Affaire Yannick Poligné
Affaire Yannick Poligné | |
Fait reproché | viol sur mineur aggravé par l'administration d'une substance nuisible à l'insu de la victime, provocation de mineur à l’usage de stupéfiants, mise en danger de la vie d’autrui et usage illicite de produits stupéfiants |
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Pays | France |
Ville | Paris |
Date | Novembre 2022 |
Nombre de victimes | Une |
Jugement | |
Statut | Affaire non jugée |
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L'affaire Yannick Poligné est une affaire judiciaire mettant en cause un prêtre catholique français du diocèse de Rennes, Yannick Poligné, pour des faits qui se seraient produits le 3 novembre 2022 à Paris sur la personne d'un garçon de 15 ans. Interpellé dans la nuit du 3 au 4, il est mis en examen le 6 novembre des chefs de viol sur mineur aggravé par l'administration d'une substance nuisible à l'insu de la victime, provocation de mineur à l’usage de stupéfiants, mise en danger de la vie d’autrui et usage illicite de produits stupéfiants, et placé en détention provisoire.
Historique modifier
Né en 1970, Yannick Poligné grandit à Bais, village à l'Est de Rennes (Ille-et-Vilaine) en Bretagne. Il est le quatrième enfant d'un père transporteur de porcs et d'une mère exploitante agricole. A 11 ans, il affirme à ses parents vouloir être prêtre. Après trois ans où il travaille dans une agence bancaire à Saint-Malo, il entre au séminaire[1].
Il est ordonné prêtre en 1999 à Rennes. Il séjourne dans une communauté de l'Arche à Bruz et passe par différentes paroisses de la métropole rennaise[2]. De septembre 2009 à août 2014, il est curé de la paroisse Saint-Conwoion et de la paroisse Saint-Melaine dans le pays de Redon[3]. Il succède à l'ancien curé de la paroisse de Redon, Gaël Carissan, écarté en 2008 pour des faits d'agression sexuelle sur mineur commis entre 2004 et 2006, pour lesquels Gaël Carissan a été condamné en 2019 à 5 ans de prison dont 2 ans ferme[4]. Yannick Poligné rejoint en 2014 la faculté jésuite de Bruxelles pour compléter ses études notamment en bioéthique[5]. Pendant cette période, il intervient également lors de retraites au Foyer de charité de Tressaint. Cette parenthèse aurait pu être une parenthèse forcée[6].
Depuis 2016, Yannick Poligné est curé de la paroisse Saint-Louis-Marie en Brocéliande à Montfort-sur-Meu dans le diocèse de Rennes[7]. Il est responsable de la pastorale de la santé au niveau diocésain[6].
Accusations modifier
Le 3 novembre 2022, un jeune homme âgé de 15 ans rencontre, à Paris, Yannick Poligné dont il aurait fait la connaissance sur l'application de rencontres homosexuelles Grindr[8]. Après avoir pris quelques verres dans un bar[6], le jeune homme suit le prêtre dans sa chambre, dans un hôtel 4 étoiles[1], où Yannick Poligné, selon ses déclarations, aurait proposé à l'adolescent de se droguer[9]. Il est cependant soupçonné d’avoir administré ces substances (de la 3-MMC[8] et du GBL[10],[4], un précurseur du GHB) à son insu, afin d’altérer son discernement et le contrôle de ses actes[2],[10].
Yannick Poligné et le mineur ont ensuite une relation sexuelle non protégée, qualifiée par le mineur de violente[9],[8]. Malade à la suite de cette prise de stupéfiants, le jeune homme se réveille peu après minuit et alerte des amies qui le géolocalisent grâce à son téléphone, et informent les pompiers qui viennent le secourir et le transporter à l’hôpital[10],[11].
Yannick Poligné est arrêté dans la nuit du 3 au 4 novembre. A l'issue de sa garde à vue, le 6 novembre 2022, il est mis en examen pour des chefs de viol aggravé par l'administration d'une substance nuisible à l'insu de la victime, provocation de mineur à l’usage de stupéfiants, mise en danger de la vie d’autrui et usage illicite de produits stupéfiants[12],[8], et placé en détention provisoire.
Il aurait indiqué à Pierre d'Ornellas, son évêque, et à ses paroissiens, devoir se rendre à Paris régulièrement pour être soigné d'un cancer[8]. En réalité, il était séropositif au VIH[8], sous trithérapie, et y recevait des injections de botox pour masquer les effets du traitement sur les traits du visage. Il utilisait ses déplacements à Paris pour avoir régulièrement des relations sexuelles avec des hommes dans des hôtels, accompagnées parfois de prises de drogues[11].
Devant les enquêteurs, Yannick Poligné aurait reconnu la consommation des drogues ainsi que des relations sexuelles violentes avec le jeune homme, tout en plaidant que celui-ci était consentant et qu'il ignorait son âge réel, le jeune homme ayant indiqué sur l’application Grindr être majeur[13]. Il aurait expliqué suivre un traitement contre le VIH qui empêche la transmission du VIH lors d’un rapport sexuel[8]. Il aurait nié catégoriquement avoir fait quoi que ce soit de mal[13].
Réactions modifier
Dans un communiqué paru le 10 novembre, Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, déclare « assurer la personne victime de [s]a compassion et de [s]on entier soutien ». Il précise qu'il ira à la rencontre des fidèles de la paroisse Saint-Louis-Marie en Brocéliande dont Yannick Poligné était le curé. Il ajoute avoir « assuré la justice civile de l’entière collaboration du Diocèse, et signalé à Rome les faits auprès du Dicastère pour la Doctrine de la Foi afin de lancer en parallèle une procédure canonique »[12],[14].
Selon une source proche du dossier, des fidèles du diocèse connaissaient l'homosexualité du prêtre et ses difficultés à maîtriser ses pulsions[6]. Pour eux, l'homosexualité et la double vie ne sont pas en contradiction avec la loi, mais ne sont pas cohérents avec son sacerdoce[1].
Depuis quelque temps, ses nombreuses absences et son train de vie intriguaient ses paroissiens. Il s'était acheté une belle voiture neuve et un appartement avec vue sur la mer à Saint-Malo. Selon plusieurs sources, il avait hérité d'un million d'euros légué cinq ans auparavant par un couple dont il avait célébré l'union[1].
Les enquêtes de la gendarmerie et du diocèse n'ont pour l'instant mis en évidence aucune autre accusation ni mauvais comportement auprès des jeunes de sa paroisse[1].
Références modifier
- « La double vie de Yannick Poligné, prêtre accusé de viol aggravé », sur Le Telegramme, (consulté le )
- Ouest-France, « Un prêtre du diocèse de Rennes mis en examen et écroué pour viol aggravé sur un adolescent », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- « Le Père Yannick Poligné, curé des paroisses St-Conwoïon et St-Melaine, de 2009 à 2014 », sur Église Pays Redon, (consulté le )
- « Un prêtre breton mis en examen pour « viol aggravé sur mineur », la communauté catholique sous le choc », Le Monde, (lire en ligne)
- « Le père Yannick Poligné, curé doyen, quitte Redon », sur Ouest France, (consulté le )
- « Bretagne : un prêtre incarcéré pour avoir drogué et violé un mineur », sur Famille Chrétienne, (consulté le )
- « Un prêtre écroué à Paris pour viol aggravé sur un adolescent », sur L'Obs, (consulté le )
- « Chez l’abbé Poligné, accusé du viol d’un ado, des paroissiens abasourdis », sur Le Telegramme, (consulté le )
- « INFO RTL - Un prêtre mis en examen et incarcéré pour viol sur mineur de 15 ans à Paris », sur www.rtl.fr (consulté le )
- « Paris : un prêtre mis en examen, soupçonné d’avoir drogué puis violé un adolescent de 15 ans », sur Libération (consulté le )
- « Un prêtre mis en examen et écroué pour avoir drogué et violé un adolescent de 15 ans à Paris », sur leparisien.fr,
- « Déclaration de Mgr Pierre d’Ornellas », sur rennes.catholique.fr, (consulté le )
- « Le prêtre d'Ille et Vilaine séropositif drogue et viole un adolescent », sur Rennes Info Autrement, (consulté le )
- « Un prêtre de Rennes mis en examen pour viol sur un adolescent : l'archevêque réagit », sur actu.fr (consulté le )