Affaire Manuela Gonzalez

affaire criminelle française

L'affaire Manuela Gonzalez est une affaire criminelle française dans laquelle Manuela Gonzalez assassine son mari Daniel Cano à Villard-Bonnot, dans l'Isère, le .

Affaire Gonzalez
Titre Affaire Manuela Gonzalez
Fait reproché Homicide
Chefs d'accusation Assassinat
Pays Drapeau de la France France
Ville Villard-Bonnot (Isère)
Nature de l'arme Indéterminée
Type d'arme Indéterminé
Date
Nombre de victimes 1 : Daniel Cano
Jugement
Statut Affaire jugée

Description modifier

Manuela Gonzalez est une femme âgée de 47 ans à la mort de son mari Daniel Cano, et qui a été condamnée pour le meurtre de ce dernier. Elle est surnommée « la veuve noire de l'Isère », en référence à cette araignée qui tue son partenaire après l'accouplement.

Le 28 septembre 2008, en pleine nuit un incendie se déclare dans la chambre où se trouve Daniel Cano. Daniel Cano, sous l'emprise de somnifères, se réveille et parvient malgré tout à sortir de la chambre. Grâce à l'intervention des pompiers, cet incendie dont la cause n'est pas déterminé est maîtrisé. Manuela Gonzalez n'est pas inquiétée.

Un mois plus tard, le , un promeneur découvre une voiture calcinée dans un champ à Villard-Bonnot. Le corps méconnaissable d'un homme est trouvé à l'arrière du véhicule, et celui d'un chien dans le coffre. Sur la base des restes de la plaque minéralogique et de traces d'ADN, le corps est identifié comme celui de Daniel Cano.

Ce n'est qu'à la suite de l'assemblage des faits antérieurs avec la mort de deux des anciens compagnons de Manuela Gonzalez par des faits similaires que l'instruction finit par qualifier l'acte de tentative d'assassinat : François Collazo en 1989 et surtout Thierry Lechevallier en 1991. Des traces d'anxiolytiques sont retrouvées lors de l'autopsie du corps de Daniel Cano, ce qui montre qu'il a ingéré trois somnifères. Les gendarmes relèvent par ailleurs que Manuela Gonzalez a été impliquées dans plusieurs escroqueries.

Le mobile du meurtre établi est une somme de 235 000 euros provenant de deux contrats d'assurance-vie ainsi qu'une exonération de remboursement du prêt.

Manuela Gonzalez est condamnée a 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son dernier mari.

Procès et condamnation modifier

Lors du procès devant la cour d'assises de l'Isère en 2014, son avocat, Me Ronald Gallo, plaide l'acquittement, tandis que le parquet requiert 30 ans de réclusion criminelle et est suivi par le jury. Devant la sévérité de la peine, Manuela Gonzalez et son avocat grenoblois ont immédiatement interjeté appel. Elle est libérée une première fois en raison d'un délai trop long entre son premier procès et l'appel.

Manuela Gonzalez n'a cessé de clamer son innocence et nie catégoriquement avoir d'abord tenté d'assassiner son époux en septembre 2008, puis d'être parvenue à ses fins : « Je souffre de la perte de mon mari » et « si je ne pleure pas on me juge froide (…) si je pleure on dit que je fais la comédie », a confié l'accusée, entre deux sanglots. Ses avocats ont décrit une famille « harmonieuse », en couple depuis près de 20 ans, où chacun s'occupait de l'enfant de l'autre. Et une veuve affectée par la mort de son mari, malgré les tensions dans le couple.

Ses arguments n'ont pas convaincu en appel : la sentence est confirmée en 2016 par la cour d'assises de la Drôme, une condamnation qui intervient bien qu'il n'y ait « aucune preuve évidente », selon l'avocat de l'accusée. La femme de 55 ans va devoir retourner en prison après plus de cinq ans de détention provisoire.

Son avocat annonce un pourvoi en cassation le lundi 30 mai 2016, mais il est rejeté. Manuela Gonzalez formule ensuite un pourvoi devant la Cour européenne des droits de l'homme, mais elle est finalement déboutée.

Investigations sur des faits antérieurs modifier

En 27 ans, cinq de ses compagnons ou maris ont connu un destin terrible : trois d'entre eux sont morts, deux autres ont échappé à un empoisonnement. C'est le 31 octobre 2008 que le corps sans vie de son mari Daniel Cano a été retrouvé sur la banquette arrière du véhicule incendié tout près du village de Villard-Bonnot en Isère.

Des similitudes existent entre la mort de Daniel Cano et la mort de deux de ses anciens compagnons, ces derniers ayant en effet péri intoxiqués dans des circonstances troubles. Des faits pour lesquels Manuela Gonzalez n'a jamais été mise en cause, mais qui lui valent ce fameux surnom de « veuve noire de l'Isère ». Pour l'avocat général, le mobile était « criant de vérité » : l'argent. L'addiction aux jeux, des problèmes avec son l'auto-école, fermée après un trafic de permis : elle contracte alors un emprunt de 165 000 euros sur le dos de son mari.

La thèse du suicide est balayée par Me François Leclerc, avocat des parties civiles, car selon lui : « Le corps de Daniel Cano a été retrouvé à l'arrière de la voiture. La voiture a été retrouvée sans clé de contact, ni sur le contact, ni à l'intérieur de la voiture, ni sur le corps de Daniel Cano, ni autour de la voiture. C'est donc bien que quelqu'un a conduit cette voiture et ce n'est pas Daniel Cano. On n'a pas retrouvé non plus le récipient qui a servi à mettre le carburant qui a mis le feu à la voiture. ». Il déclare que Manuela Gonzalez est une « menteuse en série » pour qui « l'argent est le nerf de la guerre ».

Me Leclerc a également déclaré : « Il faut tuer Daniel Cano parce que dès qu'il sera mort, l'assurance du crédit hypothéqué marchera et ce sera 165 000 euros de gagné, évoquant aussi l'héritage de la maison, les apports d'une assurance-vie et d'un contrat de prévoyance. Il ne faut pas que ce soit un suicide sinon tout tombe à l'eau, donc encore de la drogue et encore du feu. »

Deux autres cadavres traînaient en effet dans ses placards. Ceux d'anciens compagnons de cette fille d'immigrés espagnols morts, l'un dans l'incendie du cagibi où a été découvert son corps, l'autre asphyxié dans son garage par des gaz d'échappement.  Des suicides, d'après Manuela, qui s'en était alors sortie sans poursuites judiciaires. Et pourtant, à chaque fois, la jeune femme avait récupéré, ou tenté de récupérer, de belles sommes d'argent. Une affaire « qui ressemble à un drame antique », selon la presse. Et pourtant, pas l'ombre d'une preuve matérielle.

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

Articles de presse modifier

Documentaires télévisés modifier

Émission radiophonique modifier

Article connexe modifier