Énergie en Irak

caractéristiques du secteur de l'énergie en Irak

Énergie en Irak
Image illustrative de l’article Énergie en Irak
Tankers au terminal pétrolier de Bassorah sur le golfe persique en 2004.
Bilan énergétique (2018)
Offre d'énergie primaire (TPES) 64,4 M tep
(2 695,5 PJ)
par agent énergétique pétrole : 76,1 %
gaz naturel : 20,7 %
électricité : 3,2 %
bois : 0,1 %
Énergies renouvelables 0,3 %
Consommation totale (TFC) 22 M tep
(922,5 PJ)
par habitant 0,6 tep/hab.
(24 GJ/hab.)
par secteur ménages : 24,5 %
industrie : 19,3 %
transports : 51,1 %
services : 1 %
Électricité (2018)
Production 82,51 TWh
par filière thermique : 97,7 %
hydro : 2,2 %
autres : 0,1 %
Combustibles (2018 - Mtep)
Production pétrole : 231,6
gaz naturel : 9,6
bois : 0,05
Commerce extérieur (2018 - Mtep)
Importations électricité : 1,87
pétrole : 14,3
gaz naturel : 3,7
Exportations pétrole : 195,4
Sources
Agence internationale de l'énergie[1],[s 1]
NB : dans le bilan énergétique, l'agent "bois" comprend l'ensemble biomasse-déchets.

Le secteur de l'énergie en Irak est vital pour le pays : le pétrole fournissait en 2016 la moitié du PIB irakien et 90 % des recettes publiques.

Les réserves prouvées de pétrole de l'Irak sont classées en 2020 au 5e rang mondial, représentant 8,0 % des réserves mondiales. Dix ans après le renversement de Saddam Hussein, la production a dépassé en 2016 son record historique de 1990 ; en 2021, elle se classe au 5e rang mondial avec 4,8 % de la production mondiale. Ses exportations ont dépassé en 2016 leur niveau atteint avant l'invasion du Koweït en 1991 ; en 2021, elles se classent au 3e rang mondial avec 8,6 % des exportations mondiales, derrière l'Arabie Saoudite et la Russie.

Les réserves de gaz naturel de l'Irak sont plus modestes : elles se classent au 11e rang mondial avec 1,8 % des réserves mondiales. La production progresse, mais ne représente encore que 0,2 % de la production mondiale ; elle couvre 55 % de la consommation du pays.

Malgré ces progrès, l'Irak souffre encore de graves pénuries d'électricité ; une large part du gaz naturel associé au pétrole extrait des champs pétroliers supergéants du sud est encore torché et les centrales utilisent encore massivement le pétrole brut comme combustible : 48 % de la production d'électricité en 2018 (62 % en 2017) contre 49,6 % de gaz naturel et 2,2 % d'hydroélectricité. De plus, 21 % des besoins d'électricité ont été importés d'Iran et de Turquie. L'électricité couvre 16,4 % de la consommation finale d'énergie, taux probablement sous-estimé du fait des vols d'électricité.

Les émissions de CO2 par habitant de l'Irak était en 2018 inférieures de 10 % à la moyenne mondiale et de 44 % à celles de l'Iran.

Ressources en énergie primaire modifier

La production d'énergie primaire de l'Irak en 2018 (241,4 Mtep) se répartissait en 96 % de pétrole, 4 % de gaz naturel et 0,06 % d'hydroélectricité[1].

Pétrole modifier

Le pétrole fournit en 2016 la moitié du PIB de l'Irak et 90 % des recettes publiques[2].

Classements internationaux modifier

Dans les classements de l'Agence internationale de l'énergie, l'Irak apparait comme :

  • 5e producteur mondial de pétrole avec 234 Mt (millions de tonnes) en 2019, soit 5,3 % du total mondial ; le no 1, les États-Unis, a produit 742 Mt, suivi par la Russie : 560 Mt et l'Arabie saoudite : 546 Mt[s 2] ;
  • 3e exportateur mondial de pétrole avec 190 Mt en 2018, soit 9,1 % du total mondial, derrière l'Arabie saoudite : 368 Mt et la Russie : 260 Mt[s 2] ;
  • 4e producteur mondial d'électricité à base de pétrole en 2018 avec 40 TWh, soit 5,1 % du total mondial, derrière l'Arabie saoudite (160 TWh), le Japon (52 TWh) et les États-Unis (43 TWh)[s 3].

L'Irak était en 2015 le second producteur de brut de l'OPEP après l'Arabie saoudite et ses réserves prouvées sont au 5e rang mondial[3].

Réserves de pétrole modifier

 
Le Feu éternel de Baba Gurgur, près de Kirkouk, Irak, 2006.

Les réserves prouvées de pétrole de l'Irak étaient estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 19,73 Gt (milliards de tonnes) fin 2020, soit 8,0 % du total mondial, au 5e rang mondial derrière le Vénézuela (19,3 %), l'Arabie saoudite (16,2 %), le Canada (10,8 %) et l'Iran (8,8 %)[r 1]. Elles représentaient 98 années de production au rythme de 2020 : 202 Mt[r 2]. Elles ont augmenté de 1,3 % depuis 2010[4].

Les gisements irakiens sont tous terrestres (onshore), situés dans la région chiite du sud et dans la région kurde du nord ; la minorité sunnite n'a que peu de ressources pétrolières ; cinq gisements « supergéants » (> 5 milliards de barils), situés au sud, totalisent 60 % des réserves prouvés du pays, et 17 % sont dans le nord, près de Kirkouk, Mossoul et Khanaqin ; les plus grands gisements, ceux du sud, ont des coûts d'extraction assez bas grâce à leur géologie peu compliquée, à leur taille « supergéante », à la faible densité de population, à l'absence de relief et à la proximité des ports côtiers[3].

Le gisement pétrolier de Kirkouk, situé près de Kirkouk dans le Kurdistan irakien, découvert le , a été le plus grand gisement mondial jusqu'à la découverte de Ghawar en Arabie saoudite en 1948. Sa notoriété historique provient aussi du « feu éternel » situé au centre du gisement, à Baba Gurgur, déjà décrit en leur temps par Hérodote et Plutarque.

Le gisement de Rumaila, situé à la frontière du Koweït, est l'un des principaux gisements irakiens. Son caractère transfrontalier a été à l'origine de contestations : l'Irak accusa le Koweït de forer dans ses réserves, ce qui fut l'une des causes de la deuxième guerre du Golfe.

Production de pétrole modifier

 
Production de pétrole de l'Irak (millions de barils/jour), 1990-2015.
source : U.S. Energy Information Administration.

En 2021, selon BP, l'Irak a produit 200,8 Mt (millions de tonnes) de pétrole, soit 4,1 Mb/j (millions de barils par jour), en recul de 0,3 % par rapport à 2020, mais en progression de 48 % depuis 2011. Elle se classe au 5e rang mondial avec 4,8 % de la production mondiale, derrière les États-Unis (16,8 %), la Russie (12,7 %), l'Arabie saoudite (12,2 %) et le Canada (6,3 %)[p 1].

Dix ans après le renversement de Saddam Hussein, la production a dépassé son record historique de 1990 grâce aux prospections de firmes occidentales, russes et asiatiques dans le Sud. Elle a atteint 4,4 Mb/j (millions de barils par jour) en moyenne en 2016, au quatrième rang mondial derrière les États-Unis, la Russie et l'Arabie saoudite, avec des exportations records de 4,1 Mb/j en , alors que la production ne dépassait pas 1,5 Mb/j avant l'invasion de 2003 et même 3,5 Mb/j avant l'invasion du Koweït en 1991[2].

L'Irak re-développe ses ressources pétrolières après des années de sanctions et de guerres : la production de brut a progressé de 2,6 Mb/j en 2011 à près de 4,1 Mb/j en 2015, dont 3,6 Mb/j dans le sud et 0,45 Mb/j au Kurdistan, sous le contrôle du gouvernement semi-autonome kurde. La progression la plus forte a été acquise en 2015 : +0,7 Mb/j[3].

L'État islamique a conquis en avril 2014 plusieurs petits champs pétroliers dans le nord, dont ceux d'Ajeel, Hamrin, Qayara, Balad, Ain Zalah, Batma et Najma, mais a perdu le contrôle de plusieurs de ces champs à la suite des frappes aériennes américaines à partir d', en particulier celui d'Ajeel (28 000 b/j) qui a été brièvement l'une des principales ressources de Daesh, mais a été bombardé en [3].

Le gouvernement irakien, qui entend pratiquement doubler la production d'ici à 2027, à 8 millions de barils, signe le 5 septembre 2021 avec TotalEnergies une série de contrats dans le secteur de l'énergie : TotalEnergies prévoit d'investir au total quelque 10 milliards de dollars pour la construction d'une centrale électrique photovoltaïque d'un gigawatt, d'une usine de traitement de l'eau de mer qui sera injectée dans les puits de pétrole afin de maintenir la pression dans le sous-sol et faciliter l'extraction, d'équipements de récupération du gaz qui est associé à la production de trois champs pétroliers, le traiter et l'acheminer afin d'alimenter les centrales électriques du sud du pays, permettant de produire trois gigawatts, et d'optimiser le rendement d'un champ pétrolier et gazier en construisant de nouvelles capacités[5]. Après diverses vicissitudes, un accord est finalement trouvé en avril 2023 sur son application : Basrah Oil Company, propriété de l'État, prendra 30 % de l'ensemble, TotalEnergies conservant 45 % et QatarEnergy aura 25 %. La production du champ pétrolier d'Artawi, dans le sud du pays, sera portée de 85 000 bl/j actuellement à 210 000 bl/j. L'entreprise saoudienne ACWA participera à la construction de la centrale solaire qui alimentera le réseau électrique de la région de Bassorah[6].

La production de pétrole du pays a atteint 4,4 Mb/j en 2022, alors elle ne dépassait guère les 3 Mb/j sous Saddam Hussein. Le pétrole produit plus de 60 % des richesses du pays. Le gouvernement veut faire passer les capacités de production de 5,4 Mb/j à 7 Mb/j en 2027. Les deux tiers de la production et 34 % des réserves irakiennes seraient désormais sous contrôle chinois, selon S&P Global, et 35 % du brut irakien est exporté vers la Chine[7].

Consommation de pétrole modifier

En 2021, l'Irak a consommé 1,48 EJ (exajoules) de pétrole, soit 0,72 Mb/j (millions de barils par jour), en progression de 14,9 % en 2021 et de 29 % depuis 2011. Il représente 0,8 % de la consommation mondiale. Sa consommation absorbe seulement 18 % de sa production[p 2].

Exportations de pétrole modifier

 
Oléoduc Kirkouk-Ceyhan.

En 2021, l'Irak a exporté 176,1 Mt (millions de tonnes) de pétrole brut et 12,3 Mt de produits pétroliers, et importé 8,3 Mt de produits pétroliers. Il se classe au 3e rang mondial des exportateurs de brut avec 8,6 % du total mondial, derrière l'Arabie saoudite et la Russie. Ses exportations de brut sont destinées surtout à la Chine pour 30,7 %, à l'Inde pour 29,5 %, à l'Europe pour 27 %, aux États-Unis pour 4,3 %[p 3].

En 2018, l'Irak a exporté 189,7 Mt de pétrole brut, soit 84,5 % de sa production[8].

Les exportations se font surtout par les ports de Bassorah et Khor al-Amaya sur le Golfe persique, dont les capacités ont été accrues en 2015 et 2016. La plupart des oléoducs du nord ont été endommagés par le conflit en cours, en particulier l'oléoduc Kirkouk-Ceyhan qui a cessé de fonctionner en  ; le gouvernement du Kurdistan et ses partenaires internationaux ont installé deux oléoducs raccordés à l'oléoduc Kirkouk-Ceyhan pour exporter vers la Turquie[3].

L'agence étatique State Oil Marketing Organization, rattachée au Ministère du pétrole de l'Irak, est chargé de la commercialisation du pétrole irakien.

Trois oléoducs se sont succédé pour l'acheminement du pétrole irakien vers l'Occident :

Raffineries modifier

La capacité nominale des raffineries irakiennes dépasse 1 Mb/j, mais nombre d'entre elles ont une capacité réduite par les dégâts de la guerre ou par manque d'entretien ; depuis l'attaque de l'État islamique en , qui a gravement endommagé la raffinerie de Baïji, la plus grande du pays avec une capacité nominale de 310 000 b/j, la capacité effective totale est inférieure à 600 000 b/j. La plupart des seize raffineries irakiennes ont une capacité inférieure ou égale à 30 000 b/j ; les plus grandes, après la raffinerie de Baïji, sont celles de Daura (210 000 b/j de capacité nominale, 140 000 b/j de capacité effective), celle de Bassorah (210 000 b/j de capacité nominale, 135 000 b/j de capacité effective) et celle de Kalak près d'Erbil dans le Kurdistan (80 000 b/j, projet d'extension de (95 000 b/j pour 2018)[3].

En mars 2023, le Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani inaugure à Kerbala la nouvelle raffinerie de pétrole qui doit permettre à l'Irak, pourtant riche en hydrocarbures, de réduire sa dépendance aux importations de carburant. Le projet, réalisé par le conglomérat sud-coréen Hyundai, produira 9 millions de litres de carburant par jour, soit plus de la moitié des 15 millions de litres qu'importe l'Irak chaque jour[10].

Organisation du secteur modifier

 
Calouste Gulbenkian.

Le secteur pétrolier a longtemps été contrôlé par l'Iraq Petroleum Company (IPC), compagnie pétrolière fondée en 1927, réunissant cinq majors occidentales : Royal Dutch Shell, British Petroleum (BP), Mobil, Esso (ExxonMobil) et la Compagnie française des pétroles (CFP), ancêtre de Total, sous la présidence de Calouste Sarkis Gulbenkian, jusqu'à sa nationalisation en 1971[11].

L'Iraq National Oil Company (INOC) est la compagnie pétrolière nationale d'Irak, créée en 1966 par le gouvernement irakien. Ses activités comprennent l'exploration, la production et le transport ; le raffinage et la distribution du pétrole étant administrés indépendamment.

Le Ministère du pétrole à Bagdad supervise le secteur pétrolier et gazier dans tout le pays sauf le territoire kurde, à travers ses entités opérationnelles : North Oil Company (NOC), Midland Oil Company (MDOC), South Oil Company (SOC) et Missan Oil Company (MOC). Dans le Kurdistan irakien, le Ministère des ressources naturelles du Gouvernement régional du Kurdistan supervise le secteur. Les groupes pétroliers internationaux sont très actifs dans l'ensemble du pays, dans le cadre de contrats de service technique signés avec le Ministère du pétrole de Bagdad ou d'accords de partage de production avec le Gouvernement régional du Kurdistan[3].

Gaz naturel modifier

Réserves de gaz naturel modifier

Les réserves prouvées de gaz naturel de l'Irak étaient estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 3 729 Gm3 (milliards de m³) fin 2020. Ces réserves classaient l'Irak au 11e rang mondial avec 1,8 % du total mondial, loin derrière la Russie (23,2 %), l'Iran (16,5 %), le Qatar (11,6 %), le Turkménistan (6,6 %) et les États-Unis (6,3 %)[r 3]. Elles ont augmenté de 18 % depuis 2010[4]. Elles représentent 355 années de production au rythme de 2020 : 10,5 Gm3[r 4].

Les trois quarts des réserves de gaz naturel de l'Irak sont associées au pétrole, la plupart étant situées dans les gisements supergéants du sud[3].

Production de gaz naturel modifier

En 2021, l'Irak a produit 9,4 Gm3 (milliards de m³) de gaz naturel, soit 0,34 EJ (exajoules), en progression de 34 % en 2021 et de 48 % depuis 2011. Ceci représentait seulement 0,2 % de la production mondiale[p 4].

Consommation de gaz naturel modifier

En 2021, l'Irak a consommé 17,1 Gm3 de gaz naturel, soit 0,62 EJ, en baisse de 7,3 % en 2021, mais en progression de 170 % depuis 2011. Il représente seulement 0,4 % de la consommation mondiale. Sa production couvre 55 % de sa consommation[p 5].

En 2014, l'Irak était le 4e pays au monde pour le torchage de gaz naturel, après la Russie, l'Iran et le Venezuela ; la cause en est le manque d'infrastructures pour transporter et stocker ce gaz pour son utilisation ou son exportation. Le gaz qui n'est pas torché est surtout utilisé pour réinjection dans les gisements en vue d'accroître leur taux de récupération ; la consommation de gaz concerne surtout la production d'électricité. Afin de réduire le torchage, la compagnie d'État South Gas Company a conclu un accord avec Shell et Mitsubishi pour créer une coentreprise, Basrah Gas Company, dédiée à la capture du gaz torché dans les trois grands gisements du sud : Rumaila, West Qurna 1 et Zubair ; l'objectif est d'atteindre en 2018 une capacité de traitement de gaz de 2 milliards de pieds cubes ; à plus long terme, la construction d'un terminal méthanier permettrait d'exporter le gaz en excès lorsque les besoins d'électricité seront satisfaits[3].

Le contrat signé en 2021 entre TotalEnergies et l'État irakien et finalisé en avril 2023 prévoit de récupérer le gaz torché sur trois champs pétroliers irakiens afin d'alimenter en gaz des centrales électriques et d'améliorer la fiabilité du réseau[6].

Exportations et importations de gaz naturel modifier

Le projet de Gazoduc Iran-Irak-Syrie (5 600 km de longueur) était prévu pour acheminer le gaz du champ gazier iranien-qatari North Dome (South Pars) vers la Syrie, où il irait ensuite approvisionner les clients européens.

Le projet de Gazoduc Qatar-Turquie le concurrençait.

L'Irak a signé un agrément avec l'Iran en afin d'en recevoir du gaz naturel destiné à alimenter les centrales électriques de Bagdad et de Diyala[3].

Consommation d'énergie primaire modifier

En 2018, en Irak, la consommation d'énergie primaire par habitant a été de 1,68 tep (tonne équivalent pétrole), inférieure de 11 % à la moyenne mondiale (1,88 tep) et de 48 % à la consommation moyenne iranienne (3,25 tep)[s 1].

La consommation d'énergie primaire s'élevait en 2018 à 64,4 Mtep ; elle a progressé de 221 % entre 1990 et 2018. Elle se répartissait en 2018 entre le pétrole : 76 %, le gaz naturel : 21 %, l'hydroélectricité : 0,2 %, la biomasse : 0,1 % et les importations d'électricité : 2,9 %[1].

Consommation finale d'énergie modifier

La consommation finale d'énergie s'élevait en 2018 à 20,27 Mtep, dont 77,5 % de produits pétroliers, 6,0 % de gaz naturel et 16,4 % d'électricité ; sa répartition par secteur était dominée par les transports : 49,9 %, suivis par le secteur résidentiel : 23,9 %, le secteur industriel : 18,8 %, les usages non-énergétiques (chimie) : 2,3 % et le secteur tertiaire : 0,9 %[1].

Secteur électrique modifier

Production d'électricité modifier

En 2021, selon les estimations de BP, l'Irak a produit 112,5 TWh d'électricité, en hausse de 6,9 % en 2021 et de 167 % depuis 2011, soit 0,4 % de la production mondiale, loin derrière l'Iran (1,3 %) et l'Arabie saoudite (1,3 %)[p 6]. L'énergie solaire produit 0,4 TWh d'électricité[p 7].

La capacité de production électrique du pays n'est que de 35 GW en 2023, et la production effective atteint à peine 24 GW, pour une demande estimée à 42 GW. L'État irakien prévoit de développer 12 GWc de capacités solaires. Le projet multiénergies de TotalEnergies à Ratawi, près de Bassorah, prévoit la construction d'une centrale solaire de 1 GWc sur 22 km2, ainsi que d'une centrale à gaz de 1,5 GW d'ici 2027, puis 3 GW dans une deuxième phase[12].

L'Irak a produit 82,5 TWh d'électricité en 2018, dont 48,1 % à partir du pétrole, 49,6 % à partir du gaz naturel, 2,2 % d'hydroélectricité et 0,07 % de solaire. Sa production d'électricité a progressé de 244 % entre 1990 et 2018. Cette production ne couvre que 79 % des besoins, les 21 % restant sont importés[13].

Après la guerre d'Irak, de 2003 à 2011, des coupures de courant durant 16 à 22 heures par jour étaient courantes ; les coupures restent fréquentes en dehors du Kurdistan, surtout en été, mais elles se sont atténuées grâce à l'accroissement des capacités du parc irakien et de celles des générateurs hors réseau, ainsi que des importations d'électricité depuis l'Iran et des centrales électriques sur barges installées dans le golfe persique par la Turquie. selon le Middle East Economic Survey, la puissance installée de l'Irak (régions contrôlées par Bagdad) est passée de 7 GW en 2012 à 9,3 GW à la fin de 2014, pour l'essentiel grâce à l'installation de turbines achetées en 2008 mais restées stockées pendant plusieurs années ; ces 74 turbines totalisant 10,2 GW ont tardé à être installées à cause de difficultés budgétaires, contractuelles et politiques. Le Ministère de l'électricité a autorisé les compagnies pétrolières internationales à construites de petites centrales pour alimenter leurs installations pétrolières et gazières[3].

L'Irak brûle directement du pétrole brut dans des centrales électriques pour faire face à ses contraintes d'approvisionnement en combustibles. Cette consommation de pétrole s'est accrue en 2015, atteignant 223 000 b/j durant la saison chaude (juillet-septembre), en hausse de 71 000 b/j par rapport à la même période de 2014[3].

Centrales thermiques modifier

 
Complexe pétrolier et centrale thermique de Bayji, province de Salah ad-Din, 2005.

En , la centrale de Najibiya nouvellement réhabilitée a été mise en service à Bassorah ; sa puissance passe de 90 à 500 MW. depuis , du gaz naturel associé au pétrole du champ supergéant de Majnoon est envoyé aux installations de Bassorah pour produire 300 MW ; ce projet fait partie d'un plan visant à capturer le gaz associé, jusqu'ici torché dans les gisements supergéants du sud[3].

L'Irak a conclu deux accords avec l'Iran pour importer du gaz iranien destiné aux centrales électriques : le premier accord, signé en , prévoit des livraisons de 0,8 Mb/j pour trois centrales dans les provinces de Diyala et Bagdad ; ce gaz devrait atteindre en 2016 la centrale de Mansuriya dans la province de Diyala. Le second accord, signé avec l'Iran en , prévoit la livraison pendant six ans de 0,7 Mb/j de gaz en hiver et 1,2 Mb/j en été pour les centrales de la province de Bassorah ; mais les difficultés financières de l'Irak vont retarder ce projet[3].

Hydroélectricité modifier

Les centrales hydroélectriques irakiennes totalisent une puissance installée de 2 753 MW fin 2017, dont 240 MW de pompage-turbinage ; elles ont produit 4,58 TWh en 2017[14]. Ce sont, pour la plupart, des aménagements à buts multiples : irrigation, alimentation en eau potable, électricité.

Principales centrales hydroélectriques en Irak :

Nom Localité Province Cours d'eau Puissance (MW) Construction Notes
Barrage de Mossoul 40 km au nord-ouest de Mossoul Ninive Tigre 1062[n 1] 1981-86 [15]
Barrage de Haditha Haditha Al-Anbar Euphrate 660 1977-87 [16]
Barrage de Dokan As-Sulaymaniya, Kurdistan irakien Petit Zab, affluent du Tigre 400 1954-75 [16],[17]
Barrage de Derbendikhan As-Sulaymaniya, Kurdistan irakien Diyala, affluent du Tigre 249 1956-61 [17]

Le , l'État islamique a pris possession du barrage. Le , les Peshmerga kurdes en ont repris le contrôle après plusieurs jours de combats lors de la bataille du barrage de Mossoul[18].

Le barrage de Mossoul présente des risques d'effondrement à cause de défauts de construction : il a été bâti sur une fondation de gypse hydrosoluble; sa maintenance est déficiente depuis l'occupation de Mossoul par l'État islamique, car le personnel s'est enfui[3].

 
Barrages du Kurdistan irakien, 2006.

Le barrage de Bakhma (ou Bekhme) a été en construction sur le Grand Zab, affluent du Tigre, de 1988 à 1980, à 60 km au nord-est d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien ; sa puissance initialement envisagée était de 1 500 MW ; les travaux ont été arrêtés par la Guerre du Golfe ; après la guerre, le gouvernement du Kurdistan a manifesté son intention de terminer sa construction, mais le gouvernement irakien s'y est opposé à cause des risques de pénuries d'eau qui auraient pu en découler en aval, dans le sud de l'Irak[19].

Solaire modifier

Le contrat entre TotalEnergies et l'État irakien, signé en 2021 et finalisé en avril 2023, prévoit la construction d'une centrale solaire géante d'une capacité de 1 GWc destinée à alimenter le réseau électrique de la région de Bassorah. L'entreprise saoudienne ACWA participera à ce projet[6].

Importations d'électricité modifier

En 2018, les importations ont atteint 21,8 TWh, soit 21 % de l'approvisionnement en électricité du pays, la production en couvrant seulement 79 %[13].

L'Irak est en 2018 le 5e importateur mondial d'électricité avec 5,9 % des importations mondiales[s 4].

En 2013, plus de 9 TWh ont été importés, en provenance d'Iran et de Turquie[3].

Consommation d'électricité modifier

La consommation d'électricité atteignait 43,05 TWh en 2018, soit seulement 41,3 % de l'approvisionnement brut (production + importation) ; en effet, les pertes dans le réseau s'élèvent à 55,5 TWh, soit 53,2 %[n 2] de l'électricité injectée dans le réseau[13].

De 2005 à 2013, les pertes ont représenté en moyenne 38 % de l'approvisionnement. Le système irakien de distribution d'électricité, en dehors du Kurdistan, s'est fortement détérioré à cause de défauts de conception, du manque de maintenance et des vols d'électricité. La demande en pointe d'été dépasse en général de 50 % la production, causant des pénuries et coupures de courant, en particulier dans le sud ; les entreprises et les ménages doivent se reposer sur de coûteux générateurs diesel de secours, ceux de Bagdad totalisant à eux seuls 1 000 MW[3].

La consommation d'électricité par habitant en Irak a été en 2018 de 1 270 kWh, soit 39 % de la moyenne mondiale (3 260 kWh) et 38 % de la consommation moyenne iranienne (3 341 kWh)[s 1].

Impact environnemental modifier

Les émissions de CO2 par habitant en Irak ont été en 2018 de 3,99 tonnes, inférieures de 10 % à la moyenne mondiale (4,42 tonnes) et de 44 % à la moyenne iranienne (7,09 tonnes)[s 1].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. 750 MW plus 250 MW pompage-turbinage + centrale de 62 MW en aval.
  2. Un tel niveau de pertes en ligne ne peut s'expliquer que par un taux élevé de vols d'électricité, les pertes étant calculées par différence entre l'électricité injectée dans le réseau et le total des relevés de compteur des consommateurs.

Références modifier

  1. a b c et d p. 60-69
  2. a et b p. 13
  3. p. 31
  4. p. 33
  • (de) Agence fédérale pour les sciences de la terre et les matières premières, BGR Energiestudie 2021 - Daten und Entwicklungen der deutschen und globalen Energieversorgung [« Données et évolutions de l'approvisionnement allemand et mondial »], , 175 p. (lire en ligne [PDF])
  1. p. 73
  2. p. 75
  3. p. 90
  4. p. 85
  1. p. 15-16
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Articles connexes modifier