Évangile social

mouvement chrétien

L'Évangile social est un mouvement chrétien de justice sociale. Il a été associé principalement au protestantisme libéral.

Caractéristiques modifier

Le mouvement est engagé à lutter contre les problèmes sociaux comme la pauvreté, les inégalités économiques et les tensions raciales[1],[2].

Histoire modifier

L’origine de l’Évangile social se trouve dans les divers concepts de justice sociale pour le soutien aux démunis dans la Bible[3].

Washington Gladden, un pasteur congrégationaliste américain a permis de remettre l’importance de la justice sociale dans les églises protestantes avec les publications des livres Christianisme appliqué: aspects moraux des questions sociales en 1887 (Applied Christianity: Moral Aspects of Social Questions) et Salut social en 1902 (Social Salvation) [4].

En 1892, le pasteur et théologien baptiste américain Walter Rauschenbusch a formé l'association chrétienne non confessionnelle Fraternité du Royaume (anglais : Brotherhood of the Kingdom)[5]. Des pasteurs et dirigeants rejoindront l'organisation pour débattre et mettre en œuvre l'évangile social [6]. En 1907, il publie le livre Le Christianisme et la Crise sociale (Christianity and the Social Crisis) qui influencera les actions de plusieurs acteurs du mouvement de l'évangile social[7],[8]. En 1917, la publication du livre Une théologie pour l'Évangile social (A Theology for the Social Gospel) permettra de rallier à la cause de nombreuses églises protestantes libérales [9],[10],[11]. Dans cet ouvrage, il explique que les chrétiens doivent être comme le Tout-Puissant qui s’est fait homme en Jésus-Christ, qui était avec tout le monde sur un pied d'égalité et considérait les gens comme un sujet d’amour et de service [12]. Pour lui, l’Église avait un rôle essentiel dans la lutte contre les injustices systémiques auprès de tous les groupes et pour chaque personne [13].

Parmi les figures du mouvement, l'on peut nommer Vida Dutton Scudder, Dorothy Day, Tommy Douglas, Mary Dreier, Diane Drufenbrock, Adolf von Harnack, Jesse Jackson, Mary McDowell, Charles Clayton Morrison, Margaret Dreier Robins, Josiah Strong et James Shaver Woodsworth.

Les plus importants dirigeants du mouvement sont Richard T. Ely, Josiah Strong, Washington Gladden et Walter Rauschenbusch[14].

Influences modifier

Aux États-Unis, dans les années 1920, l'évangile social a favorisé l'établissement de foyers sociaux avec des bibliothèques pour les jeunes ouvriers, gérés par l'ONG protestante Young Men's Christian Association[15],[16]. Puis dans les années 1930, certaines sections locales de l'organisation ont commencé à s'engager pour la défense des droits civiques[17].

L'évangile social a eu une influence au sein du Parti social-démocratique du Canada fondé en 1932 à Calgary[18],[19]. Il a également eu un impact durant le New Deal américain de 1933 à 1938[8].

Les actions civiques de Martin Luther King Jr qui ont commencé dans les années 1950, ont été influencées par le livre Le Christianisme et la Crise sociale (Christianity and the Social Crisis) publié en 1907 par le pasteur et théologien baptiste américain Walter Rauschenbusch[20],[21],[22].

Notes et références modifier

  1. Mehmet Odekon, The SAGE Encyclopedia of World Poverty, SAGE Publications, USA, 2015, p. 1291
  2. Gary L. Anderson, Kathryn G. Herr, Encyclopedia of Activism and Social Justice, SAGE Publications, USA, 2007, p. 1300
  3. Christian Buckley, Ryan Dobson, Humanitarian Jesus: Social Justice and the Cross, Moody Publishers, USA, 2010, p. 15
  4. George Thomas Kurian, Mark A. Lamport, Encyclopedia of Christianity in the United States, Volume 5, Rowman & Littlefield, USA, 2016, p. 2149
  5. Donald K. Gorrell, The age of social responsibility: the social gospel in the progressive era, 1900-1920, Mercer University Press, USA, 1988, p. 18
  6. Hans Schwarz, Theology in a Global Context: The Last Two Hundred Years, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2005, p. 145
  7. Christopher H. Evans, The Social Gospel in American Religion: A History, NYU Press, USA, 2017, p. 78
  8. a et b Paul A. Djupe, Laura R. Olson, Encyclopedia of American Religion and Politics, Infobase Publishing, USA, 2014, p. 420
  9. J. Gordon Melton, Encyclopedia of Protestantism, Infobase Publishing, USA, 2005, p. 500
  10. Mark Juergensmeyer, Wade Clark Roof, Encyclopedia of Global Religion, Volume 1, SAGE, USA, 2012, p. 704-705
  11. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, USA, 2001, p. 1119
  12. Susan Curtis, A Consuming Faith: The Social Gospel and Modern American Culture, University of Missouri Press, USA, 2001, p. 111
  13. Christopher H. Evans, The Social Gospel in American Religion: A History, NYU Press, USA, 2017, p. 121
  14. Muller 1959.
  15. Gwendolyn Mink, Alice O'Connor, Poverty in the United States: An Encyclopedia of History, Politics, and Policy, Volume 1, ABC-CLIO, USA, 2004, p. 838-839
  16. Christopher H. Evans, The Social Gospel in American Religion: A History, NYU Press, USA, 2017, p. 116
  17. Gwendolyn Mink, Alice O'Connor, Poverty in the United States: An Encyclopedia of History, Politics, and Policy, Volume 1, ABC-CLIO, USA, 2004, p. 839
  18. Donald Swenson, Society, Spirituality, and the Sacred: A Social Scientific Introduction, University of Toronto Press, Canada, 2009, p. 300
  19. Alvin Finkel, Our Lives : Canada After 1945, James Lorimer & Company, , 423 p. (ISBN 978-1-55028-551-2, lire en ligne), p. 5.
  20. John J. Ansbro, Martin Luther King, Jr: Nonviolent Strategies and Tactics for Social Change, Rowman & Littlefield, USA, 2000, p. 163
  21. Sylvie Laurent, Martin Luther King : Une biographie intellectuelle et politique, Paris, France Loisirs, , Les Initiations d'un révolutionnaire chrétien, chap. 2 (« Au nom du Père »), p. 55-61.
  22. (en-US) « Social Gospel », sur The Martin Luther King, Jr., Research and Education Institute, Stanford University, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Dorothea R. Muller, « The Social Philosophy of Josiah Strong: Social Christianity and American Progressivism », Church History, vol. 28, no 2,‎ , p. 183–201 (ISSN 1755-2613, DOI 10.2307/3161456, JSTOR 3161456)