Affaire des viols collectifs de Derby

Crimes sexuels sur mineurs commis à Derby

L'affaire des viols collectifs de Derby est une affaire d'abus sexuels commis par un groupe d'hommes à Derby, en Angleterre[1],[2],[3]. En 2010, après une enquête sous couverture par la police du comté de Derbyshire, les membres du cercle pédophile ont été accusés de 75 infractions relatives à 26 filles, sur la centaine mentionnée durant l'enquête. Neuf des 13 accusés ont été reconnus coupables de viols sur des mineurs de 12 à 18 ans. Ces crimes ont suscité des controverses publiques en raison de l’appartenance ethnique des protagonistes de l'affaire[4]. En effet, la plupart des membres du gang sont d’origine asiatique, tandis que leurs victimes sont quasi exclusivement d'origine européenne[5].

Affaire des viols collectifs de Derby
Titre Affaire des viols collectifs de Derby
Fait reproché viol, pédophilie
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Ville Derby
Nombre de victimes 26

Contexte modifier

Depuis le début des années 1980 jusqu'au début des années 2010, dans des villes d'Angleterre, plus de 4 000 enfants ont été abusés sexuellement, parfois torturés, parfois prostitués, par des bandes criminelles organisées ou des groupes informels d'hommes[6],[7]. En 2011, une première série d'agressions sexuelles est rendue publique par la presse[8]. Des enquêtes, conduites par des associations caritatives, puis par le gouvernement britannique, ont permis d'éclaircir les faits, soulignant notamment l'incurie des services sociaux et de la police locale, et de prendre des mesures appropriées pour assurer la protection des enfants[6],[9]. Dans certains cas, l'exploitation de mineurs durait depuis plus de 15 ans[10]. L'appartenance ethnique et les origines culturelles des victimes, et, surtout, celles des criminels, ont focalisé l'attention des médias et de l'opinion publique en Angleterre[11],[7],[12].

Membres et modus operandi du gang modifier

Le gang était basé à Derby et la police suppose qu'ils se sont rencontrés par une attraction partagée pour les jeunes filles. Les leaders étaient Abid Mohammed Saddique et Mohammed Romaan Liaqat, deux hommes mariés et pères de jeunes enfants[13],[14]. Les vidéos de vidéosurveillance ont montré que les chefs de gang faisaient des efforts répétés pour inciter deux jeunes filles debout sur le côté de la route à monter dans leur voiture[3]. Saddique a été accusé d'avoir une activité sexuelle avec un enfant de 12 ans dans le Darley Park, et Liaqat a été accusé d'avoir eu des rapports sexuels avec un enfant de 14 ans dans son véhicule. Deux victimes ont été menacées avec des marteaux tandis qu'une autre a été enfermée avant d'être violée[15].

Procès modifier

Le tribunal a accusé le gang de 75 accusations relatives à vingt-six filles, allant du viol à l'intimidation, les médias ayant pour leur part évoqué un nombre de victimes potentielles d'environ cent. Les hommes ont été jugés en trois procès distincts[16].

Nom Jugement
Abid Mohammed Saddique viol, agression sexuelle, pédophilie, pédopornographieetc.
Mohammed Romaan Liaqat viol, agression sexuelle, pédophilie, pédopornographie
Akshay Kumar pédopornographie
Faisal Mehmood pédophilie
Mohammed Imran Rehman viol

Controverse modifier

Cette affaire a des controverses politiques sur l'appétence des criminels musulmans d'origine pakistanaise pour les jeunes filles blanches et le taux de criminalité dans cette classe socio-culturelle. L'acteur majeur de ces controverses fut l'homme politique Jack Straw[17].

Ce cas s'est produit après d'autres incidents à Rochdale, Preston et Rotherham, où des gangs composés presque exclusivement d'hommes pakistanais musulmans, avaient été reconnus coupables dans des affaires de viols collectifs et de pédophilie[18]. À l'époque de l'affaire Derby, 50 des 56 hommes condamnés dans les tribunaux anglais pour agression sexuelle étaient des musulmans, la majorité issus de la communauté pakistanaise britannique[17]. Jack Straw, s'appuyant sur ces informations, a déclaré que bien qu'il y ait eu de nombreux délinquants sexuels blancs, il y avait un « problème spécifique » avec les hommes pakistanais ciblant les « filles blanches vulnérables », qu'ils considéraient comme des « proies faciles » pour des abus sexuels[4]. Il a exhorté la communauté pakistanaise à être « plus ouverte » au sujet des abus[19],[20]. Les réactions ont varié, une partie de la classe politique soutenant que ces criminels ne faisaient pas de profilage racial, une autre soutenant qu'il était erroné de catégoriser séparément ces criminels[21].

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. (en-GB) Nick Britten, « Asian gang prowled streets searching for rape victims », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) « Derby sex gang convicted of grooming and abusing girls », sur bbc.com, BBC News, (consulté le ).
  3. a et b (en-GB) Tom Symonds, « Rape gang 'targeted children' », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b (en-GB) « Straw under fire for linking race to sex attacks », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) « Asian gangs, schoolgirls and a sinister taboo: As nine men are jailed for grooming up to 100 for sex, the disturbing trend few dare talk about », Mail Online,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b (en) bureau du Commissaire à l'enfance (en), « If only someone had listened », rapport final de novembre 2013 [PDF], (consulté le ).
  7. a et b (en) Patrick Butler, « Thousands of children sexually exploited each year, inquiry says » [« Une enquête affirme que, chaque année, des milliers d'enfants sont exploités sexuellement »], The Guardian, (consulté le ).
  8. (en) Tony Harcup, Journalism : principles and pratice, Londres, SAGE Publications, , 3e éd. (1re éd. 2004), 271 p. (ISBN 9781446274088, OCLC 950906628), p. 100-102.
  9. (en) Centre contre l'exploitation et pour la protection en ligne des enfants, « Threat assessment of child sexual exploitation and abuse » [« Évaluation de la menace d'exploitation et d'abus sexuel sur mineur »] [PDF], (consulté le ).
  10. (en) Paul Peachey, « Rotherham child abuse report: 1,400 children subjected to 'appalling' sexual exploitation over 16-years », The Independant, (consulté le ).
  11. (en) bureau du Commissaire à l'enfance (en), « I thought I was the only one. The only one in the world », rapport provisoire de novembre 2012 [PDF], (consulté le ).
  12. Philippe Bernard, « L'Angleterre découvre le scandale d'abus sexuels dans le Yorkshire », Le Monde, (consulté le ).
  13. (en-US) Author, « Abid Saddique/Mohammed Liaqat – Normanton/Derby », sur UK Database, (consulté le )
  14. (en) « Sex predators jailed for 'reign of terror' », sur The Independent, (consulté le )
  15. (en) By Jeremy Ball, « Victim groomed by 'evil' Derby sex gang », sur bbc.com, BBC News, (consulté le ).
  16. « Child Exploitation & Online Protection Centre - internet safety - CEOP », sur web.archive.org, (consulté le )
  17. a et b https://www.telegraph.co.uk/news/politics/8248189/Jack-Straw-sparks-row-with-Pakistan-easy-meat-remark.html.
  18. (en) By Tom Symonds, « Is sex abuse grooming a growing problem in the UK? », sur bbc.com, BBC News, (consulté le ).
  19. (en) « Jack Straw : Some white girls are 'easy meat' for abuse », sur bbc.com, BBC News, (consulté le ).
  20. (en-GB) Jamie Grierson et Jamie Grierson Home affairs correspondent, « Most child sexual abuse gangs made up of white men, Home Office report says », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  21. « A new Home Office report admits grooming gangs are not a ‘Muslim problem' | Child protection | The Guardian », sur web.archive.org, (consulté le )