Ash-Shâfi'î

imam
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Ash-Shâfi'î
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Mausolée de Imam al-Shafi'i (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
مُحَمَّدُ بْنُ إِدْرِيسَ الشَّافِعِيُّ المُطَّلِبيّ القُرشيّVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
أبو عبد الله, الإمام المُجدِّد, عالم العصر, ناصر الحديث, إمام قُريش, فقيه الملَّةVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Maîtres
Mâlik ibn Anas, Abdullah ibn Nafeh Al-Sayegh (d), Ibrahim ibn Muhammad ibn Abi Yahya Al-Aslami (d), Hisham ibn Yusuf Al-Sanani (d), Hammad ibn Osama (d), Yahya ibn Hassan Al-Tanisi (d), Ibn ʻAlīyah (en), Abdul Aziz Al-Darawardi (d), Muslim ibn Khālid al-Zanjī (d), Mouhammad Al-Shaybânî, al-Zahrī (d), Sûfyân ibn ’unaynah (en), Wakee ibn al-Jarrah (en), Allaythu ibn Sa’d (en), Abd-al-Wahhab ath-Thaqafí (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Titre honorifique
Imam (d)
Prononciation
Œuvres principales
Al-Risala (d), Kitab al-Umm (d), Musnad al-Shafi'i (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Abu Abdullah Muhammad bin Idris ash-Shâfi'î (أبو عبد الله محمد بن إدريس الشافعي) (767, Gaza, Palestine - 820, Égypte), ou imam ash-Shafi'i, est un théologien (alim) et juriste (faqih) musulman arabe, fondateur de l'école (madhhab) de jurisprudence islamique chaféite. Il est notamment l'auteur de l'ouvrage Rissala, considéré comme l'un des tout premiers manuels des fondements du droit musulman (usul al-fiqh).

Illustre savant réputé aussi bien pour sa maîtrise du droit islamique que de la langue arabe, son influence demeure à ce jour considérable dans le monde musulman.

Histoire modifier

L'imam Shafi'i naît en 767 à Gaza en Palestine. Il appartient à la tribu arabe de Quraych[1].

Son père est mort alors qu'il est encore enfant. Sa mère l'élève dans la pauvreté en voulant faire de lui un bon musulman. Il passe beaucoup de temps parmi les bédouins et acquiert ainsi une grande connaissance de la poésie arabe.

Dans sa jeunesse, il se rend à Médine pour étudier la jurisprudence islamique et le hadîth sous la direction de l'imam Malik[1]. Il y mémorisa complètement le livre Al-Muwatta et pouvait le réciter de mémoire au mot près. Il séjourna dans la ville jusqu'à la mort de l’imam en 801. Il s'en alla ensuite au Yémen pour y enseigner et il y fut accusé de tendances chiites en l'an 805. Il put prouver son innocence, grâce à l'intervention d'ach-Chaybani[1], devant le calife Haroun Al-Rachid qui le fit libérer, en l'exonérant de toute faute. Al-Chafii resta en Irak et étudia quelque temps sous Mouhammad ibn Al-Hassan, le célèbre étudiant de Abû Hanîfa.

L'imam Shâfi'î combina en quelque sorte la jurisprudence islamique du Hedjaz (malikite) avec celle d'Irak (hanafite) et créa ainsi sa propre école de jurisprudence. Il rassembla les règles en dictant à ses élèves dans un livre nommé Al-Hujja (l'évidence). Cette rédaction se fit en Irak en 810 et certains de ses élèves apprirent son livre et le propagèrent, tels que l'imam Ahmad Ibn Hanbal et Abou-Thawr.

Il se rendit ensuite en Égypte pour étudier sous l'imam Al-Layth ibn Sad, mais ce dernier décéda peu avant son arrivée ; il put néanmoins étudier son madhhab de par ses élèves qui y étaient toujours présents.

En Égypte il assimila donc la jurisprudence élaborée par l'imam al-Layth et fit rédiger son al-Madhhab al-Jadîd le nouveau madhhab, par opposition à al-Madhhab al-Qadîm, l'ancien, qu'il avait transmis en Irak à ses étudiants dans un livre qu'il nomme Al-Umm. En effet ce voyage en Égypte le confronta à de différentes méthodes d'analyse de hadith et de raisonnements qui induisirent des changements nombreux de ses avis qu'il avait eus en Irak.

Bien que la carrière d’Ash-Shâfi'î se soit aussi déroulée dans le Hidjâz et à Baghdâd, c’est principalement à la fin de sa vie, à Fostat, en Égypte, que son enseignement fut le plus favorablement accueilli et qu’il eut le plus grand nombre de disciples ayant joué un rôle important dans la diffusion de sa doctrine[2]. Les Égyptiens furent tellement marqués par son passage dans leur pays qu'ils continuèrent à lui écrire des lettres pour lui poser des questions juridiques des siècles après son décès[3].

 
Mausolée d'al-Shafi'i au Caire

Ses principaux élèves qui continuèrent son œuvre sont al-Muzani qui en rédige un abrégé[2], Al-Maradi, Al-Buwayti, Abû ʿAlî al-Hasan az-Zaʿfarânî et Abû ʿAlî al-Husayn al-Karâbîsî[2].

L'imam Al-Chafii est le premier imam à avoir systématisé les principes fondamentaux de la jurisprudence islamique, comme dans son livre Ar-Risâlah. À ce titre, il est considéré comme le fondateur des usul al-fiqh[1].

Croyance ('Aqîdah) modifier

L'Imâm était très fortement opposé à l'anthropomorphisme consistant à croire que Dieu serait un corps ou qu'Il aurait des attributs propres aux corps humains. Dans son livre "al-Achbâh wa n-Nadhâ-ir" , l’Imâm As-Souyoûti qui compte de parmi les grands savants de l'école (madh-hab) de l'Imâm Ash-Shâfi'i rapporte : « Ash-Shâfi’i a dit : “On ne déclare pas mécréant quelqu’un qui fait partie des gens de la Qiblah” [As-Souyoûti ajoute : ] et il (c’est-à-dire l’Imâm ASh-Shâfi’i) a exclu le moujassim (anthropomorphiste) ainsi que celui qui nie que Allâh connaît les détails de toute chose (c’est-à-dire que ces deux groupes sont déclarés mécréants par l'imâm)[4]. »

De nombreux autres savants ont mentionné cela de lui comme le chaykh Ibn Hajar Al-Haytami[5], le Chaykh Moullâ ‘Ali Al-Qârî[6] et le Chaykh As-Soubki Al-Azhari[7].

Au sujet de la question de l'istiwâ (établissement, position assise- sur le Trône), l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a rapporté la position de l'Imâm Ash-Shâfi'i en disant : « Notre Imâm Ash-Shâfi’i, lorsqu’il a été interrogé à ce sujet [c’est- à-dire concernant l’istiwâ de Allâh ; comme le verset : « Ar-Rahmânou ‘ala l-archi stawâ »] a dit : « J’ai cru fermement en cela sans assimilation, j’en ai reconnu la véracité sans attribuer d’image, je me suis fait à l’idée que j’étais incapable d’en atteindre la réalité et je me suis abstenu d’engager une discussion à ce sujet d’une totale abstention.» [Dans son livre Al-Bourhânou l-Mou-ayyad][8].

Ainsi l'Imâm Ash-Shâfi'i confirmait le fait de croire fermement à l'istiwâ sans assimilation et sans attribuer d’image à Dieu. C’est-à-dire qu’il a accepté les termes mentionnés dans le Qour-ân sans en comprendre un sens qui implique l’assimilation (tachbîh) et qui sont indigne de Dieu comme la position assise, l’installation, ou l’établissement sur le trône. Cette position de l'Imâm Ash-Shâfi'i a également été mentionnée par Ibn Kathîr dans son exégèse coranique[9]. Et de nombreux savants ont mentionné que l'Imâm Ash-Shâfi'i considérait non-musulmans ceux qui croient que Dieu serait assis sur le trône. Parmi eux le Chaykh Ibnou Rif'ah[10] et le Chaykh Ibnou Mou’allam al-Qourachi[11].

Cependant, Ash-Shâfi'i désapprouvait l'usage de l'excommunication. Il était hostile aux mu'tazilites précisément pour cette raison : ces derniers abusaient du takfir, qui consiste à déclarer mécréant son adversaire. Mais il s'opposait à eux également sur un les Sources. tandis que les mu'tazilites mettaient l'accent sur l'usage de la raison, lui réduit l'importance du ra'y au profit de la tradition (sunna)[1].

Théorie du califat modifier

Les opinions d'ach-Chafi'i sur le califat sont exprimées dans son Kitab al-Umm. À ses yeux, le califat est une nécessité. Le calife doit être de descendance quraychite. Il n'est pas nécessaire qu'il soit élu[12].

Critique du conformisme juridique modifier

Dans sa célèbre Risâla, Ash-Shâfi'î s'attaque radicalement au conformisme juridique (taqlîd). Il vise d'une part à discréditer les traditions locales comme sources juridiques, d'autre part à empêcher que l'on cite les avis des grands imams comme arguments d'autorité, sans autre preuve à l'appui que la stature et la renommée de l'auteur. D'après ses biographes, il était lui-même contre le fait que l'on se réclame de lui et qu'on fasse de sa doctrine l'objet d'un nouveau conformisme après sa mort[2].

Œuvres modifier

  • Ar-Risâlah fî Usûl Al-Fiqh (« Épître sur les fondements du droit ») : ouvrage de principes fondamentaux de jurisprudence.
  • Ses exégèses de certains versets du Coran ont été rassemblés par le chaféiste Al-Bayhaqiy dans un livre intitulé Ayat ul-Ahkam.

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. a b c d et e Hervé Bleuchot, Droit musulman. Chap. II, Section I, §7, Presses universitaires d'Aix-Marseille, (lire en ligne)
  2. a b c et d Chaumont, É. "al-S̲h̲āfiʿiyya." Encyclopédie de l'Islam . Comité de redaction: P. Bearman; Th. Bianquis; C.E. Bosworth; E. van Donzel; H.A.R. Gibb (V olume I: 1-320); W.P. Heinrichs; J.H. Kramers; G. Lecomte; E. Lévi-Provençal; Bernard Lewis; V.L. Ménage; Charles Pellat; Joseph Schacht. Brill, 2011. Brill Online. SCD PARIS III SORBONNE NOUVELLE . 17 February 2011 <http://www.brillonline.nl/subscriber/entry?entry=eifo_CO M-1021>
  3. (ar) Sayyid ʻUways (ar), Rasa'il ila al-imam al-Shafi'i : Zahirat irsal al-rasa'il ila darih al-imam al-Shafi'i, Le Caire, Alshaya Publishing House,‎ , 2e éd., 388 p. (lire en ligne)
  4. « L’Imâm Ach-Châfi’i déclare mécréant les moujassimah (rapporté par As-Souyoûti) », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Les quatre Imâms déclarent mécréants ceux qui attribuent la direction ou le corps à Allâh », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Les savants du salaf et du khalaf déclarent mécréant ceux qui attribuent une direction à Allâh », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Les savants du salaf et du khalaf déclarent mécréant ceux qui attribuent une direction à Allâh (2) », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Par Sunnite, « L'Imâm Ach-Châfi'i parle de l'istiwâ de Allâh [rapporté par l'Imâm Ar-Rifâ'i] », sur Islam Sunnite, (consulté le )
  9. « Ibn Kathîr parle de l’istiwâ de Allâh », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « L’Imam Ach-Chafi’i déclare mécréant ceux qui ont pour croyance que Allah serait assis sur le trône », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Le Chaykh Al-Qourachi rapporte l’unanimité que celui qui croit que Allah est assis sur le trône est mécréant », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Hervé Bleuchot, « Chapitre II. Section I, §7, 80 », dans Droit musulman, Presses universitaires d’Aix-Marseille, coll. « Droit et religions », (ISBN 978-2-8218-5332-4, lire en ligne)

Liens externes modifier