Affaire Meynier Serra

affaire criminelle française

L'Affaire Meynier Serra est une affaire criminelle qui a eu lieu en 2013 en France.

C’est le devant la Cour d'Assises de l'Hérault que s’est ouvert le procès d’Éric Meynier et de son amant Ludovic Serra, surnommés « les amants diaboliques », pour avoir tué Frédéric Flourou en 2009 en l’étranglant et en le jetant au fond d’un puits près de Sérignan dans l’Hérault mais également pour avoir tenté de tuer un jeune homme auparavant[1].

Les faits modifier

Le , le corps de Frédéric Flourou, jeune homosexuel de 31 ans originaire de Béziers, a été découvert au fond d’un puits par un viticulteur dans un vignoble de Sérignan dans l’Hérault.

À la suite d'une soirée arrosée aux alentours du , les assassins auraient fait monter la victime dans leur voiture puis l’auraient conduit dans un lieu isolé au bord de l’Orb avant de l’étrangler à l’aide d’une sangle et de le torturer.

Les prévenus semblaient avoir prémédité leur acte : ils avaient creusé un trou au préalable pour servir de tombe à leur victime à l'aide d'une pelle achetée pour l'occasion, et s'étaient munis d’une sangle. Ils ont cependant fini par jeter le corps inerte de Frédéric au fond d’un puits, après avoir conclu que le trou qu’ils avaient creusé était inadapté[2].

Les coupables sont rapidement identifiés : Eric Meynier, âgé de 30 ans, jeune berger dans le Vaucluse, et son amant Ludovic Serra de 12 ans son aîné, chef de rayon dans une grande surface.

Les gendarmes ont découvert que les deux hommes n’en n’étaient pas à leur coup d’essai : Éric Meynier et Ludovic Serra, désormais connus sous le nom des « amants diaboliques », avaient commis une première agression en novembre 2003 dans la région d'Avignon. Leur première victime était Wilfrid Cerveaux, âgé de 22 ans à l'époque. La victime voyait alors Éric Meynier, et avait rendez-vous avec lui ce soir-là. Mais Éric Meynier, accompagné de Ludovic Serra, l'a agressé, tabassé et caillassé. Wilfrid Cerveaux n'a pu survivre qu'en sautant dans le Rhône en plein hiver.

Malgré une plainte extrêmement précise, identifiant ses agresseurs et donnant des preuves, déposée par Wilfrid Cerveaux après l'agression, Éric Meynier et Ludovic Serra ne seront jamais inquiétés par la police avant d'assassiner Frédéric Florou[3].

La procédure et le jugement modifier

Les deux « amants diaboliques » ont été jugés coupables de l’homicide de Frédéric Flouru en 2009 ainsi que de la tentative d’assassinat de Wilfrid Cerveaux en 2003.

La Cour d’assises de l’Hérault a condamné, à l’issue de 5 jours de procès ayant débuté le , Eric Meynier à 30 ans de réclusion criminelle et Ludovic Serra à 25 ans avec une période de sûreté établie aux deux tiers de la peine initiale. C’est à l’issue de cette période qu’ils pourront demander une libération conditionnelle. Ils n’ont pas fait appel de cette sentence, sur le conseil de leurs avocats.

Eric Meynier a reconnu avoir tué seul Frédéric Flourou, à la suite d'une question de son avocat, sans éprouver le moindre regret ni émotion particulière. Il prétend que c'est son frère décédé qui lui aurait dit de le faire, ce qui a suscité un soupir général dans la salle d'audience[4].

L’avocat général, Manon Brignol, avait requis pour Eric Meynier une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une peine de sûreté des deux tiers. Pour Ludovic Serra, une peine de 25 ans de réclusion criminelle était requise, également assortie d’une peine de sûreté aux deux tiers. Dans son réquisitoire, elle n'a pas mâché ses mots.

« Il faut protéger notre société contre ces deux-là, au moins pendant plusieurs années. Séparément ils ne sont capables de rien mais ensemble Ils peuvent recommencer. Pendant ce procès, ils n'ont manifesté aucun remords. C'est une peine d'élimination qu'il vous faut prononcer. »[1]

— Manon Brignol, procureur

En fin de journée, après les plaidoiries des avocats des accusés, la Cour s’est retirée pour délibérer. Ce n’est qu’aux alentours de minuit, après 7 heures de délibérés, que le verdict est tombé. Les jurés ont appliqué la peine requise par le Procureur à l’identique.

Impassibles face aux accusateurs, les accusés ne manifesteront pas la moindre émotion à l’énoncé du verdict.

Le profil des « amants diaboliques » modifier

Eric Meynier a le front déformé par une hydrocéphalie, ce qui lui a valu d’être scolarisé dans un institut médico-pédagogique jusqu’à sa majorité, dans le Vaucluse. Il a expliqué devant le tribunal que cela l’a retardé. Il a vécu son enfance loin de chez lui et de son père alcoolique. Il ne voyait son grand frère que le week-end, il le considérait comme son père. Son grand frère s’est suicidé par pendaison en 2002, Eric n’a jamais compris pourquoi.

Le psychiatre chargé de l’affaire explique qu'Eric Meynier souffrait d’un retard mental. Par ailleurs, il affirme qu’il a des traits pervers, qu'il est capable de manipulation pour satisfaire ses désirs. Il est, selon lui, immature mais pas fou.

L’histoire d’amour entre Eric Meynier et Ludovic Serra a commencé de la plus terrible des façons. Eric était âgé de 15 ans alors que Ludovic en avait 27. Au tribunal, Eric Meynier a expliqué que c’était un viol, que Ludovic Serra avait un couteau, c’est pourquoi il avait peur de lui. Il affirme que Ludovic l’avait obligé à lui faire une fellation dans les bois.

Bien que troublé, et même s’il n’était qu’un adolescent à l’époque, Eric Meynier est pourtant retourné le voir le week-end suivant. Il a expliqué que c’est à ce moment-là qu’il est devenu bisexuel.

C'est alors le début d’une histoire longue de dix ans, dont ils ont honte: ils préfèrent se présenter comme des "cousins"[5]. Lors de cette relation passionnelle, Ludovic Serra aurait été trompé par son compagnon des dizaines de fois, sans que cela ne le gêne. Même si ça le rongeait, il aimait faire ça. Le fait de regarder lui était agréable, comme si c’était un film à la télévision.

Condamnation de l’État modifier

En 2017, l’État est condamné pour faute lourde par le tribunal de Nîmes, qui accorde à Wilfrid Cerveaux première victime en 2003 d'une tentative d'assassinat d’Eric Meynier et de Ludovic Serra 6.000 euros au titre du préjudice moral. L’adjudant Francis Navarro qui avait « enterré » l'affaire a été radié des cadres de la Gendarmerie[6],[7].

Notes et références modifier