Abroutissement

consommation de l’écorce des arbres par les cervidés; dégâts afférents aux arbres

L'abroutissement est le nom donné au broutage de broussailles et de jeunes arbres par les animaux sauvages ainsi qu'à la déformation que cette consommation fait subir aux végétaux qui y sont exposés. On s'en sert désormais comme d'un indicateur des relations entre la forêt et le gibier[2]. La pression d'abroutissement est également un indicateur des relations entre ruminants et pelouses, prairies de pâturage ou cultures[3].

Abroutissement du bourgeon terminal d'un épicéa par un lièvre.
Il existe une relation positive entre la hauteur d'abroutissement des végétaux et la hauteur au garrot des herbivores[1].

Dégâts sur les arbres par la faune sauvage modifier

Les arbres sont susceptibles d'assurer une production de bois et de fruits charnus (arbres fruitiers) ou secs (glands, faînes, châtaignes, noix, noisettes….) consommables par l’homme et les animaux. Lorsque la faune sauvage altère ces différentes productions végétales, on parle de dégât, c’est-à-dire « toute action du gibier qui, par sa présence, sa consommation et/ou son comportement, réduit le rendement, actuel ou futur, quantitatif ou qualitatif, d’une production ligneuse ou agricole »[4].

L'abroutissement (prélèvement et consommation des bourgeons, des jeunes pousses vertes et tendres et des rameaux lignifiés) fait partie des principaux dégâts sur les arbres avec le frottis (de frayure et de rut), l’écorçage (consommation d’écorce par les cervidés)[5] et le rongement d’écorce (morsures par les lièvres et les lapins)[6].

Concernant l'abroutissement, il faut distinguer le cas des feuillus de celui des conifères. Pour ces derniers, la suppression du bourgeon terminal se traduit par une compensation : les bourgeons axillaires essaient de prendre la place du bourgeon terminal, que celui-ci soit à la cime de l'arbre ou sur une branche : il y a développement anarchique de ramifications, et transformation d'un arbre monotige en arbre à plusieurs axes simultanés, en rupture avec le caractère monotige qui est généralement le cas des conifères très utilisés par l'industrie forestière; sapins épicés, douglas, pins, ... Pour les feuillus qui ont une structure multicaule, la suppression des bourgeons est moins grave, une tige non abroutie va rapidement devenir dominante et la modification de la structure de l'arbre limitée, voire nulle.


Références modifier

  1. (en) Frank Götmark, Åsa Berglund & Kerstin Wiklander, « Browsing damage on broadleaved trees in semi-natural temperate forest in Sweden, with a focus on oak regeneration », Scandinavian journal of forest research, vol. 20, no 3,‎ , p. 223–234 (DOI 10.1080/02827580510008383)
  2. « L'indice d'abroutissement : un nouvel indicateur de la relation “forêt-gibier” ? », Thierry Chevrier, Sonia Saïd, Carole Toïgo, Jean-Pierre Hamard, François Klein, Christine Saint-Andrieux et Bruno Chopard, Faune sauvage, avril 2006.
  3. [PDF] Anthony Sturbois et al., Gestion de l’abroutissement des cultures par la Bernache cravant : intervenir ou laisser faire ? Expérimentations conduites en baie de Saint Brieuc en partenariat avec les agriculteurs, 2016
  4. Philippe Van Lerberghe, Protéger les arbres contre les dégâts du gibier. Les manchons grillagés, IDF, , p. 6.
  5. « Les causes de ce dégât mixte d’alimentation et de comportement sont complexes et mal connues, mais certainement complémentaires : recherche de lest alimentaire (lignine) pour faciliter le fonctionnement du rumen, satisfaction des besoins en eau en cas d’hiver rigoureux ou de sécheresse prolongée, état de stress excessif d’animaux inquiets lié au dérangement par les promeneurs ou les chasseurs ».
  6. Philippe Van Lerberghe, op. cit., p.8

Voir aussi modifier