Commandos Kieffer (France libre)

commandos français de la France libre

1er bataillon de fusiliers marins commandos
Image illustrative de l’article Commandos Kieffer (France libre)
Insigne de béret (porté à gauche) du 1er BFMC.

Création 1942
Dissolution 1946
Pays Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau de la France France libre
Branche Marine
Effectif 177
Fait partie de 1st Special Service Brigade - FNFL
Garnison Ciccrieth, Eastbourne, Bexhill, Staad
Ancienne dénomination Compagnie de Fusiliers Marins Commandos
Surnom Commando Kieffer
Commandant historique Philippe Kieffer

L'expression commandos Kieffer désigne parfois par simplification, les hommes du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos (1er BFMC) créé au printemps 1942 en Grande-Bretagne par la France libre (FNFL) et commandés par le capitaine de corvette Philippe Kieffer.

À sa création, le 1er BFMC est intégré au commando interalliés numéro 10 de la 1re Special Service Brigade de l'armée britannique. Détachés au sein du commando britannique numéro 4 avant le jour J, 177[1] membres du bataillon s'illustrent en participant au débarquement de Normandie (Sword Beach, Ouistreham), seuls représentants de la France à débarquer sur les plages[2], puis dans les combats qui ont suivi en Normandie. Le 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos est fort de deux Troops (troupe) de combat (No 1 et No 8) et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns).

Sur les 177 commandos qui débarquent le , 10 sont tués le jour même puis 10 lors des jours suivants. Seuls 24 hommes terminent la campagne de Normandie sans avoir été blessés, après 78 jours de déploiement, alors qu'ils ne doivent initialement combattre que 3 ou 4 jours[3].

À l'issue de la campagne de Normandie, ils sont déployés aux Pays-Bas, toujours avec le commando numéro 4 du Lieutenant-colonel Dawson. Ces combats méconnus sont pourtant plus durs que ceux de Normandie.

Au cours de son existence, sous ses différentes appellations, le 1er BFMC voit passer 427 volontaires de toutes spécialités, armées et même nationalités (Argentine, Autriche, Canada, Hongrie, Luxembourg, Pologne, essentiellement anciens de la Légion étrangère).

33 hommes du 1er BFMC sont tués au combat.

Oubliés pour des raisons politiques (pour le général de Gaulle, le débarquement était un évènement allié et pas français, et le commando avait été placé sous contrôle britannique)[4], les commandos survivants ne reçoivent la Légion d'honneur que soixante ans plus tard.

Les 7 Commandos Marine de la marine nationale française regroupés au sein de la Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) sont les héritiers directs du 1er BFMC dont ils portent la coiffe (béret vert) et l'insigne directement dérivé de celui du 1er BFMC. En 2008 est créé une nouvelle unité de commandos, le commando Kieffer, qui porte le nom du fondateur et premier commandant du 1er BFMC.

Création et différentes dénominations modifier

  • 23 mars 1942 : Compagnie de Fusiliers Marins Commandos.
  • 12 novembre 1943 : 1re Compagnie de Fusiliers Marins Commandos.
  • 08 octobre 1943 : 1er Bataillon Fusiliers Marins Commando.
  • 1er mai 1946  : dissolution de l'unité, dernières mutations du CAM Lac de Constance[5].
  • 1er mai 1946 : création du Stage Commando au centre Sirocco (Algérie) par l'O.E Lofi et 10 hommes du 1er BFMC ainsi que 6 britanniques du Commando N°4.

Historique des garnisons, campagnes et batailles modifier

Création des commandos modifier

 
Philippe Kieffer.

Dès 1940, Winston Churchill décide la création d'une force d'assaut de 20 000 hommes. L'état-major britannique fait rapidement le constat qu'il lui manque de petites unités légères et mobiles, capables de mener des actions de renseignement ou de destruction derrière les lignes ennemies sur les côtes de l'Europe occupée, du rivage atlantique français jusqu'au Nord arctique de la Norvège. C'est la création des unités « commandos ». Le nom est repris du nom d'unités légères sud-africaines pendant la Seconde Guerre des Boers.

Philippe Kieffer, qui a rejoint le 19 juin 1940 les Forces françaises libres en Grande-Bretagne et sert comme officier de liaison du 3e Bataillon de Fusiliers Marins de langue espagnole (ou 3e BFM), est impressionné par les méthodes des commandos britanniques, en particulier le raid mené par les commandos anglais sur les îles Lofoten le .

Début janvier 1942, il prend la tête d'une compagnie d'instruction de 25 marins français, provenant essentiellement de l'Aviso « Arras », désignés[6] pour instruire les volontaires basques du 3e BFM. Face à l'inexpérience de ses hommes et au manque d'équipement, l'enseigne de vaisseau Kieffer sollicite et obtient de former ses cadres au sein d'unités britanniques. Il envisage aussi qu'ils puissent à terme devenir eux-mêmes des combattants et veut les préparer à mener des « coups de main en opérations combinées avec l'armée ou les commandos »[7]. La compagnie d'instruction, durant son stage chez les Royal Marines d'Eastney au mois de mars 1942, se fait remarquer par son zèle, sa soif d'apprendre et son comportement général dont le crédit est attribué à la valeur de son officier commandant[8]. L'idée d'un emploi opérationnel de type commando continue à mûrir chez Kieffer ; le concept d’intégration d'étrangers aux commandos britanniques commence à circuler.

Anticipant cette dynamique, la compagnie d'instruction du 3e BFM est dissoute le 23 mars 1942[9] et est créée avec le même personnel la "Compagnie de Fusiliers Marins français[10]", qui quitte sa base de Camberley pour rallier le camp d’entraînement HMS Royal Arthur de Skegness et se prépare au stage des commandos britanniques du « commando dépôt » à Achnacarry en Écosse. Pour nourrir les effectifs de la compagnie de futurs commandos, un groupe d'instruction spécifique est mis en place à Skegness.

Le 30 mars 1942, Winston Churchill valide la proposition de Lord Louis Mountbatten, chef des Opérations Combinées, de créer un commando de forces alliées[11]. Les Britanniques sont intéressés par l'apport d'hommes susceptibles d'opérer en Europe occupée, connaissant le pays et la langue des habitants. Ce commando serait ainsi constitué de « Troops » constituées de Français, Polonais, Belges, Néerlandais, Norvégiens, Yougoslaves. Les discussions se tiennent au plus haut de la hiérarchie et font l'objet d'une correspondance fournie entre Lord Mountbatten et le général de Gaulle, pour ce qui concerne la France.

Dès le 2 avril 1942, l'état-major des FNFL signifie l'acceptation de placer l'enseigne de vaisseau Kieffer et ses hommes sous autorité britannique[12]. Fin avril, à l'issue de leur mois de préparation à Skegness, ces 29[13] français seront la première troop étrangère à être entrainée à Achnacarry à l'instar des autres membres des commandos britanniques de la Special Service Brigade. Dans le même temps, Lord Mountbatten confirme au général de Gaulle le 30 avril 1942[14] l’acceptation d’intégrer une troop française au Commando interalliés Numéro 10 en cours de constitution. À l’issue de leur formation commando le 22 mai 1942, Philippe Kieffer et ses hommes resteront stationnés en Écosse pour poursuivre leur entrainement au sein du commando numéro 2 à Ayr, avant d'intégrer officiellement le 16 juillet 1942, en tant que « Troop 1 », le Commando interalliés Numéro 10 dont le commandement a été confié au lieutenant colonel D.S. Lister M.C. La Troop 1 est basée à Criccieth, au pays de Galles, à quelques kilomètres de la Troop 2, hollandaise, formée à la même période.

Un fait notable dans la constitution de la Compagnie de Fusiliers Marins Commandos alias Troop 1 : elle fut rejointe par plusieurs groupes de volontaires de l'Armée de Terre dont le premier fut en juin 1942 celui du lieutenant Charles Trépel qui deviendra par la suite le commandant de la Troop 8, deuxième troupe française du 10e Commando.

À l'automne 1943, le 1er Bataillon Fusiliers Marins Commando (1er BFMC) est constitué de trois Troops : la No 1, la No 8 du capitaine Charles Trépel et la Troop d'appui (K-Guns). Environ un tiers de ces commandos sont originaires de Bretagne.

Formation commando du 1er BFMC modifier

La formation a lieu avec les commandos de l'armée britannique, (les bérets verts), au château d'Achnacarry en Écosse. Ce château et les terres environnantes situés dans les Highlands ont été mis à disposition de la Special Service Brigade par le propriétaire, Sir Donald Walter Cameron of Lochiel, chef du clan Cameron, en février 1942. Le cadre est austère, sauvage et la formation particulièrement rude.

Philippe Kieffer et ses hommes seront les premiers étrangers à être formés dans ce centre d'entraînement dirigé par le lieutenant-colonel C.E. Vaughan. Les nouveaux arrivants doivent parcourir 30 km à pied de la gare au château, puis passer devant des tombes fictives de soldats prétendument morts pendant l'entraînement[15],[16]. Le bataillon français ainsi formé est placé sous le commandement de Lord Lovat qui dirige la 1re brigade de commandos (ou Special Service Brigade).

Cette rigueur de l'entraînement tient à la difficulté et à la dangerosité des missions qui leur sont confiées derrière les lignes ennemies. Le 18 octobre 1942, Hitler avait ordonné d'abattre tous les commandos faits prisonniers.

Le 14 juillet 1942, la Compagnie des Fusiliers Marins Commandos défile dans les rues de Londres.

Les opérations modifier

Avant le 6 juin 1944 modifier

  • Opération Jubilee : le , 15 hommes de la Troop 1, sous les ordres de l'officier de 2e classe des équipages Francis Vourc'h, participent au raid sur Dieppe aux côtés des commandos britanniques (3e Commando, 4e Commando, 40e RM Commando) et canadiens. L'unité déplorera 1 mort. Un commando capturé puis évadé rejoindra l'unité 10 mois plus tard.
  • Opération Forfar, raid Beer : période du 1er au 4 septembre 1942 : reconnaissance spéciale sur les côtes françaises à Életot (Seine-Maritime) à 53 km du Havre : 2 commandos français sont détachés auprès du 12e Commando, constituant la « Force J ».
  • Cycle des Opérations Hardtack : période du 23 décembre 1943 au 20 janvier 1944 ; reconnaissances spéciales sur les côtes françaises.
    • Hardtack 11 : 24-25 décembre 1943, Gravelines. 6 hommes de la Troop 1 aux ordres de l'adjudant Wallerand et 3 Britanniques. 2 morts (un Français et un Anglais), 2 prisonniers (les 2 autres Britanniques). Les cinq Français réussissent à échapper aux recherches allemandes grâce à l'aide d'habitants locaux[17].
    • Hardtack 7 : 26-26 et 27-28 décembre 1943, Ile de Sark. 5 hommes de la Troop 1 aux ordres du lieutenant Mc Conigal du 12e Commando. 2 morts, 3 blessés.
    • Hardtack 28 : 26-27 décembre 1943, Jersey. 5 hommes de la Troop 8 aux ordres du capitaine Ayton du 2 SBS, blessé qui décèdera de ses blessures en Angleterre.
    • Hardtack 21 : 26-27 décembre 1943, Quinéville. 6 hommes de la Troop 8 aux ordres du lieutenant Francis Vourc'h.
    • Hardtack 4 : 26-27 décembre 1943, Biville (Criel-sur-Mer). 1 homme de la Troop 8 aux ordres du lieutenant Smith du 12e Commando.
  • Opération Premium : 27-28 février 1944, Wassenaar, Hollande. 5 hommes de la Troop 8 aux ordres du capitaine Charles Trépel. 6 disparus.
 
Commando Kieffer

Le 6 juin 1944 et la Campagne de Normandie (intégré au 4e Commando) modifier

 
Monument en hommage aux morts du débarquement, situé plage de Ouistreham.

Dans les jours qui précèdent le Débarquement, les photos des objectifs sont distribuées aux commandos sans précision du lieu. Mais certains des commandos français originaires de Normandie reconnaissent les sites prévus, ce qui suscite l'inquiétude de l'État-major anglais, qui décide alors de les cantonner dans leur camp avec interdiction de sortie jusqu'au débarquement. Les 177 hommes ont été répartis en deux « troops » et une section de mitrailleuses « K-Guns ».

Le lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer débarque le 6 juin en Normandie à la tête de 176 hommes du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos fort de deux Troops de combat et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns). Ils débarquent des barges Landing Craft Infantry No 523 (Troop 1) et No 527 (Troop 2) à 7 h 32 sur la plage de Sword Beach (Colleville-Montgomery) à l'est du dispositif allié. Sur ce secteur, ils sont les premiers à débarquer, les barges avec les commandos britanniques les ayant laissés passer en tête comme prévu initialement afin qu'ils touchent le sol de leur patrie les premiers. Leur objectif est La Brêche, à 500 mètres à l'ouest de Ouistreham.

Malgré des pertes significatives au sein de la Troop 1, les commandos français s’emparent d’une pièce de 50 mm encuvée qui avait mis à mal le LCI 523, puis de l'ex-Casino de Riva-Bella, avant de s’enfoncer dans les terres par Colleville et Saint-Aubin-d'Arquenay pour faire jonction à Pegasus Bridge (Bénouville) avec les troupes aéroportées britanniques de la 6e Division aéroportée. Ils y arrivent vers 16 h 30. Ils rejoignent Amfreville et occupent alors les lisières du Plain vers 20 h 00 (ils y resteront 7 semaines). Au soir du 6 juin, le 1er BFMC aura perdu presque 25 % de ses effectifs : outre les blessés mis hors de combat et évacués, dont son commandant, Philippe Kieffer touché deux fois dans la journée, deux officiers et huit hommes sont tués :

  • 4 sur la plage : second-maître Raymond Dumanoir (qui avait déjà participé à l'opération Jubilee), matelot Raymond Flesch, quartier-maître Joseph Letang, matelot Jean Rousseau ;
  • 2 sur l'actuel boulevard Winston Churchill : lieutenant (armée de terre) Augustin Hubert, matelot Marcel Labas ;
  • 4 face au casino : quartier-maître Jean Lemoigne, médecin de 1re classe Robert Lion, matelot Émile Renault, matelot Paul Rollin.
 
Insigne du 1er Bataillon de fusiliers marins commandos.

Principaux faits d'armes :

Avec le régiment canadien de la Chaudière, composé de Québécois, et quelques hommes des Antilles françaises parmi les Américains, elle fut la seule unité francophone à participer aux opérations.

Les commandos français vont combattre jusqu’au , puis le bataillon est renvoyé en Grande-Bretagne au repos et pour être recomplété. Le 1er BFMC est rapatrié à Bexhill-on-Sea, cantonnement du 4e Commando, à compter du 6 septembre 1944 pour permissions et rééquipement.

Campagne des Pays-Bas (intégré au 4e Commando) modifier

En novembre 1944, au cours de la bataille pour libérer l'Escaut (nécessaire pour utiliser le port d'Anvers), le 1er BFMC est débarqué sur l’île de Walcheren aux Pays-Bas et il prend Flessingue dans le cadre d’une opération combinée des commandos britanniques. Philippe Kieffer, promu capitaine de corvette depuis le 4 septembre 1944, devient le commandant en second du Commando N°4, sous les ordres du Colonel R.W.P. Dawson

  • Opération Infatuate : période du 1er au 8 novembre 1944. Prise de Flessingue au prix de violents combats puis reconquête de l'île de Walcheren avec le reste de la 4th Special Service Brigade. Le 1er BFMC (Troops 5 et 6) déplore 5 hommes tués.
  • Cycle Opérations Intemperate : reconnaissances spéciales en zone allemande par débarquement nocturne.
    • Intemperate 2 : 17-18 janvier 1945. Troop 7 aux ordres du capitaine Willers. 1 blessé et 6 civils exfiltrés.
    • Intemperate 3 : 14-15 février 1945. Troop 5 aux ordres du capitaine Lofi. 1 blessé.
    • Intemperate 4 : 18-19 février 1945. Troup 6 aux ordres du lieutenant Vourc'h.
  • Opération Interruption 1 : 11-12 mars 1945. Reconnaissance spéciale en zone ennemie. Troop 6 aux ordres du lieutenant Vourc'h. 4 blessés.

Les officiers du 1er BFMC modifier

Ont servi au 1er BFMC :

  • Philippe Kieffer (EV, LV, CC) (né en 1899, mort en 1962)
  • Francis Vourch (O.E)
  • Charles Trépel (Lt, Cap). Mort au combat le 28 février 1944, Wassenaar, NL
  • Jean Mazéas (Asp, EV)
  • Guy Vourc'h (Lt, Cap)
  • Jean Pinelli (O.E)
  • Léopold Hulot (Asp, Lt). Mort au combat en Indochine le 27 septembre 1948
  • Paul Chausse (Lt)
  • Alexandre Lofi (O.E, LV)
  • René de Naurois (aumônier)
  • Guy de Montlaur (Lt)
  • Henri Villière (Cap Médecin)
  • Pierre Amaury (Lt)
  • Jacques Sénée (Lt). Mort au combat en Indochine le 10 janvier 1950 à la tête du 6e BCCP[18]
  • André Bagot (O.E.)
  • De Silgy
  • Augustin Hubert (Lt). Mort au combat le 6 juin 1944
  • Claude St Genis (Asp)
  • Paul Egli (Asp)
  • Robert Lion (Cap Médecin). Mort au combat le 6 juin 1944
  • Patrick Willers (Lt, Cap)
  • Domy Colonna-Cesari (Lt, Cap) (né en 1922, mort en 2021 avec le grade de colonel), campagne de France, campagne d'Italie, Mauritanie, Algérie, Vietnam (3 séjours), Tchad, Gabon, SDECE, au service action SM du général De Gaulle, parachutiste

Traditions modifier

Insigne modifier

C’est fin 1943 que Maurice Chauvet, membre du commando (Troop 8), dessina l’insigne du Bataillon. Voici comment il décrit son œuvre :

« Sur un écu de bronze, qui est en France, pourtant au centre le brick de l’Aventure supporté par des vagues, surchargé d’un poignard Commando, dirigé d’un canton senestre du chef au canton dextre de la pointe, et décoré d’une Croix de Lorraine dans le canton dextre du chef. L’écu repose sur un ruban portant l’inscription : « 1er Bllon FM COMMANDO ». Ses deux extrémités repliées montrent deux petites ancres rappelant l’origine marine de l’unité »

La maquette primitive présentait sur le côté droit une étoile, rappel des Corps Francs 39/40. Refusée par un amiral qui y voyait un symbole US et URSS, l’étoile fut remplacée par une deuxième ancre, comme sur les rubans légendés anciens du chapeau breton de marin.

Petits détails pour les collectionneurs et les curieux : réalisé à Londres par la firme J.R. Gaunt, le tirage fut de 400 pièces numérotés ; les numéros de 1 à 195 couvraient les membres des Troops 1, 8, et K-gun et les disparus en raids ; quatre-vingt numéros, entre le 239 et 336 (le dernier attribué), furent octroyés de Hollande formés fin 44 ou début 45. Enfin une soixante de badges perdus en action furent remplacés et 44 attribués à des personnalités britanniques ou françaises libres[19].

L'insigne est officialisé le 14 mars 1944 et sera remis officiellement aux hommes du 1er BFMC quelques semaines avant le débarquement, le 10 mai 1944. Il est broché sur le béret vert des commandos britannique en lieu et place de l'insigne tissu FNFL. C'est de cet insigne qu'est dérivé celui porté actuellement par les Commandos Marine.

Fanion modifier

Les photos d'archive laissent penser que le bataillon a arboré plusieurs fanions durant son existence. Le premier fanion portait une ancre de marine en son centre (blanc). Le deuxième (et dernier?) portait au centre (blanc) de l'avers, l'insigne des Opérations Combinées avec en dessous "Fusiliers Marins Commandos". Au revers, cet insigne était remplacé par une crois de Lorraine. Sur le bleu du fanion, sont brodés le nom des lieux où se sont déroulés les différents engagements du bataillon:

  • Dieppe
  • Gravelines
  • Étretat
  • Quineville
  • Ile de Jersey
  • Ile de Sark
  • Scheveningen
  • D Day
  • Ouistreham
  • Passage de l'Orne
  • Amfreville
  • Bavent
  • Passage de la Dives
  • l’Épine
  • Flessingue


La garde du fanion du 1er BFMC a été confiéé à l'École des fusiliers marins puis transférée au Corps Amphibie de la Marine en novembre 1953 où il a disparu.

Depuis la disparition de l'original, plusieurs copies ont été réalisées pour être placées dans différents musées, sur lesquelles s'est parfois rajoutée l'inscription « Middelkerke ». Cette inscription a fait l'objet de protestation de non-conformité par le Colonel Dawson, qui commandait le Commando n°4 (UK) auquel était intégré le 1er BFMC pour les campagnes de Normandie et de Hollande.

Il existe également des fanions ultérieurs à la vie du bataillon commémoratifs du 1er BFMC et des Troops 1 et 8 mais qui n'ont pas ni valeur officielle ni historique.

Décorations et citations modifier

Le bataillon a été cité 4 fois à l'ordre de l'armée[20] au titre de la croix de guerre 1939-1945. À ce titre, le bataillon et son fanion étaient décorés de la fourragère de la Médaille Militaire[21], remise le 23 novembre 1945 par le Général de Montsabert à Strasbourg.

258 citations françaises individuelles ont été décernées aux hommes du 1er BFMC durant son existance.

4 hommes du bataillon ont été faits Compagnons de la libération : le Capitaine de corvette Philippe Kieffer, l'Officier des équipages Alexandre Lofi, l'Abbé de Naurois, l'Officier des équipages Paul Chausse.

Chant modifier

Coiffure modifier

Depuis qu'il a été institué comme la coiffe des commandos britanniques le 27 octobre 1942[22], les commandos marine français coiffent le fameux béret vert, l'insigne porté à gauche dont le bord est relevé. Ils sont les seuls dans les armées françaises, avec les fusiliers marins et les unités françaises participant à la brigade franco-allemande, à porter le béret « à l'anglaise ».

Commandos de marine aujourd'hui modifier

Les commandos marine de la marine nationale française sont les héritiers du 1er BFMC et du Commando Jaubert. Sur les sept commandos actuels, deux portent le nom d'un officier du 1er BFMC mort au combat :

Le 8 mai 2008, le président de la République a officialisé la création du nouveau commando Kieffer en l'honneur de Philippe Kieffer.

Chefs de corps modifier

  • Compagnie de Fusiliers Marins Commandos Français :
    • 23 mars 1942 – 1er juillet 1942 : Enseigne de vaisseau Philippe Kieffer
    • 1er juillet 1942 – 12 novembre 1942 : Lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer
  • 1re Cie de Fusiliers Marins Commandos :
    • 12 novembre 1942 – 8 octobre 1943 : Lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer
  • 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos :
    • 8 octobre 1943 au 4 septembre 1944 : Lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer
    • 4 septembre 1944 au 1er juillet 1945 : Capitaine de corvette Philippe Kieffer
    • 1er juillet 1945 au 1er mai 1946 : Officier des équipages Alexandre Lofi

Faits d'armes faisant particulièrement honneur au bataillon modifier

Personnalités ayant servi au sein du bataillon modifier

Sources et bibliographie modifier

Bibliographie modifier

Anciens du commando modifier

  • Philippe Kieffer (commandant), « Les fusiliers-marins commandos », dans La France et son empire dans la guerre, t. 2, ELF, , 233 à 244.  
  • Philippe Kieffer, Béret vert, France Empire,
  • Gwenn-Aël Bolloré dit Bollinger (préf. Lord Lovat), Nous étions 177..., France-Empire,
  • Gwenn-Aël Bolloré, Commando de la France libre - 6 juin 1944, Paris, France-Empire, , 280 p. (ISBN 2-7048-0320-X)
  • Gwenn-Aël Bolloré, J'ai débarqué le 6 juin 1944 : Commando de la France libre, Paris, Éditions du cherche midi, , 239 p. (ISBN 2-86274-308-9)
  • Maurice Chauvet , D-Day 1er B.F.M. Commando, Amicale des anciens parachutistes SAS & Commando,
  • René de Naurois, Aumônier de la France Libre : mémoires, Paris, Perrin, , 288 p. (ISBN 2-262-02118-X)
  • Guy Hattu, Un matin à Ouistreham : Récit, Paris, Tallandier.2014, 272 p;
  • René Goujon, Le jour J au Commando no 4, Paris, NEL, , 189 p. (ISBN 2-7233-2048-0)

Études contemporaines modifier

  • René Bail, Commando marine au combat, Grancher, (ISBN 978-2-7339-0828-0).  
  • Éric Le Penven, Commando Kieffer : Free french No 10 & No 4 Commando, Bayeux, Heimdal, , 300 p. (ISBN 2-84048-202-9)
  • Benjamin Massieu, Philippe Kieffer : Chef des commandos de la France libre (réédition avec annexes dont biographie de Charles Trépel, 320 pages, mai 2014), Pierre de Taillac, octobre 2013 pour la 1ère des 5 éditions, 288 (320 depuis la 2e édition).  
  • Benjamin Massieu, Les Français du Jour J, Pierre de Taillac, , 416 p.  
  • Benjamin Massieu, Commando Kieffer, la campagne oubliée : Pays-Bas 1944-1945, Pierre de Taillac, , 272 p.  
  • André Mispelaere, Commando Kieffer, naissance et organisation du numéro 10 interallié, MN, 2012, 350 p.
  • Stéphane Simonnet, Le Commandant Kieffer : Le Français du jour J, Paris, Tallandier, , 414 p. (ISBN 979-10-210-3109-8).  
  • Stéphane Simonnet, Les 177 Français du jour J, Paris, Tallandier, , 128 p. (ISBN 979-10-210-0519-8)
  • Jean-Marc Tanguy, Le Commando Kieffer. Les 177 Français du D-Day, Paris, Albin Michel/Ministère de la Défense, , 195 p. (ISBN 978-2-226-25068-1, présentation en ligne)
  • Patrice Rolli, « Au cœur du débarquement en Normandie avec le commando Kieffer - témoignage exceptionnel du Maître principal Hubert Faure (6 juin 1944) », dans Le Périgord dans la Seconde Guerre mondiale. Chronique des années noires du Mussidanais et de l'Ouest de la Dordogne, L'Histoire en partage, À propos du parcours de ce commando voir également Camouflage du matériel (CDM) dans l’armée d’armistice en Dordogne et plans secrets (1940-1942) : témoignage d’Hubert Faure.
  • Jacques Dollar et Robert Kayser, « Cinq 'Bérets verts' luxembourgeois », dans Histoire de la Luxembourg Battery, , 200 p.
  • Bruno Durez, Opération Hardtack 11 - Raid sur Gravelines, Généalogie Association Gravelines, décembre 2018, 164 p. (ISBN 978-2-9548-9034-0)

Roman modifier

Filmographie modifier

Documentaires modifier

Fiction modifier

Notes et références modifier

  1. Le croisement des listes françaises et britanniques révèlent qu'ils furent en réalité 178 mais le chiffre 177 a marqué les esprits et est resté la référence publiquement véhiculée.
  2. Ils ne furent pas les seuls Français du jour J. Des SAS français furent parachutés en Bretagne dans la nuit du 5 au 6 juin.
  3. Frédéric de Monicault, « Les 177 Français du commando Kieffer », sur Le Figaro, (consulté le ).
  4. « Le commando Kieffer a mis du temps avant d’entrer dans la légende », sur La Voix du Nord, (consulté le )
  5. Date de fermeture du cantonnement marine de Staad, dernière mission donnée au 1er BFMC à son retour en France. Ref : instruction 13 EM3 du 19/02/1946 - Ministère de la Marine - SHD.
  6. Désignation 11 PM 2/1 du 20/01/42 et 4/42 du 19/01/42 - FNGB.
  7. Compte rendu de l'enseigne de vaisseau Kieffer du 16 février 1942 adressé au vice amiral commandant les Forces Navales Françaises Libres.
  8. Rapport de fin de stage « armes de petit calibre » caserne d'Esternay du 02 au 20 mars 1942 ; Major Crick RM, chef de stage.
  9. Décision 189 EM1 du 23 mars 1942 - FNBG.
  10. Qui sera usuellement dénommée Compagnie de fusiliers marins commandos.
  11. C.O.S. (42) 99th meeting held on 30th March, 1942.
  12. Note 209 E.M.1 du 02 avril 1942.
  13. Liste numéro 3125 du 27 avril 1942.
  14. Correspondance cote 481 du 30 avril 1942.
  15. Arnaud de La Grange, « Un commando de légende », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Note du général de Gaulle à Lord Mountbatten du 21 avril 1942. Cote 479 - S 3 AG 1/257.
  17. Bruno Durez, Opération Hardtack 11 : raid sur Gravelines, nuit du 24 au 25 décembre 1943, Généalogie association Gravelines, (ISBN 978-2-9548903-4-0, lire en ligne).
  18. « Jacques Sénée (Lt) », sur ecole.nav.traditions.free.fr (consulté le ).
  19. Gwenn-Aël Bolloré, J'ai débarqué le 6 juin 44, Paris, cherche midi, , 173 p. (ISBN 978-2-7491-0247-4), p. 168 à 169.
  20. (voir le bulletin officiel de la Marine du 23 août 1946, page 503). Les décisions sont : 93 du  ; 454 du  ; 871 du  ; 1116 du (source : Service Historique de la Défense Vincennes).
  21. In Commandos-marine au combat, p. 116.
  22. Army Council Instruction ACI 2264 du 27/10/1942.

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