31e brigade parachutiste

unité militaire zaïroise

La 31e brigade parachutiste est une unité d'élite des forces armées zaïroises. Entraînée avec le soutien de la France à partir de 1978, elle participera à de nombreux combats en soutien du régime de Mobutu Sese Seko.

31e brigade parachutiste
Image illustrative de l’article 31e brigade parachutiste
insigne d'épaule de la brigade

Création 1978
Dissolution 1997
Pays Drapeau du Zaïre Zaire
Allégeance Mobutu Sese Seko
Branche Forces armées zaïroises
Type Brigade parachutiste
Garnison Kinshasa
Commandant historique Mahele Lioko

Histoire

modifier

Formation et intervention au Shaba

modifier

Pendant la première guerre du Shaba, les troupes zaïroises, y compris les bataillons aéroportés, se révèlent incapables de contenir seuls les rebelles du front national de libération du Congo (FLNC). Il est décidé d'entraîner une nouvelle unité, la 31e brigade, formée des 311e, 312e et 313e bataillons[1]. Les instructeurs français occupent les postes de commandement au sein de l'organigramme. L'entraînement commence en à Ndjili sous la responsabilité du colonel Ballade de l'armée française[2]. Une partie des soldats vient de la division Kamanyola (en) entraînée par des Nord-Coréens[3].

Au déclenchement de la seconde guerre du Shaba en , seul le 311e bataillon du major Mahele Lieko est prêt au combat, même si toujours en formation. Pour reprendre la ville minière de Kolwezi envahie par le FLNC, Mobutu Sese Seko demande d'engager les FAZ sans soutien étranger[4]. La deuxième compagnie du capitaine Mosala-Monja est anéantie en sautant sur Kolwezi le au matin[5]. La première compagnie et la section de commandement de Mahele rejoint la ville par voie terrestre[6]. Renforcée par une compagnie du 133e bataillon de la division Kamanyola, la colonne déjoue deux embuscades malgré l'inexpérience de ses soldats[7]. Ils s'emparent de l'aéroport le à midi, avant le parachutage du 2e régiment étranger parachutiste deux jours plus tard (opération Bonite)[8].

La brigade dans les années 1980

modifier
 
Des parachutistes de la 31e brigade défilent à Kinshasa en 1985.

Dans les années 1980, la brigade devient le fer de lance de l'armée de Mobutu. Elles est notamment déployée au Shaba ainsi qu'à la frontière ougandaise[8]. Elle participe également aux nombreuses opérations extérieures zaïroises[9]. Elle est engagée comme force d'interposition neutre pendant le conflit tchado-libyen en 1981 et 1982, puis en 1983, et se comporte bien sans son encadrement français[10]. En 1984, le 311e bataillon, sous les ordres du major Ebamba, est parachuté pour reprendre la ville de Moba au Shaba, attaquée par le parti de la révolution du peuple[11], puis la brigade mène une contre-insurrection autour de la ville (opérations Moba I et Moba II)[12]. Sa performance est à nouveau jugée très bonne[13]. Le 313e bataillon est engagé contre le front patriotique rwandais en octobre 1990 lors de la première phase de la guerre civile rwandaise[12],[14].

Mutinerie et disparition

modifier
 
Des soldats de la 31e brigade entre 1991 et 1993.

La brigade initie le les pillages du Zaïre en attaquant l'aéroport Ndjili de Kinshasa[15]. La mutinerie est réprimée par Mahele devenu général[16]. Elle est fortement désorganisée à la suite de ces évènements par le départ de ses instructeurs[17] et se « clochardise »[18]. En 1992, Mobutu, craignant que Mahele utilise la brigade pour un coup d'état, envoie la brigade au Kivu. Les soldats, impayés, extorquent les populations locales et se joignent au plus offrant dans les conflits locaux[16].

La brigade, ayant perdu son statut d'unité d'élite, combat lors de la première guerre du Congo à partir de 1996 face à l'alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo[19]. Un bataillon est présent à Bunia et se rend fin [20]. Lors de la bataille de Kisangani, le reste des parachutistes est mis en déroute le [21].

Equipement

modifier
 
Un missile SS.11 tiré depuis un camion de l'armée française. La brigade a utilisé un tel système dans les combats de l'aéroport de Kolwez en 1978.

En , les soldats remplacent partiellement leurs fusils FN FAL et leurs pistolets-mitrailleurs Uzi par des fusils M16 fournis par les Américains[8],[9]. Les mitrailleuses étaient des FN MAG[22] et l'unité utilise pendant l'opération au Shaba des lance-roquettes RPG-7, des mortiers lourds et des lance-missiles SS.11[8]. Aérotransportés par les C-130 Hercules de la force aérienne zaïroise, les parachutistes utilisent dans les années 1980 un C-47 Dakota civil pour s'entraîner[3]. La brigade est motorisée sur camions ACMAT et jeeps[23].

Références

modifier
  1. Abbott 2014, p. 23.
  2. L'Ancre d'or 2018, p. 55.
  3. a et b Marchetti 1987, p. 27.
  4. Odom 1993, p. 41.
  5. Odom 1993, p. 43.
  6. Odom 1993, p. 44.
  7. Odom 1993, p. 48.
  8. a b c et d Marchetti 1987, p. 29.
  9. a et b Abbott 2014, p. 24.
  10. Young et Turner 1985, p. 268.
  11. Jackie Neau, « Zaïre : opération aéroportée Moba I », sur fncv.com,
  12. a et b Cooper 2013, p. 19.
  13. (en) Zaire : Prospects for the Mobutu Regime, Central Intelligence Agency, (lire en ligne), p. 14-15
  14. Chastenet 2008, p. 35.
  15. Cooper 2013, p. 8.
  16. a et b (en) « Part III: Zaire Who's Who », IRIN Briefing,‎ (lire en ligne)
  17. Abbott 2014, p. 33.
  18. Chastenet 2008, p. 36.
  19. Jean Hatzfeld, « La débandade des Forces armées zaïroises: Impayés depuis des années, les soldats pillent et rançonnent pour survivre », Libération,‎ (lire en ligne)
  20. (en) William G. Thom, « Congo-Zaire's 1996-97 Civil War in the Context of Evolving Patterns of Military Conflict in Africa in the Era of Independence », Journal of Conflict Studies, vol. 19, no 2,‎ (ISSN 1715-5673, lire en ligne)
  21. (en) James C. McKinley Jr. (en), « A Fallen City, Seeking Peace, Greets Rebels », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  22. L'Ancre d'or 2018, p. 59.
  23. Chastenet 2008, p. 33.

Bibliographie

modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Peter Abbott, Modern African Wars (4) : The Congo 1960–2002, Osprey, , 48 p. (ISBN 978-1-78200-076-1).  
  • Jean-Pierre Chastenet, « La 31e Brigade Parachutiste Zaïroise », Bulletin de liaison des Parachutistes Coloniaux et d'Infanterie de Marine, no 28,‎ , p. 31-36 (lire en ligne).  
  • François Marchetti, « 31e brigade parachutiste zaïroise », Action, armes & tirs, no 99,‎ , p. 25-29 (lire en ligne).  
  • André Le Port, Kolwezi mai-juin 1978, p. 54, Gilbert Ballade, La 31e brigade parachutiste et la coopération franco-zaïroise dans la guerre du Shaba, p. 55-58 et André Piaskowski, René Hozette et Caillieret, Par le petit bout de la lorgnette,il y a 40 ans, les paras colos à Kolwezi, p. 59-61 dans « Fédération », L'Ancre d'or-Bazeille, no 423,‎ (lire en ligne).  
  • (en) Tom Cooper, Great Lakes Holocaust : First Congo War, 1996-1997, Helion & Company, coll. « Africa@War » (no 13), , 72 p. (ISBN 978-1-909384-65-1, lire en ligne).  
  • (en) Thomas P. Odom, Shaba II : The French and Belgian Intervention in Zaire in 1978, Army Command and General Staff College, (DOI 10.21236/ada635651, lire en ligne).  
  • (en) Crawford Young et Thomas Turner, The Rise and Decline of the Zairian State, University of Wisconsin Press, (ISBN 978-0-299-10110-7).