Élections parlementaires polonaises de 2015

Élections parlementaires polonaises de 2015
460 députés de la Diète
(majorité absolue : 231 sièges)
100 membres du Sénat
(majorité absolue : 51 sièges)
Type d’élection élections parlementaires
Corps électoral et résultats
Population 37 424 459
Inscrits 30 629 150
Votants 15 595 335
50,92 % en augmentation 2
Votes exprimés 15 200 671
PiS – Beata Szydło
Voix 5 711 687
37,58 %
en augmentation 7,7
Députés élus 235 en augmentation 101
Sénateurs élus 61 en augmentation 30
PO – Ewa Kopacz
Voix 3 661 474
24,09 %
en diminution 15,1
Députés élus 138 en diminution 64
Sénateurs élus 34 en diminution 29
Kukiz'15 – Paweł Kukiz
Voix 1 339 094
8,81 %
Députés élus 42 en augmentation 42
Sénateurs élus 0 en stagnation
.Moderne – Ryszard Petru
Voix 1 155 370
7,60 %
Députés élus 28 en augmentation 28
Sénateurs élus 0 en stagnation
ZL – Barbara Nowacka
Voix 1 147 102
7,55 %
en diminution 0,7
Députés élus 0 en diminution 67
Sénateurs élus 0 en stagnation
PSL – Janusz Piechociński
Voix 779 875
5,13 %
en diminution 3,2
Députés élus 16 en diminution 12
Sénateurs élus 1 en diminution 1
VIIIe législature de la Diète
Diagramme
Présidente du Conseil des ministres
Sortante Élue
Ewa Kopacz
PO
Beata Szydło
PiS

Les élections parlementaires polonaises de 2015 (en polonais : Wybory parlamentarne w Polsce w 2015 roku) se tiennent le pour renouveler les deux chambres du Parlement polonais que sont la Diète (en polonais : Sejm) et le Sénat.

Ce scrutin a lieu quelques mois après l'élection présidentielle du mois de mai 2015, remportée au second tour par le candidat conservateur Andrzej Duda contre le chef de l'État sortant, Bronisław Komorowski.

La majorité libérale sortante PO-PSL, au pouvoir depuis huit ans et conduite par Ewa Kopacz, est défaite par les conservateurs de Droit et justice (PiS), qui obtiennent une majorité absolue de sièges au Parlement alors qu'aucun parti politique n'y était parvenu depuis la fin du régime communiste en 1989. Autre fait inédit, la gauche n'obtient aucun élu à la Diète ou au Sénat.

Contexte modifier

 
Composition de la Diète à la suite des élections de 2011.
 
Andrzej Duda, vainqueur de l'élection présidentielle de 2015.

Lors de ces élections, la Plate-forme civique (PO), formation libérale de centre droit, est majoritaire au Parlement depuis 2007. Lors des élections parlementaires de 2011, conduite par Donald Tusk, elle avait conservé sa place de première force politique de Pologne, avec 39,18 % des voix et 207 députés élus. Donald Tusk avait ainsi pu constituer un second gouvernement avec le Parti paysan (PSL).

Le principal parti d'opposition est la formation conservatrice Droit et justice (PiS), dirigé par Jarosław Kaczyński. Droit et justice a perdu plusieurs scrutin successifs, notamment l'élection présidentielle de 2010, qui faisait suite à la mort accidentelle du président Lech Kaczyński.

Le , Donald Tusk donne la démission de son gouvernement après avoir été désigné à la présidence du Conseil européen. C'est la maréchale de la Diète, Ewa Kopacz, qui lui succède.

Malgré une bonne popularité et la poursuite de la politique qui fut celle de Donald Tusk, le nouveau chef du gouvernement peine à s'imposer. Au second tour de l'élection présidentielle de mai 2015, le président sortant, Bronisław Komorowski, issu de la PO, est battu par le conservateur Andrzej Duda, pourtant inconnu quelques mois avant ce scrutin. Cette défaite de Komorowski, malgré l'avance que lui prêtaient les sondages au début de la campagne, augure une progression constante de PiS dans les enquêtes d'intentions de vote alors que la PO partait favorite pour une troisième victoire consécutive.

Conditions générales modifier

Modalités du scrutin modifier

La Diète (en polonais : Sejm) et le Sénat (en polonais : Senat) sont les deux chambres du Parlement de la République de Pologne qui constituent l'Assemblée nationale. La première, chambre basse, se compose de 460 membres, élus au scrutin proportionnel plurinominal. Un parti pour pouvoir siéger à la Diète doit obtenir au moins 5 % des voix, seuil qui est relevé à 8 % lorsqu'il s'agit d'une coalition. La minorité allemande est quant à elle exemptée de cette règle. La seconde, chambre haute, a 100 membres qui sont tous élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour au sein d'une circonscription.

Fixation de la date des élections modifier

Le , quelques jours avant la fin de son mandat, le président de la République, Bronisław Komorowski, a fixé la date des élections parlementaires au [1]. Pour la première fois depuis 2005, les élections législatives se tiendront la même année que l'élection présidentielle.

Forces en présence modifier

Force politique Positionnement et idéologie Chef de file Résultats en 2011
Plate-forme civique
Platforma Obywatelska (PO)
Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Ewa Kopacz
Présidente du Conseil des ministres
39,1 % des voix
216 députés
63 sénateurs
Droit et justice
Prawo i Sprawiedliwość (PiS)
Droite
Conservatisme, nationalisme, euroscepticisme
Beata Szydło 29,9 % des voix
151 députés
31 sénateurs
Parti paysan polonais
Polskie Stronnictwo Ludowe (PSL)
Centre
Démocratie chrétienne, conservatisme, agrarisme
Janusz Piechociński
Vice-président du Conseil des ministres
Ministre de l'Économie
8,3 % des voix
28 députés
2 sénateurs
Gauche unie
Zjednoczona Lewica (ZL)
Centre gauche
Social-démocratie
Barbara Nowacka 18,2 % des voix
67 députés (Twój Ruch + SLD)
2 sénateurs indépendants apparentés

Pour le parti Droit et justice, formation du nouveau président Andrzej Duda, alors que Jarosław Kaczyński était initialement pressenti pour briguer le poste de président du Conseil des ministres[2], c'est finalement Beata Szydło qui est désignée[3].

Campagne modifier

Résultats modifier

 
Parti arrivé en tête par circonscriptions électorales.

Diète modifier

Résultats des législatives polonaises de 2015[4]
 
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Droit et justice (PiS) 5 711 687 37,58   7,69 235   78
Plate-forme civique (PO) 3 661 474 24,09   15,09 138   69
Kukiz'15 1 339 094 8,81 Nv. 42   42
.Moderne 1 155 370 7,60 Nv. 28   28
Gauche unie (ZL) 1 147 102 7,55   11,26 0   67
Parti paysan polonais (PSL) 779 875 5,13   3,23 16   12
KORWiN 722 999 4,76 Nv. 0  
Ensemble (Razem) 550 349 3,62 Nv. 0  
Comité pour Zbigniew Stonoga 42 731 0,28 Nv. 0  
Minorité allemande 27 530 0,18   0,01 1  
Unis pour la Silésie 18 668 0,12 Nv. 0  
JOW indépendants 15 656 0,10 Nv. 0  
Autres 28 136 0,18 0
Suffrages exprimés 15 200 671 97,47
Votes blancs et nuls 394 664 2,53
Total 15 595 335 100 460  
Abstention 15 033 815 49,08
Inscrits/Participation 30 629 150 50,92

Sénat modifier

 
Résultats des élections au Sénat 2015 :
Résultats des sénatoriales polonaises de 2015[5]
 
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Droit et justice (PiS) 5 993 433 39,99   13,05 61   30
Plate-forme civique (PO) 4 323 789 28,85   6,75 34   29
Parti paysan polonais (PSL) 1 109 675 7,40   1,99 1   1
Gauche unie (ZL) 595 206 3,97   5,89 0  
.Moderne 394 817 2,63 Nv. 0  
Kukiz'15 207 156 1,38 Nv. 0  
KORWiN 186 510 1,24 Nv. 0  
Autres 536 929 3,58 0   1
Indépendants 1 640 571 10,95   3,08 4   1
Suffrages exprimés 14 988 086 96,12
Votes nuls 604 947 3,88
Total 15 593 033 100 100  
Abstention 15 036 117 49,09
Inscrits/Participation 30 629 150 50,91

Analyse modifier

Ces élections marquent le retour au pouvoir de Droit et justice après sept années passées dans l'opposition.

Pour la première fois, un parti politique obtient la majorité absolue des sièges au Parlement polonais depuis la fin du régime communiste[6],[7].

La gauche, qui n'a pas obtenu assez de suffrages (le seuil étant fixé à 8 % pour une coalition et 5 % pour un parti), n'est pas représentée au Parlement. Le total des voix de gauche est de 11,17 %, la coalition de la Gauche unie ayant recueilli 7,55 % et le parti de gauche alternative Ensemble (Razem) 3,62 %.

Beata Szydło est nommée présidente du Conseil des ministres le et prête serment le lendemain[8].

Pour expliquer la victoire du parti Droit et justice, Le Monde note que le parti « social conservateur » a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social « très coûteux » évalué entre 40 et 60 milliards de zlotys (9 à 14 milliards d’euros). Parmi les arguments de campagne que relève la quotidien, se trouvent la baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes (au lieu de 65 et 67), le maintien des régimes spéciaux (pour les juges, les procureurs, les agriculteurs…), les médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans et une allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant. D'un point de vue économique, la politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » de Viktor Orbán : « taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. »[9]

Notes et références modifier

  1. « Pologne : des législatives fixées au 25 octobre », Euronews, .
  2. « Beata Szydlo, candidate au poste de Premier ministre en Pologne », sur ladepeche.fr, .
  3. « Pologne: avec le président Duda, le pays opte pour le changement », sur lalibre.be, .
  4. (pl) « PKW », sur parlament2015.pkw.gov.pl (consulté le ).
  5. (pl) « PKW », sur parlament2015.pkw.gov.pl (consulté le ).
  6. « Pologne/parlement : majorité absolue pour les conservateurs », sur Le Figaro, (consulté le ).
  7. « Aucun élu de gauche au prochain parlement polonais », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  8. « Pologne : Beata Szydlo nommée Premier ministre », sur Euronews, (consulté le ).
  9. Jakub Iwaniuk, Pologne : la droite conservatrice remporte les élections législatives, lemonde.fr, 25 octobre 2015

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier