Alcide-Joseph Lorentz

caricaturiste et dessinateur français, peintre et lithographe, enseignant
Alcide-Joseph Lorentz
Autoportrait (1841)[1]
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Alcide-Joseph Lorentz, né le à Paris et mort le à Paris 16e, est un peintre d'histoire, dessinateur et enseignant français. Il fut un caricaturiste et lithographe assez renommé dans le Paris romantique, signant parfois ses productions d'un monogramme, « JAL ».

Biographie modifier

Alcide-Joseph Lorentz expose au Salon de Paris en 1841, 1847, 1848 et 1850, essentiellement des peintures représentant des scènes de la vie militaire sous le Premier Empire ; il réside à cette époque rue Neuve-Coquenard[2]. Son tableau Une revue au Carrousel (1850) est acheté par l'État (musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne)[3].

Avant d'exposer au Salon, Lorentz est l'ami intime de George Sand dont il fait la couverture du premier ouvrage, Rose et Blanche (1831)[4], mais aussi d'une « bande d'amis » un peu bohème, comme il en existait juste après la révolution de Juillet, qualifié de « cercle du Doyenné » ; la plupart vivait tous dans le quartier du Louvre, au niveau du Carrousel, sur les restes de l'ancienne église Saint-Louis-du-Louvre : c'est Théophile Gautier qui en témoigne, rappelant à ses lecteurs, qu'une fête y fut organisée grâce aux soins de Gérard de Nerval, Camille Rogier, Arsène Houssaye, Célestin Nanteuil, et Lorentz composa pour l'occasion des motifs en forme d'arlequin[5]. À cette époque, Lorentz, vingt ans, vit rue Notre-Dame-des-Victoires ; lui aussi y reçoit ses amis, on y retrouve Nerval, mais aussi Théodose Burette, Bouchardy, La Bédollière, Brot, Perrin, un mélange de dessinateurs, graveurs, poètes et futurs dramaturges, auquel se joint bientôt un jeune peintre, Théodore Rousseau, ami d'enfance de Lorentz. Durant l'été 1834, Lorentz rejoint Rousseau qui s'était retiré dans le Jura, au col de la Faucille, pour peindre, protégé par un certain comte de La Fortelle. Lorentz laissa un portrait de son ami en souvenir de ce périple qui les mena jusqu'en Suisse, vers la mi-octobre ; ils rentrèrent à Paris en décembre. L'année 1836 fut décisive : Lorentz, Rousseau, et tant d'autres de sa génération, sont refusés au Salon pour leurs envois de peinture[6]. En janvier, il était annoncé comme dessinateur-collaborateur au journal Le Monde dramatique[7].

Au contraire de ses tableaux, Lorentz commence à placer ses dessins dès le début des années 1830. Il semble commencer dans les pages de L'Artiste (1833)[8]. Durant l'été 1838, est inaugurée au sein des Conserts-Musard, rue Vivienne, une nouvelle salle conçue en un décor moyenâgeux, pour lequel Lorentz a produit des « peintures spirituelles »[9]. Il fait son entrée dans le monde des auteurs caricaturistes en 1840, composant un double recueil intitulé Fiasco, mêlé d'allégories. Livre-album iconographicocomique, contenant plusieurs dizaines de dessins légendés lithographiés chez Rigo frères et édités chez « Auguste, élève de Lambert ». Il collabore ensuite à La Caricature et au Charivari dirigés par Charles Philipon, y produisant des portraits charges pour le « Miroir drolatique » (George Sand ; Franz Liszt ; Alfred de Vigny, 1842).

Vers 1840-1842, il fait partie avec Daumier, Trimolet et Vernier, des illustrateurs de recueils comique à la mode appelés Physiologies ; d'abord chez Ernest Bourdin (La femme entretenue ; Le Jour de l'an ; Le fumeur[1]), puis chez Aubert (maison cofondée par Philipon)[10], y publiant Le floueur[11]. Lorentz est aussi l'auteur à la même époque de l'affiche de lancement et des vignettes de l'Histoire de l'Empereur, racontée dans une grange par un vieux soldat de Balzac, chez Dubochet et Jules Hetzel[12]. Toujours pour Aubert, il composera plusieurs albums comiques lithographiés[8].

Fin 1847, il signe, selon Henri Beraldi[13], un « album à succès », Polichinel, ex-roi des Marionnettes devenu philosophe (Willermy éditeur), chargeant le roi Louis-Philippe et son régime, sous la forme d'un récit illustré de nombreuses vignettes gravées sur bois — certaines exécutées par Noe͏̈l-Eugène Sotain (d)   —, la préface étant constituée d'une sorte de bande dessinée[14]. En avril 1848, il présente à l'Ambigu-Comique, une pièce de sa composition, intitulée La Famille de l'ouvrier, avec entre autres Charles Fechter et Charles de Chilly[15]. On sait par ailleurs qu'il était inscrit à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques puisqu'il figure dans l'annuaire des fondateurs[16].

Inspiré par son aîné Paul Gavarni, il poursuit ses publications au début du Second Empire, avec entre autres suites lithographiques, La Bourse, ou cette affiche[17] pour Tournachon, Nadar jeune et Cie, artistes photographes (1856). On retrouve ensuite sa signature dans le Petit Journal pour rire (1861-1862), La Lune (1865-1868), L'Éclipse (1869) et Le Monde pour rire (1871)[8].

Il est l'auteur d'un singulier récit, Dernier jour de l'exposition de 1865 : revue galopante au Salon (Paris, 1865), plaquette dédiée au critique d'art Jean-Antoine Luthereau et dans laquelle il tacle l'exposition personnelle de Gustave Courbet[18]. Au début des années 1860, il entretient avec les Nadar (Félix et Adrien) une correspondance, qui laisse entrevoir un homme aux abois, criblé de dettes, vivant seul avec sa mère malade, jamais à court d'idées de « bonheur universel », et à qui le régime impérial aurait refusé l'ouverture d'un théâtre de marionnettes satiriques[19]. Quant aux frères Goncourt, ils ne l'épargnent pas dans leur Journal :

« Il y a un imbécile, un caricaturiste manqué et inconnu, du nom de Lorentz, un homme dont Gavarni fait, on ne sait pourquoi, un grand cas. Celui-ci est un imbécile à idée, tranchant, coupant la parole à tous... »

(30 août 1860) ; et d'expliquer, en somme, qu'il souhaitait installer des chauffe-marmites en haut des réverbères pour que le peuple y prépare sa soupe[20].

Clément-Auguste Andrieux se signale comme ayant été son élève[21]. Il est inhumé au cimetière des Batignolles[22].

Autres ouvrages illustrés modifier

Lorentz a participé à l'illustration de nombreux ouvrages en donnant des dessins destinés à être traduits en gravures sur bois, parmi lesquels[8] :

Collections publiques modifier

Bibliothèque nationale de France

Musée des Arts décoratifs (Paris)

Musée barrois (Bar-le-Duc)

  • Arlequin, gouache et aquarelle sur papier, 58 x 22,5 cm, 1882.

Musée Carnavalet

  • Défilé de la gendarmerie de la Seine[23], huile sur toile, 25 x 61,5 cm, août 1857.
  • Garde national blessé (épisode de la révolution de 1848)[24], huile sur toile, 78,3 x 56,4 cm, août 1858.

Musée national de l'éducation (Rouen)

  • Exercice au Salon[25] : annonce publicitaire pour Jules-Léandre Pichery, gymnaste-médecin, représentant une sculpture de femme en train de pratiquer la musculation avec des extenseurs, litho., 1854

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Théodose Burette, La Physiologie du fumeur, Paris, Ernest Bourdin, 1841 — sur Gallica.
  2. Fiche exposant Salon de 1850, base salon du musée d'Orsay.
  3. Centre national des arts plastiques — Notice d'attribution.
  4. Ils s'écrivaient encore en 1869, comme en témoigne cette lettre — Vente Sand, étude Brissonneau, 24 novembre 2017, lot 8.
  5. Théophile Gautier, « Marilhat », In: Revue des Deux Mondes, période initiale, tome 23, 1848, pp. 56-75sur Wikisources.
  6. Alfred Sensier, Souvenirs sur Théodore Rousseau, Paris, Téchener, 1872, pp. 44, 55-76, 90sur archive.org.
  7. Le Monde dramatique, Paris, 1er janvier 1836, p. 4 — sur Gallica.
  8. a b c et d [PDF] « Les dessinateurs de l'édition Furne de la Comédie Humaine : Lorentz » par Claire Scamaroni [notice], Paris, La Maison de Balzac, p. 15 — en ligne.
  9. L'Indépendant, Paris, 2 août 1838, p. 2 — sur Gallica.
  10. (en) James Cuno, « Charles Philipon, La Maison Aubert, and the business of caricature in Paris, 1829-41 », Art Journal, vol. 4, no 353,‎ , p. 347-354 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Physiologie du floueur : voir l'exemplaire du Getty Research Institute — sur archive.org.
  12. [Affiche] Histoire de l'Empereur, Notice bibliographique, Catalogue général de la BNF.
  13. Henri Beraldi, Les graveurs du Dix-neuvième siècle, tome IX, Paris, Conquet, 1889, p. 190.
  14. Voir l'exemplaire de la réédition de 1849, Louis-Philippe, ex-roi des marionnettes, ou, Polichinel devenu philosophe (Getty Research Institute) — sur archive.org.
  15. Xavier Durrieu, « La plus grande… », Le Courrier français, Paris, no 113,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  16. Annuaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, volumes 1 et 2, Paris, Commission des auteurs et compositeurs dramatiques, 1869, cf. index — en ligne.
  17. Tournachon, Nadar j[eu]ne et Cie, Notice bibliographie, Catalogue général de la BNF.
  18. Dernier jour de l'exposition de 1865, voir pp. 14-15, sur Gallica.
  19. « Collection d'autographes formée par Félix et Paul Nadar » vol. XVII Lemaître-Lysès], sur Gallica.
  20. Propos rapportés par Antoine Compagnon, dans Baudelaire: L'Irréductible, Flammarion, 2014, notes 22-24.
  21. Andrieux, Fiche exposant SAF 1880, base salons du musée d'Orsay.
  22. 32e division. Registre journalier d'inhumation du cimetière des Batignolles de 1889 en date du 11 juillet.
  23. Défilé de la gendarmerie de la Seine, Notice objet, Catalogue en ligne Paris-Musées.
  24. Garde national blessé, Notice objet, Catalogue en ligne Paris-Musées.
  25. Notice objet, Catalogue des collections en ligne, sur reseau-canope.fr.

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