Élection présidentielle allemande de 2012

15e élection du président fédéral de la République fédérale d'Allemagne

Élection présidentielle allemande de 2012
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 240
Votants 1 124
90,65 % en diminution 9,2
Blancs et nuls 4
Joachim Gauck – Indépendant
Voix 991
88,48 %
Beate Klarsfeld – Indépendante
Voix 126
11,25 %
Président fédéral
Sortant Élu
Christian Wulff
CDU
Joachim Gauck
Indépendant

L'élection présidentielle allemande de 2012 (en allemand, Wahl des deutschen Bundespräsidenten 2012) s'est tenue le [1], lors de la réunion de la quinzième Assemblée fédérale, présidée par le président du Bundestag, Norbert Lammert, au palais du Reichstag à Berlin, dans le dessein de désigner le onzième président fédéral d'Allemagne.

Cette élection présidentielle anticipée fait suite à la démission du président fédéral Christian Wulff, impliqué dans une affaire de corruption.

Contexte modifier

Cette élection présidentielle est la seconde qui se tient en Allemagne, en seulement deux ans : le , les grands électeurs allemands, membres de l'Assemblée fédérale, étaient appelés à élire le successeur du président Horst Köhler, qui venait de démissionner de ses fonctions présidentielles après une polémique déclenchée quant à des propos parus dans la presse, concernant le rôle de la Bundeswehr en Afghanistan ; le vainqueur de cette élection fut le conservateur Christian Wulff, ministre-président de la Basse-Saxe, candidat de la droite conservatrice au pouvoir, élu au troisième tour de scrutin face à l'indépendant Joachim Gauck, soutenu par le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts. Moins de deux ans plus tard, c'est le président Wulff lui-même qui, à la suite d'un scandale financier le concernant, démissionne de ses fonctions de chef de l'État le , estimant avoir « perdu la confiance de [ses] concitoyens »[2]. La chancelière fédérale, Angela Merkel, annule alors une visite officielle en Italie, et annonce, lors d'une conférence de presse tenue à la Chancellerie fédérale, vouloir « trouver, avec l'opposition, un candidat de consensus pour la présidence de la République ».

Cette élection présidentielle intervient dans un contexte de crise économique importante, alors que l'Allemagne est considérée, avec la France, comme un pilier de l'Union européenne.

Composition de l'Assemblée fédérale modifier

L'Assemblée fédérale est composée à parts égales des députés du Bundestag et de délégués des Länder comme le prévoit la Loi fondamentale allemande. Comme le Bundestag compte 620 députés, 620 délégués des Länder sont également appelés à siéger à la quinzième Assemblée fédérale, pour un total de 1 240 membres.

Les délégués des Länder sont élus par les parlements régionaux entre le et le . La composition par parti politique et par Land est la suivante[3] :

Quinzième Assemblée fédérale allemande, Berlin,
Land Die Linke SPD Die Grünen FDP CDU/CSU Autres Total
Bade-Wurtemberg 0 20 20 4 35 0 79
Basse-Saxe 4 19 5 5 28 0 61
Bavière 0 21 9 8 47 10 94
Berlin 3 8 5 0 7 2 25
Brandebourg 6 7 1 1 5 0 20
Brême 0 3 1 0 1 0 5
Hambourg 1 7 1 1 3 0 13
Hesse 2 11 6 8 18 0 45
Mecklembourg-P.-Occ. 3 5 1 0 3 1 13
Rhénanie-du-N.-Westph. 8 50 17 9 49 0 133
Rhénanie-Palatinat 0 13 5 0 13 0 31
Sarre 2 2 0 0 4 0 8
Saxe 7 5 2 3 14 2 34
Saxe-Anhalt 5 5 1 0 8 0 19
Schleswig-Holstein 1 6 3 3 8 1 22
Thuringe 6 4 1 1 6 0 18
Total des Länder 48 186 78 43 249 16 620
Élus du Bundestag 76 146 68 93 237 0 620
Assemblée fédérale 124 332 146 136 486 16 1240

Candidats modifier

N'importe quel membre de l'Assemblée fédérale peut présenter un candidat, pourvu qu'il soit citoyen allemand, âgé d'au moins quarante ans, et dispose du droit de vote. Le candidat doit cependant consentir à sa candidature de manière écrite.

Choix des candidats et campagne modifier

Dès le 18 février, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) propose la candidature du pasteur Joachim Gauck, 72 ans, ancien commissaire fédéral pour la documentation du service de sécurité de l'État de l'ex-République démocratique allemande, défait par Wulff en 2010[4]. Le lendemain, les Unions chrétiennes (CDU/CSU), le Parti libéral-démocrate (FDP) et l'Alliance 90 / Les Verts apportent leur soutien à Gauck[5]. Ce choix ne se fait pas sans difficulté, créant des remous dans la coalition conservatrice-libérale au pouvoir, un vice-président du groupe CDU/CSU au Bundestag affirmant que le FDP avait « couché » avec le SPD et Les Verts, tandis que l'écologiste historique Hans-Christian Ströbele, député fédéral, rappelle que Gauck avait qualifié l'anticapitalisme de « stupide » et critiqué le Occupy movement en 2011[6].

Le 27 février, comme l'annonçait la presse depuis quelques jours[7], Die Linke, le parti d'extrême-gauche, annonce son intention de soutenir la candidature de Beate Klarsfeld[8], une « chasseuse de Nazis » célèbre en Allemagne pour avoir giflé le chancelier Kurt Georg Kiesinger en 1968, en raison de son passé nazi. Bien que cette candidature soit considérée comme symbolique, Beate Klarsfeld n'ayant aucune chance de devenir la prochaine présidente fédérale du pays, elle est regardée comme la récompense, selon l'intéressée, du couronnement d'une vie entière dédiée à la « chasse aux Nazis ».

Le 5 mars, le NPD déclare soutenir la candidature de l'historien Olaf Rose.

Résultats modifier

Résultats[9]
Candidats Partis Premier tour
Voix %
Joachim Gauck Sans[a] 991 88,48
Beate Klarsfeld Sans[b] 126 11,25
Olaf Rose Sans[c] 3 0,27
Majorité requise[d] 621 voix
Suffrages exprimés 1 120 99,64
Votes blancs et nuls 4 0,36
Total 1 124 100
Abstentions 108 8,71
Absents 8 0,64
Inscrits / Participation[e] 1 236 90,65

Analyse modifier

Défait trois ans plus tôt à l'issue d'un long scrutin, Joachim Gauck est élu dès le premier tour avec 991 voix. Jamais un candidat à la présidence fédérale n'avait recueilli une majorité aussi large auparavant. Sa principale adversaire, Beata Klarsfeld, obtient cependant plus de voix que le total de grands électeurs du parti Die Linke. Le candidat des ultranationalistes du NPD, Olaf Rose, se contente des seuls suffrages de la formation qui le soutient.

Plus d'une centaine de délégués ont fait le choix de l'abstention, ce qui explique que Gauck n'a pas fait le plein de voix des partis le soutenant.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Soutenu par le SPD, la CDU, la CSU, le FDP et Die Grünen.
  2. Soutenue par Die Linke.
  3. Soutenu par le NPD.
  4. Au premier tour comme au deuxième tour, la majorité absolue des inscrits est requise, et non pas une majorité des suffrages exprimés. Au troisième tour, l'élection ne nécessite plus que l'obtention de la majorité relative des suffrages exprimés.
  5. Sont inclus les électeurs présents qui se sont abstenus délibérément.

Références modifier

Annexes modifier

Articles connexes modifier