Aérodrome de Guyancourt

L'aérodrome de Guyancourt, dans le département français des Yvelines, a été créé par la Société des avions Caudron en 1930. Il a fermé en 1989.

L'aérodrome de Guyancourt en 1950.

Histoire modifier

Création de l'aérodrome modifier

 
L'aile volante de Fauvel à Guyancourt en 1933.

En 1930, la société Caudron fait l'acquisition de terres sur les communes de Guyancourt et de Voisins-le-Bretonneux, afin de créer le nouvel aérodrome de Guyancourt et d'y faire voler ses propres avions. Un chalet en bois et deux hangars Bessonneau sont montés en août 1930. Les premiers avions Caudron s'y posent en octobre.

Le 1er juillet 1933, la société Caudron, en difficulté financière, négocie un accord avec Louis Renault, ce dernier rachetant Caudron qui utilisera alors uniquement des moteurs Renault. L'aérodrome devient alors l'aérodrome "Caudron-Renault". Après avoir racheté la société des avions Caudron, Louis Renault entre au capital d'Air France et participe à la création d'Air Bleu pour le transport postal aérien en France.

L'aérodrome avant la guerre modifier

En 1933, Charles Fauvel procède aux essais de son aile volante de type A.V.2[1]avec un moteur de 32 CV[2].

Hélène Boucher

 
Carte postale de 1933 : Hélène Boucher, l'aviatrice.

Le 8 août 1934, aux commandes d'un Caudron-Renault, Hélène Boucher enlève d'une part le record de vitesse sur 100 km à 412 km/h et d'autre part le record des 1 000 km à la moyenne de 409 km/h (Maurice Arnoux détenait l'ancien record avec 393 km/h). Le 11 août elle s'adjugeait le record du monde féminin à 445 km/h.

La société Renault utilise la célébrité de Hélène Boucher pour promouvoir sa voiture sport de prestige, la Vivasport 6 cylindres (130 km/h, 16 litres aux 100 km pour un prix de 27 700 Francs)[3]. C'est d'ailleurs Marcel Riffart, concepteur du Rafale et chef du bureau d'études Caudron, qui a dessiné la Renault Viva Grand Sport (appelée Vivastella Grand Sport avant 1935). La Viva Grand Sport sera présentée au Salon de Paris en 1934 avec la Nervastella. C'est une automobile qui a été fabriquée par Renault entre 1934 et 1939. Riffart qui a déjà dessiné des avions profilés, réalise une carrosserie spécialement étudiée pour l'aérodynamisme. Très large (1,72 m), elle permet l'installation de 3 personnes de front. Elle adopte un moteur 6 cylindres en ligne de 4,1 litres de cylindrée en position longitudinale à l'avant.

 
Hélène Boucher devant son Caudron Rafale.

Mais le 30 novembre 1934, H. Boucher se tue à 26 ans lors d'un vol d'entrainement aux commandes d'un Caudron C.430 « Rafale »[4]. La presse évoque une perte de vitesse à l'atterrissage, l'avion accroche les cimes des arbres au-dessus du bois de la croix de Magny les Hameaux et s'écrase. Les pilotes Raymond Delmotte, Fouquet et Goury, témoins de l'accident, arrivent les premiers sur les lieux. Hélène Boucher gravement blessée est évacuée vers l'hôpital de Versailles, mais meurt dans l'ambulance dans la côte de Satory à Guyancourt.

Le 3 décembre 1938, c'est le Père Noël qui descend du ciel les bras chargés de cadeaux pour les enfants de Guyancourt et de Voisins-le-Bretonneux. Cette manifestation a été organisée par Jacques Menget qui effectue avec Pierre Raphaël des essais sur l'aérodrome pour la mise au point d'un parachute militaire permettant de larguer des charges lourdes. Jacques Menget et Pierre Raphaël ont effectué le 19 mars 1937 un saut de 600 mètres sur le terrain de Guyancourt, largement médiatisé[5].

L'aérodrome pendant la guerre modifier

L'aérodrome de Guyancourt a accueilli un temps la fameuse escadrille des Messerschmitt 110, dite des « Requins ». Les Allemands procèdent sur l'aérodrome à la construction d'abris pour garer leurs avions mais aussi à des casernements pour les troupes et des soutes pour l'essence et les munitions. Les Guyancourtois sont obligés de venir travailler sur l'aérodrome pour le compte des Allemands[6].

Guyancourt est libéré le 25 août 1944 : les Allemands retranchés dans l'aérodrome de Guyancourt en sont délogés par des éléments de la 2e division blindée de Leclerc le 24 août.

L'aérodrome après la guerre modifier

Le terrain est déminé dès 1946 et ouvert à l'aviation civile. Dans les années 1980, neuf aéroclubs, trois écoles de pilotages et un club d’aéromodélisme utilisent les pistes. Avec la construction de Saint-Quentin-en-Yvelines, les utilisateurs de l'aérodrome seront déplacés vers l’aérodrome d'Étampes.

Tournages de films modifier

L'aérodrome a été utilisé pour le tournage de plusieurs films :

Fermeture modifier

L'aérodrome de Guyancourt est fermé le 1er octobre 1989 pour des raisons de sécurité (l'aéroport de Toussus-le-Noble très proche supplée en partie à cette fermeture, le reste des activités étant transférées à Étampes Mondésir) . Sur les anciennes pistes sont construits les quartiers de Villaroy et de l'Europe. Les dénominations des rues (Jacqueline Auriol, Roland Garros, Santos Dumont...) et des équipements publics (Gymnase de l'Aviation, école Saint-Exupéry...) sont les derniers vestiges de cette aventure à Guyancourt.

Clin d'œil de l'histoire, une partie des anciennes pistes de l'aérodrome « Caudron-Renault » est occupée depuis 1998 par le Technocentre Renault, qui y élabore les nouveaux modèles de la marque.

Notes et références modifier

  1. « Descriptif de l'AV 2 Descriptif de l'AV2 »].
  2. Source : carte postale représentant l'aile volante et décrivant l'aile.
  3. Hélène Boucher et la Vivasport [archive du ], sur www.helene-boucher.com.
  4. « 30 novembre 1934 : l'avion d'Hélène Boucher s'écrase à Guyancourt (78) », récit de l'accident [archive du ], sur www.helene-boucher.com.
  5. « Source : Musée de la ville de Saint-Quentin », sur www.saint-quentin-en-yvelines.fr.
  6. Guyancourt : L'aventure humaine, édité par le musée de la ville de Saint Quentin en Yvelines, janvier 2009, page 44.
  7. Aeromovies - Films d'aviation - Films - Anne-Marie.
  8. « The Spirit of Saint-Louis », sur www.aeromovies.fr.

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Saint-Quentin en Yvelines Cartes Postales et Histoire locale, publié en 1984 par E. Stéphan publié chez Les Éditions de Liesse à Coignières.
  • Mon nom est Guyancourt, publié en 2006 par Jean et Liliane Gex, Yvelinédition (ISBN 2-84668-129-5).
  • Guyancourt : L'aventure humaine, édité par le Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines, janvier 2009.