Élections législatives islandaises de 2024

élections en Islande

Les élections législatives islandaises de 2024 (en islandais : Alþingiskosningar 2024) ont lieu le afin de renouveler les 63 sièges de l'Althing, le parlement islandais.

Élections législatives islandaises de 2024
63 sièges de l'Althing
(Majorité absolue : 32 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 268 422
Votants 215 216
80,18 % en augmentation 0,1
Votes exprimés 212 470
Blancs et nuls 2 746
Alliance (S) – Kristrún Frostadóttir
Voix 44 091
20,75 %
en augmentation 10,8
Sièges obtenus 15 en augmentation 9
Parti de l'indépendance (D) – Bjarni Benediktsson
Voix 41 143
19,36 %
en diminution 5
Sièges obtenus 14 en diminution 2
Parti de la réforme (C) – Þorgerður Katrín Gunnarsdóttir
Voix 33 606
15,82 %
en augmentation 7,5
Sièges obtenus 11 en augmentation 6
Parti du peuple (F) – Inga Sæland (en)
Voix 29 288
13,78 %
en augmentation 4,9
Sièges obtenus 10 en augmentation 4
Parti du centre (M) – Sigmundur Davíð Gunnlaugsson
Voix 25 700
12,10 %
en augmentation 6,7
Sièges obtenus 8 en augmentation 5
Parti du progrès (B) – Sigurður Ingi Jóhannsson
Voix 16 578
7,80 %
en diminution 9,5
Sièges obtenus 5 en diminution 8
Premier ministre
Sortant Élu
Bjarni Benediktsson
PI
Kristrún Frostadóttir
A

Le scrutin intervient de manière anticipée à la suite de la rupture de la coalition réunissant le Parti de l'indépendance, le Parti du progrès et le Mouvement des verts et de gauche sous l'égide du Premier ministre Bjarni Benediktsson.

Les élections voient la victoire de l'Alliance menée par Kristrún Frostadóttir, qui forme le 21 décembre un gouvernement de coalition avec le Parti de la réforme et le Parti du peuple. Cette nouvelle coalition tripartite est notamment remarquée pour la présence à sa tête de femmes uniquement, chacun des trois partis la composant étant dirigé par une femme.

Contexte

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À la suite des élections législatives de 2021, la coalition entre le Parti de l'indépendance (SJ), le Parti du progrès (Fram) et le Mouvement des verts et de gauche (VG) est reconduite sous l'autorité de la Première ministre sortante Katrín Jakobsdóttir, en dépit de la contreperformance enregistrée par le VG[1].

Le , la cheffe du gouvernement annonce sa démission, afin de se présenter à l'élection présidentielle du suivant[2]. Elle est remplacée quatre jours plus tard par le ministre des Affaires étrangères Bjarni Benediktsson (SJ), qui retrouve la primature après l'avoir occupée moins d'un an en [3].

Bjarni Benediktsson annonce le avoir remis la démission de son gouvernement à la présidente Halla Tómasdóttir, en raison de la rupture de la coalition gouvernementale à cause de désaccords en matière de politique étrangère, de droit d'asile ou encore de politique énergétique. Il précise que des élections législatives anticipées seront organisées le suivant et que l'exécutif assurera la gestion des affaires courantes jusqu'à la formation du prochain gouvernement[4].

Mode de scrutin

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Les six circonscriptions électorales islandaises.

L'Islande est dotée d'un parlement monocaméral, l'Althing, dont les 63 membres sont élus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées[5]. 54 sièges sont pourvus en fonction des résultats dans six circonscriptions de neuf sièges chacune, répartis selon la méthode D'Hondt[5]. Les neuf sièges complémentaires sont attribués aux partis ayant dépassé le seuil d'au moins 5 % des voix selon leur pourcentage de voix au niveau national de manière à rapprocher le résultat en sièges de la répartition des suffrages[5].

Les électeurs ont la possibilité de modifier les listes en changeant les numéros des candidats ou en rayant leur nom, mais ne peuvent y ajouter les candidats d'une autre liste[6].

L'Islande est divisée en 6 circonscriptions électorales dont les limites sont définies par la loi : Norðausturkjördæmi (Nord-Est), Norðvesturkjördæmi (Nord-Ouest), Reykjavíkurkjördæmi norður (Reykjavik Nord), Reykjavíkurkjördæmi suður (Reykjavik Sud), Suðurkjördæmi (Sud) et Suðvesturkjördæmi (Sud-Ouest).

Campagne

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Déroulement

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Forces en présence

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Parti Idéologie Chef de file Résultats en 2021
Parti de l'indépendance
Sjálfstæðisflokkur (D)
Centre droit à droite
Libéralisme économique, libéral-conservatisme, euroscepticisme
Bjarni Benediktsson
(Premier ministre)
24,38 % des voix
16 sièges
Parti du progrès
Framsóknarflokkurinn (B)
Centre droit
Agrarisme, libéralisme, euroscepticisme
Sigurður Ingi Jóhannsson
(Ministre des Finances)
17,27 % des voix
13 sièges
Mouvement des verts et de gauche
Vinstri græn (V)
Extrême gauche à centre gauche
Socialisme démocratique, écosocialisme, euroscepticisme
Svandís Svavarsdóttir
(Ministre des Infrastructures)
12,57 % des voix
8 sièges
Alliance
Samfylkingin (S)
Centre gauche
Social-démocratie, europhilie
Kristrún Frostadóttir 9,93 % des voix
6 sièges
Parti du peuple
Flokkur fólksins (F)
Centre-gauche à droite
Populisme, défense des droits des malades, des personnes âgées, des pauvres, euroscepticisme
Inga Sæland (en) 8,85 % des voix
6 sièges
Parti pirate
Píratar (P)
Centre gauche

Démocratie directe, transparence démocratique, libertés sur Internet

Aucun[a] 8,63 % des voix
6 sièges
Parti de la réforme
Viðreisn (C)
Centre à centre-droit
Libéralisme, libéralisme économique, libéralisme vert, europhilie
Þorgerður Katrín Gunnarsdóttir 8,33 % des voix
5 sièges
Parti du centre
Miðflokkurinn (M)
Droite
Populisme, agrarisme, euroscepticisme
Sigmundur Davíð Gunnlaugsson 5,45 % des voix
3 sièges
Parti socialiste islandais
Sósíalistaflokkur Íslands (J)
Gauche
Socialisme, anticapitalisme
Sanna Magdalena Mörtudóttir (is) 4,09 % des voix
0 sièges
Avenir responsable
Ábyrg framtíð (Y)
Extrême droite
Libertarianisme, anti-vaccin
Jóhannes Loftsson (is) 0,1 % des voix
0 sièges
Parti démocrate
Lýðræðisflokkurinn (L)
Extrême droite
Libertarianisme, conservatisme libertarien
Arnar Þór Jónsson (en) Nouveau
0 sièges

Sondages

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Sondages depuis les élections législatives de septembre 2021.

Résultats

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Résultats des législatives islandaises de 2024[7],[8]
 
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Alliance (S) 44 091 20,75   10,82 15   9
Parti de l'indépendance (D) 41 143 19,36   5,02 14   2
Parti de la réforme (C) 33 606 15,82   7,49 11   6
Parti du peuple (F) 29 288 13,78   4,93 10   4
Parti du centre (M) 25 700 12,10   6,65 8   5
Parti du progrès (B) 16 578 7,80   9,47 5   8
Parti socialiste islandais (J) 8 422 3,96   0,13 0  
Parti pirate (P) 6 411 3,02   5,61 0   6
Mouvement des verts et de gauche (V) 4 974 2,34   10,23 0   8
Parti démocrate (L) 2 215 1,04 Nv. 0  
Avenir responsable (Y) 42 0,02   0,07 0  
Suffrages exprimés 212 470 98,72
Votes blancs 2 438 1,13
Votes nuls 308 0,14
Total 215 216 100 63  
Abstention 55 952 9,82
Inscrits/Participation 268 422 80,18

Résultats par circonscriptions

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Analyse

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Résultats par partis par circonscriptions.

Le scrutin voit l'effondrement du Mouvement des verts et de gauche, qui perd l’entièreté de ses sièges à l'Althing pour la première fois depuis sa création. Les deux autres partis composant la coalition sortante, le Parti de l'indépendance et le Parti du progrès subissent également un revers électoral. L'Alliance sort gagnante de ce scrutin en arrivant en tête de justesse, tout en enregistrant ses meilleurs résultats depuis 2009, doublant ceux du scrutin précédent de 2021. Le Parti de la réforme et le Parti du peuple connaissent également une progression et arrivent respectivement en troisième et quatrième position. Ils sont par ailleurs considérés comme de potentiels partenaires pour une coalition avec l'Alliance dans le prochain gouvernement islandais[9].

Le scrutin est par ailleurs remarqué pour la progression de partis europhiles favorables à une adhésion à l'Union européenne, qui décrochent ensemble une majorité au sein du parlement islandais[10].

Formation du gouvernement

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Kristrún Frostadóttir

La présidente Halla Tómasdóttir demande formellement le à la dirigeante de l'Alliance, Kristrún Frostadóttir de former un gouvernement. Celle ci entame dès le lendemain des négociations avec le Parti de la réforme et le Parti du peuple[11]. La singularité du fait que les trois principaux partis engagés dans des négociations soient chacun présidé par une femme amène Inga Sæland à se surnommer les « valkyries » — expression reprise ensuite par la presse[12],[13].

Les négociations sur l'établissement d'un programme de coalition évoluent autour des questions économiques, la création d'emploi, les infrastructures, le logement et l'éducation — écartant toute discussion sur l'Europe dans un premier temps[14]. Les présidentes des trois partis — Kristrún Frostadóttir pour l'Alliance, Þorgerður Katrín Gunnarsdóttir pour le Parti de la réforme et Inga Sæland pour le Parti du peuple — poursuivent les discussions durant les deux semaines qui suivent, avant d'annoncer le la conclusion d'un accord. L'annonce est suivie de la présentation du programme ainsi que de la composition du gouvernement le lendemain[15].

La nouvelle coalition bénéficie d'une majorité de 36 députés à l'Althing, soit quatre de plus que le seuil de la majorité absolue[16]. La répartition des ministères selon l'accord donne quatre ministères pour l'Alliance, autant pour le Parti de la Réforme et trois pour le Parti du peuple. Avec un total de onze ministère, le nouveau gouvernement en comporte un de moins que son prédécesseur : la suppression du ministère de la Culture, du Commerce et du Tourisme doit alors permettre d'économiser 400 millions couronnes par an[17],[18]. Le gouvernement entre en fonction le avec à sa tête Kristrún Frostadóttir pour Première ministre[19].

Notes et références

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  1. Le Parti pirate n'a pas de présidence individuelle mais effectue une présidence tournante - le « chef » est désigné à chaque nouvelle session parlementaire par pile ou face.

Références

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  1. (en) « Iceland's left-right coalition agrees to take another term », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « En Islande, la première ministre démissionne pour être candidate à la présidence », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Miranda Bryant, « Iceland appoints Bjarni Benediktsson to replace Katrín Jakobsdóttir as PM », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  4. « Islande : des élections législatives anticipées sont convoquées le 30 novembre », RTBF,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a b et c Union interparlementaire, « ISLANDE (Althingi) - Système électoral » (consulté le ).
  6. Þorkell Helgason, « Apportionment of Seats to the Althingi, the Icelandic Parliament »,
  7. Iceland Monitor
  8. (is) « Kosningar »  , sur Ruv.is, (consulté le )
  9. Le Monde avec AFP, « En Islande, les sociaux-démocrates s’imposent face au parti du premier ministre sortant à l’issue de législatives anticipées », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  10. Charles Szumski, « En Islande, les partis pro-UE réalisent une percée historique et devancent la coalition au pouvoir »  , sur Euractiv, (consulté le )
  11. (en-US) Michael Chapman, « Kristrún has mandate to form Iceland's new government », sur Iceland Review, (consulté le )
  12. (en-US) Jóhannes Bjarkason, « From Iceland : Kristrún Frostadóttir Begins Formal Government Formation », sur The Reykjavik Grapevine, (consulté le )
  13. (en) « Valkyrie Coalition: Iceland's New Political Era », sur Devdiscourse (consulté le )
  14. (en-US) Ragnar Tómas, « Coalition Talks Continue as Kristrún Seeks Agreement », sur Iceland Review, (consulté le )
  15. « Government coalition agreement presented this weekend », sur Iceland Monitor (consulté le )
  16. (en-US) Ragnar Tómas, « Parties Aim to Form Government Coalition by Year’s End », sur Iceland Review, (consulté le )
  17. (is) « Ágreiningur um „tekjuöflun ríkissjóðs“ », sur Mbl.is (consulté le )
  18. (is) « Kristrún Frostadóttir verður forsætisráðherra » [« Kristrún Frostadóttir sera Première ministre »]  , sur mbl.is, (consulté le )
  19. (is) « Kristrún: „Þetta verður ekki auðvelt“ », sur mbl.is, (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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  • (is) « Alþingi », sur Althingi.is (consulté le )
  • (is) « Landskjörstjórn », sur Landskjörstjórn.is (consulté le )