Église de la Panagía Kapnikaréa

église de la municipalité d'Athènes, Attique, en Grèce

Panagía Kapnikaréa
Image illustrative de l’article Église de la Panagía Kapnikaréa
Vue de l'église depuis le sud-est
Présentation
Nom local Εκκλησία της Παναγίας Καπνικαρέας
Culte Christianisme orthodoxe
Dédicataire Marie
Type Église
Rattachement Université d'Athènes
Fin des travaux Entre 1050 et 1075
Autres campagnes de travaux Rénovation : années 1830
Restauration : années 1930
Style dominant Byzantin, à croix inscrite
Protection Site archéologique de Grèce
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Attique
Ville Athènes
Coordonnées 37° 58′ 35″ nord, 23° 43′ 43″ est

Carte

L’église de la Panagía Kapnikaréa (grec moderne : Εκκλησία της Παναγίας Καπνικαρέας), ou simplement Kapnikaréa (Καπνικαρέα), est un édifice byzantin du troisième quart du XIe siècle situé sur la rue Ermoú, dans le centre historique d'Athènes.

Origine du nom modifier

L'église tirerait vraisemblablement son nom de la profession de son commanditaire, chargé de la collecte du fouage (en grec médiéval : Καπνικάριος / Kapnikários), un impôt sur chaque feu rétabli par l'empereur byzantin Nicéphore Ier au début du IXe siècle[1],[2].

Au cours de son histoire, l'édifice est toutefois connu sous différents noms populaires : Kamoucharéa, du nom du tissu de soie utilisé dans la liturgie orthodoxe, « Notre-Dame de la princesse » (Παναγία της Βασιλοπούλας), selon la tradition attribuant l'érection d'une église antérieure au monument actuel à une impératrice byzantine originaire d'Athènes (Eudocie II ou Irène[3]), ou bien encore « Notre-Dame de Préntzas » (Παναγία του Πρέντζα), du nom du bienfaiteur et artisan de la Révolution grecque qui fit réparer l'édifice au milieu du XIXe siècle[1].

Histoire modifier

Dédiée à la Vierge et célébrant la Présentation de Marie au Temple, l'église est datée entre 1050 et 1075[1]. Elle fut potentiellement érigée à l'emplacement d'une précédente église byzantine, elle-même ayant pris place sur les ruines d'un temple en l'honneur d'Athéna ou de Déméter[4],[5].

L'édifice ne fut pas épargné par la guerre d'indépendance grecque, notamment les bombardements depuis l'Acropole lors du troisième siège d'Athènes en 1826, si bien que la chapelle sainte-Barbara fit l'objet d'une rénovation par Ioánnis Préntzas à la fin du conflit[3].

En 1834, les projets d'aménagement urbain de la nouvelle capitale de la Grèce, voulus par le roi Othon Ier et confiés à Leo von Klenze, prévoyaient la destruction de l'édifice dans le cadre du percement de la rue Ermoú. Le monument fut cependant sauvé de la démolition grâce à l'entremise du roi de Bavière, Louis Ier[1],[6] puis protégé par le roi Othon[6]. Après la destitution d'Othon près de trois décennies plus tard, l'église fut à nouveau menacée, en août 1863, par une décision du gouvernement provisoire (el) de Benizélos Roúfos, mais finalement sauvée par l'intervention des fidèles et du métropolite d'Athènes, Theófilos (el)[3].

Depuis 1931, l'église présente la particularité d'appartenir à l'université nationale et capodistrienne d'Athènes[7],[8],[1]. Ce changement de propriété occasionna des campagnes de restauration dans les années 1930, qui se succédèrent jusqu'en 1986[4].

Architecture modifier

L'église actuelle, qui fut vraisemblablement le catholicon d'un ancien monastère, présente une architecture complexe articulant trois structures principales relativement distinctes : l'église de la Panagía Kapnikaréa au sud, la chapelle sainte-Barbara au nord et l'exonarthex à l'ouest[9]. Comme d'autres églises de la même époque, l'édifice est situé à un niveau inférieur par rapport au sol actuel de la place éponyme qui l'entoure[10].

Église de la Panagía Kapnikaréa modifier

Partie la plus ancienne, l'église dédiée à la Théotokos affiche un plan à croix inscrite[9]. Le naos est composé de quatre colonnes du début du Ve siècle coiffées de chapiteaux corinthiens[11], trois en granite et la quatrième en marbre cipolin vert de Karystos[12], soutenant une coupole sur pendentifs[11]. Outre l'entrée initiale par l'esonarthex à l'ouest, l'édifice originel comportait une entrée centrale au sud aujourd'hui comblée[13]. Cette ancienne porte est surmontée d'un arc outrepassé similaire à celui observable sur le mur nord de l'église des Saints-Asomates d'Athènes[14]. La maçonnerie en appareil cloisonné à croix[15], qui alterne pierre poreuse et brique, laisse apparaître quelques symboles pseudo-coufiques[16],[17]. Le dôme octogonal est caractéristique du « type athénien (el) », percé de huit fenêtres séparées par de fines colonnes, des sculptures animales surmontant les chapiteaux et des voussures en marbre[18]. Les fresques intérieures néo-byzantines, réalisées à partir de 1942, sont l'œuvre du peintre Fótis Kóntoglou et de ses élèves[19],[20].

Chapelle sainte-Barbara modifier

La chapelle sainte-Barbara occupe la partie septentrionale du complexe monumental. Les travaux commencèrent probablement peu après la construction de l'église principale, comme en témoignent les nombreuses ressemblances dans la maçonnerie du mur oriental des deux structures[19]. En revanche, le reste de la chapelle visible de nos jours est le fruit d'une rénovation du début du XIXe siècle, du moins avant 1836. Le dôme, plus petit et moins haut que son voisin méridional, est aussi plus grossier[19].

Exonarthex modifier

Un narthex extérieur, autrefois portique, permet de lier l'église et la chapelle au sein d'une façade unifiée. Il est ainsi postérieur au reste du complexe et date probablement du début du XIIe siècle[21]. Un ensemble d'arches, de colonnes et de pilastres, surmonté par quatre toits à deux versants, forme le côté occidental de l'édifice[22]. À l'angle sud-ouest, un porche à deux colonnes du VIe siècle abrite une mosaïque de la Vierge à l'enfant réalisée par Élli Vóila et Agínor Asteriádis (el) en 1936[19].

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d et e Nikolaos Gkioles 2006, p. 15.
  2. (el) Karabátsos Thanásis, « Μεγάλη Εβδομάδα στη βυζαντινή Αθήνα » [« Semaine sainte dans l'Athènes byzantine »], sur www.tovima.gr,‎ (consulté le ).
  3. a b et c (el) « Παναγία Καπνικαρέα » [« Panagía Kapnikaréa »], sur byzantineathens.com (consulté le ).
  4. a et b Ioannis Kassaras et al. 2010, p. 2.
  5. (en) « Ministry of Culture and Sports | Kapnikarea », sur odysseus.culture.gr (consulté le ).
  6. a et b (en) Effie Athanassopoulos, « Byzantine monuments and architectural "cleansing" in nineteenth-century Athens », dans Héritages de Byzance en Europe du Sud-Est à l’époque moderne et contemporaine, École française d’Athènes, (ISBN 978-2-86958-530-0, lire en ligne), p. 195–218, p. 218.
  7. (en) Andreas Georgopoulos, « 3D Geo: An alternative approach » (11e Conférence 3D Geoinfo, 20-21 octobre 2016, Athènes), ISPRS Annals of the Photogrammetry, Remote Sensing and Spatial Information Sciences, vol. IV-2/W1,‎ , p. 99-106 (ISSN 2194-9042, lire en ligne), p. 102.
  8. (el) « Καπνικαρέα » [« Kapnikaréa »], sur uoa.gr (consulté le ).
  9. a et b Nikolaos Gkioles 2006, p. 16.
  10. (en) Denis Roubien, Creating Modern Athens: A Capital Between East and West, Londres, Taylor & Francis (Routledge), , 144 p. (ISBN 978-1-351-96617-7, lire en ligne), p. 52.
  11. a et b Nikolaos Gkioles 2006, p. 16 et 17.
  12. (en) George Kontokostas, Asimina Antonarakou, Marisa Fountopoulou et Chara Drinia, « Urban geology: educational proposal for Geoscience. A case study from the inner city of Athens, Greece. », Bulletin of the Geological Society of Greece, vol. 56, no 1,‎ , p. 133-146 (ISSN 2529-1718, lire en ligne), p. 140.
  13. Nikolaos Gkioles 2006, p. 19.
  14. (el) Efstáthios Stíkas, « Ο ναός των Αγίων Ασωμάτων «Θησείου» » [« L'église des Saints-Asomates « de Thissío » »], Bulletin de la Société Archéologique Chrétienne, vol. 19,‎ , p. 115–126 (ISSN 1105-5758, lire en ligne), p. 119.
  15. Gisèle Hadji-Minaglou, « Le grand appareil dans les églises des IXe – XIIe siècles de la Grèce du Sud », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 118, no 1,‎ , p. 161–197 (lire en ligne, consulté le ), p. 176.
  16. Nikolaos Gkioles 2006, p. 19 et 20.
  17. (en) Chrysanthos Kanellopoulos et Lara Tohme, « A True Kūfic Inscription on the Kapnikarea Church in Athens? », Al-Masāq, vol. 20, no 2,‎ , p. 133-139 (ISSN 0950-3110, lire en ligne, consulté le ).
  18. Nikolaos Gkioles 2006, p. 22.
  19. a b c et d Nikolaos Gkioles 2006, p. 26.
  20. (en) « Byzantine monuments of Attica – Kapnikarea, Athens », sur www.byzantineattica.eie.gr (consulté le ).
  21. Nikolaos Gkioles 2006, p. 24.
  22. Nikolaos Gkioles 2006, p. 24 et 25.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (el) Dimítrios Kaboúroglou, Ιστορία των Αθηναίων [« Histoire des Athéniens »], t. II, Athènes, Pelekanos Books,‎ (1re éd. 1890), 331 p. (ISBN 978-960-400-680-9, lire en ligne), p. 286-289.
  • (en) Ioannis Kassaras, Nicholas Voulgaris, Anna Maria Metheniti, Anthony Swain et Nikolaos Delinikolas, Vulnerability investigation of Kapnikarea chapel (Athens) using microtremor – Preliminary results (Actes du 8e Symposium sur la conservation des monuments du bassin méditerranéen (MONUBASIN)), Patras, 30 mai-2 juin 2010, 12 p. (lire en ligne [PDF]).  
  • (el) María Kazanáki-Láppa et Faní Malloúchou-Tufano, Τα βυζαντινά μνημεία της Ελλάδος στη Διεθνή Έκθεση της Ρώμης του 1911 [« Les monuments byzantins de la Grèce à l'Exposition internationale de Rome de 1911 »], Athènes, Société historique et ethnologique de Grèce,‎ , 358 p. (ISBN 9789606812057), p. 36–43.
  • (en) Nikolaos Gkioles, « The Church of Kapnikarea in Athens: Remarks on its history, typology and form », Zograf, vol. 31,‎ , p. 15-27 (ISSN 0350-1361, lire en ligne).  
  • (el) Andréas Xyngópoulos (el), « Τα βυζαντινά και τουρκικά μνημεία των Αθηνών [« Les monuments byzantins et ottomans d'Athènes »] », dans Konstantínos Kourouniótis et Geórgios Sotiríou (el) (eds.), Ευρετήριον των μνημείων της Ελλάδος [« Index des monuments de Grèce »], t. 2,‎ , 230 p. (lire en ligne), p. 69–71.

Liens externes modifier