’années. David Bacri nommé par Napoléon consul général à Alger est décapité en 1811 par ordre du dey d’Alger[10]. Cet évènement est une première étape du conflit entre les Algériens et les Français. Finalement, le Dey Hussein, ne pouvant prélever sa part majoritaire sur le produit de la transaction non réglée, convoque le consul français Deval pour régler les dettes de la France. C’est donc à la suite de ce conflit commercial que surviennent l’affaire du « coup d'éventail », la prise d'Alger et la conquête de l’Algérie[11].
DéroulementModifier
Résumé chronologique (1830)Modifier
Les principaux évènements de la campagne sont les suivants :
- : départ de Toulon ;
- - : coup de vent qui disperse la flotte ;
- : relâche à Palma ;
- : départ de Palma ;
- : arrivée à Sidi Ferruch ;
- : débarquement de Sidi-Ferruch ;
- : bataille de Staoueli (première attaque) ;
- : bataille de Sidi Khalef ;
- : coup de vent (situation critique de la Marine) ;
- : attaque des batteries de mer d'Alger ;
- : prise du fort de l'Empereur ;
- : capitulation d'Alger.
Débarquement de Sidi-Ferruch ()Modifier
De son côté, Hussein Dey avait rassemblé une armée hétéroclite s'appuyant sur la milice janissaire et renforcée par les contingents fournis par les beys d'Oran, de Constantine et du Titteri. Son commandement a été confié à l'agha Ibrahim. Selon les sources, les estimations concernant l'effectif total de cette armée varient de 30 000 à 50 000 hommes[1],[12]. Cependant, cette armée s'était particulièrement mal préparée à l'expédition française, le Dey surestimant sa propre puissance, ne fit appel qu'a la moitié des troupes dont il disposait[13].
Bataille de Staoueli ()Modifier
Une seconde bataille a lieu le . Les troupes françaises sont restées dans l'immobilisme sur leur tête de pont dans l'attente du matériel de siège, qui tarde à arriver[14], et pendant ce temps, les troupes de la Régence se renforcent, s'établissent au campement de Staoueli et consolident leurs lignes face aux Français de quelques batteries au centre de leurs positions[15]. L'attaque qu'ils déclenchent le au point du jour, est repoussée au bout de quelques heures par les Français, qui s'emparent de l'artillerie turque et du campement de Staoueli, où ils s'établissent[16].
Bataille de Sidi Khalef ()Modifier
Bombardements d'Alger ( et )Modifier
La flotte française entreprend de bombarder la ville d'Alger en soutien des troupes débarquées, le , et à nouveau le . La flotte échangeant avec les batteries côtières de vives canonnades, mais à peu près hors de portée. Quelques jours plus tard, le Général Valazé, commandant le génie, qui visitait les forts, ironisait, disant « qu'il se chargeait de réparer, pour 7 francs 50 centimes, toutes les avaries causées par la marine aux fortifications »[17].
Siège du Fort de l'Empereur ()Modifier
Le 29 juin, les troupes françaises arrivent en vue du Fort de l'Empereur, une forteresse ottomane qui couvre Alger au sud[18]. Le creusement des tranchées pour le siège du fort est commencé dès le , et le dans la journée, toutes les batteries de l'artillerie de siège sont mises en place[19]. Le vers 4 h du matin, le général de La Hitte, commandant l'artillerie, donne l’ordre d'ouvrir le feu à toutes les batteries la fois ; la riposte turque dure aussi vivement que l'attaque pendant 4 h, mais à dix heures, les feux du château s'éteignent, tous ses merlons détruits n'offrant plus aucun abri aux canonniers, presque toutes les pièces étant démontées, l'intérieur dévasté par les bombes et les obus. Au moment où l'ordre est donné de battre la forteresse en brèche, une énorme explosion pulvérise la grosse tour au centre du Fort l'Empereur : les Turcs, abandonnant le fort, avaient mis le feu aux poudres.
Devant la Kasbah, les troupes françaises découvrent une pyramide de têtes de soldats coupées, conformément aux instructions du Dey qui payait une somme à qui en rapportait une[20].
Les Français s'emparent du fort et tiennent désormais à leur merci la kasbah et la ville d'Alger[21].
Capitulation et prise d'Alger ()Modifier
Acte de capitulationModifier
Texte de la capitulationModifier
Signature de la capitulationModifier
La convention a été signée à El Biar, dans la villa Djenane Raïs-Hamidou, aussi connue comme la Villa du Traité. Elle est située au 17, rue Lamari Ali (ex-rue du Traité). La djenane est une résidence d'été du XVIIIe siècle qui a appartenu au corsaire Raïs Hamidou et qui servit de quartier général au comte de Bourmont. Elle est actuellement occupée par un centre de soins, annexe de l'hôpital de Bir-Traria[22]. La Djenane Raïs-Hamidou a été classée monument historique par un arrêté du [23], pris au terme d'une procédure de classement ouverte par un arrêté du [24].
Interprétation de la capitulationModifier
En l'absence de traité d'annexion, la déclaration d'annexion était trouvée, sinon dans l'ordonnance du [25], du moins[26] dans celle du suivant[27],[28].
Notes et référencesModifier
- http://www.algerie-ancienne.com/Salon/Galib/8France/01expedit/16terre.htm.
- (en) « Conquête d'Alger ou pièces sur la conquête d'Alger et sur l'Algérie », .
- Jean Garrigues et Philippe Lacombrade, La France au XIXe siècle : 1814-1914, Paris, A. Colin, coll. « U / Histoire », , 3e éd. (1re éd. 2003), 264 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-200-60003-7, OCLC 911056815, notice BnF no FRBNF44372143, présentation en ligne, lire en ligne), p. 93.
- Jean-Claude Caron et Michel Vernus, L'Europe au 19e siècle : Des nations aux nationalismes (1815-1914), Paris, A. Colin, coll. « U / Histoire », , 3e éd. (1re éd. 1996), 495 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-200-60006-8, OCLC 908338724, notice BnF no FRBNF44337559, présentation en ligne, lire en ligne), p. 67.
- Ordonnance du 11 avril 1830 qui nomme général en chef de l'armée d'expédition d'Afrique M. le comte de Bourmont, ministre de la Guerre, dans Bulletin des lois, Paris, Imprimerie royale, bulletin no 350, texte no 14036, p. 241.
- notice BnF no FRBNF11934725 : Algérie – 1830 (Expédition française) (consulté le 20 octobre 2015).
- Sylvain Venayre, « Prise d'Alger (1830) », sur universalis.fr, Encyclopædia Universalis (consulté le 15 octobre 2015).
- A. Berthet, Les naufragés de la « Marie Élisabeth » (22 avril 1882.), G. Téqui, Paris, 1884, p. 208.
- « L'affaire Bakri-Busnach : Un contentieux à l’origine de la colonisation de l’Algérie », Akadem, (lire en ligne)
- Attal 1996, p. 24.
- Tous les ouvrages relatant la conquête d’Alger par les Français en 1830 traitent de ce conflit commercial. Cf. plus particulièrement, sur le rôle des familles Bacri et Busnach. Maurice Eisenbeth, Les Juifs en Algérie, esquisse historique depuis les origines jusqu’à nos jours, in Encyclopédie coloniale et maritime, Paris, 1937, p. 17-18, et Claude Martin, Les Israélites algériens de 1830 à 1902, Paris, 1936, p. 20-21.
- http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1320.
- Selon le témoignage de Sidi Hamdan ben Othman Khodja, riche Kouloughli proche du pouvoir, le Dey, « trop confiant en sa puissance », ne fit appel qu'à la moitié des troupes sur lesquelles il aurait pu compter. cf. Xavier Yacono, « La régence d'Alger en 1830 d'après l'enquête des commissions de 1833-1834 », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, No 1, 1966, p. 239, note 31 [lire en ligne].
- Pellissier de Reynaud, Annales algériennes, Éd. 1854, tome 1, p. 44.
- Annales, op. cit., p. 42.
- Annales, op. cit., p. 46.
- Alfred Nettement, Histoire de la conquête d'Alger, 1867, p. 454-455.
- Annales, op. cit., p. 62.
- Annales, op. cit., p. 63.
- https://www.geo.fr/photos/reportages-geo/5-juillet-1830-la-colonisation-de-l-algerie-est-lancee-161871.
- Annales' , op. cit., p. 65-67.
- « Villa du traité / Djenane Raïs-Hamidou » [html], sur petitfute.com, Petit Futé (consulté le 19 octobre 2015).
- Arrêté du 25 Chaoual 1433 correspondant au 12 septembre 2012 portant classement de « Djenane Raïs Hamidou », dans Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire, no 36, (9 Ramadhan 1434), p. 18 (consulté le 19 octobre 2015).
- Arrêté du 9 Rajab 1428 correspondant au portant ouverture d’instance de classement de Djenane Raïs Hamidou [PDF], dans Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire, no 2, (30 Dhou El Hidja 1428), p. 14 (consulté le 19 octobre 2015).
- Ordonnance du 22 juillet 1834 relative au commandement et à la haute administration des possessions françaises dans le Nord de l'Afrique, dans Bulletin des lois du royaume de France, IXe série, t. 9, 2e partie, Paris, Imprimerie royale, bulletin no 324, texte no 5450, p. 121-122.
- C. Paris 2 février 1839, Nathan Bacri c. héritiers Bacri.
- Entrée « annexion », dans Hippolyte-Ferréol Rivière (dir.), Pandectes françaises : nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, t. 6 : Alignement - annexion, Paris, A. Chevalier-Marescq, , 812 p., in-4o (OCLC 494330433, notice BnF no FRBNF33524801, lire en ligne), p. 748-812.
- Albert Hugues, La nationalité française chez les musulmans de l'Algérie, Paris, A. Chevalier-Marescq, , IV-228 p., in-8o (OCLC 458177141, notice BnF no FRBNF30626150, lire en ligne).