Église de la Sainte-Trinité de Paris

église située à Paris

Église de la Sainte-Trinité de Paris
Image illustrative de l’article Église de la Sainte-Trinité de Paris
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire Sainte Trinité
Type Église paroissiale
Rattachement Archidiocèse de Paris
Début de la construction 1861
Fin des travaux 1867
Architecte Théodore Ballu
Style dominant Éclectisme
Protection Logo monument historique Classé MH (2016)
Site web latriniteparis.comVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Paris
Ville Paris
Coordonnées 48° 52′ 37″ nord, 2° 19′ 53″ est

Carte

L’église de la Sainte-Trinité de Paris est un édifice religieux de culte catholique romain situé place d'Estienne-d'Orves, dans le 9e arrondissement de Paris, au croisement de la rue Blanche, de la rue de Clichy, de la rue de la Chaussée-d'Antin, de la rue Saint-Lazare et de la rue de Châteaudun.

Elle donne son nom à la station de métro Trinité - d'Estienne d'Orves.

Histoire modifier

 
Première église de 1851 à 1867

Une première église de la Trinité en bois polychrome est édifiée en 1852 rue de Clichy, à l'emplacement du second Tivoli[1] (aujourd'hui occupé, entre autres, par le Casino de Paris).

Son transfert, quelques centaines de mètres plus bas en lieu et place du Cabaret de la Grande Pinte, est décidé par le baron Haussmann dans le cadre des transformations de Paris sous le Second Empire voulues par l'empereur Napoléon III. L'église est implantée à l'extrémité de la perspective ouverte par la rue de la Chaussée-d'Antin. La nécessité de la construire en surélévation pour reprendre le début de la pente de la butte de Montmartre accentue la monumentalité de l'édifice placée après un petit square. Les travaux commencent en 1861 et s'achèvent en 1867. Théodore Ballu en est l'architecte. Conçue pour être vue depuis l'Opéra de Paris, elle passe pour avoir été très économique malgré le luxe des décorations : l’église coûta 3,2 millions de francs selon le baron Haussmann[2]. Le bâtiment n'en est pas moins impressionnant avec ses 90 m de long, 34 m de large, 30 m de hauteur et son clocher qui culmine à 65 m de hauteur.

Les obsèques de Gioachino Rossini, d'Hector Berlioz et de Georges Bizet y sont célébrées. Elle eût comme paroissiens notables la famille de Wendel.

Consacrée en 1913, la paroisse de la Trinité est la première de France à être confiée à la Communauté de l'Emmanuel par Jean-Marie Lustiger en 1986, pour y animer l'ensemble du service pastoral[3].

L'église est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du , avant d'être classée le [4].

En lors d'un inventaire[5], il est découvert que les horloges de l'église Sainte-Trinité de Paris sont constituées du même mécanisme que celui qui animait celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris, détruit lors de l'incendie du . Les deux horloges avaient été construites par les mêmes ateliers Collin-Wagner la même année 1867. Seules les dimensions diffèrent, les horloges de l'église Sainte-Trinité étant plus petites que celle de Notre-Dame. L'étude et le relevé minutieux des horloges de l'église de la Sainte-Trinité pourraient servir pour une éventuelle restitution à l'identique de l'horloge de Notre-Dame[6],[7].

Description modifier

Extérieur modifier

 
Façade de l'église Saint-Martin d'Hayange (1884), inspirée de celle de la Trinité.

L'édifice est construit au-dessus d'un petit square dessiné par Adolphe Alphand. Sa façade richement décorée est de style éclectique néo-Renaissance inspiré par la Renaissance italienne, avec des niches comme à Saint-Jean de Latran, des frontons et des pilastres. Les décors et les statues illustrent le mystère de la Sainte Trinité et les Pères de l'Église qui ont défendu ce dogme. Liste des statues[8] :

En haut de la façade sont représentées les quatre vertus cardinales et autour du clocher en forme de beffroi, influencé par la Renaissance française, les symboles des quatre Évangélistes. En contrebas, dans le square, c'est la symbolique du chiffre trois qui domine : trois fontaines à triple vasque, surmontées de trois statues illustrant les trois vertus théologales : La Foi, La Charité et L'Espérance, œuvres de Duret et Lequesne[8].

L'architecture de l'église Saint-Martin d'Hayange (1884) et dans une moindre mesure celle de l'église Saint-Jean-Baptiste de Québec (1883) sont inspirées de celle de la Trinité.

Intérieur modifier

Le chœur surélevé et monumental, avec un somptueux maître-autel, est flanqué de dix colonnes en stuc vert représentant les Dix Commandements de Dieu. Les six piliers qui soutiennent la nef supportent chacun deux apôtres.

Les murs sont richement décorés de peintures de style académique, apprécié par Napoléon III. Des peintures à l'imitation de la mosaïque sur les arcades représentent notamment les Pères de l'Église. La Sainte Trinité figure sur l'arc triomphal au-dessus du chœur ; au fond, au-dessus du grand-orgue, on peut voir une scène de l'Apocalypse.

On remarquera également, au fond de la nef, un balcon se situant en dessous des grands orgues : celui-ci était à l'origine destiné à accueillir l'empereur et sa suite lors de grandes cérémonies religieuses. Cependant, ce dernier ne se rendit jamais dans l'espace qui lui était réservé. On notera que c'est de ce balcon que la vue sur la nef est la meilleure, du fait de son alignement avec l'allée centrale et l'autel.

Chapelles modifier

Les chapelles situées de part et d'autre de la nef et au fond du chœur sont, elles aussi, richement ornées de peintures[9].

  • À droite de la nef en regardant l'autel, côté de l'épître, depuis l'entrée de l'église :
    • chapelle des fins dernières, avec des peintures de :
      • Pierre-Nicolas Brisset (1810-1890) : Les Âmes du Purgatoire ;
      • Pierre-Nicolas Brisset : La Mise au tombeau ;
    • chapelle de saint Vincent de Paul, avec des peintures de :
      • Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ (1842-1923) : Saint Vincent de Paul ramenant des galériens à la foi ;
      • Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ : Saint Vncent de Paul secourant les habitants de Lorraine ;
    • chapelle de sainte Geneviève, avec des peintures de :
      • Félix-Joseph Barrias (1822-1907) : Sainte Geneviève distribuant des vivres aux habitants de Paris pendant le siège de Paris (1875-1877) ;
      • Félix-Joseph Barrias : La Foule priant à sainte Geneviève (1875-1877) ;
    • chapelle de saint Denis, avec des peintures de :
      • Désiré François Laugée (1823-1896) : Mort de saint Denis l'Aréopagite ;
      • Désiré François Laugée : Saint Denis portant sa tête.
  • À gauche de la nef en regardant l'autel, côté de l'évangile, depuis l'entrée de l'église :
    • baptistère, avec des peintures de :
      • Louis Français (1814-1897) : Adam et Ève chassés du Paradis ;
      • Louis Français : Le Baptême du Christ ;
    • chapelle Notre-Dame des Douleurs, avec des tableaux de :
      • Michel Dumas (1812-1885) : La Vierge des douleurs ;
      • Michel Dumas : La Vierge consolatrice ;
    • chapelle du Sacré-Cœur, avec des peintures de :
      • Romain Cazes (1808-1881), Le Sacré-Cœur ;
      • Romain Cazes : Le Bon pasteur ;
    • chapelle de saint Joseph, avec des peintures de :
      • Eugène Thirion (1839-1910) : Saint Joseph, l'Enfant Jésus et Marie ;
      • Eugène Thirion : Le Songe de saint Joseph.

Les chapelles sont décorés de vitraux.

Il existe encore deux autres chapelles, qui se situent de chaque côté des balcons encadrant le chœur de l'église. Leur accès est interdit au public, mais on peut apercevoir les fresques ornant les murs de ces chapelles.

Artistes ayant participé à la décoration de l'église modifier

 
Charles Gumery, Ange. La Pureté.

Les orgues modifier

Les grandes orgues (orgues de tribune) modifier

 
Les grandes orgues.

L'orgue a été construit en 1869 par Aristide Cavaillé-Coll. Très gravement touché lors de la Commune de Paris, il fut entièrement reconstruit par Cavaillé-Coll, et Alexandre Guilmant en fut nommé titulaire. Ce célèbre compositeur créa la majorité de ses œuvres sur les grandes orgues de la Trinité. À cette époque, la composition de l'orgue était la suivante :

Grand-Orgue Positif Récit expressif Pédale
Montre 16' Quintaton 16' Bourdon 8' Bourdon 32'
Bourdon 16' Flûte 8' Flûte 8' Contrebasse 16'
Montre 8' Salicional 8' Gambe 8' Soubasse 16'
Bourdon 8' Unda Maris 8' Voix céleste 8' Flûte 8'
Flûte 8' Prestant 4' Flûte 4' Bourdon 8'
Gambe 8' Flûte 4' Flûte 2' Violoncelle 8'
Prestant Doublette 2' Trompette 8' Flûte 4'
Quinte 2 2/3' Piccolo 1' Clairon 4' Bombarde 16'
Plein-Jeu V rgs Cornet Basson-hautbois 8' Trompette 8'
Cornet Basson 16' Voix humaine 8' Clairon 4'
Bombarde 16' Trompette 8'
Trompette 8' Clarinette 8'
Clairon 4'
 
L'orgue du chœur.

L'orgue fut plusieurs fois modifié. Tout d'abord par Merklin en 1901, ce qui coûta sa place à Alexandre Guilmant qui refusa de signer la réception des travaux. Plus tard, le titulariat d'Olivier Messiaen, durant 61 ans (de 1931 jusqu'à sa mort en 1992), fut l'origine de nombreux aménagements, en premier lieu par la maison Pleyel-Cavaillé-Coll en 1934, puis surtout par la maison Beuchet-Debierre en 1965.

Aujourd'hui, il comporte :

  • 3 claviers manuels et pédalier ;
  • 60 jeux ;
  • la traction électrique des claviers et des jeux.
I Grand-Orgue C–g3
Montre 16′
Bourdon 16′
Montre 8′
Flûte harmonique 8′
Bourdon 8′
Gambe 8′
Prestant 4′
Flûte octaviante 4′
Nazard 22/3
Doublette 2′
Cornet V
Plein Jeu IV
Cymbale II–IV
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
II Positif C–g3
Jeux sous expression:
Cor de nuit 8′
Flûte douce 4′
Nazard 22/3
Flageolet 2′
Tierce 13/5
Piccolo 1′
Clarinette 8′
Jeux non-expressifs:
Quintaton 16′
Principal 8′
Flûte harmonique 8′
Salicional 8′
Unda maris 8′
Prestant 4′
Doublette 2′
Cornet II–V
Fourniture IV
Basson 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
III Récit
(expressif)
C–g3
Bourdon 16′
Flûte traversière 8′
Bourdon 8′
Gambe 8′
Voix céleste 8′
Flûte octaviante 4′
Nazard 22/3
Octavin 2′
Tierce 13/5
Cymbale III
Bombarde 16′
Trompette 8′
Basson-Hautbois 8′
Voix humaine 8′
Clairon 4′
Tremblant
Pédale C–g1
Flûte 32′
Soubasse 16′
Contrebasse 16′
Flûte 8′
Bourdon 8′
Violoncelle 8′
Flûte 4′
Plein Jeu IV
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
Organiste honoraire
  • Madeleine Zakia] (depuis 2011).
Organistes titulaires

Curés de la paroisse modifier

Accès modifier

Notes et références modifier

  1. Émile de La Bédollière, Le Nouveau Paris, éd. Gustave Barba, Paris, 1860, p. 140 (réed. Sacelp, 1986).
  2. Baron Haussmann, Mémoires du Baron Haussmann, t.3, 1890-1893, p. 517 (sur Gallica).
  3. Site de la paroisse de la Trinité.
  4. « Église de la Trinité », notice no PA00088906, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. Pierre Morel, « Notre-Dame : une découverte inespérée ravive l’espoir de sauver l’horloge », sur Le Figaro.fr, .
  6. Florence Vierron, « Course contre la montre pour reconstruire l’horloge de Notre-Dame », sur Le Figaro.fr, .
  7. Association Horloge Notre-Dame, « L'horloge historique », sur horlogenotredame.com.
  8. a et b « L'église de la Trinité - Paris 9e », paris1900.lartnouveau.com, consulté le 14 septembre 2021.
  9. « Travaux d'art commandés par la Ville de Paris », La chronique des arts et de la curiosité, , no 29, p. 271 (lire en ligne).
  10. Mort de saint Denys l'Aréopagite.
  11. Biographie sur le site d'Olivier Glandaz.
  12. « Les organistes titulaires », sur latriniteparis.com (consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Préfecture du département de la Seine. Direction des travaux, « Église de la Sainte-Trinité », dans Inventaire général des œuvres d'art appartenant à la Ville de Paris dressé par le service des beaux-arts, t. 3 Édifices religieux, Paris, Imprimerie centrale des chemins de fer Imprimerie Chaix, (lire en ligne), p. 81-108
  • Aline Dumoulin, Alexandra Ardisson, Jérôme Maingard et Murielle Antonello, Reconnaître Paris, d'église en église, Paris, Massin, (ISBN 978-2-7072-0583-4), p. 206-209.
  • Feuillet paroissial anonyme

Articles connexes modifier

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