État tampon

pays situé entre deux ou plusieurs grandes puissances rivales et potentiellement hostiles

Un État tampon est un pays situé entre deux ou plusieurs grandes puissances rivales et potentiellement hostiles. Son existence même est censée prévenir des conflits entre ses voisins, qui peuvent l'avoir créé à cette fin.

Les États tampons, quand ils sont véritablement indépendants, poursuivent une politique de neutralité, ce qui les distingue des États satellites ou des zones démilitarisées. Le concept d'État tampon est une partie de la théorie de l'équilibre des puissances qui est apparue dans la pensée européenne du XVIIe siècle en matière de stratégie et de diplomatie.

Au XIXe siècle, la manipulation des frontières de l'Afghanistan et des différents émirats d'Asie centrale a été un élément diplomatique du Grand Jeu entre l'Empire britannique et la Russie impériale pour le contrôle de l'accès aux passages montagneux menant à l'Inde britannique.

Un autre exemple de la même époque est le royaume uni des Pays-Bas, dont la création par la réunion des Provinces-Unies et des Pays-Bas méridionaux en 1815 est approuvée par le congrès de Vienne puisque le Royaume-Uni désire alors un État tampon entre elle et la France[1]. Cette volonté est motivée notamment par la place stratégique du port d'Anvers, qui représente alors une menace potentielle pour les Britanniques si la France en a le contrôle.

Efficacité selon la recherche empirique

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Des recherches montrent que les États tampons sont conquis et occupés beaucoup plus fréquemment que les États qui ne le sont pas[2]. Cela s’explique par le fait que « les États dont les grandes puissances ont intérêt à la survie — les États tampons — font en réalité partie d’un groupe à haut risque de disparition. Les puissances régionales ou grandes puissances situées autour des États tampons sont confrontées à un dilemme stratégique : elles se sentent obligées de prendre le contrôle de l’État tampon, de peur que leur adversaire ne le fasse en premier. Ce type d’inquiétude n’existe pas pour les États qui ne sont pas des États tampons, car il n’y a pas de concurrence directe pour l’influence ou le contrôle. »[2]

Exemples

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Notes et références

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  1. Els Witte, Éliane Gubin, Jean-Pierre Nandrin, Gita Deneckere, Nouvelle histoire de Belgique - Volume 1 : 1830-1905, Ed. Complexe, Bruxelles, 2005, (ISBN 2-8048-0066-0), p. 14.
  2. a et b Tanisha M. Fazal, « State Death in the International System », International Organization, vol. 58, no 2,‎ , p. 311–344 (ISSN 1531-5088, DOI 10.1017/S0020818304582048, S2CID 154693906)
  3. Michel Jacq-Hergoualch, Le Siam, Guide Belles Lettres des Civilisations, Les Belles Lettres 2004, (ISBN 2-251-41023-6), p. 54.
  4. Christian Taillard, Laos, stratégies d'un État-tampon, Reclus, 1989, 200 p. (ISBN 2-86912-026-4) édité erroné (BNF 35057030)

Annexes

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Bibliographie

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  • (fr) Alexandra Goujon, "L'Ukraine de l'indépendance à la guerre" , 2021, p. 127-133
  • (en) Michael Greenfield Partem, The Buffer System in International Relations, The Journal of Conflict Resolution, Vol. 27, No. 1 (), pp. 3-26.
  • (en) Barnett R. Rubin, The Search for Peace in Afghanistan: From Buffer State to Failed State, Yale University Press, 1995, 190 p. (ISBN 0300063768)

Articles connexes

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Liens externes

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