Acte des six articles

L’Acte des Six Articles visant à établir la suprématie de la religion anglicane en Angleterre fut publié en 1539.

La réalité de transsubstantiation de la doctrine catholique romaine est contestée. En vertu de cet acte, les persécutions contre les catholiques et contre les opposants à l'anglicanisme reprirent.

Circonstances modifier

En 1538, les luthériens envoyèrent à Londres trois théologiens (le vice-chancelier de Saxe Francis Burkhardt, un docteur en droit nommé George von Boyneburg, et le directeur de l'Église de Gotha Friedrich Myconius) pour débattre à Lambeth avec les évêques et prêtres anglicans[1]. Pour lancer le débat, les émissaires allemands présentèrent un certain nombre de propositions tirées de la Confession d'Augsbourg. Les évêques Tunstall, Stokesley et d’autres se défiaient de ces entrevues avec des Protestants et firent tout leur possible pour faire échouer un accord. S’ils approuvaient en effet la sécession avec Rome, leur désir consistait plutôt à s’unir à l’Église orthodoxe grecque[2]. Les évêques n'entendaient pas non plus mettre un terme à ce que les Allemands qualifiaient d’« abus » de l'Église (par ex. l'injonction de célibat des prêtres, l’interdiction des messes privées, et la vénération des saints) et que l'Église protestante d'Angleterre continuait à pratiquer[3]. Pour Stokesley, ces points étaient essentiels parce qu’ils correspondaient à la pratique de l’Église grecque[2], comme on appelait alors l’Églises des sept conciles. L’archevêque Cranmer, au contraire, était favorable à un accord avec les Allemands. Le roi Henri VIII, attaché aux pratiques catholiques, finit par dissoudre le concile[3].

La loi modifier

Henri VIII était d'ailleurs mal à l'aise depuis l'irruption de ces savants luthériens avec leur théologie dans son royaume. Le , le Parlement fut réuni pour la première fois depuis trois ans. Le , la Chambre des lords créa une commission avec la représentation paritaire habituelle des différentes confessions pour approfondir et fixer certains points du dogme. Au bout de onze jours, le duc de Norfolk observa que les participants n'étaient parvenus à s'entendre sur aucun point et suggéra de soumettre aux Lords six points précis de doctrine, qui formèrent par la suite le fondement des Six Articles. Ces articles réaffirmaient le dogme catholique traditionnel sur les points suivants :

  1. réalité de la transsubstantiation,
  2. conformité de tenir le laïcat à l'écart au cours de la communion,
  3. célibat des prêtres,
  4. observance de la chasteté,
  5. permission de célébrer des messes privées,
  6. importance de la confession auriculaire[4].

Les peines prévues par la loi pour manquement au dogme allaient de la simple amende à la peine de mort en passant par la prison. Cependant, ces dispositions furent attenuées par une nouvelle loi en 1540, qui limitait la peine capitale au déni de la transsubstantiation, et une autre loi en supprima les aspects arbitraires.

Conséquences modifier

L'inspiration catholique des articles de cette loi tranche avec les réformes ecclésiastiques ultérieures d’Henri VIII, comme l'affirmation de la nécessité d’une Bible anglaise et l’interdiction des reliques, deux mesures prises en 1541.

Alors que la Loi des Six Articles était sur le point d’être adoptée par le Parlement, Cranmer envoya sa femme et ses enfants à l'étranger : jusqu'alors, sa famille s'était simplement cachée, sans doute à Ford Palace dans le Kent. La loi fut effectivement votée à la fin du mois de juin, forçant Hugh Latimer et Nicholas Shaxton à renoncer à leur diocèse respectif en raison de leur opposition ouverte à la loi[5]. À la mort d’Henri VIII, les articles furent abrogés par son fils Édouard VI.

Annexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  • Diarmaid MacCulloch, Thomas Cranmer: A Life, London, Yale University Press, (ISBN 0-300-06688-0)

Notes et références modifier

  1. D’après MacCulloch (1996).
  2. a et b The Reformation In England, vol. 2 livre 3, Edimbourg, Banner of Truth Trust, (ISBN 0-85151-487-1, lire en ligne)
  3. a et b Cf. MacCulloch (1996), p. 213–221
  4. Cf. Jasper Ridley, Thomas Cranmer, Oxford: Clarendon Press, (OCLC 398369), p. 180
  5. Cf. MacCulloch (1996), p. 235–250