Élections aux Fidji

organisation électorale des Fidji

Le système politique et électoral fidjien est en cours de recomposition. Le gouvernement « de transition » issu du coup d'État militaire de , et dirigé par le contre-amiral Voreqe Bainimarama, a promis une nouvelle Constitution pour 2013, devant amener à la restauration de la démocratie à travers des élections législatives en 2014. Les détails du nouveau système électoral ne sont pas encore établis, mais le gouvernement a indiqué qu'il abolirait les listes électorales ethniques ; chaque citoyen serait inscrit sur les listes électorales sans considération d'appartenance ethnique, et ne voterait plus spécifiquement pour des représentants de sa 'communauté'[1],[2].

Dans l'intérim, le Parlement demeure suspendu. Il était, avant sa suspension, composé de deux chambres : la Chambre des Représentants, élue au suffrage universel mais composée principalement de représentants de communautés ethniques ; et le Sénat, dont les membres sont nommés par le Président de la République en accord avec les recommandations du Grand Conseil des Chefs (principalement élu par des conseils provinciaux autochtones), du premier ministre, du chef de l'Opposition officielle, et du Conseil de Rotuma[3],[4]. Le premier ministre était nommé par le Président, ce dernier choisissant un député de la Chambre des Représentants qui avait la confiance d'une majorité de ses pairs, en accord avec le modèle de Westminster. Le Président était nommé par le Grand Conseil des Chefs, mais avait des fonctions essentiellement symboliques[5].

Les particularismes du système électoral pour la Chambre des Représentants ont varié au fil des Constitutions qui se sont succédé - en 1970, en 1990, puis en 1997, avant l'abrogation de la Constitution de 1997 en 2009, et la promesse d'une nouvelle Constitution pour 2013. Les dispositions électotales sous la Constitution de 1997 -employées lors des élections de 1999, 2001 et 2006- étaient les suivantes, de par l'article 51 : 23 députés autochtones élus par les citoyens autochtones (appelés "fidjiens") ; 19 élus par et parmi les citoyens d'appartenance ethnique indienne (c.f. Indiens des Fidji) ; 1 député élu par et parmi les Rotumiens ; 3 élus par et parmi les citoyens de tout autre appartenance ethnique ; et 25 élus par l'ensemble des citoyens sans distinction ethnique. Le pays était ainsi divisé en circonscriptions uninominales ethniques et non-ethniques superposées, et chaque électeur avait à choisir deux candidats : un dans sa circonscription ethnique, et un dans sa circonscription dite "ouverte", où pouvaient se présenter des candidats de diverses origines[5],[6].

En outre, afin de promouvoir une plus grande coopération entre les partis politiques, le système électoral employé était celui du vote alternatif. Chaque électeur était invité à classer les candidats de ses circonscriptions par ordre de préférence[7].

Pour autant, il existait une très forte corrélation entre l'appartenance ethnique des électeurs et le parti auquel ils accordaient leur préférence. Ainsi, aux élections de 2006, le Soqosoqo Duavata ni Lewenivanua, parti conservateur prônant la primauté des intérêts autochtones, remporta une large majorité des scrutins autochtones, tandis que les électeurs 'indiens' privilégiaient largement le Parti travailliste, et que le Parti des peuples unis (United Peoples' Party), conçu pour rassembler les électeurs des autres ethnies, remportait deux des trois sièges réservés à ces minorités[8]. Depuis l'indépendance du pays en 1970, la plupart des élections ont été remportées par des partis conservateurs principalement autochtones, voire (depuis les années 1990) nationalistes autochtones. À trois reprises, d'autres partis sont arrivés en tête, remportant le plus grand nombre de sièges, mais sans jamais pouvoir constituer un gouvernement durable. Le Parti de la fédération nationale, principalement 'indien', remporta les élections de mars 1977 en raison d'une scission de l'électorat autochtone, mais ne put s'accorder sur la nomination d'un premier ministre, précipitant une crise constitutionnelle. Le Gouverneur général Ratu Sir George Cakobau nomma alors premier ministre le dirigeant du parti conservateur autochtone arrivé second. Le Parti travailliste remporta les élections de 1987, mais le gouvernement travailliste fut presque immédiatement renversé par un coup d'État militaire, au nom de la sauvegarde de la suprématie autochtone. Les Travaillistes remportèrent également les élections de 1999, et furent à nouveau renversés par un coup d'État (cette fois, civil) peu de temps après[9].

Notes et références modifier

  1. (en) "2009 New Year Message - PM Bainimarama", site web du gouvernement fidjien, 1 janvier 2009
  2. (en) "PM Bainimarama - A Strategic Framework for Change", site web du gouvernement fidjien, 1 juillet 2009
  3. "Fidji : Chambre des Représentants : système électoral", Union inter-parlementaire
  4. "Fidji : Sénat", Union inter-parlementaire
  5. a et b (en) Constitution de la République des Îles Fidji, 1997
  6. (en) "How the Fiji Islands electoral system works", site du gouvernement fidjien pour les élections de 2006
  7. (en) "The Alternative Vote", site du gouvernement fidjien pour les élections de 2006
  8. (en) "2006 Election Result Maps - Voter turnout analysis", site du gouvernement fidjien pour les élections de 2006
  9. Adrien Rodd, "Relations interethniques aux Îles Fidji : deux 'minorités' face à face ?", in Lucienne Germain et Didier Lassalle (éds.), Les Relations interethniques dans l'aire anglophone, entre collaboration(s) et rejet(s), L'Harmattan, 2009, (ISBN 978-2-296-08678-4)

Voir aussi modifier