Alexandre Minkowski

médecin pédiatre français

Le professeur Alexandre Minkowski, né le à Paris et mort le dans la même ville (hôpital des Invalides), est un pédiatre français et l'un des fondateurs de la néonatalogie.

Alexandre Minkowski
Alexandre Minkowski en 1990.
Fonction
Conseiller régional d'Île-de-France
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Père
Mère
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Distinction

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Alexandre Minkowski est le fils de parents psychiatres d'origine juive polonaise, Eugène Minkowski et Françoise Minkowska[1]. En l'absence de son père, athée[N 1] et combattant au front, sa mère ne le fait pas circoncire[N 2] et il ne sera pas pratiquant ; il fera toutefois sa bar-mitzvah.

Il se marie avec Anne Wade, qui est d'origine américaine et fille d'une violoniste. Il est le père du chef d'orchestre Marc Minkowski, dont il soutient la vocation. Il est également le grand-père de Julia Minkowski, pénaliste inscrite au barreau de Paris et épouse de Benjamin Griveaux[4],[5].

En 1929, alors qu'il a 13 ans, son père l'emmène dans le quartier juif de Varsovie ; il en ressort traumatisé[6].

Scolarisé à l'école alsacienne, il passe son baccalaurat à quinze ans. Paul Bénichou et René Maublanc sont cités comme les deux professeurs les plus marquants de sa formation intellectuelle[7]. À la faculté de médecine de Paris, il a notamment pour condisciples Gabriel Richet, Jean Dausset et Marcel Bessis. Il réussit le concours d'internat à 22 ans[8].

Il fait son service militaire dans les chasseurs alpins et se porte volontaire en 1940 pour la campagne de Norvège, puis se rend avec une partie du corps expéditionnaire de Norvège au Maroc où, pendant la traversée, a lieu l'attaque de Mers el-Kébir ; il rentre ensuite en France pour reprendre ses études de médecine[9]. Il participe à la manifestation du 11 novembre 1940[10].

Carrière médicale modifier

Engagement et prises de posistion modifier

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Le mandarin aux pieds nus, un ensemble d'entretiens avec Jean Lacouture paru en 1975, qui lui valent une certaine notoriété médiatique, passant notamment à Apostrophes de Bernard Pivot, à Radioscopie de Jacques Chancel et à Sports Dimanche, où il est interviewé par Michel Drucker[11].

En 1978, après l'élection du pape Jean-Paul II, il fait publier par Le Monde un article incendiaire dénonçant l'antisémitisme de l'Église polonaise[12]. La même année, il vient soutenir Gisèle Halimi devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence lors de l'affaire Tonglet-Castellano, faisant un parallèle entre le viol des femmes et le nazisme[13].

Ayant effectué de nombreux voyages en Israël, il est partisan de la création d'un État palestinien[14].

Il est membre du conseil régional d'Île-de-France et du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence, notamment des années 1980-1990, chargé de mission par Bernard Kouchner au secrétariat d'État de l'Action humanitaire, puis militant du mouvement Génération écologie de Brice Lalonde[15].

Dernières années et mort modifier

Alexandre Minkowski meurt au printemps 2004 à l'hôpital des Invalides. Il est inhumé au Bec-Hellouin dans l'Eure, ayant entretenu des liens avec les membres de la communauté bénédictine de l'abbaye Notre-Dame du Bec.

Publications modifier

  • 1975 : Le Mandarin aux pieds nus, éditions Seuil.
  • 1976 : Pour un nouveau-né sans risque, éditions Stock.
  • 1980 : Un Juif pas très catholique, éditions Ramsay.

Décoration modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Mon père [qui], bien qu'athée, fréquentait régulièrement la synagogue à l'occasion de chaque grand fête [...] »[2]
  2. « Les premiers à venir frapper à ma porte furent mes braves congénères : je veux parler des Juifs. Le terme « congénère » peut choquer, mais je n'en trouve pas de meilleur pour rendre compte des liens qui m'unissent à eux, puisque je ne les considère ni comme coreligionnaires, n'étant pas religieux, je ne suis même pas circoncis, ni comme mes compatriotes, puisqu'il ne s'agit pas ici de patrie »[3]

Références modifier

  1. Jeannine Pilliard-Minkowski, Eugène Minkowski, 1885-1972 et Françoise Minkowska, 1882-1950 : éclats de mémoire, Paris, L'Harmattan, .
  2. Minkowski 1980, p. 135.
  3. Minkowski 1980, p. 131.
  4. Closermag.fr, « Qui est Julia Minkowski, la femme de Benjamin Griveaux ? », Closermag.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Stéphane Durand-Souffland, « Julia Minkowski ou la détermination discrète », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ 29-30 octobre 2022, p. 41 (lire en ligne).
  6. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 145 : « Le voyage que je fis à Varsovie vers l'âge de treize ans me renforça encore dans mon sentiment (d'être Français). Tout me déplut là-bas, les gens, la nourriture, les mœurs. Ce séjour reste lié, dans mon souvenir à une terrible impression de saleté. Les rues, les maisons, ce que je mangeais, tout me paraissait douteux. Et il me semblait que j'en étais moi-même perpétuellement souillé. Un jour, mon père m'emmena à Nalewki, en plein quartier juif. Ce fut une des expériences les plus traumatisantes de mon enfance. Je garde l'image d'un grouillement de gens uniformes, vêtus du même habit noir, d'une cohorte d'hommes à la barbe sale, aux kaftans maculés. Nous marchions au milieu de la foule. Mon père restait silencieux. Il était à mille lieues de se douter du choc, absolument terrible, que j'étais en train de recevoir ».
  7. « Alexandre Minkowski prouve, dans son livre comme dans sa vie, qu'on peut être devenu un « grand patron » et rester un « battant » », Le Nouvel Observateur,‎ , p. 48 (lire en ligne)
  8. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 32.
  9. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 55 : « Pendant ce temps mon pays commençait d'édicter ses premières lois antijuives, qui interdisaient, entre autres, à un Juif de devenir médecin. Mais, comme j'étais titulaire de la croix de guerre, cette mesure ne me concernait pas ».
  10. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 56.
  11. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, pp. 62-67.
  12. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 131 : « Jean-Paul II venait d'être élu. Le monde entier saluait sa nomination dans un unanime concert de félicitations. Personnellement, cette liesse générale m'agaçait. Je n'avais rien en particulier contre l'homme, il paraissait plutôt sympathique au premier abord, mais il représentait l'Église polonaise qui avait été comme me l'avaient appris mes parents qui savaient de quoi il parlaient, une des institutions les plus antisémites du monde. J'écrivais donc un article incendiaire que j'envoyai au Monde ».
  13. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 192 : « Je voulais marquer le coup et montrer que le viol était à la fois une chose horrible et déshonorante pour les hommes. La femme n'était pas la seule victime. Il nous faisait apparaître comme des nazis, des brutes et des tortionnaires ».
  14. Alexandre Minkowski, Un Juif pas très catholique, autobiographie, Ramsay, 1980, p. 171 : « Par miracle, leurs discours ne parvinrent pas à entamer ma profonde compassion pour la misère palestinienne. Je pense depuis toujours que ce peuple a le droit d'avoir en propre un pays, un État ».
  15. « La galaxie Minkowski », Le Figaro, le 2 juin 2011, p. 24.