Élections à la Chambre des conseillers du Japon de 2022

Élections à la Chambre des conseillers du Japon de 2022
124 des 248 sièges de la Chambre des conseillers
Corps électoral et résultats
Inscrits 105 019 203
Votants 54 653 462
52,04 % en augmentation 3,3
Blancs et nuls 1 626 202
Parti libéral-démocrate – Fumio Kishida
Voix 18 256 245
34,43 %
en diminution 0,9
Sièges obtenus 119 en augmentation 6
Parti japonais de l'innovation – Ichirō Matsui
Voix 7 845 995
14,80 %
en augmentation 5
Sièges obtenus 21 en augmentation 5
Parti démocrate constitutionnel – Kenta Izumi
Voix 6 771 914
12,77 %
en diminution 3
Sièges obtenus 39 en augmentation 7
Kōmeitō – Natsuo Yamaguchi
Voix 6 181 432
11,66 %
en diminution 1,4
Sièges obtenus 27 en diminution 1
Parti communiste japonais – Kazuo Shii
Voix 3 618 343
6,82 %
en diminution 2,1
Sièges obtenus 11 en diminution 2
Parti démocrate du peuple – Yūichirō Tamaki
Voix 3 159 657
5,96 %
en diminution 1
Sièges obtenus 10 en diminution 11
Président de la Chambre
Sortant
Akiko Santō
Parti libéral-démocrate

Les élections à la Chambre des conseillers du Japon de 2022 (第26回参議院議員通常選挙, dai-nijūgo-kai Sangiin giin tsūjō senkyo?, littéralement « 26es élections régulières des membres de la Chambre des conseillers ») ont lieu le afin de renouveler 128 des 248 sièges de la Chambre des conseillers du Japon.

Le Parti libéral-démocrate du Premier ministre Fumio Kishida conserve sa majorité relative à l'issue de ces élections marquées par l'assassinat de l'ancien chef du gouvernement Shinzo Abe.

Contexte modifier

 
Fumio Kishida

Les élections de juillet 2019 donnent lieu à une victoire en demi teinte du Parti libéral-démocrate (PLD) du premier ministre Shinzō Abe. Le PLD arrive en effet largement en tête, mais essuie un recul qui lui fait perdre la majorité absolue, ainsi qu'avec ses alliés la majorité qualifiée des deux tiers qui lui permettait de mettre en œuvre le projet cher au premier ministre d'amender la constitution[1].

Shinzo Abe annonce le sa démission prochaine pour raisons de santé. Le Premier ministre souffre alors d'une aggravation redoutée de la colite ulcéreuse dont il souffre depuis l'adolescence. Sa démission devient effective après l'élection de son successeur au sein du PLD le , en la personne de son ancien porte-parole Yoshihide Suga[2]. Ce dernier prend ses fonctions de Premier ministre deux jours plus tard[3].

La gestion très critiquée de la pandémie de Covid-19 par le gouvernement de Yoshihide Suga dans le contexte des Jeux olympiques d'été organisés à Tokyo du 23 juillet au 8 août 2021 conduit cependant à une chute très marquée de sa popularité[4]. Devenu un poids pour le PLD, Suga renonce à pas se représenter à l'élection à la présidence du Parti prévue de longue date pour le 29 septembre 2021, ouvrant la voie à l'arrivée d'un nouveau chef du parti — et donc un nouveau Premier ministre — juste avant la campagne pour les élections législatives d'octobre 2021[5],[6],[7]. L'élection interne est finalement remportée par Fumio Kishida[8]. Le nouveau Premier ministre mène alors le PLD à la victoire aux législatives : malgré un léger recul de la formation en termes de sièges, celui ci conserve la majorité absolue, confortée par son allié, le Kōmeitō[9]. L'opposition échoue à l'emporter malgré l'union de plusieurs partis en liste commune, tandis que le scrutin voit la montée du Parti japonais de l'innovation, arrivé troisième[10].

Malgré le maintien au pouvoir du PLD, la perte de plusieurs dizaines de sièges lors du scrutin est perçue comme un avertissement pour Kishida, dont la faible popularité aurait participé avec les mesures anti-Covid au recul de sa formation politique[11].

Assassinat de Shinzō Abe modifier

Le , à l'avant-veille du scrutin, l'ancien Premier ministre Shinzō Abe est assassiné par balles lors d'un meeting à Nara. Abe, même après avoir quitté la tête du gouvernement, était resté l'une des personnalités politiques les plus influentes du pays.

Cet incident, bien que n'étant pas dû à des motifs politiques selon les dires de son auteur, provoque une profonde onde de choc au Japon, où la violence par armes et à plus forte raison politique est extrêmement rare.

Système électoral modifier

 
Intérieur de la Chambre

Le Japon est doté d'un parlement bicaméral appelé Diète dont la Chambre des conseillers est la chambre haute.

Celle-ci se compose de 248 sièges renouvelés par moitié tous les trois ans, pour des mandats de six ans. Ce total était de 242 avant un amendement de la loi électorale voté en , qui échelonne une augmentation progressive à 248 sièges. Les renouvellements de 2019 et de 2022 se voient chacun attribuer trois sièges supplémentaires à pourvoir, soit 124 en tout. La Chambre de 2019 a ainsi été exceptionnellement composée d'un total de 245 sièges jusqu'aux élections suivantes, celles de 2022 devant achever la transition[12].

Les 124 sièges sont par ailleurs pourvus selon un système de scrutin parallèle. 74 sièges le sont à la majorité simple, dont 33 sièges au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions électorales, et 41 au vote unique non transférable dans treize circonscriptions de deux à cinq sièges chacune. Les circonscriptions utilisées correspondent aux préfecture du pays, à l'exception de deux regroupements de deux préfectures chacun, créés en 2015[12].

Enfin, les 50 sièges restant sont pourvus au scrutin proportionnel plurinominal de liste dans une unique circonscription nationale, répartis selon la méthode d'Hondt. Les électeurs ont la possibilité d'effectuer un vote préférentiel pour l'un des candidats de la liste pour laquelle ils votent, afin de faire monter sa place dans celle-ci[12].

Forces en présences modifier

Principales forces en présences
Parti Idéologie Chef de file Résultats
en 2019
Parti libéral-démocrate Centre droit à droite
National-conservatisme, nationalisme japonais, libéralisme économique, conservatisme sociétal
Fumio Kishida 37,37 % des voix
113 sièges
Parti démocrate constitutionnel Centre gauche
Social-libéralisme, pacifisme, démocratie directe
Kenta Izumi 15,81 % des voix
32 sièges
Kōmeitō Centre et centre droit
Conservatisme, bouddhisme
Natsuo Yamaguchi 13,05 % des voix
28 sièges
Parti japonais de l'innovation Centre droit à droite
Conservatisme, nationalisme japonais, libéralisme économique, néolibéralisme
Ichirō Matsui 9,80 % des voix
16 sièges
Parti communiste Gauche
Socialisme démocratique, communisme, socialisme scientifique, pacifisme
Kazuo Shii 8,95 % des voix
13 sièges
Parti démocrate du peuple Centre droit
Social-libéralisme, réformisme, pacifisme, souverainisme
Yūichirō Tamaki 6,95 % des voix
21 sièges

Résultats modifier

Résultats des élections japonaises de 2022[13],[14]
 
Partis Proportionnelle Circonscriptions Sièges
Voix % Sièges Voix % Sièges Total
avant
Pas
en lice
Élus Total
après
+/-
Parti libéral-démocrate 18 256 245 34,43 18 20 603 298 38,74 45 113 57 63 119   6
Parti japonais de l'innovation 7 845 995 14,80 8 5 533 657 10,41 4 16 10 12 21   5
Parti démocrate constitutionnel 6 771 914 12,77 7 8 154 330 15,33 10 32 17 17 39   7
Kōmeitō 6 181 432 11,66 6 3 600 490 6,77 7 28 14 13 27   1
Parti communiste japonais 3 618 343 6,82 3 3 636 534 6,84 1 13 7 4 11   2
Parti démocrate du peuple 3 159 657 5,96 3 2 038 655 3,83 2 21 6 5 10   11
Reiwa Shinsengumi 2 319 157 4,37 2 989 716 1,86 1 2 2 3 5   3
Sanseito 1 768 385 3,33 1 2 018 215 3,80 0 0 0 1 1   1
Parti social-démocrate 1 258 502 2,37 1 178 911 0,34 0 2 1 1 1   1
Parti pour la protection des Japonais contre la NHK 1 253 872 2,36 1 1 106 508 2,08 0 1 1 1 2   1
Parti Burdock 193 724 0,37 0 0 0 0 0 Nv
Parti de la réalisation du bonheur 148 020 0,28 0 134 718 0,25 0 0 0 0 0  
Autres partis 252 014 0,47 0 899 620 1,69 0 0 0 0 0  
Indépendants 4 285 360 8,06 5 17 9 5 12   5
Suffrages exprimés 53 027 260 97,02 53 180 012 97,29
Votes blancs et invalides 1 626 202 2,98 1 479 020 2,71
Total 54 653 462 100 50 54 659 032 100 74 245 121 124 248   3
Abstentions 50 365 741 47,96 50 360 171 47,95
Inscrits / participation 105 019 203 52,04 105 019 203 52,05

Notes et références modifier

  1. « Sénatoriales au Japon : une victoire large mais pas complète pour le parti de Shinzo Abe », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  2. Philippe Mesmer et Philippe Pons, « Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, démissionne pour raisons de santé », sur Le Monde, (consulté le ).
  3. Le Monde, 14 septembre 2020 [1]
  4. « Japan PM Suga's support slides to record low as Olympic Games close: survey », sur www.businesstimes.com.sg (consulté le ).
  5. « Japon : le Premier ministre Yoshihide Suga va tirer sa révérence », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  6. Reuters, « Japon: Plusieurs adversaires face à Suga pour la direction du parti au pouvoir », sur Challenges, (consulté le ).
  7. (en) « PM Suga, Kishida to vie for LDP leadership in Sept. 29 election », sur Kyodo News+ (consulté le ).
  8. « Fumio Kishida, un modéré, sera le futur premier ministre du Japon », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  9. « Au Japon, le parti au pouvoir remporte les législatives malgré un recul de sa popularité », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  10. « Législatives au Japon: la coalition au pouvoir a mieux résisté que prévu ».
  11. « Législatives au Japon : un avertissement pour le premier ministre, Fumio Kishida », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  12. a b et c « IPU PARLINE database: JAPON (Sangiin), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  13. (ja) « 参院選 2022 - 参議院選挙 - NHK選挙WEB », sur www.nhk.or.jp (consulté le )
  14. (ja) « 総務省|令和4年7月10日執行 参議院議員通常選挙 発表資料 », sur 総務省 (consulté le )